Réflexions sur la crise économique mondiale - article ; n°1 ; vol.2, pg 127-155
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Description

Revue de l'OFCE - Année 1982 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 127-155
Alors que la crise de 1974-1975 avait été ressentie comme un épisode, l'actuelle récession suscite de profondes inquiétudes. Ni la théorie des cycles longs, ni celles d'un état stationnaire, rassurantes à certains égards, ne rendent compte de la situation présente. L'inflation est à la fois salariale et monétaire. Elle n'est guère limitée par les commerces extérieurs ; les changes flottants l'entretiennent par un jeu de cliquet. Le chômage persistant a des causes très diverses, notamment la rapidité des innovations, l'insuffisance de l'auto-financement des entreprises, des conditions trop inégales de concurrence internationale, la réduction des investissements et leur changement de nature. Les hausses du prix du pétrole n'ont été qu'un élément accidentel d'aggravation. Les risques de la conjoncture actuelle sont multiples. On peut craindre la poursuite de politiques restrictives de l'activité, l'éventualité d'inflations s'accélérant, une paralysie des initiatives privées, des insatisfactions ruineuses, une crise financière internationale ou un bouleversement trop rapide du commerce mondial. Cependant les chances de notre temps sont grandes : de prodigieux progrès techniques, la fin des illusions sur le collectivisme d'Etat, une meilleure conscience des problèmes nationaux et de la nécessité d'une coopération internationale.
Whereas the « crisis » of 1974-1975 was thought to be a temporary problem, the present recession has caused much more concern. Indeed, neither the theory of long cycles nor that of the stationary state can account satisfactorily for the current situation. Inflation is related to the behaviour of both wages and money and is not constrained by the external balance because floating exchange rates allow it to continue by the operation of a ratchet effect. Persistent unemployment has a number of causes, among them rapid technical > change, the squeezing of retained profits, unfair international competition, and the reduction in the rate of investment. The increase in oil prices being only an accidental event which aggravated these more fundamental factors. In many ways the economic environment has become more incertain. Restrictive policies, the likelihood of accelerating inflation, the paralysis of private initiative, the international financial crisis and the rapid deterioration in international trading relationships : all are to be feared. Yet this is also a time of great possibilities : in prospect there is tremendous technical progress, the end of illusions about collectivism, a deeper understanding of national problems and of the need for international cooperation.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Marcel Jeanneney
Réflexions sur la crise économique mondiale
In: Revue de l'OFCE. N°2, 1982. pp. 127-155.
Citer ce document / Cite this document :
Jeanneney Jean-Marcel. Réflexions sur la crise économique mondiale. In: Revue de l'OFCE. N°2, 1982. pp. 127-155.
doi : 10.3406/ofce.1982.928
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1982_num_2_1_928Résumé
Alors que la crise de 1974-1975 avait été ressentie comme un épisode, l'actuelle récession suscite de
profondes inquiétudes. Ni la théorie des cycles longs, ni celles d'un état stationnaire, rassurantes à
certains égards, ne rendent compte de la situation présente. L'inflation est à la fois salariale et
monétaire. Elle n'est guère limitée par les commerces extérieurs ; les changes flottants l'entretiennent
par un jeu de cliquet. Le chômage persistant a des causes très diverses, notamment la rapidité des
innovations, l'insuffisance de l'auto-financement des entreprises, des conditions trop inégales de
concurrence internationale, la réduction des investissements et leur changement de nature. Les
hausses du prix du pétrole n'ont été qu'un élément accidentel d'aggravation. Les risques de la
conjoncture actuelle sont multiples. On peut craindre la poursuite de politiques restrictives de l'activité,
l'éventualité d'inflations s'accélérant, une paralysie des initiatives privées, des insatisfactions ruineuses,
une crise financière internationale ou un bouleversement trop rapide du commerce mondial. Cependant
les chances de notre temps sont grandes : de prodigieux progrès techniques, la fin des illusions sur le
collectivisme d'Etat, une meilleure conscience des problèmes nationaux et de la nécessité d'une
coopération internationale.
Abstract
Whereas the « crisis » of 1974-1975 was thought to be a temporary problem, the present recession has
caused much more concern. Indeed, neither the theory of long cycles nor that of the stationary state can
account satisfactorily for the current situation. Inflation is related to the behaviour of both wages and
money and is not constrained by the external balance because floating exchange rates allow it to
continue by the operation of a ratchet effect. Persistent unemployment has a number of causes, among
them rapid technical > change, the squeezing of retained profits, unfair international competition, and
the reduction in the rate of investment. The increase in oil prices being only an accidental event which
aggravated these more fundamental factors. In many ways the economic environment has become
more incertain. Restrictive policies, the likelihood of accelerating inflation, the paralysis of private
initiative, the international financial crisis and the rapid deterioration in international trading relationships
: all are to be feared. Yet this is also a time of great possibilities : in prospect there is tremendous
technical progress, the end of illusions about collectivism, a deeper understanding of national problems
and of the need for international cooperation.:
Réflexions
sur la crise économique mondiale
Jean-Marcel Jeanneney
Alors que la crise de 1974-1975 avait été ressentie comme
un épisode, l'actuelle récession suscite de profondes inquiétudes.
Ni la théorie des cycles longs, ni celles d'un état stationnaire,
rassurantes à certains égards, ne rendent compte de la situation
présente.
L'inflation est à la fois salariale et monétaire. Elle n'est guère
limitée par les commerces extérieurs ; les changes flottants l'entr
etiennent par un jeu de cliquet. Le chômage persistant a des causes
très diverses, notamment la rapidité des innovations, l'insuff
isance de l'auto-financement des entreprises, des conditions trop
inégales de concurrence internationale, la réduction des inves
tissements et leur changement de nature. Les hausses du prix
du pétrole n'ont été qu'un élément accidentel d'aggravation.
Les risques de la conjoncture actuelle sont multiples. On peut
craindre la poursuite de politiques restrictives de l'activité, l'éven
tualité d'inflations s'accélérant, une paralysie des initiatives pri
vées, des insatisfactions ruineuses, une crise financière interna
tionale ou un bouleversement trop rapide du commerce mondial.
Cependant les chances de notre temps sont grandes : de pro
digieux progrès techniques, la fin des illusions sur le collectivisme
d'Etat, une meilleure conscience des problèmes nationaux et de
la nécessité d'une coopération internationale.
Jamais depuis la seconde guerre mondiale la situation économique
n'a donné lieu à autant d'inquiétudes qu'aujourd'hui. Sont-elles justifiées ?
Quels sont les symptômes et les causes de cette crise ? Quels risques
sont actuellement courus et quelles sont les chances propres à notre
temps ?
La crise de 1974-1975 avait été ressentie comme un épisode...
Certes une crise brutale est déjà survenue en 1974-1975. Les indices
des productions industrielles ont alors baissé dans tous les pays occ
identaux : de 11 % au Royaume-Uni, de 13% aux Etats-Unis, en France
et en Allemagne, de 16 % en Italie, de 22 % au Japon (1). Mais la cause en
(1) Toutes les indications statistiques données dans cet article sont tirées d'un livre de
l'auteur à paraître prochainement à la librairie Hachette, sous le titre Les économies occi
dentales du XIXe siècle à nos jours, qui en indiquera les sources.
Observations et diagnostics économiques n° 2 I octobre 1982
127 Jean-Marcel Jeanneney
apparaissait simple : le quadruplement du prix du pétrole à l'automne 1973,
qui avait brutalement perturbé les échanges. Et l'on pensait qu'après cet
accident la croissance allait reprendre, d'autant mieux que tous les Etats
s'appliquaient, selon les préceptes keynésiens, à relancer la demande
par des déficits budgétaires et des baisses des taux d'intérêts. Effect
ivement la reprise fut prompte : en moins d'un an elle compensa à peu
près les chutes antérieures.
... alors que la présente récession suscite de profondes alarmes...
Actuellement les baisses des indices de production industrielle sont
bien moins accentuées qu'en 1974-1975. Depuis le début de 1980, où
elles ont commencé, elles n'ont guère excédé 5 % en Europe continentale
et 10% au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
Au regard des cycles économiques d'autrefois, cela n'a rien que de
très ordinaire. Pourquoi éprouve-t-on cependant de graves appréhensions ?
Sans doute la nostalgie des années 1949 à 1973, où les taux de
croissance des produits nationaux ont été de 4 à 6 % l'an dans la
plupart des pays occidentaux (10% au Japon, mais 2% seulement au
Royaume-Uni) y est-elle pour quelque chose. Qu'après la forte reprise
du deuxième semestre 1975 ces taux aient été, de 1976 à 1980, moitié
moindre qu'au cours du quart de siècle précédent est perçu comme un
signe prémonitoire d'un trouble mystérieux, dont la baisse ou la stagna
tion actuelles des productions industrielles révéleraient la gravité.
... renforcées par le souvenir de la << grande dépression » des années trente
Le spectre de la grande crise du début des années trente, qui avait
hanté les esprits après la seconde guerre mondiale, mais que de longues
années de prospérité avait peu à peu dissipé, réapparaît.
En vérité la conjoncture économique qui nous inquiète est, jusqu'à
maintenant tout au moins, bien différente du précédent des années vingt-
neuf à trente-trois. Alors, plus encore qu'aujourd'hui, le chômage atte
ignait des niveaux alarmants et les politiques économiques étaient
pareillement impuissantes à y porter remède. Mais les analogies se
limitent à cela. De 1929 à 1932 les productions industrielles baissèrent de
30 % en France, de 40 % en Italie, de 50 % en Allemagne et aux Etats-Unis,
soit de cinq à dix fois plus que de 1980 à 1982. Dans le même temps le
volume du commerce international se réduisit de 20 à 30 %, tandis qu'au
jourd'hui il se maintient à peu près stable. Quant au coût de la vie, il baissa
en trois ans, entre la fin de 1929 et le milieu de 1933, de 15% au
Royaume-Uni, de 25 % en Allemagne et de 30 % aux Etats-Unis. De 1930
à 1935, la baisse fut de 25% en France et de 30% en Italie. A l'inverse,
du début de

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