Paix et guerre entre les nations : la théorie des relations internationales selon Raymond Aron - article ; n°4 ; vol.12, pg 963-979
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Description

Revue française de science politique - Année 1962 - Volume 12 - Numéro 4 - Pages 963-979
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 74
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Baptiste
Duroselle
Paix et guerre entre les nations : la théorie des relations
internationales selon Raymond Aron
In: Revue française de science politique, 12e année, n°4, 1962. pp. 963-979.
Citer ce document / Cite this document :
Duroselle Jean-Baptiste. Paix et guerre entre les nations : la théorie des relations internationales selon Raymond Aron. In:
Revue française de science politique, 12e année, n°4, 1962. pp. 963-979.
doi : 10.3406/rfsp.1962.403400
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1962_num_12_4_403400et Guerre entre les Nations Paix
LA THEORIE DES RELATIONS INTERNATIONALES SELON RAYMOND ARON *
JEAN-BAPTISTE DUROSELLE
Paix et guerre entre les nations. Nul mieux qu'Aron ne pouvait
écrire ce livre. Ou, plus probablement, nul autre ne pouvait l'écrire.
Il fallait une combinaison d'esprit théorique et de connaissance
des réalités politiques actuelles, combinaison que l'on trouve chez
un professeur de sociologie, qui, simultanément, écrit des éditoriaux
au Figaro. Il fallait aussi un don de synthèse — les matériaux étant
fournis par des disciplines universitairement diverses — et un esprit
dialectique aigu, car une théorie valable ne peut reposer que sur
des constructions solides. Il fallait enfin une vaste érudition. Et,
de fait, l'auteur a vraiment absorbé l'essentiel de ce que les histor
iens, les juristes, les économistes, les sociologues, les moralistes,
les philosophes politiques, voire les mathématiciens, ont dit d'import
ant sur le sujet. Lorsqu'Alfred Grosser, dans cette même revue,
critiquait un certain nombre de manuels américains en s'inspirant
d'une définition pessimiste de Manning 1, il s'en prenait aux
procédés de juxtaposition des disciplines que les auteurs avaient
pratiqués. Ici, rien de tel. La synthèse est achevée.
Le plan général de l'ouvrage nous indiquera schématiquement
les grandes lignes de cette synthèse. Il est divisé en quatre parties
respectivement intitulées :
Théorie (concepts et systèmes)
Sociologie (déterminants et régularités)
Histoire (le système planétaire à l'âge thermonucléaire)
Praxéologie (les antinomies de l'action diplomatico-stratégique)
Quoiqu'une brève analyse ne puisse rendre compte de toute la
richesse de la construction, il n'est pas inutile de décrire som
mairement le contenu de ces quatre parties avant d'entreprendre
une discussion.
* Aron (Raymond) — Paix et guerre entre les nations. — Paris, Calmann-
Lévy, 1962. 23 cm, 797 p. Index.
1. Grosser (Alfred), «L'étude des relations internationales, spécialité améri
caine?», Revue française de science politique 6 (3), juil.-sept. 1956, pp. 634-651.
963 Duroselle Jean-Baptiste
L'ensemble est une théorie des relations internationales en ce
sens que, partant d'une recherche des concepts utiles, ceux qu'il
faut isoler et mettre en lumière dans l'étude des relations entre
unités politiques, l'auteur procède ensuite à la recherche des expli
cations, puis donne l'exemple concret de l'histoire postérieure à
1945, et enfin se demande si l'on peut découvrir des règles d'action
rationnelles. Mais Aron a voulu réserver plus spécifiquement l'ap
pellation de théorie à l'élaboration des concepts majeurs, puis à
l'analyse des systèmes internationaux, historiques — pour le passé
— ou possibles. Le concept le plus essentiel lui paraît être l'unité
de la politique étrangère, à travers les deux formes qu'elle prend
alternativement, selon qu'il y a guerre ou paix, la stratégie et la
diplomatie. Toute unité politique est un « centre autonome de
décision ». La pluralité de ces centres, qui se réservent en dernier
recours le droit à la violence, alors. qu'ils le refusent aux individus
à l'intérieur de leurs sphères, implique une sorte de jeu où tous
les acteurs, agissant sans qu'il existe d'arbitre suprême, cherchent
mutuellement à s'imposer leurs volontés.
La guerre, comme l'a dit Clausewitz — dont Aron s'inspire
largement — est l'ultime recours. Mais la fin est d'imposer sa
volonté et non de vaincre pour vaincre. La puissance est l'aptitude
à imposer sa volonté. La force est l'ensemble de moyens matériels
immédiatement disponibles dans l'éventualité du recours à la vio
lence. Le potentiel ou les ressources sont l'aptitude à élargir la
force si l'on dispose de temps et si l'adversaire ne peut vous en
empêcher. Le Japon était plus fort que les Etats-Unis en décembre
1941. Le potentiel plus élevé des Etats-Unis leur a permis de créer
une force supérieure à celle du Japon.
Ces notions de base une fois posées, il faut analyser les divers
types d'objectifs que se proposent les unités politiques. J'y revien
drai plus loin, car une telle analyse se prête nécessairement à la
discussion.
De cette étude des unités politiques prises isolément, on passe
à celle de leurs groupements. « J'appelle système international
l'ensemble constitué par des unités politiques qui entretiennent
les unes avec les autres des relations régulières et qui sont suscept
ibles d'être impliquées dans une guerre générale ». Autrement dit,
le système est « un ensemble dont la cohérence est celle d'une
compétition» (p. 103). C'est là l'originalité profonde du système
international par rapport au système politique interne. On peut
passer ensuite à une classification des systèmes, les uns homogènes,
ceux où les Etats « obéissent à la même conception de la politique »,
les autres hétérogènes, ceux où les Etats « se réclament de valeurs
contradictoires» (p. 108). Puis Aron procède à l'analyse des
systèmes : pluripolaires (pluralité des centres de puissance), les-
964 Paix et Guerre entre les Nations
quels aboutissent à une nécessité d'équilibre, comme dans le monde
d'avant 1914 ; ou bipolaires, comme à l'époque de la guerre du
Péloponèse entre Athènes et Sparte, ou dans le « duopole thermo-
nucléaire » actuel entre Etats-Unis et U.R.S.S.
De là enfin, Aron en vient à l'analyse des types de paix et des
types de guerre, qui est à coup sûr l'un des aspects les plus orig
inaux de son ouvrage.
Cette théorie abstraite, consistant en une conceptualisation,
appelle naturellement une seconde partie : la recherche des déter
minants. La théorie a révélé quels éléments doivent être analysés ;
la sociologie va manipuler ces éléments. La tâche du sociologue
« s'interpose entre celle du théoricien et celle de l'historien » (p. 1 84 ) .
L'historien interprète un ensemble singulier, unique. Le
recherche des propositions « d'une certaine généralité ». Or les
déterminants possibles sont de deux catégories. Les uns sont phy
siques ou matériels : l'espace, la population, les ressources ; les
autres sont d'essence sociale : la nation et son régime ; la « civi
lisation », phénomène de devenir, dont il faut à la fois percevoir
les caractères relativement stables (régularités) et les transformat
ions ; et enfin l'humanité, c'est-à-dire la régularité liée à l'essence
de la nature humaine. Le grand problème relatif à cette dernière
notion est de savoir si l'homme est naturellement belliqueux, s'il
y a une agressivité biologique, ou si la guerre est le produit de
l'état social. « La difficulté de la paix tient plus à l'humanité qu'à
l'animalité de l'homme» (p. 364).
La troisième perspective du livre est celle de l'histoire. En effet,
l'étude des concepts et celle des déterminants n'est pas satisfaisante
si l'on ne peut l'appliquer aux cas concrets. Aron a décidé de choisir
l'un de ces cas concrets, celui qui nous touche le plus puisqu'il est
notre cas à nous. S'agissant d'un ensemble unique et isolé, on sort
davantage de la perspective théorique que dans les deux parties
précédentes. En un sens, on peut regretter que l'auteur, plutôt que
de choisir un cas, n'ait pas voulu comparer les cas. Une compar

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