Un nouveau document sur Rodrigue de Villandrando. Le meurtre de Giraud de Goulart, bailli de Berry (1437) - article ; n°1 ; vol.80, pg 145-151
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Un nouveau document sur Rodrigue de Villandrando. Le meurtre de Giraud de Goulart, bailli de Berry (1437) - article ; n°1 ; vol.80, pg 145-151

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1919 - Volume 80 - Numéro 1 - Pages 145-151
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1919
Nombre de lectures 4
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Lauer
Un nouveau document sur Rodrigue de Villandrando. Le
meurtre de Giraud de Goulart, bailli de Berry (1437)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1919, tome 80. pp. 145-151.
Citer ce document / Cite this document :
Lauer Philippe. Un nouveau document sur Rodrigue de Villandrando. Le meurtre de Giraud de Goulart, bailli de Berry (1437). In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1919, tome 80. pp. 145-151.
doi : 10.3406/bec.1919.448629
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1919_num_80_1_448629UN NOUVEAU DOCUMENT
SUB
RODRIGUE DE VILLANDRANDO
LE MEURTRE DE GIRA.UD DE GOULART
BAILLI DE BERRY (1437).
Dans la préface de sa célèbre étude sur Rodrigue de Villan-
drando, dont la première ébauche parut en articles dans cette
revue même, Jules Quicherat constate combien les événements
de la vie du fameux chef de bandes, ancien combattant pour
l'indépendance française, constituent une matière difficile à
épuiser1. De nombreux textes lui furent, en effet, communiqués
dès qu'il eut éveillé l'attention sur cette curieuse figure. Il prof
ita de ces découvertes dans son beau livre, en confessant tou
tefois qu'il s'attendait à être incomplet, et à ce que d'autres
documents s'ajoutassent à ceux qui lui avaient permis d'amener
le sujet au point où il en était arrivé.
La pièce publiée plus loin rentre précisément dans cette caté
gorie. Elle concerne un épisode qui eut un grand retentissement
à l'époque : le meurtre de Giraud de Goulart, bailli de Berry.
Rappelons les faits. Quicherat les place en 1437, après
Pâques. C'est le moment où Rodrigue apparaît presque par
tout à la fois, multipliant ses coups de main avec une rapidité
déconcertante dans le Midi et le Centre, en Languedoc, en
Auvergne, en Rouergue, à Saint-Flour. Il s'est emparé de
Cordes l'année précédente2, et il arrive de la région d'Albi, qu'il
1. J. Quicherat, Rodrigue de Villandrando, l'un des combattants pour l'i
ndépendance française au XV siècle. Paris, 1879, in-8°, v-356 p. Cf. Biblio
thèque de l'École des chartes, 2e série, t. I (1844), p. 119-168 et 197-238.
2. Cf. Ch. Portai, Rodrigue de Villandrando et les habitants de Cordes,
1436 (Annales du Midi, 1895, p. 212).
1919 10 146 UN NOUVEAU DOCUMENT
vient de rançonner. Gagnant La Châtre, il menace la Touraine1.
Cependant, chevaleresque quoique brigand, il renonce à ce
projet sur une lettre de la reine et de la dauphine, écrite à la
prière des habitants de Tours, « par égard pour 'de si grandes
dames », et se met en marche sur le Berry, parvient à Déols,
près de Châteauroux, puis se dirige vers le Bourbonnais.
Comme à l'ordinaire, son passage est signalé par des pillages,
des mises à la rançon et par des incendies. Même il y eut
quelque chose de plus. « L'œuvre de malfaisance », écrit Qui-
cherat, « fut couronnée par un meurtre qui eut plus de retenti
ssement à lui seul que le massacre de cent personnes. Dans un
combat ou dans une embuscade, Giraud de Goulart, bailli de
Berry, fut tué, tué de la main d'un homme d'armes espagnol,
renommé dans les Compagnies, et que, parce qu'il avait le même
prénom que son chef, on appelait le petit Rodrigue. »
Mais la circonstance tout à fait aggravante de ce forfait fut
d'avoir été perpétré au cœur même du royaume, dix-huit mois
après une pacification d'où l'on avait été en droit d'attendre le
rétablissement de la sécurité, pour le moins autour des résidences
royales. Une preuve si frappante que les dévastations, dont on
avait souffert pendant tant d'années, n'étaient pas encore par
venues à leur terme souleva l'opinion. Même dans le monde offi
ciel, on ne chercha plus à cacher la lassitude qu'on éprouvait, et
on commença à juger sévèrement l'apparente indifférence du roi
à rétablir l'ordre.
C'est ainsi que le chroniqueur Jean Chartier, le « panégyr
iste » de Charles VII2, alla jusqu'à dire que plus un homme de
guerre était en force pour dévaliser les pauvres gens, mieux il
était placé pour obtenir du roi tout ce qu'il voulait ; et il existe
une complainte du temps, intercalée dans certaines rédactions
de la Chronique de Monstrelet3 qui met singulièrement en
1. Sur tous ces faits, voyez M. Boudet, Charles VII à Saint-Flour [Annales
du Midi, année 1894, p. 314) ; Perceval de Cagny, Chroniques, éd. Moranvillé
(Paris, 1902), p. 234; et surtout A. Thomas, Rodrigue de Villandrando en
Rouergue (Annales du Midi, 1890, p. 214), et M. Boudet, Rodrigue de Villan
drando et les Écorcheurs à Sainl-Flour (Revue d'Auvergne, 1894, p. 417-452).
Voy. aussi une quittance inédite de l'aide du diocèse de Narbonne « pour résis
ter à Rodrigue et autres routiers pillant le Languedoc » (21 décembre 1433),
dans le Catalogue de la librairie Champion, octobre 1919, n° 1380.
2. Éd. Vallet de Viriville, t. I, p. 241.
3. Éd. Douët d'Arcq, t. VI, p. 176-190. SUR RODRIGUE DE VILLANDRANDO. 147
relief tous les maux du « povre commun et des povres labou
reurs de France ».
La seule source à laquelle Quicherat ait puisé ses renseigne
ments sur le meurtre de Giraud de Goulart consiste dans des
lettres de rémission accordées par Louis XI, en 1461, à Richard
Deymes, de Lectoure, pour le meurtre du « petit Rodrigue1 ».
Richard Deymes avait, en effet, accompagné inconsidérément le
chevalier Jean de Goulart, frère du bailli de Berry, lorsque
celui-ci, apprenant la présence aux environs de Toulouse du
« petit Rodrigue », lui donna la chasse, parvint à l'atteindre et
à le tuer près de « Gastel Manarbieu », pour venger le meurtre de
son frère.
D'après cette pièce, les faits visés remonteraient à dix-huit
ans, donc à l'année 1443. Or, à cette époque, Rodrigue n'était
plus capitaine de compagnie en France. Il y a donc erreur
manifeste.
De plus, il résulte des annales du Berry, dressées par Thaumas
de la Thaumassière2, que Giraud de Goulart, seigneur de Cha-
rost et de Gumont, bailli de Berry en 1435 et 1436, fut remplacé
dans cette charge par Poton de Xaintrailles le 19 août 14373.
L'auteur ne dit pas que cette substitution ait eu pour cause le
décès de Goulart, mais Monstrelet (1. II, ch. ccxv) déclare expres
sément que le bailli de Berry, — qu'il appelle par erreur Gascon
de Logus, — mourut en 1437; seulement il attribue sa mort à
une chute de cheval4.
1. Vie de Rodrigue de Villandrando , p. 293, pièce justificative n° LI.
2. Histoire de Berry. Bourges, 1689, t. I, p. 47.
3. Poton de Xaintrailles est encore qualifié de sénéchal de Limousin dans un
document du 12 août 1437 (Assiette d'une aide sur le Haut-Limousin), publié
par A. Thomas, les États provinciaux sous Charles VII. Paris, 1879, in-8°,
t. II, p. 82. Dans une pièce de même nature du 12 septembre 1438 [Ibid., p. 99),
il porte effectivement le titre de « baillif de Berry ». Sur l'alliance des Goulart
et des Charost, cf. L. Cartier Saint-René, Histoire du duché-pairie de Cha-
rost. Paris, 1879, in-8°, p. 164 (d'après les archives du château de Charost).
4. La Chronique d'Enguerrand de Monstrelet, publiée parL. Douët d'Arcq.
Paris, 1881, t. V, p. 292 : « Et entretant, messire Gascon de Logus, bailly de
Bourges en Berry, et aultres capitaines, alèrent assiéger la ville et chasteau
de Cerny, que tenoient les dessudiz Anglois. Lesquelx en dedens briefz jours
ensievans se rendirent, moyennant qu'ilz s'en alèrent sauvement à tout leurs
biens. Et quand ilz se départirent de là, à tout leur sauf conduict, le dessus
dit messire Gascon, qui estoit monté sur ung bon coursier, les convoia ung
petit. Mais en férant de l'éperon et virant iceluy coursier, chey dangereusement 148 UN NOUVEAU DOCUMENT
La pièce qui suit apporte diverses précisions au récit tel qu'il
est présenté ci-dessus.
C'est un mandement du roi Charles VII, adressé de Tours le
30 janvier 1438 (n. st.) à l'évêque de Laon, Guillaume [IV] de
Champeaux, « général conseiller sur le fait et gouvernement
des finances » en Languedoc et Guyenne, pour lui enjoindre de
faire procéder au paiement

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