Rome et les jubilés du XIVe siècle : histoires immédiates - article ; n°40 ; vol.20, pg 53-82
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Description

Médiévales - Année 2001 - Volume 20 - Numéro 40 - Pages 53-82
Les historiens contemporains des jubilés de 1300 et de 1350 ont porté un regard sur l'événement et sur Rome, la ville où se rendaient les pèlerins désireux de bénéficier de l'indulgence générale. Trois observatoires ont été retenus pour constituer le dossier : Florence avec la Nuova Cronica de Giovanni Villani et la Cronica de son frère Matteo, Rome, illustrée par son unique chroniqueur, l'Anonimo romano, puis Avignon, où réside le pape du second jubilé, dont les Vies commentent le difficile rapport avec Rome et l'absence au jubilé. La primauté a été donnée aux textes mêmes, qui sont ici présentés et traduits. Ils montrent à l'évidence l'attraction exercée sur les lointains fidèles par Rome et par l'indulgence générale, le désintérêt de la cour d'Avignon et l'attitude ambiguë des Romains, plus soucieux de leurs affaires et de la vie politique de la cité que des bénéfices spirituels du jubilé.
Rome and the jubilees in the Fourteenth Century : An Immediate History - Contemporary historians of the jubilees of 1300 and 1350 have given an account of the event, and of the life of Rome, the city where pilgrims flocked, desirous of obtaining the plenary indulgence. Three points of observation have been retained : Florence, with the Nuova Cronaca by Giovanni Villani and the Cronaca by Matteo, his brother ; Rome, illustrated by its sole chronicler Anonimo Romano ; Avignon, residence of the pope during the second jubilee, whose Vitae comments on the difficult relationship with Rome and on the pope's absence at the jubilee. The authors have given all their attention to the texts themselves, presented and translated here. These reveal the attraction Rome and the indulgence exercised on the Christian West, the lack of interest shown by the court of Avignon, and the ambiguous attitude of the Romans, more concerned with business and city politics than with the spiritual benefits of the jubilee.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Etienne Anheim
Madame Isabelle Heullant-
Donat
Emmanuelle Lopez
† Odile Redon
Rome et les jubilés du XIVe siècle : histoires immédiates
In: Médiévales, N°40, 2001. pp. 53-82.
Résumé
Les historiens contemporains des jubilés de 1300 et de 1350 ont porté un regard sur l'événement et sur Rome, la ville où se
rendaient les pèlerins désireux de bénéficier de l'indulgence générale. Trois observatoires ont été retenus pour constituer le
dossier : Florence avec la Nuova Cronica de Giovanni Villani et la Cronica de son frère Matteo, Rome, illustrée par son unique
chroniqueur, l'Anonimo romano, puis Avignon, où réside le pape du second jubilé, dont les Vies commentent le difficile rapport
avec Rome et l'absence au jubilé. La primauté a été donnée aux textes mêmes, qui sont ici présentés et traduits. Ils montrent à
l'évidence l'attraction exercée sur les lointains fidèles par Rome et par l'indulgence générale, le désintérêt de la cour d'Avignon et
l'attitude ambiguë des Romains, plus soucieux de leurs affaires et de la vie politique de la cité que des bénéfices spirituels du
jubilé.
Abstract
Rome and the jubilees in the Fourteenth Century : An Immediate History - Contemporary historians of the jubilees of 1300 and
1350 have given an account of the event, and of the life of Rome, the city where pilgrims flocked, desirous of obtaining the
plenary indulgence. Three points of observation have been retained : Florence, with the Nuova Cronaca by Giovanni Villani and
the Cronaca by Matteo, his brother ; Rome, illustrated by its sole chronicler Anonimo Romano ; Avignon, residence of the pope
during the second jubilee, whose Vitae comments on the difficult relationship with Rome and on the pope's absence at the
jubilee. The authors have given all their attention to the texts themselves, presented and translated here. These reveal the
attraction Rome and the indulgence exercised on the Christian West, the lack of interest shown by the court of Avignon, and the
ambiguous attitude of the Romans, more concerned with business and city politics than with the spiritual benefits of the jubilee.
Citer ce document / Cite this document :
Anheim Etienne, Heullant-Donat Isabelle, Lopez Emmanuelle, Redon Odile. Rome et les jubilés du XIVe siècle : histoires
immédiates. In: Médiévales, N°40, 2001. pp. 53-82.
doi : 10.3406/medi.2001.1511
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_2001_num_20_40_1511Médiévales 40, printemps 2001, p. 53-82
Etienne ANHEDVI, Isabelle HEULLANT-DONAT,
Emmanuelle LOPEZ, Odile REDON
ROME ET LES JUBILÉS DU XIVe SIÈCLE :
HISTOIRES IMMÉDIATES
Le lancement du jubilé par le pape Boniface VIII pour l'année
1300, puis la relance pour l'année 1350 ont retenu l'attention des chro
niqueurs, puisqu'ils constituaient des événements à l'échelle de l'Occi
dent, et qu'ils ouvraient un thème chronologique. Il nous a semblé utile
de présenter, en version française, des textes qui ont été évoqués dans
les articles qui précèdent et qui sont souvent cités par les historiens de
Rome et des jubilés1. Dans ce dossier, nous avons voulu donner la
primauté aux textes mêmes ; ce qui nous intéresse ici est le point de
vue des historiens contemporains de l' événement-jubilé, le regard qu'ils
portent sur Rome et la manière dont ils mettent en perspective, dans les
décennies qui suivent le premier et surtout le second jubilé, les faits
qu'ils ont vécus et qu'ils rapportent. Les lieux d'observation s'impos
ent : Florence au cœur de la culture écrite qui s'élabore en Italie, Rome
bien sûr et puis Avignon, où les papes séjournent depuis 1309.
De Florence, la chronique des jubilés
par Giovanni et Matteo Villani avait entre 20 et 25 ans quand il fit le pèlerinage jubilaire
de 1300. Lorsqu'il écrit sa nouvelle chronique2, il fait de ce voyage le
moment fondateur de son œuvre, de Rome un lieu initiatique. Vérité
historique ou fiction littéraire ? La critique s'accorde maintenant à
déplacer après 1320 le commencement de l'œuvre. Mais, pour l'auteur,
situer en 1300 la décision d'écrire était une manière d'épouser l'évé-
1. Sur ces textes, et sur beaucoup d'autres, il est toujours essentiel de relire l'étude
d'Arsenio Frugoni, // Giubileo di Bonifacio VIII, A. de Vincenths éd., Bari/Rome, 1999,
publiée pour la première fois en 1950.
2. Giovanni Villani, Nuova Cronica, Giuseppe Porta éd., Parme, 1990-1991,
3 vol. 54 É. ANHEIM, I. HEULLANT-DONAT, E. LOPEZ, O. REDON
nement, d'affirmer la continuité entre Rome et Florence, de faire écho
au voyage de Dante dans l'au-delà de la Comédie : à Pâques en 1300.
Giovanni commença par noter régulièrement les événements, puis
à partir des années 1330 ou 40, écrivit sans trêve, polit et révisa son
œuvre, établissant une césure en 1333, au moment où l'on put craindre
la destruction de Florence, submergée les 4 et 5 novembre par une inon
dation catastrophique3. La peste l'interrompit en 13484. Matteo inscrit
son œuvre5 dans la continuité de celle de son frère ; lui-même écrivit
jusqu'en juillet 1363, quand une nouvelle épidémie de peste l'emporta
à son tour.
La Nuova cronica de Giovanni est la première grande chronique
italienne écrite en langue vulgaire. Idéalement, suivant un schéma d'his
toire universelle, elle couvre la période des origines bibliques jusqu'à
la mort de l'auteur, en passant par les péripéties troyennes. Mais, dans
le désir exprimé par le chroniqueur et au fil des chapitres, elle est surtout
une histoire de Florence, largement ouverte sur l'Italie et sur le monde
occidental comme l'était la ville même, au xivc siècle. La Nuova cronica
exprime les intérêts, les curiosités, la mobilité, la culture du milieu du
grand commerce florentin auquel appartenait la famille des Villani ; elle
connut un très grand succès, attesté par le nombre des manuscrits, dès
sa première rédaction. Elle devint en quelque sorte l'histoire officielle
de Florence, fut réécrite dans d'autres langues vulgaires du temps et
servit de modèle à nombre de chroniques italiennes. L'œuvre de Matteo
eut un destin plus modeste.
Traitant de l'époque qui leur est contemporaine, les frères Villani
se fondent sur leurs propres observations, des notes personnelles, des
témoignages. Les marchands florentins étaient nombreux à fréquenter
Rome ; la ville éternelle, invoquée en sa longue histoire au chapitre 36
du livre 9 de la Nuova Cronica de Giovanni, cité plus bas, est donc
bien présente dans les deux chroniques6.
Les Villani suivent en général le déroulement chronologique des
faits. Ils relèvent les jubilés comme des événements contemporains qui,
à un moment, polarisent l'attention sur Rome. Giovanni se place direc-
3. Voir L. Moulinier, O.Redon, «L'inondation de 1333 à Florence. Récits et
hypothèses de Giovanni Villani », Médiévales, 36, printemps 1999, p. 91-104.
4. Sur l'écriture de la Nuova Cronica, voir L. Green, Chronicle into History. An
Essay on the Interpretation of History in Florentine Fourteenth-Century Chronicles, Camb
ridge, 1972, G. Porta, « La costruzione della storia in Giovanni Villani », dans // Senso
de lia storia nella cultura médiévale italiana (1100-1350), actes du 14e congrès interna
tional de Pistoia (1993), Pistoia, 1995, p. 125-138, et F. Ragone, Giovanni Villani e i
suoi continuatori. La scrittura délie cronache a Firenze nel Trecento, Rome, 1998.
5. Matteo Villani, Cronica, Giuseppe Porta éd., Parme, 1995, 2 vol., G. Porta
cite 1 2 manuscrits des xive et xvc siècles.
6. Pour la période nous concernant, citons Giovanni, Nuova cronica, livre XIII,
chap. 90, vol. 3, p. 495-498 ; livre XIII, chap. 105, vol. 3, p. 521-524 ; Matteo, Cronica,
livre II, chap. 47, vol. 1, p. 276-278 ; livre III, chap. 33, vol. 1, p. 365-366 ; chap. 57,
vol. 1, p. 392-393 ; chap. 78, vol. 1, p. 419-420 ; 91, vol. 1, p. 439-440 ; livre IV,
chap. 9, vol. 1, p. 482-483 ; chap. 10, vol. 1, p. 483-484 ; chap. 23, vol. 1, p. 504-507 ; 26, vol. 1, p. 509-511. ET LES JUBILES DU XIVe SIÈCLE : HISTOIRES IMMÉDIATES 55 ROME
tement comme témoin du premier. Dans l'écriture qu'il façonne trente
ans plus tard, il se retourne vers le passé, d'abord parce que l'occasion

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