Lettres inédites de Mlle de Vertus à Mme la marquise de Sablé. - article ; n°1 ; vol.13, pg 297-347
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1852 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 297-347
51 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1852
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Victor Cousin
Lettres inédites de Mlle de Vertus à Mme la marquise de Sablé.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1852, tome 13. pp. 297-347.
Citer ce document / Cite this document :
Cousin Victor. Lettres inédites de Mlle de Vertus à Mme la marquise de Sablé. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1852,
tome 13. pp. 297-347.
doi : 10.3406/bec.1852.445065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1852_num_13_1_445065LETTRES
INÉDITES
MLLE DE VERTUS DE
A M« LA MARQUISE DE SABLÉ.
Le nom de mademoiselle de Vertus est tellement lié au nom
de la duchesse de Longueville qu'on ne peut guère les séparer,
et que l'article consacré à celle-ci il y a quelques années , dans
ce recueil même \ nous semble demander, comme un complé
ment nécessaire , celui que nous destinons aujourd'hui à faire
mieux connaître sa compagne fidèle dans le monde et dans la
pénitence, parmi les désordres de la Fronde et les austérités de
Port-Royal.
Nous nous appuierons particulièrement sur un document
nouveau et certain : les lettres , jusqu'ici inédites , adressées par
mademoiselle de Vertus à la marquise de Sablé. Nous avons
trouvé ces lettres à la Bibliothèque Nationale dans le fonds ap
pelé Résidu de Saint-Germain, au milieu des papiers de madame
de Sablé, au tome septième des portefeuilles du docteur Valant,
son médecin et son secrétaire. Il y en a une soixantaine.
Malheureusement elles n'ont presque jamais de dates. Sans
chercher à rétablir leur ordre chronologique, nous les plaçons
à pen près entre 1661 et 1667 ou 1668, c'est-à-dire au milieu
des persécutions exercées contre Port-Royal. Elles en montrent
les commencements, en suivent les progrès, en laissent entrevoir
la fin. Hàtons-nous d'avouer qu'écrites fort négligemment et
sans prétention aucune, ces lettres ou plutôt ces billets contien
nent bien souvent des détails de la vie ordinaire qu'il serait
presque ridicule de reproduire. De simples extraits suffiront toujours, et nous nous contenterons de tirer de cette
longue correspondance ce qui pourra jeter quelque lumière sur
1. Bïbliothèqtie de l'École des chartes, iTt série, t. IV, p. 401.
LU. (Troisième série.) '20 mademoiselle de Vertus, à la fois célèbre et fort peu connue ; sur
madame de Sablé, qui ne tient pas une petite place dans la grande
société de son temps; sur madame de Longueville, que recorn-
dent si hautement la beauté de son caractère et la grandeur de
sa maison; enfin, sur les affaires dePort-Boyal, toujours si dignes
d'intérêt , et auxquelles ces trois dames ont pris une part si
considérable.
Il est à remarquer que les biographies les plus étendues n'ac
cordent pas même une ligne à mademoiselle de Vertus. Moréri
la mentionne à peine dans la liste des personnes qui appartien
nent à l'illustre maison de Bretagne. Notre premier devoir sera
donc de suppléer à ce silence en recherchant nous-mêmes et en
rassemblant tout ce qu'il sera possible de recueillir sur madem
oiselle de Vertus dans les mémoires et les auteurs du dix-
septième siècle.
Mademoiselle de Vertus descendait par son père, le comte de
Vertus, de la maison de Bretagne, entrée par la reine Anne,
femme de Louis XIT, dans la noblesse et dans la monarchie
française. Le comte de Vertus mourut gouverneur de Bennes en
1637. Il avait épousé la fille d'un serviteur peu scrupuleux
d'Henri IV, la Varenne Fouquet, laquelle lit très-grand bruit
par sa beauté , sa galanterie et ses folies. ïallemant 4 en ra
conte une histoire qui peint les mœurs du comte et de la comt
esse de Vertus, ainsi que celles de leur temps :
« Un gentilhomme d'Anjou, appelé Saint-Germain la Troche,
homme d'esprit et de cœur et bien fait de sa personne, fut aimé
de la comtesse. Le mari, qui a voit des espions auprès d'elle^ fut
averti aussitôt de l'affaire. Il estimoit et faisoit
profession d'amitié avec lui ; il trouva à propos de lui parler,
lui dit qu'il l'excusoit d'être amoureux d'une belle femme, mais
qu'il lui feroit plaisir de venir moins souvent chez lui. Saint-
Germain s'en trouva quitte à bon marché. Il y venoit moins en
apparence, mais il faisoit bien des visites en cachette : c'estoit à
Chantocé en Anjou. Le comte savoit tout; il n'en tesmoigna
pourtant rien jusqu'à ce que, durant un voyage de dix ou douze
jours, le galant eut la hardiesse de coucher dans le chasteau.
Les gens dont la dame et lui se servoient est oient gagnés par le
1. T. IH, y- 4O'i et suivantes. • 3
2m
mari. Ayant appris cela, il défendit sa maison à Saint-Germain.
Cet homme, au désespoir d'estre privé de ses amours, escrit à
la belle et la presse de consentir qu'il se desfasse de leur tyran.
Les agens gagnés faisoient passer toutes les lettres par les mains
du raari, qui a voit l'adresse de lever les cachets sans qu'on s'en
apperceut; elle repondit qu'elle ne s'y pouvoit encore résoudre.
Il réitère, et lui escrit qu'il mourra de chagrin si elle ne consent
à la mort de ce gros pourceau : elle y consent. Et par une troi
sième lettre, il luy manda que dans ce jour-là elle sera en liberté,
que le comte va à Angers, et que sur le chemin il lui dressera
une embuscade. Le comte retient cette lettre, se garde bien de
partir, et ayant appris que Saint-Germain disnoit en passant
dans le bourg de Chantocé, il se résolut de ne pas laisser passer
l'occasion. Il lui envoya dire qu'il fera meilleure chère au cbas-
teau qu'au cabaret, et qu'il le prioit de venir disner avec lui. Le
galant, qui ne demandoit qu'à estre introduit de nouveau dans
la maison, ne se doutant de rien, s'y en va ; il n'avoit pas alors
son espée, il l'avoit ostée pour disner, il oublia de la prendre.
Dès qu'il fut dans la salle, le comte lui dit : « Tenez, en lui pré-
« sentant son dernier billet, connoissez-vous cela? — Oui, res-
« pondit Saint-Germain, et j'entends bien ce que cela veut dire.
« — II faut mourir. » Les gens du comte mirent aussitôt l'espée
à la main. Le pauvre homme n'eut pour toute ressource qu'un
siège pliant ; il avoit déjà reçu un grand coup d'espée, quand le
mari entra dans la chambre de sa femme, qui n'estoit séparée de
la salle que par une antichambre; il la prend par la main et lui
dit : « Venez, ne craignez rien, je vous aime trop pour rien en-
« treprendre contre vous. » Elle fut obligée de passer sur le
corps de son amant qui estoit expiré sur le seuil de la porte. »
La belle et folle comtesse, veuve des 1637 et morte seulement
en 1670 à l'âge de quatre-vingts ans, eut deux fils et cinq ou six
filles. Le premier des fils fut Louis de Bretagne, marquis d'Avau-
gour, comte de Vertus, mort en 1669 sans avoir eu de postérité
de ses deux femmes, mademoiselle de Lude, « une des plus belles
« et plus douces personnes , » dit Tallemant { , et madem
oiselle de Clermont d'Entragues. Le second fils est Claude de
Vertus, comte de Goëtlo ou Goëllo, qui n'a pas fait parler de
lui, mais dont on suit la descendance jusqu'au milieu du dix-
t. T. !U, p. 404 et suiv-
20. ■-■■■f-
v 300
huitième siècle. L'aînée des filles était la fameuse duchesse de
Monthazon ; venait ensuite mademoiselle de Vertus. Parmi les
sœurs cadettes, on compte de Clisson, morte en
1695; mademoiselle deChantocé, morte en 1694; mademoiselle
de Goëtlo, morte en 1707; une autre , abbesse de Malnoue en
1681 et morte en 1711.
Mademoiselle de Vertus s'appelait Françoise-Catherine, et elle
devait être née en 1617; car le nécrologe de Port -Royal la
l'ait mourir le 2 1 novembre 1 692 à l'âge de soixante-quinze ans ' .
Catherine-Françoise n'était point aussi belle que sa sœur
aînée madame de Montbazon ; mais après elle, à ce que dit Tal-
lemant 2, elle était la plus belle de ses nombreuses sœurs. Sa
mère ne lui donna rien; et ne s'étant pas faite religieuse comme
plusieurs de ses cadettes , elle dut chercher un asile d'abord
chez madame la comtesse de Soissons , puis chez madame de
Rohan 3, enfin chez madame de Longueville.
Tallemant parle en ces termes de mademoiselle de Vertus :
« Elle a du mérite, elle sait le latin elle écrit fort raisonna
blement \ »
Ce mêm

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