Notice sur la vie et les travaux de M. Roland Delachenal - article ; n°1 ; vol.85, pg 233-250
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1924 - Volume 85 - Numéro 1 - Pages 233-250
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Stéphane Gsell
Notice sur la vie et les travaux de M. Roland Delachenal
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1924, tome 85. pp. 233-250.
Citer ce document / Cite this document :
Gsell Stéphane. Notice sur la vie et les travaux de M. Roland Delachenal. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1924, tome
85. pp. 233-250.
doi : 10.3406/bec.1924.448715
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1924_num_85_1_448715NOTICE
SUR LA VIE ET LES TRAVAUX
DE
M. ROLAND DELACHENAL
PAR
M. STÉPHANE GSELL
MEMBRE DE i/lNSTITUT '
Messieurs,
« Vous savez tous ce que fut la vie de notre regretté con
frère, si droite, si unie, et, dans sa simplicité même, de la
plus noble tenue morale: >> C'est en ces termes que M. Delache-
nal parlait de son ami très cher, Noël Valois, qui l'avait précédé
au secrétariat général de la Société de l'Histoire de France. Cet
éloge, si plein dans sa brièveté, peut aussi résumer la belle exis
tence de celui auquel j'ai eu l'honneur de succéder ici. D'autres,
qui l'ont connu, qui, par leurs études, se sont approchés des
siennes, auraient mieux que moi rendu hommage à sa mémoire.
Je souhaiterais, du moins, que cette notice ne fût pas un trop
faible témoignage du respect dont l'homme et le savant étaient
dignes.
M. Roland Delachenal naquit le 5 avril 1854, à Lyon. Sa
famille était originaire de l'Auvergne. Un François Delachenal,
habitant de Saint-Amant-Tallende, mourut en 1715, en laissant
douze enfants. L'un d'eux, Antoine, en eut autant. Il alla
1. Cette notice a été lue, le 19 octobre 1923, à l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, par M. Stéphane Gsell, qui a succédé dans cette Compagnie
à noire regretté confrère M. Roland Delachenal.
1924 16 234 NOTICE Süll LA VIE ET LES TRAVAUX
vivre à Thiers. Un de ses fils s'établit à Lyon comme négociant
et y acquit de l'aisance. Ce fut l' arrière-grand-père de votre
confrère. Son grand-père prit part, en 1793, à la défense de la
ville, révoltée contre la Convention, et reçut sous la Restaurat
ion la décoration du Lis, en récompense de son dévouement à
la royauté. Il envoya son fils, Louis, au collège des Jésuites de
Fribourg. Ce Louis épousa une de ses cousines d'Auvergne,
apparentée à Brugière de Barante, qui, au cours d'une vie
d'administrateur, d'homme politique, de diplomate, sut être un
eminent historien. Mllc Brugière de Laverchère était fille d'un
secrétaire général de la préfecture du Rhône, ardent légitimiste,
révoqué comme tel en 1830. De ce mariage est né Roland Dela-
chenal. Par ses origines et par le milieu où s'écoulèrent ses
premières années, on pourra, si l'on veut, expliquer quelques
traits de son caractère : amour tenace du travail, idéalisme
servi par le sens des réalités, fidélité aux croyances et aux tra
ditions de la vieille France.
Il commença ses études sous la férule d'un précepteur austère
et difficile à contenter. Il les continua chez les Jésuites de Mon-
gré, près de Villefranche. L'internat, les manières brusques et
bruyantes de certains camarades rebutèrent un peu cet enfant,
habitué à la vie de famille et fort bien élevé. Il se replia sur
ltii-même et garda peut-être de ce temps le désir de rester,
autant que possible , son maître et de préférer aux liaisons
banales l'intimité de quelques amitiés librement choisies. Il res
pira plus à l'aise, quand ses deux baccalauréats lui permirent
de dire adieu au collège. Il avait, en effet, tenu à passer le bac
calauréat scientifique après le baccalauréat littéraire, et son
esprit précis conserva le goût des sciences; à la campagne, un
de ses plaisirs fut longtemps de faire de la botanique, en ama
teur sans doute, mais en amateur instruit.
Cependant, c'étaient surtout les lettres et l'histoire qui l'att
iraient. Il prépara la licence es lettres à la Faculté de sa ville
natale. Il s'attacha surtout à Heinrich, professeur de littérature
étrangère, qui avait été uni d'une amitié étroite à Ozanam et
qui, par son savoir et son intelligente bonté, exerça une grande
influence sur la jeunesse catholique de Lyon. Un ami d'Hein-
rich, Charvériat, auteur d'ouvrages estimés sur l'Allemagne du
xvie et du xviie siècle, fortifia le goût de Roland Delachenal
pour l'histoire et lui en apprit les méthodes. Le futur chartiste
eut un moment la pensée de s'orienter vers l'École normale. M. ROLAND DELACHENÀL. 235 DE
Mais il abandonna vite ce projet, et fit son droit, soit pour se
conformer à l'usage suivi par beaucoup de jeunes gens qui ne
sont pas trop pressés de se pourvoir d'un état, soit plutôt parce
qu'il se sentait vraiment porté vers ces études, qui devaient
l'amener à choisir l'histoire des avocats de Paris comme sujet
de son premier livre. Il passa ainsi trois ans à la. Faculté de
droit de Grenoble. C'est à Grenoble aussi qu'il fit son volontar
iat, d'une manière très allègre, au point d'être tenté par la car
rière militaire. Il y renonça, pour ne plus s'éloigner de ses
parents, qui avaient perdu leurs autres enfants. Du moins, il
accomplit avec un zèle exemplaire ses devoirs d'officier de
réserve et de territoriale. Robuste, dur à la fatigue, excellent
marcheur, il était tout à fait à sa place dans un bataillon de
chasseurs à pied. Et ces, passages dans l'armée ne lui furent
peut-être pas inutiles, quand il eut à étudier sur le terrain
quelques batailles da temps passé, à Poitiers, à Cocherel, à
Najera.
Désormais, son parti était pris. Il serait historien^ et, pour
commencer, il irait s'asseoir sur les bancs de l'Ecole des
chartes. La famille Delachenal, père, mère et fils, se transporta
donc à Paris, aux environs de Saint-Sulpice, et le fils devint
chartiste, comme il le désirait. Ses condisciples — ■ qui furent,
entre autres, MM. Ernest Langlois, Germain Lefèvre-Pontalis,
Georges Durand — ne tardèrent pas à constater qu'il était
leur chef de file. Un peu plus âgé qu'eux, surtout très mûr
d'esprit, il commandait la déférence par ses dehors sérieux, sans
aucune affectation, sa courtoisie un peu froide, mais toujours
prête à rendre service, son labeur acharné, qui n'avait besoin
d'aucun délassement, la vigueur et la pénétration de son intel
ligence. Celui de ses maîtres qui eut le plus d'action sur lui
paraît avoir été Léon Gautier, dont l'enseignement était si
vivant et en qui il avait trouvé, disait- il, « le guide le plus
affectueux et le plus sûr ». Au début de l'année 1883, Roland
Delachenal obtenait le diplôme d'archiviste-paléographe, en tête
de sa promotion. Il avait présenté comme thèse une Histoire
des avocats au- Parlement de Paris, de 1300 à 1600. Pen
dant plus de deux ans, il perfectionna ce travail avant de le
donner à l'impression. L'Académie des inscriptions en reconnut
la valeur, en lui décernant, au concours de 1887, la première
médaille des Antiquités de la France.
Cette histoire se trouvait éparse dans les registres du Parle- NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX 236
ment, où l'on ne s'était pas soucié d'aller la chercher. Il est
heureux que M. Delachenal se soit chargé de cette tâche : il
s'en est acquitté avec une conscience, une méthode parfaites;
il a exposé les résultats de son enquête dans un livre clair,
exempt de détails oiseux, bien distribué, d'un style précis et élé
gant, qui en rend la lecture très attachante.
Nous voici avec lui dans la Grand' Chambre, où quelques
maîtres chevronnés sont admis à l'honneur de prendre place
dans le parquet, en compagnie des juges ; où les autres avocats,
tenus hors de ce sanctuaire, occupent des bancs, ou barreaux :
par devant, ceux qui ont le droit de prendre la parole ; par der
rière, les jeunes stagiaires, qu'il faut parfois rappeler à l'ordre,
parce qu'ils troublent l'audience en « cacquetant

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