Thot, le dieu qui vole des offrandes et qui trouble le cours du temps - article ; n°3 ; vol.114, pg 547-556
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1970 - Volume 114 - Numéro 3 - Pages 547-556
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 184
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Siegfried Schott
Thot, le dieu qui vole des offrandes et qui trouble le cours du
temps
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 114e année, N. 3, 1970. pp. 547-
556.
Citer ce document / Cite this document :
Schott Siegfried. Thot, le dieu qui vole des offrandes et qui trouble le cours du temps. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 114e année, N. 3, 1970. pp. 547-556.
doi : 10.3406/crai.1970.12560
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1970_num_114_3_12560LE DIEU THOT 547
COMMUNICATION
THOT, LE DIEU QUI VOLE DES OFFRANDES
ET QUI TROUBLE LE COURS DU TEMPS,
PAR M. SIEGFRIED SCHOTT*.
En juillet 1881 Gaston Maspero, alors Directeur général du Service
des Antiquités de l'Egypte, identifia ce que l'on appelle La Cachette,
un puits situé au Sud du temple de Deir el-Bahari (le n° 320 des
tombes thébaines). Nombre d'objets provenant de ce puits, entre
autre des papyrus, étaient apparus sur le marché des antiquités à la
suite de fouilles clandestines. C'était dans cette cachette que les
grands prêtres de la xxie dynastie avaient rassemblé certaines
momies royales du Nouvel Empire, afin d'assurer leur sécurité.
Maspero put déterminer les raisons de ces transferts de sépultures
et en faire l'historique1. Il put compléter la documentation par des
textes juridiques déposés dans cette tombe. C'est là que fut découv
ert, en double exemplaire, un décret promulgué par le dieu Amon-
Rë' de Karnak en vue de diviniser après sa mort Nesikhonsou,
l'épouse du Grand-Prêtre Pinedjem n, décédée quelques années
avant son époux, vers l'an 1000 av. J.-C. Le dieu entreprend, dans
ce décret, de disposer le cœur de la morte en sorte qu'elle s'abstienne
de toute action préjudiciable à son époux ou à ses enfants2. Parmi
ces derniers, figure la prêtresse Ns-tl-nb.t-Isrw3, une des rares per
sonnes appartenant à la famille des rois-prêtres que l'on a ensevelie
ultérieurement en cet endroit. Le Livre des Morts de cette prêtresse
avait été acquis dans le commerce avant la découverte officielle de
la cachette. Il fut légué par l'acquéreur au British Muséum en 1910.
En 1912, Sir Wallis Budge publia sous le nom de Papyrus Greenfield,
ce document de près de 123 pieds de long (plus de 37 mètres).
Le Papyrus Greenfield, à l'exception de la planche liminaire qui
est hiéroglyphique, est écrit dans un hiératique fin et soigné. Il est
richement illustré, soit par des vignettes placées au bord supérieur
du rouleau, soit par des représentations en pleine page. En plus des
formules du Livre des Morts, on y trouve des litanies adressées aux
dieux Thot, Osiris, Rë' d'Héliopolis et Atoum. Le texte de la litanie
à Thot nous est connu, dans une version plus ancienne, par un
* Je remercie Mme P. Posener-Kriéger pour sa traduction.
1. Gaston Maspero, Les momies royales de Deir-el-Bahari, dans Mémoires Mission
archéol. française au Caire, 1887, I, p. 511 sq.
2. Battiscombe Gunn, The decree of Amonrasonther for Neskhons, dans JE A, 41, 1955,
p. 83 sq.
3. Ibid., % V, p. 92, 19 ; I. E. S. Edwards, ibid., Appendix, 102, 25/26. COMPTES RENDUS DE l' ACADEMIE DES INSCRIPTIONS 548
papyrus de la xixe dynastie1. Il y fait suite à une variante du cha
pitre 18 du Livre des Morts, chapitre consacré à la justification des
défunts devant divers tribunaux divins. Ce texte, retrouvé, à
l'époque, endommagé et amputé de sa partie initiale, reçut, dans le
Papyrus Greenfield, une nouvelle introduction. La forme même du
texte fut, de ce fait, modifiée. Dans le papyrus de la prêtresse, une
litanie, composée de neuf adresses à Thot (pi. 70). précède les
menaces proférées contre ce dieu. La forme de cette litanie est
identique à celle de la série d'appels au dieu qui font suite à ces
menaces dans les deux exemplaires du texte. Dans le Papyrus
Greenfield le texte commun débute après la première partie des
litanies. Il s'adresse à Thot en ces termes : « Viens et anéantis
(dh.k) chaque ennemi mort ou morte ! (et caetera) ». Le texte pour
suit : « Si tu n'écoutes pas ce que je dis, alors je dirai... » — et c'est,
là, la première accusation contre le dieu qui diffère dans les deux
versions — : « Tu as dérobé des offrandes au Conseil des Dieux
(Psd.t), le jour de leur fête, en cette nuit de la dissimulation de
Thot devant le Grand Conseil des Dieux (Psd.t ",.t) à Héliopolis ».
Le copiste du Papyrus Greenfield a ici comblé des lacunes du texte.
La répétition du mot Psd.t et le fait de mentionner Thot au lieu de
s'adresser directement à lui, trahissent l'origine secondaire du texte.
Cette accusation et celle qui lui fait suite se terminent ainsi : « Si tu
m'accordes (kfl) (ce que je te demande), je me tairai, je t'offrirai
des louages et tu respireras l'air, parmi les esprits sur la Pierre
Auguste ».
Une vignette surmonte cette menace et l'illustre. La morte, en
vêtements d'apparat, est debout devant le dieu assis, ici dans sa
forme ibiocéphale. Tandis que, dans la vignette voisine, on la voit,
les bras ballants, les mains ouvertes, rendre hommage à Hathor
(pi. 70-69), elle pose ici une de ses mains sur le genou de Thot. C'est
là un exemple du caractère persuasif de l'art égyptien, qui sait
adapter la parole aux gestes. Dans sa relation avec le texte, il montre
le dieu pensif et même accessible aux requêtes de la défunte si bien
informée. Bien que les vignettes de ce Livre des Morts soient souvent
indépendantes du textes qu'elles accompagnent, il est évident que,
dans le cas qui nous occupe, texte et vignette forment un tout. La
suite du rouleau présente des illustrations en pleine page de la morte
devant le dieu solaire (pi. 71), puis devant Osiris accompagné de ses
sœurs Isis et Nephthys (pi. 74). Des hymnes à ces dieux sont inter
calés entre les représentations (pi. 72). Le cœur de la morte est pesé
devant Osiris à l'aide d'une figure de la déesse Vérité. Thot note le
1. Alan H. Gardiner, Hieratic Papyri in the Brltish Muséum, Third Séries, 1934,
Chester Beatty Papgri, No. VIII, pi. 39 sq. LE DIEU THOT 549
résultat de l'examen. Le dieu et la morte se trouvent à nouveau face
à face, les yeux dans les yeux (pi. 73)1. Le rapport avec le texte paraît
évident. Dans ces deux dernières représentations la morte a ôté
son vêtement.
Avant d'aborder d'autres méfaits imputables à Thot, méfaits qui
sont d'origine mythologique, il convient d'examiner le reproche
figurant dans le Papyrus Greenfield, à savoir que Thot aurait dérobé
des offrandes. Dans le chapitre 125 du Livre des Morts, dont l'illu
stration montre la pesée du cœur, le mort récite la confession négative.
Aux quarante-deux juges du tribunal, le mort affirme solennellement
ne s'être rendu coupable d'aucun des péchés qu'ils condamnent. Une
formule particulière y adjure le cœur du mort, soumis à la pesée, de
ne point porter témoignage contre lui. Après avoir prêté serment
d'innocence en ce qui concerne entre autres le mensonge, le vol,
l'envie, le meurtre, il est question d'atteintes aux biens d'offrandes.
Dans sa huitième adresse le mort déclare : « Je n'ai pas dérobé des
biens d'offrandes (ih.t ntr) ». L'illustration de ce chapitre montre
Thot qui, muni de son écritoire, est occupé à enregistrer le procès-
verbal de la pesée du cœur. Après un dernier examen, il signale
à Osiris celui qui a subi victorieusement l'épreuve. Auprès de celui-ci
« l'esprit (Ih) », transfiguré, recevra l'offrande funéraire.
Le chapitre du jugement est attesté dans les Livres des Morts du
Nouvel Empire. C'est à cette époque, semble-t-il, qu'il fut composé.
On trouve, cependant, déjà dans les Textes des Pyramides de
l'Ancien Empire, des passages où Thot poursuit ceux qui com
mettent de mauvaises actions. En sa qualité de messager de l'Au-delà
il est chargé de les amener à Osiris, le souverain de l'offrande funér
aire. Dans le rituel de l'offrande, la première formule sacralise l'eau
de la libation destinée à purifier le lieu de l'offrande. La formule
s'adr

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