Un Mal Splendide : hommes et femmes dans une 'Antiquité postféministe' - article ; n°2 ; vol.27, pg 7-43

Hans Derks

Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 2001 - Volume 27 - Numéro 2 - Pages 7-43
• Dans le modèle d'une société agraire et autarcique propagé par l'école dominante de Moses Finley/ Cambridge - la société de l'Antiquité est basée sur des relations non-commercialisées de culture des céréales dans un environnement féodalisé - l'homme (marié) est considéré comme un souverain de vie et de mort sur tous les autres membres de la maison/o/Tcos. Les féministes modernes ont accepté ce 'modèle oikoidal' primitif pour fixer l'origine de leurs 'ennemis'. Cet article montre, au contraire, que les femmes grecques avaient en principe occupé une position plus indépendante qui, en dernier ressort, est fondée sur les traditions d'une 'culture des animaux' (nomadisme, pastoralisme, etc.)- L'article doit être perçu comme une spécification de ma critique socio-économique du modèle Finley-Cambridge déjà publié à plusieurs reprises. Voir www.hderks.dds.nl.
• In the model of agrarian self-sufficiency of the dominant Finley-Cambridge School - society in antiquity is based on grain growing non-market relations in a rather féodal setting - also features a (married) man as the ruler over life and death of all other members of the household /oikos. Modern feminists accepted this primitive 'oikoidal model' to demonstrate from where the 'enemy' historically orginated. Contrary to this view, in this article is shown how in Greek society women in principle occupied a much more independent position which, in the last resort, is based in the animal cultural traditions i.e. nomadism, pastoralism and the like. As such the article must be seen as a specification of my socio-economic criticism of the Finley-Cambridge published earlier. See www.hderks.dds.nl.
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: DIALOGUES_D-HISTOIRE_ANCIENNE
• Publié le: 01 janvier 2001
• Nombre de lectures: 25
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Monsieur Hans Derks
Un Mal Splendide : hommes et femmes dans une 'Antiquité
postféministe'
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 27 N°2, 2001. pp. 7-43.
Résumé
•Dans le modèle d'une société agraire et autarcique propagé par l'école dominante de Moses Finley/ Cambridge - la société de
l'Antiquité est basée sur des relations non-commercialisées de culture des céréales dans un environnement "féodalisé" - l'homme
(marié) est considéré comme un souverain de vie et de mort sur tous les autres membres de la maison/o/Tcos. Les féministes
modernes ont accepté ce 'modèle oikoidal' primitif pour fixer l'origine de leurs 'ennemis'. Cet article montre, au contraire, que les
femmes grecques avaient en principe occupé une position plus indépendante qui, en dernier ressort, est fondée sur les traditions
d'une 'culture des animaux' (nomadisme, pastoralisme, etc.)- L'article doit être perçu comme une spécification de ma critique
socio-économique du modèle "Finley-Cambridge" déjà publié à plusieurs reprises. Voir www.hderks.dds.nl.
Abstract
•In the model of agrarian self-sufficiency of the dominant Finley-Cambridge School - society in antiquity is based on grain growing
non-market relations in a rather féodal setting - also features a (married) man as the ruler over life and death of all other
members of the household /oikos. Modern feminists accepted this primitive 'oikoidal model' to demonstrate from where the
'enemy' historically orginated. Contrary to this view, in this article is shown how in Greek society women in principle occupied a
much more independent position which, in the last resort, is based in the animal cultural traditions i.e. nomadism, pastoralism and
the like. As such the article must be seen as a specification of my socio-economic criticism of the Finley-Cambridge published
earlier. See www.hderks.dds.nl.
Citer ce document / Cite this document :
Derks Hans. Un Mal Splendide : hommes et femmes dans une 'Antiquité postféministe'. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol.
27 N°2, 2001. pp. 7-43.
doi : 10.3406/dha.2001.2447
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_2001_num_27_2_2447Dialogues d'Histoire Ancienne 27/2, 2001, 7-43
Un Mal Splendide :
hommes et femmes dans une 'Antiquité postféministe"
Résumés
• Dans le modèle d'une société agraire et autarcique propagé par l'école dominante de
Moses Finley/ Cambridge - la société de l'Antiquité est basée sur des relations non-commercialisées
de culture des céréales dans un environnement "féodalisé" - l'homme (marié) est considéré comme
un souverain de vie et de mort sur tous les autres membres de la maison/o/Tcos. Les féministes
modernes ont accepté ce 'modèle oikoidal' primitif pour fixer l'origine de leurs 'ennemis'. Cet article
montre, au contraire, que les femmes grecques avaient en principe occupé une position
plus indépendante qui, en dernier ressort, est fondée sur les traditions d'une 'culture des
animaux' pastoralisme, etc.)- L'article doit être perçu comme une spécification de (nomadisme,
ma critique socio-économique du modèle "Finley-Cambridge" déjà publié à plusieurs reprises.
Voir www.hderks.dds.nl.
• In the model of agrarian self-sufficiency of the dominant Finley-Cambridge School
- society in antiquity is based on grain growing non-market relations in a rather féodal setting - also
features a (married) man as the ruler over life and death of all other members of the
household /oikos. Modern feminists accepted this primitive 'oikoidal model' to demonstrate from
where the 'enemy' historically orginated. Contrary to this view, in this article is shown how in
Greek society women in principle occupied a much more independent position which, in the last
resort, is based in the animal cultural traditions i.e. nomadism, pastoralism and the like. As such the
article must be seen as a specification of my socio-economic criticism of the Finley-Cambridge
published earlier. See www.hderks.dds.nl.
"Et le célèbre Dieu Boiteux modela dans de la terre un être semblable à une
vierge timide... Et Athéna, la Déesse aux yeux clairs, lui fournit des robes
argentées et couvrit sa tête d'un voile somptueusement brodé... Ce fut un régal
pour les yeux... Et après que Zens eût créé ce mal splendide comme le prix à payer
pour ses bénédictions... il l'amena à l'endroit où les hommes et les Dieux se
réunissent... Ees Dieux immortels comme les hommes mortels s'étonnèrent que
cette pure supercherie eût un pouvoir d'attraction sans bornes sur les hommes.
Car c'est bien elle qui fût à l'origine de cette incorrigible gent féminine, cette
maudite race des femmes qui n'apporte qu'ennuis aux hommes ; d'aucun secours
en temps de misère et de disette, elles ne se manifestent que lorsque règne
l'opulence. "
Hésiode, Théogonie, ± 750 av. J.-C.
* Hans Derks, Amsterdam.
DHA 27/2, 2001 Hans Berks
pour Pierre Vidal-Naquet
Le mythe de Pandore cité ci-dessus contredit clairement toute une foule
d'idées reçues - et non seulement celles concernant les relations entre hommes
et femmes, thème de ce article1. De plus, cette idée de la "femme comme
mal splendide" fait figure d'une facette relativement joyeuse dans l'ensemble de
l'image que propagent traditionnellement les adeptes du "paradigme céréalier",
que ce soit en pratique, en théorie ou les deux à la fois. Ces adeptes ne discer
nent aucune morale de juste partage entre hommes et femmes ; ne sont pris
en compte que des degrés de subordination des femmes aux hommes.
Comme je l'ai signalé alleurs2, cette perspective traditionnelle tend à
diviser l'histoire grecque ainsi : pendant les périodes archaïque et "homérique",
les femmes avaient une vie somme toute assez supportable, tout en restant une
denrée comme une autre dans les marchandages quotidiens des hommes.
Au temps d'Hésiode la situation empire, et vers l'ère classique l'homme devient
le maître absolu de la maison, détenant même un certain droit sur la vie et
la mort des membres de la famille. Les femmes mariées comme les jeunes filles
sont tenues de rester à la maison et n'accèdent que rarement au développement
social et spirituel. Les hommes, quant à eux, vont chercher leur contentement
chez des femmes tout à fait différentes : les hétaïres, i.e. "dames bien dévelop
pées" physiquement et spirituellement. Ainsi, les femmes au foyer auraient subi
deux formes de discrimination à la fois. Cette version des faits veut, ensuite,
que les femmes de l'époque n'avaient voix au chapitre ni en matière juridique,
ni sur le plan économique. Tout comme les esclaves, elles auraient été exclues
de la vie politique, pour n'avoir un semblant d'égalité qu'en ce qui concernait
la religion. Amen.
Par contraste, dans VT3 je dessine la nette impression que dans les socié
tés d'éleveurs, les femmes jouissaient d'une importante indépendance et
avaient, économiquement et politiquement, un statut similaire à celui des
hommes. Il a fallu des circonstances bien précises pour que la répression des
femmes apparaisse (notamment les effets de la sédentarisation). C'est à Hérodote
1. Cet article est une révision du chapitre III. 2 de mon livre De Кое van Troje. De mythe van de griekse
oudheid. (La Vache de Troie. Le mythe d'une antiquité grecque) . Hilversum, 1995 pp. 225-257 (Abrégé en :
VT). C'est un hommage à Pierre Vidal-Naquet qui m'encourage à poursuivre mes analyses
non-conformistes sur l'Antiquité et l'histoire des Juifs anciens et contemporains. Je remercie David
Nemeth (Montpellier) pour la traduction.
2. VT, chapitre 1,2.
3. VT, 1,1.
DHA 27/2, 2001 Mal Splendide : hommes et femmes dans une 'Antiquité postféministe' Un
que nous devons des récits où il est question de femmes nomades plus ou
moins "libérées" en Afrique et en Asie. Hésiode fait plutôt figure d'une sorte de
"berger sédentarisant", avec les problèmes prévisibles de celui qui doit conquér
ir sa place. L'analyse des Thesmophories nous a particulièrement intrigué.
De fortes oppositions entre hommes et femmes s'y sont révélées, clair
ement liées à l'agriculture et à l'élevage. Elles on