Plan Langevin-Wallon (1947) et système éducatif du secondaire en 1991 - article ; n°1 ; vol.90, pg 34-46
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Communication et langages - Année 1991 - Volume 90 - Numéro 1 - Pages 34-46
Les Français - dont hélas les enseignants et les enseignés - ont l'habitude, avec chaque nouveau ministre de l'Éducation nationale, de subir une nouvelle réforme de notre système éducatif - pas nécessairement inutile d'ailleurs.
Pierre Rossano nous entretient ici d'un plan qui n'a jamais été appliqué mais qui pourtant, par son envergure et sa prémonition, fera date dans l'histoire de la pédagogie en France.
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Publié le 01 janvier 1991
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Langue Français
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Extrait

Pierre Rossano
Plan Langevin-Wallon (1947) et système éducatif du secondaire
en 1991
In: Communication et langages. N°90, 4ème trimestre 1991. pp. 34-46.
Résumé
Les Français - dont hélas les enseignants et les enseignés - ont l'habitude, avec chaque nouveau ministre de l'Éducation
nationale, de subir une nouvelle réforme de notre système éducatif - pas nécessairement inutile d'ailleurs.
Pierre Rossano nous entretient ici d'un plan qui n'a jamais été appliqué mais qui pourtant, par son envergure et sa prémonition,
fera date dans l'histoire de la pédagogie en France.
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Rossano Pierre. Plan Langevin-Wallon (1947) et système éducatif du secondaire en 1991. In: Communication et langages.
N°90, 4ème trimestre 1991. pp. 34-46.
doi : 10.3406/colan.1991.2333
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1991_num_90_1_2333LANGEVIN-WALLON PLAN
(1 947)
ET SYSTÈME ÉDUCATIF
DU SECONDAIRE EN 1991
par Pierre Rossano
Les Français - dont hélas les enseignants et les enseignés - ont l'habi
tude, avec chaque nouveau ministre de l'Éducation nationale, de subir
une nouvelle réforme de notre système éducatif - pas nécessairement
inutile d'ailleurs.
Pierre Rossano nous entretient ici d'un plan qui n'a jamais été appliqué
mais qui pourtant, par son envergure et sa prémonition, fera date dans
l'histoire de la pédagogie en France.
Toute analyse de la situation du système éducatif français aujourd'hui
se doit de reprendre l'évolution de l'école durant la période qui va de
la fin de la Deuxième Guerre mondiale avec la commission dite
« Langevin-Wallon » à aujourd'hui avec la loi d'orientation sur l'Édu
cation de Lionel Jospin.
La commission « Langevin-Wallon » était elle-même déjà
l'aboutissement d'un grand mouvement d'idées mené par Jean Zay,
ministre de l'Éducation nationale sous le Front populaire, mouvement
interrompu quelques années par la sombre parenthèse du gouverne-
o ment de Vichy.
Ç Jean Zay, par la loi du 9 Février 1 936, modifiant celle de Jules Ferry de
$ 1 882, s'efforça d'articuler entre eux les divers ordres d'enseignement
c?!* fameux de façon « certificat à en faire d'études des paliers primaires successifs. » devait Dans sanctionner cette optique, les études le
^g primaires et permettre l'accès aux études secondaires. La classe de
c 6e devait ainsi devenir une classe d'orientation d'un an, commune à
*= tous les élèves, à quelque suite de la scolarité qu'ils se destinent.
•| Cette grande innovation devait permettre de voir dans cette classe de
6e se succéder des maîtres de formation différente. À la sortie, les |
| élèves se seraient déterminés pour l'enseignement classique, le mo-
o derne ou le technique. En 1937, 200 classes expérimentales de Plan Langevin-Wallon 35
6e d'orientation étaient ouvertes avec des programmes à parties com
munes favorisant des passages possibles d'un enseignement à un
autre.
Mais ces idées de Jean Zay étaient prématurées sur bien des points ;
et si le temps ne lui a pas permis de les réaliser, elles vont inspirer ses
successeurs.
UNE ÉCOLE UNIQUE POUR TOUS
La commission ministérielle d'étude pour la réforme de l'enseigne
ment, présidée d'abord par Langevin, va être instituée en novembre
1944 et travailler jusqu'en juin 1947 sur un projet d'école unique pour
tous qui va profondément marquer les conceptions réformatrices de
l'école durant la deuxième moitié du xxe siècle.
Le décès de Langevin en 1946 n'interrompra pas le travail ambitieux
de la commission dont le nouveau président sera Wallon jusqu'en juin
1947.
C'est ainsi que la commission prend définitivement le nom de
« Langevin-Wallon » pour rester dans les mémoires de tous les péda
gogues et alimenter les réflexions les plus actuelles du débat sur
notre système éducatif.
Mais sait-on encore qui étaient Langevin et Wallon ?
Langevin était le type même du fils d'artisans modestes qui va réussir
brillamment des études en étant toujours le premier partout, avoir le
privilège de travailler sous l'autorité de Pierre Curie, entrer major à
l'École normale supérieure, obtenir une bourse pour Cambridge,
accéder à une chaire de professeur au Collège de France et succé
der à Curie à l'Académie des sciences.
Wallon était ce psychologue mondialement reconnu qui allait aliment
er les débats extraordinaires sur le développement de l'enfant avec
Piaget pendant des décennies, médecin mais aussi agrégé de phil
osophie et docteur es lettres, professeur à la Sorbonne puis, comme
Langevin, au Collège de France.
Aurait-on dit l'essentiel sur ces deux hommes flamboyants si l'on
omettait de préciser qu'ils étaient tous deux communistes ?
Il est en effet primordial de resituer le travail de ces deux hommes à
une période charnière de notre civilisation où l'engagement politique
était indissociable des volontés de transformer un monde qui venait
de montrer son aptitude à atteindre les pires horreurs.
L'idée de l'école unique était évidemment une idée très engagée à
l'époque, quoique pas neuve puisque déjà émise par les Compa- Pédagogie
gnons de France après la Première Guerre mondiale et par Jean Zay
en 1936.
C'est donc un engagement politique sans ambiguïté et s'appuyant
sur une volonté de démocratisation de la société qui voulait en 1914,
36 et 45 que l'enseignement soit organisé en degrés et en cycles
cohérents dans un but de justice et d'orientation favorisant les aptitu
des de chacun.
Prenons garde tout de même de ne pas attribuer à la seule France la
paternité d'une réflexion en profondeur sur la mise en place de troncs
communs dans un but de démocratisation de l'enseignement. La
plupart des pays industrialisés engagent après la guerre de 40 le
même mouvement, ce qui n'empêchera pas ces projets ambitieux,
tout comme le plan « Langevin-Wallon », de ne pas voir le jour et de
rester au « fond des tiroirs » malgré des exploitations très partielles et
timides au cours des 50 dernières années.
LE PLAN « LANGEVIN-WALLON » : ENSEIGNÉS ET ENSEIGNANTS
Voyons plus en détail ce plan dont les implications financières impor
tantes vont rendre la mise en œuvre complète impossible en ces
temps de restauration lente des forces économiques de la France.
Ce plan établit :
• la prolongation par paliers de la scolarité jusqu'à 18 ans, avec un
effort financier qui s'exprime sous forme d'allocations familiales, de
bourses, de présalaires pour les étudiants, de constructions nouvell
es, de revalorisation de la fonction enseignante :
- premier cycle d'études jusqu'à 11 ans (école élémentaire) ;
- cycle d'orientation jusqu'à 15 ans ;
-d'études déterminées de 15 à 18 ans ;
• le cycle d'une durée de 4 ans comprend une période
d'observation de 1 1 à 13 ans pendant laquelle tous les enfants suivent
§> ensemble le même enseignement, puis une période d'options de 1 3 à
"g 1 5 ans, pendant laquelle les enfants continuent à recevoir en commun
$» les mêmes enseignements de base, mais sont essayés à diverses
c5 spécialités ;
5 Cet aménagement suppose le groupement des élèves par secteurs
c scolaires, précisés sur le plan géographique à la dimension d'un
■S ensemble de population de 6 000 à 10 000 habitants ;
•g • le cycle d'études déterminées s'ouvre à 15 ans et conduit les élèves
| soit vers des sections théoriques dont l'issue est le baccalauréat
| (classique, moderne, technique théorique), soit vers des sections
o techniques professionnelles comportant des brevets professionnels Plan Langevin-Wallon 37
ou des certificats d'aptitude professionnelle. Les horaires de travail
sont gradués selon le niveau de la scolarité : 15 heures par semaine
entre 9 et 1 1 ans, 20 heures entre 1 1 et 13 ans, et 25 heures entre 13
et 15 ans.
Les examens n'apparaî

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