Organisation militaire de la France sous la troisième race, avant l établissement des armées permanentes [premier article]. - article ; n°1 ; vol.22, pg 1-30
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1861 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 1-30
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1861
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Edgard Boutaric
Organisation militaire de la France sous la troisième race, avant
l'établissement des armées permanentes [premier article].
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1861, tome 22. pp. 1-30.
Citer ce document / Cite this document :
Boutaric Edgard. Organisation militaire de la France sous la troisième race, avant l'établissement des armées permanentes
[premier article]. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1861, tome 22. pp. 1-30.
doi : 10.3406/bec.1861.461937
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1861_num_22_1_461937ORGANISATION MILITAIRE
DE LA FRANCE,
SOUS LA TROISIÈME RACE
AVANT h ETABLISSEMENT
DES ABMÉES PERMANENTES
CHAPITRE PREMIER.
DE HUGUES CAPET A PHILIPPE-AUGUSTE.
§ Ier. Théorie de la puissance militaire des rois de France.
A partir de la constitution de la féodalité, le roi réunit deux
qualités : il était à la fois roi et seigneur ; el lorsqu'il avait une
guerre à soutenir, il s'agissait de savoir qui, du seigneur ou du
roi, était enjeu. Dansle premier cas, il avait le droit de convo
quer seulement ses vassaux immédiats demeurant dans le do
maine direct, qu'on appelait pays de l'obéissance le roi. Quant
aux grands feudataires de la couronne, tels que les ducs de
Bourgogne , d'Aquitaine , les comtes de Champagne , de Toul
ouse, etc., il ne pouvait les appeler aux armes que lorsque l'in
tégrité du royaume était menacée, et toujours pour une guerre
défensive. Telle était la position faite aux rois de France par
l'application rigoureuse des principes de la féodalité. Jusqu'à
1. Fragment ďun Mémoire couronné par l'Académie des sciences morales et poli
tiques.
П- (Cinquième série.) i La fin du douzième siècle, ils se trouvèrent dans une position
fort embarrassée. Avaient-ils à se plaindre de quelqu'un de leurs
feudataires, ils devaient, selon la loi des fiefs, le citer à la cour
de ses pairs ; si l'accusé était condamné, et qu'il n'obéit pas à
l'arrêt qui le frappait, le prince marchait contre lui avec le se
cours des pairs dont le coupable avait méprisé le jugement.
Mais tout ceci était de la théorie ; il en était tout autrement dans la
pratique. Les feudataires puissants bravaient toujours la cour des
pairs ; souvent même le roi n'osait pas les traduire devant un
tribunal où l'accusé avait des amis et des parents qui lui au
raient peut-être donné gain de cause ; il sollicitait le secours de
quelque grand vassal, qui le lui accordait à condition de recevoir
le même service quand il en aurait besoin. Les premiers Capé
tiens ne se soutinrent contre leurs vassaux rebelles que grâce à
leur alliance avec les ducs de Normandie 1 . Louis VI, qui passa
toute sa vie à faire la guerre aux barons de l'Ile de France, ne
triompha qu'à l'aide des comtes de Flandre et de Vermandois ;
et quand un de ces puissants auxiliaires lui manqua, il éprouva
des revers. C'est ainsi que, réduit à ses propres forces, il ne put
venir à bout du comte de Beaumont, dont le comté n'avait pas
six lieues d'étendue, et, après avoir échoué au siège de la petite
ville de Chambly, il fut réduit à entrer en accommodement avec le
comte et à conclure un traité où tout l'avantage était pour le
rebelle2.
§ 2. L'Église vient en aide à la royauté.
L'Église, dont Louis le Gros sut se concilier la faveur en com
battant les seigneurs qui la dépouillaient, paya sa dette de recon
naissance en amenant au secours du roi le peuple des villes et des
campagnes. On voit une armée de paysans conduite par les curés
assiéger dans Crécy Thomas de Marie et les bourgeois de Laon
révoltés contre leur évêque. Après la défaite de Brémule3;
1. Voy., pour le règne du roi Robert, Hist, episcop. Antissiod., Labbe, Bibl.
nova, I, p. 449-50. — Raoul Glaber, 1. И, с 19 et les autres chroniques contenues
dans les tomee XI et XII de D. Bouquet.
2. Suger, Vita Ludovici Grossi , Bouquet t. XII, p. 14, et d'Arcq, Comtes de
Beaumont, p. lxxiii et suiv.
3". Et non de Brennevffle. Voy. la note de M. Leprévost dans son édition d'Or-
deric Vital, IV, p. 356. les prélats du Berri, de la Bourgogne, du diocèse de Sens, de
l'Ile de Frau.ce, de l'Orléanais et du Beauvoisis, renforcèrent les
troupes royales avec une armée populaire nombreuse mais indis
ciplinée. Cette multitude, à peine armée, s'élança, dit un con
temporain, comme un loup à sa proie, pillant amis et ennemis,
et commettant les plus grands désordres, sans que la voix de
leurs pasteurs pût les arrêter. Cette cohue mit le siège devant
Bréval sans résultat, et il ne faut pas s'en étonner : l'idée de
faire marcher les plébéiens, qui n'étaient pas exercés au manie
ment des armes, pouvait réussir quand il était question d'assiéger
un château voisin ou de repousser une invasion , mais il était
impossible de faire, avec de pareils éléments, une expédition
lointaine, ni de soutenir les, longueurs d'un siège difficile, l'indis
cipline de ces troupes ne permettant pas de les garder longtemps
sous les drapeaux. Au onzième siècle, lors de l'établissement de
la Paix de Dieu, le clergé se mit à la tête de ses paroissiens et
marcha contre les violateurs des décisions de l'Église \ On пз
doit pas confondre ces expéditions avec celles du règne de Louis
le Gros, où l'on voit aussi les curés conduire au combat leurs
paroissiens. Au onzième siècle, l'Église agissait en qualité de
puissance spirituelle. Les canons des conciles avaient établi, du
consentement des laïques, des lois dont les violateurs devaient être
punis par le bras séculier. Chaque fidèle s'engageait, en qualité
de chrétien, à poursuivre ceux qui désobéissaient à l'Église ; le
clergé, qui avait intérêt au maintien du bon ordre, eut la direction
de la répression des attentats à la paix. Lorsqu'un seigneur avait
violé la loi, l'évêque le sommait de réparer le mal qu'il avait fait
et de payer l'amende encourue pour son crime ; si le coupable
refusait, l'évêque réunissait contre lui les fidèles du diocèse,
peu importe quelle fût leur condition et dans quelle seigneurie
ils eussent leur domicile. Au douzième siècle, au contraire, les
évêques ne convoquèrent pour aller au secours du roi que les
tenanciers de l'Église. Les paysans qui aidèrent Louis VI et qui
marchaient sous la bannière des prêtres ruraux étaient tous les
hommes des évêques et des abbayes. Les hommes des seigneurs
ne faisaient point partie de ces bandes : les évêques n'avaient pas
le droit de les faire marcher ; et les seigneurs, leurs maîtres, n'au-
1. Semichon, la Paix et la Trêve de Dieu, p, 123 et suiy, raient point consenti à ce qu'on disposât ainsi de leurs tenanciers.
J'insiste sur ce point, parce qu'on a cru que Louis VI profita de
l'institution de la Paix de Dieu pour se faire une armée.
Les classes inférieures de la société n'étaient pas encore aptes
à prendre part aux expéditions militaires, et la royauté et la no
blesse les tinrent longtemps dans cette impuissance. Donner des
armes aux roturiers, c'était les assimilera la noblesse : il s'écoulera
bien du temps encore avant que le peuple joue un rôle sérieux
dans la composition de l'armée; on ne le convoquera qu'à la
dernière extrémité.
§ 3. Les rois redeviennent les chefs militaires de la nation. —
Naissance du patriotisme.
L'ancien principe que tout Français noble ou vilain de
vait concourir à la défense de la patrie commune, principe
qui n'avait pas été mis en pratique depuis plus de trois siè
cles, trouva son application sous ce même Louis le Gros.
En 1124, Г empereur Henri Y, ligué avec le roi d'Angleterre,
ayant menacé d'envahir la France et de détruire Reims, une
guerre nationale fut déclarée J ; tous les feudataires, même les plus
éloignés, ceux qui n'avaient eu jusqu'alors aucun rapport avec
la royauté ou lui avaient été hostiles, accoururent avec leurs
vassaux et leurs tenanciers. Cet appel fut entendu par le comte
de Chartres, tout parent qu'il était du roi d

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