Observations sur l emploi des réclames dans les manuscrits latins - article ; n°1 ; vol.125, pg 5-33
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Observations sur l'emploi des réclames dans les manuscrits latins - article ; n°1 ; vol.125, pg 5-33

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1967 - Volume 125 - Numéro 1 - Pages 5-33
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Vezin
Observations sur l'emploi des réclames dans les manuscrits
latins
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1967, tome 125, livraison 1. pp. 5-33.
Citer ce document / Cite this document :
Vezin Jean. Observations sur l'emploi des réclames dans les manuscrits latins. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1967,
tome 125, livraison 1. pp. 5-33.
doi : 10.3406/bec.1967.449749
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1967_num_125_1_449749OBSERVATIONS SUR L'EMPLOI DES RÉCLAMES
DANS LES MANUSCRITS LATINS*
Afin de permettre aux relieurs de placer correctement
les différents cahiers composant un codex, les scribes du
Moyen Age utilisaient deux pratiques différentes. La
première, la plus simple à première vue, consistait à numér
oter les cahiers au moyen d'un chiffre tracé au verso du
dernier feuillet de chaque cahier ou au recto du premier 1 ;
parfois, les chiffres sont remplacés par les lettres de l'a
lphabet. C'est le système de la signature.
Plus tardivement, on s'avisa qu'il serait commode de
tracer au verso du dernier feuillet de chaque cahier, dans la
marge inférieure, le ou les premiers mots du cahier suivant.
En France, ce procédé est désigné par le terme de «réclame 2 ».
Il arrive du reste que réclames et signatures sont employées
simultanément dans le même manuscrit afin, probablement,
de rendre plus rigoureux le contrôle de la place revenant à
chaque cahier.
Il est intéressant de rechercher à quelle époque et dans
quelle région a pris naissance l'emploi des réclames. Cepen
dant, il ne faut pas se dissimuler les difficultés d'une telle
enquête, difficultés qui tiennent essentiellement à deux
* Au commencement de cet article, je tiens à remercier de leurs conseils mes
maîtres, M. Charles Samaran, qui a bien voulu lire mon travail et me commun
iquer ses observations, et M. André Vernet, qui a, en particulier, attiré mon
attention sur la bibliothèque d'Assurbanipal.
1. Il semble que la seconde méthode indique, au moins dans les plus anciens
manuscrits latins, une influence grecque. Cf. 13. A. Lowe, Codices latini anti-
quiores, t. VI (Oxford, 1953), p. vu.
2. Les Anglais désignent les réclames par le terme de Catchword. En all
emand, le problème est plus complexe. Quand il s'agit de livres manuscrits,
réclame se traduit Reklamant et signature, Kustos. Cependant, les réclames
employées dans les livres imprimés sont appelées Kustoden. Il y a donc une
source de confusion. 6 JEAN VEZIN
causes différentes. Tout d'abord, nous ne pouvons pas
savoir quelle proportion exacte des manuscrits d'une époque
donnée est parvenue jusqu'à nous. Le hasard a pu faire
disparaître la production entière de scriptoria qui utilisaient
les réclames à une date très ancienne. L'emplacement même
où étaient tracées les réclames rendait celles-ci très vulnér
ables. Nombreuses sont en effet les réclames et les signa
tures qui ont disparu sous le couteau du relieur. Les ci
rconstances ont encore davantage réduit le champ de notre
enquête, car, désireux de ne pas donner à cette recherche
une ampleur hors de proportion par rapport à son objet,
nous nous sommes limité aux seuls manuscrits latins de la
Bibliothèque nationale de Paris. Cependant, les ressources
de ce dépôt sont si considérables qu'un examen des volumes
qui le composent permet d'aboutir, nous semble-t-il, à des
conclusions valables sur un plan général. En effet, le fonds
latin contient des livres d'origines très diverses et l'on peut
dire sans exagération qu'il donne une idée assez exacte de
l'activité calligraphique dans le monde latin au Moyen
Age, en prenant garde, toutefois, que les circonstances ont
plutôt favorisé l'acquisition de manuscrits italiens que celle
de manuscrits d'origine anglaise ou germanique.
Dans le temps, nous nous sommes borné à signaler ici les antérieurs au xne siècle ou remontant aux
premières années de ce siècle. Par la suite, l'emploi de la
réclame se généralise et il devient impossible, avec les
moyens dont nous disposons, de discerner des axes de diffu
sion. Toutefois, à l'origine, les réclames sont écrites paral
lèlement au bord inférieur du feuillet. Plus tard, à une
époque et dans une région qu'il serait peut-être intéressant
de déterminer, elles sont transcrites perpendiculairement à
ce bord inférieur, ou, si l'on préfère, parallèlement à l'axe
du pli des feuilles de parchemin ou de papier.
Mais les difficultés d'ordre matériel ne sont pas les seules
à rendre délicate cette étude. Le procédé de la réclame est
en lui-même très élémentaire et l'on peut concevoir qu'il ait
été, en quelque sorte, « inventé » à des époques et en des
lieux différents sans qu'il y ait à faire intervenir la moindre
influence. Un fait significatif le montre bien. Nous savons •
EMPLOI DES RECLAMES DANS LES MANUSCRITS LATINS 7
que dans la bibliothèque d'Assurbanipal les scribes répé
taient la dernière ligne de la tablette qu'ils venaient d'écrire
sur la tablette suivante1 afin de déterminer l'ordre dans
lequel devaient être lues les tablettes contenant un texte
trop long pour être copié sur une seule brique. Cet usage se
rencontre déjà dans des tablettes antérieures à l'époque
d'Assurbanipal que l'on a retrouvées dans sa bibliothèque 2.
Une technique semblable a été utilisée par les copistes grecs,
au moins jusqu'au premier siècle de notre ère, pour per
mettre le classement de plusieurs rouleaux de papyrus
contenant différentes parties de la même œuvre 3. Il est bien
évident que, malgré la similitude des solutions données à des
problèmes voisins, il est impossible d'établir une relation
entre cet usage et l'emploi des réclames dans les ateliers de
copie de l'Occident latin au Moyen Age ; la solution de con
tinuité est trop longue.
Du reste, les copistes grecs médiévaux n'ont adopté que
très tard l'usage des réclames dans les codices. Mgr Devreesse
observe que les cahiers des manuscrits étaient numérotés ;
il ne mentionne l'emploi des réclames que pour l'époque de
la Renaissance 4. Cependant, M. Herbert Hunger note l'appar
ition des réclames dans un manuscrit grec du xive siècle ;
malheureusement il ne précise pas le volume dont il s'agit 5.
Un manuscrit grec conservé à la Bibliothèque de Lenin
grad sous la cote Graec. 113 présente des réclames6. Tout
efois, le cas de ce volume appelle un certain nombre de r
emarques.
1. Allemand : Fangzeile; anglais : Catchline.
2. C. Wendel, Die griechisch-römische Buchbeschreibung verglichen mit der
des Vorderen Orients. (Halle, 1949), p. 2-4, 10 (Hallische Monographien. 3).
3. S. West, Reclamantes in Greek papyri, dans Scriptorium, 17 (1963), 314-
315.
4. R. Devreesse, Introduction à l'étude des manuscrits grecs. (Paris, 1954),
p. 21.
5. H. Hunger, Antikes und mittelalterliches Buch-und Schriftwesen, dans
Geschichte der Textüberlief erung der antiken und mittelalterlichen Literatur.
Bd. I. (Zurich, 1961), p. 51.
6. Dom B. de Montfaucon, Bibliotheca Coisliniana... (Parisiis, 1715), p. 585,
n° 379. — E. Muralt, Catalogus codicum bibliothecae imp. publicae graecorum...
(Petropoli, 1840), col. 24-26. — Gr. Cereteli et S. Sobolevski, Exempla codicum
graecorum litteris minus culis scriptorum annorumque notis instructorum. Vol.
alterum. Codices Petropolitani (Mosquae, 1913), pl. XXXIX a. Ö JEAN VEZIN
II s'agit d'un recueil contenant la traduction en grec de
plusieurs œuvres du dominicain Raymond de Mévouillon
qui devait mourir en 1294 archevêque d'Embrun1. Le der
nier texte copié est celui d'un sermon. Le colophon indique
clairement que ce sermon a été prononcé en 1292. Commett
ant une confusion fréquente en ce domaine et facilement
explicable, le P. Bernard de Montfaucon et ses successeurs
ont vu dans cette indication la date d'achèvement du
manuscrit. Or, le volume contient aux folios 113-173 une
traduction de la Philosophia catholica d'Arnauld de Vill
eneuve, ouvrage terminé peu avant l'été 1302 2. La date
de 1292 est ainsi exclue. Il faut en conséquence reporter la
copie de ce volume au plus t

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