Observations sur la légende de sainte Odile - article ; n°1 ; vol.63, pg 517-536
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Observations sur la légende de sainte Odile - article ; n°1 ; vol.63, pg 517-536

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1902 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 517-536
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 5
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marius Sepet
Observations sur la légende de sainte Odile
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1902, tome 63. pp. 517-536.
Citer ce document / Cite this document :
Sepet Marius. Observations sur la légende de sainte Odile. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1902, tome 63. pp. 517-536.
doi : 10.3406/bec.1902.448117
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1902_num_63_1_448117■U 3 !
OBSERVATIONS
SUR LA
LÉGENDE DE SAINTE ODILE
conserve et le pour notre Une ravissants souvenir la attention récente France encore, présent, qui visite sur le après est, Mont-Saint-Michel, le les faite culte à tant quelques origines au de et Mont-Sainte-Odile, vicissitudes les historiques reliques égards, a pour de et naturellement sa de du l'Alsace transformations, fondatrice monastère, site vénérable ce appelé méroqu'est qui
vingienne. En outre, une obligation courante de critique profes
sionnelle nous a induit, de fii en aiguille, à examiner de près, à
étudier le document dans lequel est principalement fixée pour
nous par écrit la tradition relative à ces origines, c'est-à-dire
l'ancienne biographie latine de la sainte abbesse, dont le nom est
inséparablement attaché à cette cime imposante de Hohenbourg,
consacrée par ses vertus et sa fondation monastique ; de la vierge
ducale en qui l'Alsace se plaît à saluer et à vénérer sa patronne.
C'est le résultat de cet examen, de cette étude que nous nous pro
posons de soumettre aujourd'hui à l'appréciation des lecteurs de
ce recueil, auprès de qui nous espérons retrouver en cette occa
sion la bienveillance témoignée aux essais que nous y avons
publiés naguère.
I.
La Vita sanctce Otiliœ virginis a été intégralement publiée
1. Une description fort belle et vivement sentie en a été donnée par M. Henri
Welschinger dans l'Introduction de son volume intitulé : Sainte Odile, patronne
de l'Alsace. Paris, Victor Lecoffre, 1901, in-12. Collection « les Saints ». Nos con
clusions critiques diffèrent d'ailleurs assez sensiblement de celles de l'auteur. OBSERVATIONS
pour la première fois par Mabillon dans ses Ada sanctorum
Ordinis sancti Benedicts. M. Chrétien Poster, professeur à la
Faculté des lettres de Nancy, en a donné une nouvelle édition
dans le tome XIII des Analecta bollandiana2. Tout en recueil
lant et notant les variantes d'un grand nombre de manuscrits, le
savant éditeur s'est principalement appuyé sur le plus ancien de
tous, qui appartient à la bibliothèque du chapitre de Saint-Gall.
« Ce manuscrit, dit-il, remonte au plus tard à la fin du xe siècle. »
C'est dire que la composition du texte même a eu lieu à une date
antérieure, d'autant plus que le manuscrit est un « recueil ».
Dans son remarquable ouvrage : le Duché mérovingien d'Al
sace et la légende de sainte Odile3, M. Pfister la plaçait « entre
900 et 950 ». Il paraît la croire aujourd'hui sensiblement moins
ancienne. En adoptant la donnée générale que la Vita du manusc
rit de Saint-Gall a été rédigée dans la seconde moitié du xe siècle,
on ne s'exposera pas, croyons-nous, à s'écarter trop de la vérité.
« La Vita Otilice, dit M. Pfister, n'est point partagée en cha
pitres dans les anciens manuscrits ; dans les manuscrits récents
seulement, elle est divisée en une série de lectiones, séparées
souvent les unes des autres par des antiennes et des répons ryth
més. Mais ces divisions varient beaucoup. Aussi, pour plus de
commodité, nous avons conservé les paragraphes tels que Mabil
lon les avait établis. »
A priori, la distance d'environ deux siècles et demi qui sépare
la composition de cette biographie de la mort de la sainte abbesse
ne permet pas de lui attribuer une autorité historique irréfragable.
Ce n'est certainement pas un de ces documents dont on peut dire
qu'ils se soutiennent et s'imposent « mole sua ». Pour tâcher d'en
déterminer le mieux possible le caractère et la valeur, il est bon
d'essayer, par une analyse du texte aussi exacte et aussi probable
qu'elle le peut être, de retrouver et de reconstituer les documents
ou les éléments plus anciens dont l'auteur a fait usage. Disons
tout de suite que l'opinion de M. Pfister, à savoir que cet auteur
« est, selon toute apparence, un prêtre qui a connu le monastère
de Hohenbourg », nous paraît très bien fondée.
Le simple rapprochement, c'est-à-dire la lecture attentive et
1. Sœc. m, pars II, p. 486.
2. Bruxelles, 1894, p. 5.
3. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1892, in-8°, p. 46. SUR LA LÉGENDE DE SAINTE ODILE. 1^9
réfléchie des deux premiers paragraphes de la Vita, nous paraît
suffire à rendre très vraisemblable l'hypothèse suivante, à savoir
que le biographe a eu à sa disposition et amalgamé ensemble au
moins deux documents plus anciens, très différents l'un de l'autre.
Yoici les paragraphes dont il s'agit. Nous suivons l'édition de
M. Pfister, mais en adoptant l'orthographe usuelle :
I. — Temporibus Hilderici imperatoris erat quidam dux illustris,
nomine Adalricus, qui etiam alio nomine Etih dicebatur, ex nobilis-
simis parentibus generis originem sortiens, Galliensium territorio
oriundus. Pater vero illius, nomine Liuthericus, in palatio praedicti
imperatoris honore majoris domus sublimatus erat. Filius autem
ejus, cum esset Justus vitamque religiosam, in laico habitu quamvis
positus, ducere cupiens, Dei inspirante gratia, cogitare cœpit ut ali-
quem locum habilem ad Domini ministerium implendum praepara-
ret, ac arcanum sui cordis fidelibus suis pandere cœpit. Qui jam
consilium sui domini cognoscentes ac voluntati suae libenter satisfa-
cientes, et secretum tenuerunt, et tandem locum diu desideratum
requisitumque manifestarunl, dicentes venatores ipsius quemdam
reperisse locum, in prsecelsis montibus situm, cui nomen ob altitu-
dinem urbium Hoenburc erat, qui sibi aptus videretur fore ad explen-
dum desiderium suae voluntatis, si ipsius venerabili paternitati
placeret. Qui eliam olim propter flrmitatem atque defensionem
ingruentium bellorum constructus tempore Marcelliani regis fertur
esse. Praeclarus igitur vir Dei, eorum manifestationi consensum prae-
bens, concite ipsum peragrans locum diligenterque investigans, Deo
gratias referre cœpit, quod sibi talem dignaretur manifestare mansio-
nem, quse tarn competens aptaque esset ad explendum propositum
sui desiderii, moxque inibi ecclesiam ac cetera sedificia, quaemilitan-
tibus Christo necessaria sunt, sediflcari ordinavit.
II. — Hujus ergo thalamis venerabilis conjux adhaerebat, ex nobi-
lissimis progenitoribus orta, nomine Persinda-, sicuti assertione plu-
rimorum didicimus, affinitate sancti Leodegarii redimita. Quae,
quanquam lege conjugali ligata foret, tarnen eleemosynis et ceteris
justitiae operibus dedita, necnon sanctarum paginas Scripturarum
libenter audiens, Deo studebat illibatum exhibere servitium, memor
illius apostolici quo dicilur : Qui habent uxores, tamquam non
habentes et reliqua. Judicio autem Dei veniente, contigit ut ex eis
nata esset filiaa nativitate caeca. Pater autem, ut audivit quia cseca
nata erat, turbatus est in seipso, dicens quia pro aliquo delicto ejus OBSERVATIONS 520
hoc ei evenisset, et cogitabat ut earn occidere praecepisset. Dixitque
ad conjugem suam : Nunc cognosco quia in aliquo Deum iratum
habeo, quia mihi hoc evenit, quod ante hxc nulli ex genere meo
conligit; jussitque ut occideretur. Mater vero ejusdem fîlise respon-
dit; dicens : Domine mi, noli esse tristis; cognosco quia judicium
Dei manifestum est, quia ipse Christus respondebat discipulis suis de
cœco nato inierrogantibus, dicens : Neque hic peccavit neque parent
es ejus, sed ut manifestentur opera Dei in Mo. Ipse vero nolebat per
heec verba consolari, sed magis ac magis in corde suo dolebat, quod
haec eadem puellula viva erat. Dixitque iterum ad conjugem suam
magnam sibi verecundiam esse; quod filia ejus visu öculorum frus-
trata esset; et idcirco preecepit ei ut aliquem sibi familiärem satage-
ret quaerere, per quem ipsa puella occideretur aut in eum duceretur
locum ubi nusquam manifestaretur.
Gomme on le voit, d'un paragraphe à l'autre, ou, pour parler
plus exactement, à la distance de quelques lignes, le duc Adalric
se présente à nous sous deux aspects bien différents et que l'on
peut presque appeler contradictoires. C'est d'abord non seul
ement un bon chrétien, mais un juste, ou, du moins, un homme
pieux, « Justus », appelé aux exer

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents