Paul Demiéville et l Ecole française d Etrême-Orient - article ; n°1 ; vol.69, pg 1-29
30 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Paul Demiéville et l'Ecole française d'Etrême-Orient - article ; n°1 ; vol.69, pg 1-29

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
30 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1981 - Volume 69 - Numéro 1 - Pages 1-29
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Yves Hervouet
Paul Demiéville et l'Ecole française d'Etrême-Orient
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 69, 1981. pp. 1-29.
Citer ce document / Cite this document :
Hervouet Yves. Paul Demiéville et l'Ecole française d'Etrême-Orient. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 69,
1981. pp. 1-29.
doi : 10.3406/befeo.1981.3354
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1981_num_69_1_3354PAUL DEMIEVILLE ET L'ECOLE FRANÇAISE
D'EXTRÊME-ORIENT
PAR
Yves HERVOUET
Dans un article publié à l'occasion du cinquantenaire de l'École française
d'Extrême-Orient, Paul Demiéville a magnifiquement dit ce que la sinologie
française devait à l'Ecole Française d'Extrême-Orient: L'Pelliot (qui y passa
une demi-douzaine d'années,) écrivait: 'Je lui dois tout'; et Maspero (qui y
passa une douzaine ne se lassait pas de dire que, si la sinologie fran
çaise avait marqué dans la première partie de ce siècle un progrès sans égal,
c'est à l'École Française d'Extrême-Orient qu'elle le devait, à sa bibliothèque,
aux missions, aux facilités de toutes sortes offrait à ses membres, laissés
libres de toute obligation professorale ou administrative, et surtout à la pos
sibilité qu'elle leur procurait de respirer longuement l'atmosphère de l'Extrême-
Orient, de s'en pénétrer, de se l'incorporer pour toute leur vie. Les cigales
stridentes dans le banian de la maison des pensionnaires, l'aboi des chiens, le
soir, dans les villages des rizières, les fêtes des paysans tonkinois avec leurs rites
colorés et leurs légendes mimées d'une variété inépuisable, les bruits et les odeurs
de la rue de la Soie, avec ses boutiques chinoises, voilà qui compte plus, dans la
carrière d'un jeune orientaliste, que des années de lecture".1
Ces deux phrases disent bien, et chaque mot porte, ce que Paul Demiéville
ressentait lorsqu'il évoquait, près de trente ans après avoir quitté l'Indochine,
le souvenir de ses années à Hanoï. Il était resté un peu plus de quatre ans seul
ement et toujours membre temporaire de l'Ecole Française d'Extrême-Orient.
Mais c'est pendant près de soixante ans, toute sa carrière universitaire, qu'il a
participé aux travaux de l'École, qu'il a fait de nombreuses publications dans
son Bulletin, qu'il y a dirigé ses jeunes disciples, qu'il a participé à son Conseil
d'administration.
Un décret du 31 décembre 19192 a nommé pensionnaire, ailleurs on écrit
(1) "Études chinoises classiques", in Bulletin de la Société des Études Indochinoises, N.S., t.
XXVI, № 4 (1951), p. 515.
(2) II est curieux de constater qu'une semaine auparavant, le 24 décembre 1919, Henri Yves Hervouet 2
membre temporaire, de l'École Française d'Extrême-Orient, Paul Demiéville,
élève de l'École des langues orientales, licencié es lettres.3 Au moment d'entrer
à l'École, il reçoit une lettre du service consulaire du gouvernement suisse,
datée du 29 décembre 1919, qui, en réponse à une correspondance de sa part
qui ne semble pas avoir été aussi nette que la lettre ne le dit, lui proposait de
l'engager s'il n'était pas déjà nommé par le gouvernement français au poste de
pensionnaire de l'École. La lettre exprime des regrets et envisage de lui confier
un poste approprié après son stage en Extrême-Orient. Paul Demiéville semble
avoir été attiré par la carrière diplomatique, - sa correspondance en parle à
plusieurs reprises -, mais sans se décider vraiment à poser sa candidature. Il
quitte Paris le lundi 19 janvier 1920 pour s'embarquer à Marseille le vendredi
23 janvier sur le Paul-Lecat, où il a pu avoir une cabine grâce à Louis Finot.
Il arrive le 27 février 1920 au soir à Hanoi, où Maspero l'attendait à la gare et
l'introduit dans le cercle de ses amis. Ils prennent leurs repas ensemble à l'hôtel.
Dès son arrivée, Demiéville se met à l'étude du vietnamien ("l'annamite" dans
le langage de l'époque) et moins d'une semaine après son arrivée à Hanoï,
Maspero l'emmène dans des villages "tonkinois" assister, à l'occasion du Nouvel
An, aux fêtes locales avec pantomimes et chants. Un mois plus tard, il va visi
ter la pittoresque baie d'Along. Dès les premiers jours, il s'est mis à "fureter"
dans la bibliothèque de l'École qu'il trouve fort riche. Dès la fin d'avril, il dit
qu'il commence à se débrouiller pour la langue "annamite". Il ne s'ennuie pas
malgré la rareté du courrier: les lettres mettent un mois et demi pour lui par
venir et une réponse à une question de sa part suppose en général trois mois
d'intervalle. Ce qui lui manque le plus, et c'est un leitmotiv dans sa correspon
dance, c'est le temps: ''les heures fuient comme des minutes, les jours comme des
heures". Gela explique qu'il restera parfois deux mois, sinon plus, sans écrire à
ses parents, d'autant qu'il y a des jours de "courrier", avant un départ de bateau
et si le courrier est manqué, il n'y a qu'à attendre le suivant. Il écrit d'ailleurs
Maspero a été élu successeur de Chavannes au Collège de France dans la chaire de Langues et
littératures chinoise et tartares-mandchoues. Il n'y a bien sûr pas de relation nécessaire entre
les deux faits. En effet Paul Demiéville a été élu à l'École française d'Extrême-Orient par l'Aca
démie des Inscriptions et Belles-Lettres dès le 1er août 1919 (cf. AIBCR, 1919, p. 354) et on ne
comprend pas pourquoi son départ a été tant retardé, ce dont Emile Sénart s'étonne dans une
lettre du 26 décembre 1919.
(3) Trois types de documents permettent, pendant ces années 20, de suivre dans le BEFEO
la carrière des membres de l'École: le texte des décrets ou arrêtés officiels du Gouvernement
général de l'Indochine, des "Chroniques" sur les travaux de chaque membre et les rapports du
Directeur de l'École ou d'un membre du Conseil d'administration à l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres. Par suite, les mêmes indications se retrouvent souvent à deux ou trois reprises.
Sur ses premières années à l'École, j'ai pu bénéficier de la correspondance de Paul Demiéville
avec ses parents, correspondance qui n'était pas très détaillée ni très fréquente, mais d'une grande
saveur, avec beaucoup de détails qui font revivre non seulement l'homme qu'il fut mais aussi
ce qu'était alors la vie à l'École. J'ai également lu sa correspondance officielle avec les Directeurs
successifs de l'École: rapports annuels (qui étaient ensuite résumés dans les rapports publiés dans
le Bulletin) ou rapports de missions, lettres du Directeur à l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres et réponses de celle-ci, etc. J'ai peu cité cette correspondance parce que, quoique souvent
plus détaillée que les rapports, elle a beaucoup moins de saveur que les lettres à sa famille de
Paul Demiéville. Demie ville et l'École Française d'Extrême-Orient 3 Paul
presque toujours au milieu de la nuit, en prenant sur des heures qui auraient
dû être consacrées au sommeil.
Il assiste au mois d'avril 1920, toujours guidé par Maspero, à "des fêtes an
namites, à des cérémonies de sorcellerie". En juillet 1920, il descend '"toute la
côte d'Annam en auto, avec un crochet de six jours dans l'intérieur, chez les
sauvages habitant la partie Sud de la chaîne montagneuse qui longe cette côte".
Le 17 juillet il est à Phnom-penh. Il y sera encore le 12 août, après avoir passé
une semaine 'inoubliable' à Angkor. Il apprécie la brousse où il lui arrive de
se trouver "muffle à muffle avec une belle panthère" et dont il dit que "c'est
encore plus chic que la bibliothèque d'Hanoi". En revenant d'Angkor, il ramass
e des objets préhistoriques et va visiter sur la côte d'Annam des populations
chams dont il recueille u

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents