Tibetica Antiqua I - article ; n°1 ; vol.72, pg 149-236
89 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Tibetica Antiqua I - article ; n°1 ; vol.72, pg 149-236

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
89 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1983 - Volume 72 - Numéro 1 - Pages 149-236
88 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

R. A. Stein
Tibetica Antiqua I
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 72, 1983. pp. 149-236.
Citer ce document / Cite this document :
Stein R. A. Tibetica Antiqua I. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 72, 1983. pp. 149-236.
doi : 10.3406/befeo.1983.1457
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1983_num_72_1_1457ANTIQUA* I TIBETICA
PAR
R. A. STEIN
Professeur honoraire au Collège de France
LES DEUX VOCABULAIRES
DES TRADUCTIONS INDO-TIBÉTAINE ET SINO-TIBÉTAINE
DANS LES MANUSCRITS DE TOUEN-HOUANG*
I. Tout le monde connaît la grande activité de traduction de textes
bouddhiques effectuée par des moines indiens et des traducteurs tibé
tains avant et après ca. 800 A.D. On sait aussi que cette activité a été
réglementée par un « édit » du roi Khri-lde sroň-bcan (798 ou 804-815)
datant de 814. Il visait à uniformiser le vocabulaire tibétain servant à
traduire la terminologie indienne et à l'imposer comme unique modèle.
Dans cet « édit », ce vocabulaire est peut-être appelé « nouveau » (skad
gsar bead ; cf. n. 1, 12). Il fut codifié dans un glossaire dans lequel les
termes techniques et les noms propres furent classés par matières dans
un ordre plus ou moins « logique » (sauf une série de verbes et de noms
communs ajoutés pêle-mêle à la fin). C'est le « dictionnaire » sanscrit-
tibétain Maháuyutpatti (désormais Mhvy) dont se sont servis et auquel
se sont conformés tous les traducteurs contemporains (tels que Ye-çes
sde, dPal-brcegs et Čhos-grub, alias Fa-tch'eng) et postérieurs (tous ?
ou la plupart, la vérification reste à faire), ainsi que tous les bouddho-
logues modernes. Ce « dictionnaire » fut complété par une sorte de com
mentaire dans lequel on explique un certain nombre de termes (pas tous)
par des etymologies pseudo-savantes qui montrent comment les tr
aducteurs ont analysé les mots et les noms sanscrits et comment ou
pourquoi ils ont choisi la traduction tibétaine « nouvelle ». C'est le
(*) Sous ce titre collectif l'auteur espère publier une série d'articles ou de notes sur des
problèmes posés par les documents anciens (manuscrits de Touen-houang, inscriptions, etc.)
relatifs au Tibet ancien (jusqu'à ca. 1000 A.D.) et à ses voisins.
(*) On trouvera les caractères chinois à la fin. Les mots isolés sont classés dans l'ordre
alphabétique de la transcription française. Les phrases sont numérotées, et ces numéros sont
placés entre crochets dans le texte. Pour les auteurs cités en abrégé voir la bibliographie,
et pour les ouvrages cités voir les notices bibliographiques, à la fin. 150 R. A. STEIN
sGra-sbyor (bam-po gňis-pa, en deux rouleaux ; Madhyavyulpatti, Tanjur
de Peking, éd. japonaise, vol. 144, n° 5833)1.
A la même époque, le (ou les) roi(s), fervent(s) protecteur(s) du
bouddhisme a (ont) ordonné un recensement général de tous les textes
traduits jusque-là, activité de collection qui a abouti à trois catalogues
nommés d'après les palais dans lesquels ils furent compilés (ou bien où
se trouvaient les collections ?), IDan-dkar, Phan-thaň et Čhims-phu.
Seul le premier est conservé dans le Tanjur. Il date de 812 (selon Tucci)
ou, plus probablement, de 824 (selon Yamaguchi Zuihô)2. Mais Bu-ston
(1290-1364) avait encore à sa disposition les deux autres, et il les cite3.
Qu'il s'agisse d'un vocabulaire nouveau (skad-gsar) imposé par un
édit ou d'une « décision nouvelle » (« finale ») relative au vocabulaire
(gsar bead ; sar chad), cette décision implique qu'il y avait alors un (ou
plusieurs) vocabulaire(s) divergent(s). Kimura Ryûtoku4 a pensé, avec
raison, qu'il n'a pas pu être créé ex nihilo, brusquement, sur décision
du roi. 11 a dû exister avant cet édit (814). Kimura et d'autres savants
japonais avant lui (Ueyama, etc.) parlent ainsi de «traductions nou
velles » (sin y i) et « anciennes » (kieou yi). Ils les relient surtout à la
différence avec les traductions faites à partir du chinois dont nous
parlerons longuement (cf. n. 5). On peut penser que les tr
aductions faites à partir du sanscrit avant 814 comportaient aussi des
différences de vocabulaire avec celui qui a été codifié par l'édit (cf.
Simonsson). En effet, de nombreux colophons de traductions de textes
sanscrits, dues à des maîtres indiens et à leurs collaborateurs tibétains,
(1) Simonsson, 1957, avec les comptes rendus de G. Uray (Acta Orientalia, VIII, 3) et
De Jong (Indo-Iranian J. ; III, 3, 1959). Yamaguchi (1979) a repris la discussion concernant
les deux ouvrages. Selon lui, il ne faut pas parler d'édit, ni de « traduction nouvelle » (skad-
gsar), mais de « décision ultime » (établissement définitif : sar-bčad = char-bčad) du vocabul
aire (cf. n. 12). Je continuerai cependant ici à appeler la décision un édit puisque le roi l'a
approuvée, et les traductions «nouvelles » parce que la tradition les désigne ainsi. Simonsson
a minutieusement comparé des passages de certains sutra dans leurs versions du Kanjur
et dans différents manuscrits anciens (de Khotan et de Touen-houang). Il a surtout retenu
les différences de grammaire, de prosodie et d'orthographe, mais il a aussi noté quelques de vocabulaire (p. 70, paryáya régulièrement traduit par gžuň dans les mss anciens
alors que la traduction « nouvelle » (Mhvy) est rnam-graňs ; p. 105-106, les dieux âbhâsvara =
kun-snaň daň-ba dans les mss anciens, mais 'od-gsal (lha) dans Mhvy). J'ai vérifié que le
vocabulaire est presque toujours identique dans les deux cas (p. ex. sutra = mdo(-sde)).
Mais j'ai encore trouvé quelques exemples de différences. P. 28, tïrthika : mur- dug « ancien »
vs mu-stegs ; p. 59, 65 : bhuta et abhuta (Mhvy 2621 : « véritable »), bden, myi-bden « »
vs yaň-dag (min) ; p. 82, « bien, bien » : dge'o « ancien » vs legs-so ; p. 89, « autrefois » : sňun-
čhad vs sňon-čhad ; p. 202-203, šáslra : geug-lag vs bstan-bčos.
(2) Lalou, 1953, p. 3 ; Yamaguchi, 1978, p. 19.
(3) Les traductions « nouvelles » n'ont pas éliminé les « anciennes ». Ces dernières ne sont
pas restées cachées dans la grotte de Touen-houang. Quelques-unes ont été incorporées dans
le Kanjur et le Tanjur. Des exemplaires de ces textes ont dû exister au Tibet (ce qui vaut aussi
pour les textes anciens cités par dPa'o gCug-lag phren-ba) et étaient encore disponibles au
хше et au xive siècles. C'est le cas des sutra apocryphes traduits du chinois, avec leur vocabul
aire « ancien », tels que le Filet de Brahmâ » (Fan-wang king), le « Roi de la Loi » (Fa-wang
king), le Pa-yang king, le « Samâdhi de Vajra » (Kin-kang san-mei king ; voir les notices bibli
ographiques). Sa-skya pandita (1182-1251) et Bu-ston connaissaient encore des traités du
Tch'an conservés à Touen-houang et savaient qu'ils avaient été rédigés pour préparer la
controverse de bSam-yas (Samten G. Karmay, 1975, p. 153). Cf. n. 5.
(4) Kimura, 1980, p. 453, 460. ANTIQUA I 151 TIBETICA
affirment que ces traductions ont été arrangées (bčos) conformément
au vocabulaire « nouveau » fixé par l'édit5. Cette révision ne visait donc
pas seulement des antérieures de textes chinois (bouddhiques)
mais aussi des traductions faites à partir de manuscrits indiens d'Asie
centrale ou de l'Inde, traductions dont le vocabulaire et le style tibé
tains n'étaient pas encore fixés ne varietur. La majorité des ouvrages
inclus dans le Catalogue de IDan-dkar sont traduits d'une langue
indienne, mais un certain nombre sont dits « du chinois »6.
Les savants tibétains n'ont retenu que le côté indien. La théorie de
l'auteur du dictionnaire Li-çi gur-khaň (rédigé en 1536) a été traduite
par Taube (1978, p. 173). Voici la périodicisation qu'il propose : 1) à
l'époque de Thu-mi Sa-' bo-ra (Thon-mi Sambhota) et du roi Khri-sroň
lde-bcan, premières traductions selon « la première décision royale »
(daň-po bkas-bčad kyis) à savoir le Buddhâvatamsaka, les quatre àgama
(luň-sde bži, le vinaya), divers textes (de la section des) sutra et divers
sutra de (la section) Prajnâpâramitâ ; ces ouvrages n'ont pas été

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents