Cosmologie - article ; n°24 ; vol.49, pg 683-694
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1951 - Volume 49 - Numéro 24 - Pages 683-694
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Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 22
Langue Français

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Norbert Luyten
Cosmologie
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 49, N°24, 1951. pp. 683-694.
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Luyten Norbert. Cosmologie. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 49, N°24, 1951. pp. 683-694.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1951_num_49_24_4371Cosmologie
Communication professeur à l'Université du R. P. de N. Fribourg LuYTEN, (Suisse) O. P.,
Déterminer la position de la cosmologie thomiste contempor
aine ne semble pas possible sans jeter un rapide regard sur ses
origines encore si proches de nous. Lorsque l'abbé Mercier se mit
à l'œuvre du renouveau thomiste — selon les vœux et les directives
du grand Pape Léon XIII — il reconnut immédiatement que tout
renouvellement de la synthèse thomiste exigerait une confrontation
non seulement avec la philosophie moderne, mais encore avec les
sciences exactes, qui exerçaient un immense ascendant sur les
esprits modernes et déterminaient les conceptions pour une si large
part. L'élaboration d'un thomisme adapté aux exigences contem
poraines impliquait donc nécessairement une confrontation avec les
sciences. Mercier en fut tellement convaincu, que malgré ses lourdes
charges d'enseignement, il se fit étudiant à nouveau pour se famil
iariser avec l'esprit et la méthode des sciences exactes. S'il s'est
surtout attaché à réaliser un rapprochement en psychologie, cela
ne signifie nullement qu'il considérait la tâche en cosmologie comme
moins urgente. Dans ses cours il s'appliqua également à la philo
sophie de la nature et sous son impulsion d'autres se mirent au
travail dans ce secteur. On peut poursuivre dans la scolastique
renaissante cet effort constant pour confronter la cosmologie tradi
tionnelle avec les données de la science moderne. Il y avait là
d'ailleurs plus qu'un fait fortuit. On peut y voir une certaine logique
immanente de l'histoire. L'avènement de la science moderne avait
— dans une large mesure — causé l'élimination de la philosophie
scolastique ; la réintroduction de celle-ci ne pouvait se faire qu'en
la confrontant avec cette science qui s'était révélée une rivale si
dangereuse.
C'est dire que le renouveau de la cosmologie thomiste était
posé d'emblée sous le signe d'une confrontation avec les sciences. 684 Norbert Luyten
Bien plus : on était, à cette époque, à ce point sous l'emprise de
la science exacte triomphante, que le sens de cette confrontation
ne pouvait être autre que celui d'une adaptation de la philosophie
traditionnelle aux données de la science moderne. On ne sait ce
qu'il faut admirer le plus de l'enthousiasme avec lequel on s'attacha
à reprendre la synthèse thomiste, ou de la confiance presque aveugle
qu'on avait dans la science. H en résulta souvent une mentalité de
compromis qui a si longtemps marqué — et marque parfois encore
— de son empreinte la cosmologie thomiste renaissante. La préoccu
pation essentielle était souvent de savoir comment on pourrait sauver
telle ou telle position traditionnelle en face d'une science qui semb
lait affirmer le contraire. Ce travail était dur, puisque les condi
tions en étaient dictées par les sciences qui, elles, obéissaient à
une toute autre inspiration que la cosmologie. C'était donc une
bataille inégale dans laquelle la cosmologie était vaincue d'avance,
puisqu'en acceptant les conditions posées par la science, elle avait,
au fond, capitulé avant même de combattre. Le cosmologue devait
toujours se sentir menacé par la science puisqu'en dernier ressort
il était à la merci de celle-ci.
On aurait tort, toutefois, de ne voir que cet aspect plutôt né
gatif. A côté des fautes, il y a les mérites incontestables. J'en vois
surtout deux. D'abord le fait d'avoir maintenu, envers et contre
tout, l'idéal d'une vraie philosophie de la nature. Dans une période
où les savants étaient convaincus d'avoir le monopole de l'étude
de la nature et où les meilleurs philosophes livraient volontiers la
nature à la science, pour s'occuper des seules réalités de l'esprit,
ce n'était pas un mince mérite de maintenir l'idéal d'une philoso
phie de la nature et d'en défendre les droits.
Un deuxième mérite, à peine moindre, est d'avoir engagé cou
rageusement le dialogue avec la science moderne. On sentait nett
ement combien cette confrontation était indispensable au renouveau
d'une cosmologie dont on savait les accointances avec une physique
périmée. On découvrit progressivement l'immense difficulté de cette
tâche. De s'être mis à l'œuvre dans des circonstances si difficiles,
d'avoir engagé une confrontation si nécessaire, est un mérite indé
niable de la génération qui nous précède. Je dirais presque que
le mérite était d'autant plus grand que les hommes étaient moins
préparés à la tâche qu'ils assumaient. On peut leur reprocher d'avoir
ignoré la vraie nature de la science ; on ne peut dire qu'ils aient le fait de la science. Ils ne se sont pas refusés à regarder Cosmologie 685
en face ce fait si embarrassant pour leur cosmologie. Sans ce travail
souvent ingrat nous ne serions sans doute pas aujourd'hui où nous
en sommes. Cette brève évocation du passé ne nous semblait pas
inutile, car en un certain sens le problème de la philosophie de la
nature se présente toujours sous le même angle : c'est toujours la
présence de la science qui continue à conditionner largement la
problématique cosmologique. Cependant malgré cette identité appar
ente, il y a une différence sensible dans le climat intellectuel. C'est
que la science avec laquelle la cosmologie doit être confrontée n'est
pas restée la même. La science classique avec son assurance et
ses prétentions a cédé la place à une science plus consciente de
ses limites. Des crises internes {relativité, quanta) et une critique
approfondie de ses méthodes (critique des sciences) ont rendu à la
science actuelle le sentiment de ce qu'elle est, mais aussi de ce
qu'elle n'est pas. D'ailleurs une réaction spiritualiste assez génér
ale n'a cessé de rappeler à la science qu'elle n'est plus seule à
prétendre expliquer le réel. Tout ceci a enlevé un peu aux sciences
exactes cet ascendant exagéré qu'elles exerçaient sur les esprits.
On ose publier de nos jours un livre au titre sacrilège : « Science
is a sacred cow » (La science est une vache sacrée) ! (1>.
Quelle est la position de la cosmologie thomiste actuelle en
face de cette situation nouvelle ?
On pourrait croire que ce changement profond dans la position
de la science exacte allait permettre au cosmologue d'adopter une
attitude plus indépendante par rapport à la science. Or, un bref
examen des publications actuelles nous montre très vite que ce n'est
pas toujours le cas. Certes l'on a une conception plus nuancée de
ce qu'est la science exacte : la critique des sciences a fait ici un
travail qu'on ne saurait plus ignorer ni méconnaître. On se rend
compte du changement de climat qui a eu lieu dans la science et
l'on y voit même parfois le point d'insertion de conceptions tradi
tionnelles (2). Mais la position fondamentale reste la même que celle
que nous avons trouvée au début du renouveau thomiste : renouv
eler la cosmologie en la basant non sur les conceptions périmées
de la physique du moyen âge, — qui elles-mêmes se basaient sur
l'expérience vulgaire, — mais sur la base solide des données cri-
(l) < Science is a sacred cow», titre d'un livre fort intéressant (écrit par un
homme de science) paru récemment aux Etats Unis.
<a> Voir p. ex. le livre de Z. BUCHER, Die Innenwelt der Atome, Luzern, 1947. Norbert Luyten 686
tiquement établies dans la science actuelle <3>. Ce qui a changé,
dirait-on à lire ces auteurs, ce n'est pas le scheme fondamental de
la relation entre philosophie et sciences ; la philosophie reste tr
ibutaire de la science pour lui emprunter un fondement solide. Mais
alors que la d'il y a 50 ans était, dans son esprit et dans
ses thèses, opposée à la conception traditionnelle de la nature, la
science d'aujourd'hui semble de plus en plus favorable et comme
prédisposée à l&#

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