Un marchand français à Java au XVIIe s., Jean-Baptiste de Guilhen, 1634-1709 - article ; n°1 ; vol.45, pg 111-152
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Un marchand français à Java au XVIIe s., Jean-Baptiste de Guilhen, 1634-1709 - article ; n°1 ; vol.45, pg 111-152

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Description

Archipel - Année 1993 - Volume 45 - Numéro 1 - Pages 111-152
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Claude Guillot
Un marchand français à Java au XVIIe s., Jean-Baptiste de
Guilhen, 1634-1709
In: Archipel. Volume 45, 1993. pp. 111-152.
Citer ce document / Cite this document :
Guillot Claude. Un marchand français à Java au XVIIe s., Jean-Baptiste de Guilhen, 1634-1709. In: Archipel. Volume 45, 1993.
pp. 111-152.
doi : 10.3406/arch.1993.2898
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1993_num_45_1_2898PORTRAITS
Claude GUILLOT
Un marchand français à Java au XVIIe s.
Jean-Baptiste de Guilhen, 1634-1709
hors sont saurait commerce d'insatisfaction. de leurs Depuis nécessaires. du ignorer temps, intérêts en plusieurs Asie la les et, Réduits Ils complexité individus se partant, laissent dizaines multiplient. à de leur engagés cependant des simples d'années identité. esprits Il dans faut agents chez et déjà, Or certainement ces des le l'histoire, économiques, affaires lecteur les mentalités travaux une y même s'en perdent sans curieuse quantitatifs quasi réjouir économique, risquer la anonymes multiplicité impression puisqu'ils de sur simne le et
plifier abusivement et donc de se fourvoyer. C'est de cette complexité que
veut porter témoignage le portrait de ce marchand qui resta plus de dix ans au
service de la Compagnie française à Java au XVIIe s.
Durant la dernière décennie d'indépendance du sultanat de Banten qui
devint, à partir de 1682, un simple vassal économique de la VOC, quatre
nations européennes étaient officiellement représentées dans le royaume par
une factorerie, sorte «d'ambassade économique»: les Hollandais, les Anglais,
les Danois et les Français. L'un de ces derniers résida à Banten de l'ouverture
de la factorerie française jusqu'à sa fermeture. Il s'appelait Jean-Baptiste de
Guilhen. Retracer un portrait n'est, en soi, pas chose facile mais la difficulté
s'accroît encore lorsqu'on approche du monde des sans-grades. Les docu
ments de la main de Guilhen se résument à quelque quatre dizaines de lettres
et à un rapport assez long, mais aujourd'hui incomplet, qu'il écrivit sur la pri
se de Banten par les Hollandais. Ces pièces sont conservées dans différents
fonds d'archives: Archives Municipales de Lyon (AML), Archives des Mis
sions Etrangères de Paris (AMEP), Archives Nationales de Paris (AN), Alge-
meen Rijksarchief de La Haye (ARA) et India Office Records de Londres
(IOR). A cela, il faut ajouter un certain nombre d'autres documents qui font
référence à ses activités. Le portrait serait resté bien flou s'il avait fallu pein
dre ce personnage à l'aide de ces seules données. Heureusement, peu après sa
mort, sa biographie - il faudrait même parler de véritable hagiographie - fut 112
écrite par son ami de longue date, Bénigne Vachet, prêtre des Missions Etran
gères de Paris (MEP) qui vécut lui aussi en Asie du Sud-est mais qui connut
Guilhen à où il le fréquenta durant près de vingt ans. Personnage au des
tin peu ordinaire, Vachet, né à Dijon en 1641, devint d'abord clerc de procu
reur avant de s'orienter vers la prêtrise. Désireux de partir en Asie, il entra au
Séminaire des MEP. Ordonné prêtre en décembre 1668, il s'embarqua trois
mois plus tard pour le Siam où il resta jusqu'en 1673. Cette année-là, on
l'envoya auprès du chua de Cochinchine. Débarqué à Quang-ngai, il se rendit
ensuite à Hué et enfin à Faifo (Hôi-an) où il s'installa. De là, il se rendit sans
doute en pays Cham. Entre 1678 et 1682, il voyagea entre Cochinchine et
Siam. Il accompagna en France, comme interprète, la seconde ambassade si
amoise en 1684, retourna au Siam avec elle en 1685 et revint en France avec la
troisième en 1686. Entre 1689 et 1691, il fit un séjour en Perse. A partir de
cette date, il resta au séminaire des MEP, rue du Bac, jusqu'à sa mort en 1720.
Il se plaisait à rapporter ses expériences mais la plupart de ses écrits, dont ses
volumineux Mémoires, sont restés inédits, ayant la fâcheuse réputation - res
tant à vérifier - de ne pas être un modèle d'exactitude (l>.
Les débuts
Formation d'un marchand de toiles et draps.
Jean-Baptiste de Guilhen W naquit dans le pays de Foix, à Tarascon, le 8
septembre 1634, dans une famille de bonne bourgeoisie qui comptait de nom
breux enfants. Il ne grandit pas dans la maison paternelle mais fut confié tout
enfant à sa grand-mère, femme très pieuse, qui se chargea de son éducation.
Lorsqu'il fut en âge, celle-ci lui donna un précepteur et le petit Janot, comme
elle l'appelait, fit montre de grandes dispositions pour les études en particulier
pour celle du latin. Alors qu'il terminait sa classe de troisième, à quatorze ans,
sa grand-mère mourut.
En 1649, son père décida de l'arracher à ses études et de l'envoyer tra
vailler à Lyon, dans une grande maison de commerce en textiles qui faisait un
chiffre d'affaires assez considérable, «entre trois et quatre millions de livres
par an... sans y comprendre le commerce qui se faisait en particulier à Lyon et
à la foire de Beaucaire». Elle travaillait avec des correspondants «en
Provence, en Dauphiné, en Languedoc, à Paris, à Rouen, à Toulouse, à Turin,
à Gênes, à Milan, à Boulogne (Bologna), à Ferrare, à Modène, à Rome, à Nap
les, en Sicile, à Venise et en Hollande».
Pendant les premières années, il travailla comme garçon de magasin ce qui
lui permit d'apprendre la comptabilité - il sut ainsi «tenir les écritures à par
ties doubles» - et de se familiariser avec les textiles au point de pouvoir passer
plus tard pour «universel dans la connaissance des toiles» et comme ayant
«beaucoup de connaissance en draperie» (3).
Quelques années plus tard, cet apprentissage se terminant à la satisfaction
de ses patrons, ceux-ci décidèrent non seulement de le promouvoir mais enco
re de l'associer à la maison. On lui confia, désormais, le soin des expéditions
étrangères et plus particulièrement de celles destinées à l'Italie (Turin,
Bologne, Rome et Venise) où il dut désormais se rendre très souvent. Ces nou
velles fonctions lui donnèrent l'occasion d'apprendre l'italien. 113
II semble bien que la maison où il travaillait, ne s'adonnait pas qu'au com
merce puisqu'on apprend que Guilhen fut, une fois, chargé de porter, en pas
sant par Chambéry et le col du Mont Cenis, la solde des garnisons de Pignerol
et Casai en Piémont, alors places françaises, soit vingt-quatre mille francs en
or. Ces longs voyages à cheval et ces transports de fonds n'allaient pas sans
risques, les brigands rendaient les chemins peu sûrs. Il faillit, à plusieurs
reprises, être attaqué, une fois près de Chambéry, une autre fois entre Bologne
et Modène (4>.
L'une de ces aventures devait tourner à la tragédie et donner une nouvelle
orientation à sa vie. Un jour de 1668, pendant la foire de Beaucaire, Guilhen
travaillait encore sur ses livres de compte à une heure après minuit dans sa
chambre au premier étage, où il tenait serrée une somme d'argent «très consi
dérable», quand il entendit du bruit «sur sa montée». Sa porte n'était pas fe
rmée et la clé se trouvait «à la serrure en dehors parce qu'il ne se méfiait aucu
nement de ses commis qui couchaient dans le magasin d'en bas... Il soupçonna
que c'était des voleurs... Le trouble où il se vit dans une heure si indue ne lui
permit pas de reconnaître le premier qui entra sa chambre et ne faisant
réflexion qu'au danger où il était, il lâcha un coup de pistolet... Au cri que fit
ce malheureux, il reconnut...» l'un de ses commis. Comprenant que celui-ci
n'était pas seul, «il courut promptement après l'autre...». Arrêté, le second
voleur se révéla être un autre commis. Le blessé mourut deux jours plus tard,
après avoir «avoué son crime et son détestable dessein». Epouvanté par la gra
vité de son acte, Guilhen «donna quelque argent à l'autre et lui facilita une
retraite pour n'être pas obligé de le mettre en justice». Il demanda aux témoins
de garder le secret pourtant l'affaire se sut à Lyon. «Malgré M. de Guilhen,
ses associés ... firent (au second commis) de si viv

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