Les cérémonies d initiation du bur - article ; n°2 ; vol.54, pg 75-98
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Les cérémonies d'initiation du bur - article ; n°2 ; vol.54, pg 75-98

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Description

Journal des africanistes - Année 1984 - Volume 54 - Numéro 2 - Pages 75-98
Abstract. Bur, a noncompulsory initiation practised by men and women of all ages, is organized at the level of the domestic group at the request of the family head's tutelary spirit, that makes its will known through signs (sickness) interpreted by a diviner. The expensive ceremonies call for many sacrifices and a large consumption of millet. In return, the family head expects the tutelary spirit to grant health and success in economic activities. A person can be successively initiated the several kinds of bur during his lifetime. Those who undergo the same bur form a local «club» that plays a role in initiating new members. «Bur» also means divination ; and buor refers to both the initiate and the diviner. After the ceremonies, each initiate receives objects that are part of a diviner's materials and that he will later use if he becomes- a diviner. However bur is not an initiation to divination, and initiates do not necessarily become diviners.
Résumé Le bur est une initiation non obligatoire, pratiquée à tout âge par les hommes comme par les femmes. Il est organisé au niveau d'un groupe domestique sur la demande du génie tutélaire du chef de famille, qui se manifeste par des signes — maladie — interprétés par le devin. Le bur coûte cher : il nécessite de nombreux sacrifices et une grande consommation de mil. En contrepartie de son exécution, le chef de famille attend de son génie tutélaire santé et succès dans ses activités économiques. Il existe plusieurs types de bur, auxquelles une personne peut être successivement initiée au cours de son existence. Ceux qui ont fait le même bur forment une confrérie locale, qui joue surtout un rôle dans l'initiation d'un nouveau membre. Le terme bur désigne également la divination et buor est à la fois l'initié au bur et le devin. A l'issue des cérémonies du bur, chaque néophyte reçoit des objets qui constituent le matériel de base du devin, et c'est avec ces objets qu'un initié commencera à donner ses consultations si par la suite il devient devin. Cependant, le bur n'est pas une initiation à la divination et un initié ne devient pas forcément devin.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

C. de Rouville
Les cérémonies d'initiation du bur
In: Journal des africanistes. 1984, tome 54 fascicule 2. pp. 75-98.
Citer ce document / Cite this document :
de Rouville C. Les cérémonies d'initiation du bur. In: Journal des africanistes. 1984, tome 54 fascicule 2. pp. 75-98.
doi : 10.3406/jafr.1984.2069
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1984_num_54_2_2069Résumé
Résumé Le bur est une initiation non obligatoire, pratiquée à tout âge par les hommes comme par les
femmes. Il est organisé au niveau d'un groupe domestique sur la demande du génie tutélaire du chef de
famille, qui se manifeste par des signes — maladie — interprétés par le devin. Le bur coûte cher : il
nécessite de nombreux sacrifices et une grande consommation de mil. En contrepartie de son
exécution, le chef de famille attend de son génie tutélaire santé et succès dans ses activités
économiques. Il existe plusieurs types de bur, auxquelles une personne peut être successivement
initiée au cours de son existence. Ceux qui ont fait le même bur forment une confrérie locale, qui joue
surtout un rôle dans l'initiation d'un nouveau membre. Le terme bur désigne également la divination et
buor est à la fois l'initié au bur et le devin. A l'issue des cérémonies du bur, chaque néophyte reçoit des
objets qui constituent le matériel de base du devin, et c'est avec ces objets qu'un initié commencera à
donner ses consultations si par la suite il devient devin. Cependant, le bur n'est pas une initiation à la
divination et un initié ne devient pas forcément devin.
Abstract
Abstract. Bur, a noncompulsory initiation practised by men and women of all ages, is organized at the
level of the domestic group at the request of the family head's tutelary spirit, that makes its will known
through signs (sickness) interpreted by a diviner. The expensive ceremonies call for many sacrifices
and a large consumption of millet. In return, the family head expects the tutelary spirit to grant health
and success in economic activities. A person can be successively initiated the several kinds of bur
during his lifetime. Those who undergo the same bur form a local «club» that plays a role in initiating
new members. «Bur» also means divination ; and buor refers to both the initiate and the diviner. After
the ceremonies, each initiate receives objects that are part of a diviner's materials and that he will later
use if he becomes- a diviner. However bur is not an initiation to divination, and initiates do not
necessarily become diviners.CÉCILE DE ROUVILLE
LES CÉRÉMONIES D'INITIATION DU BUR
CHEZ LES LOBI DE LA RÉGION D'IRIDIAKA (BURKINA FASO)*
Les Lobi (180 000 personnes environ) occupent une région située à
cheval sur le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire. Originaires du nord-ouest de
l'actuel Ghana, ils traversèrent la Volta Noire à la fin du XVIIIe siècle et
s'implantèrent progressivement sur le territoire qu'ils occupent aujourd'hui.
Ils furent suivis dans ce mouvement migratoire par les Birifor et les Dagara,
leurs voisins au nord et à l'est, qui partagent avec eux le même fonds d'institu
tions et de culture : filiation bilinéaire et système politique acéphale notam
ment. Cultivateurs de mil, ils élèvent également du bétail et de nombreuses
volailles. Mais les animaux contribuent peu à la subsistance matérielle du
groupe domestique ; ils sont surtout utilisés pour les sacrifices et, en ce qui
concerne les bovins, pour le paiement de la compensation matrimoniale.
Les Lobi sont organisés en groupes de filiation matrilinéaires et patrili-
néaires, avec au niveau supérieur quatre matriclans (car) et une centaine de
patricians (kuon). A ce bilinéarisme correspond un double système de trans
mission des biens et des positions sociales : les droits éminents sur la terre, la
richesse (bétail, numéraire), les épouses, les droits et devoirs paternels se tran
smettent en ligne utérine ; les droits d'usage sur la terre, les habitations et les
autels domestiques sont dévolus de père à fils.
La résidence au mariage est virilocale et la patrilocalité est la règle du
vivant du père. Une fois le père disparu, les fils encore dépendants passent
sous le contrôle de son héritier utérin, chez lequel ils vont vivre. Les change
ment de résidence des fils économiquement autonome entre le village du
père — ou du tuteur — et celui d'un parent utérin (qui n'est pas forcément
l'oncle maternel) sont fréquents. Ils ne dépendent d'aucune règle, mais ré
sultent essentiellement des circonstances et des devoirs — cessions de terre
notamment — qui s'exercent entre parents utérins. Autrefois, ils étaient égal
ement liés aux nécessités de sécurité et de défense, le groupe matrilinéaire consti
tuant l'unité solidaire dans la vengeance et les conflits armés.
Les villages sont des unités instables et de petite taille se présentant sous
la forme d'habitations dispersées, distantes les unes des autres de cinquante à
cent cinquante mètres. L'unité résidentielle de base est la maison (cubr), oc-
* Le système de transcription utilisé est celui de l'alphabet phonétique international. Afin de fàci
liter la dactylographie, quelques signes de Г API ont été remplacés. C'est le cas des voyelles e, ээ э,
w, et de la consonne ?, qui ont été notées respectivement :è,à,o,ùet gy.
J. des Africanistes, 54, 2, (1984), 75-98 76 CËCILE DE ROUVILLE
cupée par un groupe de production autonome dont le noyau est constitué, le
plus souvent, par un père et ses fils. Dans les villages pris comme échantillon
(Rouville, 1981 : 80), la taille moyenne de l'unité de production est de 8,8
personnes.
0 1 2 3 4m.
1 Antichambre (gbalàbire)
2 Vestibule (gbalâ)
3 Chambre de la première épouse (+ enfants)
4 annexe de 3 (dubire)
5 Chambre d'un fils adolescent de 3
6 de l'épouse d'un fils de 3
7 Chambre annexe de 6
8 Sanctuaire domestique (thildu)
9 Chambre de la deuxième épouse (+ enfants)
10 annexe de 9
11 Chambre d'un fils adolescent de 9
12 de la troisième épouse, veuve héritée (+ fille de sa fille)
13 Poulailler
14 Meules dormantes
15 Grenier à mil principal
16 Autel des ancêtres agnáti ques (thrè)
Foyer
Echelle donnant accès à la terrasse
Grenier secondaire
Maison de Sodire Kambou (vulage de Vourbira) LES CÉRÉMONIES D'INITIATION DU BUR 77
Une description de la maison est indispensable à la compréhension du bur,
car c'est à l'intérieur et autour de celle-ci que se déroulent les cérémonies.
Souvent qualifiée de «petite forteresse», l'habitation lobi est constituée d'un
seul et vaste bâtiment dépourvu de fenêtres et surmonté d'un toit en terrasse
(voir plan). Une unique porte d'entrée donne accès à l'intérieur ; elle s'ouvre
sur la plus vaste pièce de la maison, le gbala, vestibule central dans lequel
donnent les chambres des épouses. De la chambre de la première épouse, on
accède au sanctuaire domestique (thildu). Les murs de l'habitation sont
constitués de plusieurs bandes de pisé superposées, la dernière faisant saillie
au-dessus de la terrasse, de telle sorte que celle-ci est compartimentée en un
certain nombre d'espaces qui sont la projection très exacte des pièces du rez-de-
chaussée. Chacun de ces espaces est utilisé par les seuls occupants de la pièce
située directement au-dessous. Près de la porte d'entrée, une échelle faite d'un
tronc d'arbre pourvu d'encoches donne accès à la terrasse. De celle-ci on accè
de, au moyen du même type d'échelle, à l'intérieur de chaque chambre de
femme. Autour de la maison s'étendent les champs permanents et semi-perma
nents de l'unité domestique, tandis que les de culture temporaire se
trouvent à l'extérieur de la zone habitée du terroir villageois.
Le wathil
Le système religieux des Lobi a été décrit par P. Meyer (1981a), par
G. Antongini et T. Spini (1981). Je me bornerai à préciser la notion de wathil,
qui joue un rôle central dans le bur.
Le wathil1 est un génie tutélaire qui se révèle à quelqu'un — homme ou
femme —, dans la maison duquel «il veut entrer», par une apparition insolite
en brousse sous la forme

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