Sous les derniers Valois, M. de La Primaudaye - article ; n°1 ; vol.74, pg 350-360
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1913 - Volume 74 - Numéro 1 - Pages 350-360
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1913
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Pierre De Vaissiere
Sous les derniers Valois, M. de La Primaudaye
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1913, tome 74. pp. 350-360.
Citer ce document / Cite this document :
De Vaissiere Pierre. Sous les derniers Valois, M. de La Primaudaye. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1913, tome 74. pp.
350-360.
doi : 10.3406/bec.1913.448501
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1913_num_74_1_448501■
LES DERNIERS VALOIS SOUS
M. DE LA PRIMAUDAYE
Le dimanche 17 mai 1579, élégamment vêtu, comme il conve
nait à un jeune courtisan de vingt-huit ans, « d'un pourpoint
de toile d'or, de chausses de satin blanc et d'une cappe d'estame
orange, brodée de velours bleu », François de la Primaudaye,
seigneur de la Barrée, allait rendre visite à quelques-unes de ses
connaissances de la capitale. Il en avait de nombreuses et d'hono
rables. Sans être, en effet, de très ancienne souche, — le premier
de la famille, sur lequel nous ayons des renseignements sûrs,
est un certain Philippe de la Primaudaye, clerc de la trésorerie
des guerres, en 1483, — les La originaires peut-
être de Bretagne, mais possesseurs du fief de la Barrée, en Tou-
raine, depuis 1522, au moins, avaient su conquérir assez vite
droit de cité à Paris et d'entrée à la cour par des charges digne
ment exercées de génération en génération : on trouve un Jean
de la Primaudaye notaire et secrétaire du roi en 1488 ; un
autre, Nicole, investi des mêmes fonctions en 1522 ; un troisième,
Antoine, — le père vraisemblablement de celui dont il va être
question, — conseiller à la cour des Monnaies en 1544. Un des
frères de François, Pierre de la Primaudaye, était-il déjà, en 1579,
maître d'hôtel ordinaire du roi? Je ne le sais; mais il le devint,
dans tous les cas, très peu après, et devait s'acquérir par ailleurs
un renom assez mérité dans la littérature du xvic siècle finissant.
Par ce dimanche de mai, donc, M. de la Primaudaye, « reve-
1. Archives nationales, Parlement de Paris, X2b 1175. Interrogatoire de La Ces* Primaudaye et des témoins à charge. pièces sont d'affreux grimoires
presque illisibles à première vue et qui n'avaient jamais encore été déchiflrés.
— Archives nationales, X2b 104. Arrêt de condamnation. — Bibliothèque natio
nale, Pièces originales, vol. 2386. — Journal de l'Estoile, éd. Brunet, t. I. M. DE LA rHIMAUDATE. 351
nant à l'après-disnée de chez Mmede Lignières », et passant rue
des Marmousets, près de Notre-Dame, devant le logis de la comt
esse de la Suze, résolut d'aller présenter ses hommages à cette
dame, « qu'il tenoit pour l'une des plus honnestes qu'il cogneust
en le royaume, et dont il estoit le serviteur très humble ». Elle
le méritait, d'ailleurs, par sa naissance et par son esprit. Issue de
la très vieille maison des Laval, Françoise de Laval était deve
nue comtesse de la Suze par son mariage avec le descendant
d'une non moins ancienne race, Nicolas de Champagne, comte
de la Suze, tué à la bataille de Saint-Denis, en 1567. Les attaches
huguenotes de la comtesse et le récent mariage de sa fille Péronn
elle de Champagne avec Jacques de Mongonmery, le fils du
héros réformé décapité en 1574, rendaient, il est vrai, sa maison
suspecte à certains. Mais cela n'était pas pour effrayer La Pri-
maudaye, dont la famille semble bien avoir, elle aussi, versé
dans l'hérésie, et au surplus, comme on était toujours sûr de
trouver là agréable société, le jeune homme n'hésita pas à entrer.
Ainsi qu'il s'y attendait, il y avait en effet dans « la cham
bre », où recevait Mme de la Suze, fort nombreuse compagnie.
Tout d'abord, les officiers et familiers de la maison : Paul Chup-
pin, seigneur de Marcilly, maître d'hôtel de la comtesse, M. du
Plessis-Prévost, aussi attaché à sa personne, M. de la Troche,
l'un de ses pages, Me Etienne Duchesne, son apothicaire; puis
son gendre et sa fille, le comte et la comtesse de Mongonmery,
M. de Parian, M. Louis Chauvyn, écuyer, et bien d'autres,
parmi lesquels M. de la Primaudaye distingua avec plaisir,
comme figures connues de lui, Claude de la Roe, comtesse de
Coësmes, dame de Gallardon, et son fils, Jean du Refuge, comte
de seigneur de Gallardon, habitué d'autant plus assidu
des réceptions de l'hôtel de la Suze que, ayant épousé la fille du
comte de Mongonmery, il était devenu ainsi le beau-frère de
Mlle de la Suze, comtesse de Mongonmery.
Lorsque M. de la Primaudaye entra dans la chambre, M. du
Refuge était précisément assis auprès de sa belle-sœur et jouait
du luth. Il fut, après les dames, le premier qu'alla saluer le nouvel
arrivant. Mais, au grand étonnement de celui-ci, « M. du Refuge
ne lui osta pas son chapeau, ce qu'il n'avoit accoustumé de faire » ,
et ce qui ne laissa pas de déconcerter M. de la Primaudaye, « car
jusques-là ils avoient esté fort amys ». Mme de la Suze tira son
hôte de la perplexité où le jetait cette impolitesse par ces 352 M. DE LA PRIMAUDAYE.
manœuvres à l'aide desquelles les maîtresses de maison tentent
d'éviter un éclat dans leur salon : elle l'appela, « le fit seoir près
d'elle et le retint à soupper, encores qu'il la priast de le laisser
aller » . Il finit par accepter ; il eût mieux fait de suivre sa pre
mière inspiration.
Qu'avait contre lui M. duRefuge? Quelque grief apparemment,
mais lequel, il ne se l'expliquait pas, comme il le confia tout de
suite à M. de la Troche. Et l'on avouera qu'il est difficile à l'hi
storien le plus minutieux d'être, trois cent cinquante ans après,
mieux instruit que ne l'était à ce moment M. de la Primaudaye.
J'avouerai donc tout de suite que l'origine de la querelle qui
allait survenir entre les deux gentilshommes reste obscure.
Mais, quoi qu'il en soit, elle ne tarda pas à éclater, et, comme
il arrive d'ordinaire, sur le propos le plus futile. On s'était mis
à table pour souper. La conversation vint à tomber sur le jeu de
la paume, et M. de la Primaudaye « disant qu'il avoit avec luy
un soldat qui y jouoit fort bien », un vrai champion, dirait-on
aujourd'hui, fort aigrement M. du Refuge déclara que, en dépit
de son adresse, « iljoueroit bien une partie de trente livres audit
soldat » et à son maître par-dessus le marché. M. de la Primau
daye « fit responce que, peut-estre, il negagneroit pas ». L'autre
riposta qu'il était son homme quand il voudrait. Bref, les deux
interlocuteurs s'excitèrent si fort et leurs offres montèrent si
haut que, « voyant qu'il en estoit pressé par manière de bra-
verie », La Primaudaye accepta la proposition de jouer cent
écus dès la première partie. Là-dessus, du Refuge « tira sa
bourse et dit qu'il falloit mettre tout de suite argent à jeu ». A
cela, M. de la Primaudaye répliqua « qu'il n'avoit point argent
sur lui et que, toutefois, si M. du Refuge vouloit l'assurer d'un
jeu de paume, dès le lendemain matin il iroitet porteroit les cent
écus ». Mais du Refuge insistant toujours et paraissant douter
de la solvabilité de son partenaire, celui-ci finit par lui dire que
« ce qui l'empeschoit d'avoir argent sur luy n'esfcoit qu'il n'eust
la bourse si bien garnie que luy » . Gomme saisissant cette occa
sion d'éclater : « Non, par la mort-Dieu! s'écrie du Refuge, j'ay
la bourse meilleure que vous, j'ay plus d'argent que vous! »
Pourtant, La Primaudaye ayant riposté froidement« qu'il ne luy
en avoit jamais emprunté et qu'il ne le feroit encore, s'il pou-
voit », les choses parurent devoir en rester là.
Mais, le souper achevé, et « après que le tapis eut esté mis sur M. DE LA PRIMAUDAYE. 353
la table », revenant, comme à dessein, sur l'irritant débat qui les
avait précédemment mis aux prises : « Eh bien! jouerons-
nous? » demanda arrogamment M. du Refuge à M. de la Pri-
maudaye. Celui-ci se contenta de lui répondre en souriant « qu'il
en estoit content et qu'il seroit bien aise de gagner de si bonne
bourse qu'estoit la sienne ». Alors, de nouveau, M. du Refuge
se prit à jurer, à répéter que « oui, certes, sa bo

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