Siège de Carcassonne. 1240. - article ; n°1 ; vol.7, pg 363-379
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1846 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 363-379
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1846
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Doüet d'Arcq
Siège de Carcassonne. 1240.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1846, tome 7. pp. 363-379.
Citer ce document / Cite this document :
Doüet d'Arcq Louis. Siège de Carcassonne. 1240. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1846, tome 7. pp. 363-379.
doi : 10.3406/bec.1846.451989
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1846_num_7_1_451989SIÈGE
DE CARCASSONNE
1240.
Le siège de Carcassonne, qui eut lieu en 1240, n'est pas un événe
ment sans importance dans la guerre des Albigeois. On peut y voir le
suprême et inutile effort de l'un de ces seigneurs du Languedoc qui,
pendant toute la première moitié du treizième siècle , eurent à lutter à
la fois contre les forces de la France et contre celles de l'Église : nous
voulons parler du jeune et infortuné Raymond Trencavel. Comme son
histoire se lie intimement avec l'événement dont il est ici question ,
nous la rappellerons d'abord en peu de mots.
Lorsqu'en 1209 , immédiatement après la sanglante exécution de
Béziers, l'armée victorieuse des Croisés se fut emparée de Carcassonne,
Raymond Roger, vicomte de Béziers, qui avait voulu défendre la place,
resta prisonnier de Simon de Montfort. Bientôt après, il mourait dans
le palais vicomtal, laissant un fils unique, âgé de deux ans, dont il
avait confié la garde à son ami et allié le comte de Foix. Cet enfant
était Raymond Trencavel, qui devait être le dernier des vicomtes de
Béziers. Né au fort de la guerre civile , orphelin dès le berceau , et
n'ayant pour protecteurs que des vaincus , certes sa destinée s'annonç
ait sous de tristes auspices; aussi, dès l'année 1211, on stipulait
pour lui la cession de tous ses domaines à Simon de Montfort. Cepen
dant par la suite , les choses changèrent de face. Simon de Montfort ,
ayant été tué au siège de Toulouse en 1218, tout le pays ne tarda
pas à se soulever contre Amauri , qui lui avait succédé; et en 1220, 364
le comte de Foix reprenait Béziers au nom de son pupille. Quatre ans
plus tard , Amauri de Montfort ayant abandonné Carcassonne , qu'il
ne pouvait défendre contre l'armée réunie des comtes de Toulouse et
de Foix, cette ville fut rendue de même au jeune Trencavel. Ce fut
là , du reste , l'époque la plus prospère de sa vie. En même temps
qu'il prend le château de Lombers en Albigeois, les habitants de
Béziers le reconnaissent pour seigneur, et rasent le château que Simon
de Montfort avait fait construire dans leur ville. Le comte de Foix,
opérant de son côté, lui assurait alors la possession de Limoux. Enf
in, il put dater ses lettres de son palais de Carcassonne. Ces événe
ments se passaient en 1 224, et cette même année , sans doute pour se
conserver tout ce qu'il venait de recouvrer, Trencavel se réconciliait
avec l'Église, en même temps que les comtes de Toulouse et de Foix.
Il ne jouit pas longtemps de ce retour de fortune: en 1227, il fut e
xcommunié de nouveau. Déjà il avait été abandonné par la plupart de
ses vassaux, qui s'étaient soumis à Louis VIII 5 et, quand deux ans
après, le comte de Toulouse vint à Paris faire sa paix avec saint Louis,
il n'y fut pas compris. Comme on le sait, cette paix de 1229 laissa
respirer pendant quelque temps les malheureuses provinces du Lan
guedoc. Quant à Trencavel , il n'en est plus question jusqu'en 1236, où
nous le retrouvons à la cour du roi d'Aragon, occupé sans doute à pré
parer sa dernière tentative pour recouvrer sa terre. Rien de si singulier
que l'histoire de quelques-uns des seigneurs du Midi à cette époque ; ils
disparaissent tout à coup, comme ces rivières qui se perdent dans les
terres pour ne plus reparaître qu'à de grandes distances. Cela s'ex-^
plique par la conformation des lieux qui facilitait la fuite, et par le
voisinage de l'Espagne, qui assurait un refuge. D'aii leurs , les Croisés et
les barons de France avaient dû trouver plus de facilité à s'assurer des
châteaux et des terres des faidits que du cœur de leurs vassaux et de
leurs hommes. Ces hérétiques, ces proscrits, qui étaient les hommes du
sol et de la langue , conservaient toujours des intelligences dans le
pays. L'orgueil et la tyrannie des vainqueurs, et surtout les épouvant
ables rigueurs de l'inquisition, ajoutaient encore aux regrets de ces
peuples pour leurs anciens maîtres : de là ces prompts retours de gens
qu'on eût crus éloignés pour jamais, et ces subits revirements de for
tune dont l'histoire présente alors de si nombreux et de si caractéris
tiques exemples. Tel fut, en particulier, le cas de notre Trencavel.
Après une absence de onze années, il reparaît tout à coup , en 1240 ,
dans les diocèses de Narbonue et de Carcassonne , suivi de quelques
chevaliers catalans et aragonais, et sans doute protégé sous main par 365
le comte de Toulouse. Au reste, le moment était bien choisi; c'était
celui où le comte de Toulouse venait de chasser des bords du Rhône les
croisés français qui s'y étaient établis après la paix de j 229, et où il ra
vageait la Camargue : aussi , voyons-nous Trencavel s'emparer rapide
ment de Montréal, de Montolieu, de Saissac, de Limoux, d'Azillan et de
Lauran, et mettre le siège devant la ville de Carcassonne , qu'il avait
possédée un moment en 1224, comme nous l'avons dit. Nous parlerons
plus bas de ce siège avec détail; nous nous contenterons de dire ici,
qu'à l'arrivée des secours de France, il se retira précipitamment et cou
rut se jeter dans le château de Montréal. Aussitôt il y fut assiégé par
Jean de Beaumont, qui conduisait la petite armée française venue de
Provence au secours de Carcassonne. Comme la place de Montréal était
forte, et que l'hiver approchait, on convint d'une capitulation dont les
articles furent réglés par l'entremise des comtes de Toulouse et de Foix.
La garnison sortit avec armes et bagages, et Trencavel, fugitif, repassa
encore une fois les Pyrénées. Ce dernier séjour en Espagne ne fut pas
long; car, en 1242, on le retrouve guerroyant dans les environs de
Narbonne, à la suite du comte de Toulouse. Ce dernier, qui, l'année
précédente , avait fait une ligue avec le comte de la Marche et les rois
de Navarre, de Castille et d'Aragon , cherchait alors à reprendre sur le
roi de France les domaines qu'il avait été contraint de lui céder par le
traité de 1229. Cette guerre de 1242, qui n'eut pas de grands résultats,
fut la dernière expédition à laquelle Trencavel prit part. En 1247, il se
soumit au roi, et lui abandonna tousses droits sur les vicomtes de
Carcassonne et de Béziers; il prit la croix, suivit saint Louis dans sa
première croisade, et revint avec lui. Mais, à partir de 1247, le vicomte
de Béziers n'existe plus; ce n'est plus que Trencavel de Béziers (1).
Le principal objet de cet article est la publication d'un rapport adressé
à la reine Blanche, par Guillaume des Ormes, sénéchal de Carcassonne,
sur les opérations du siège mis devant cette ville, en 1240, par Raymond
Trencavel, vicomte de Béziers. Nous ne connaissons pas de récit détaillé
de cet événement que celui de Guillaume de Puy-Laurens, inquisiteur
pour la foi dans le pays de Toulouse et auteur contemporain. Comme le
document que nous publions rapporte les faits d'une manière beaucoup
plus complète, nous donnerons ici les deux récits ; mais auparavant
il faut dire un mot de la situation de la ville.
Carcassonne forme deux villes distinctes : la ville haute ou cité, qui
est située sur la rive droite de l'Aude ; et la ville basse, située sur la rive
(1) « Ego Trericavellus Byterrcusis, noturn lacio , etc., » dans un acte de 124S. 366
gauche. Cette dernière n'existait pas encore en 1240, et n'a été bâtie
qu'en 1247 :nous n'avons donc pas à nous en occuper ici. Quant à la
cité, voici la description de son assiette, que nous tirons des Instruc
tions du Comité historique des arts et monuments, partie de l'archi
tecture militaire. « La cité de Carcassonne occupe un plateau d'accès
« très-difficile au couchant ; elle a deux enceintes : la première (l'en-
« ceinte extérieure) est bâtie sur le versant de la colline; la seconde,
« plu

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