Une charte française de Jean de Joinville, en double exemplaire scellé. - article ; n°1 ; vol.47, pg 5-16
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1886 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 5-16
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1886
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Gustave Saige
Une charte française de Jean de Joinville, en double exemplaire
scellé.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1886, tome 47. pp. 5-16.
Citer ce document / Cite this document :
Saige Gustave. Une charte française de Jean de Joinville, en double exemplaire scellé. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1886, tome 47. pp. 5-16.
doi : 10.3406/bec.1886.447434
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1886_num_47_1_447434АО
UNE CHARTE FRANÇAISE
DE JEAN DE JOINVILLE
EN DOUBLE EXEMPLAIRE SCELLÉ
Le nombre des chartes de Jean de Joinville recueillies et publiées
dans ces dernières années est maintenant assez considérable et la
Bibliothèque de VËcole des chartes peut revendiquer l'honneur
d'avoir inséré dans ses volumes, en même temps que les savants
mémoires que M. Natalis de Wailly leur a consacrés, la majeure
partie de ces documents si précieux pour l'histoire de la langue au
xiîf siècle.
La pièce que nous publions ci-dessous est un jugement arbitral
rendu en 1258 par le sénéchal dans une contestation qui s'était éle
vée entre Gaucher, comte deRethel, et son frère Manassès, seigneur
de Bourcq.
Ce document n'est pas précisément inédit; il avait été transcrit au
commencement du xive siècle dans le cartulaire du comté de Rethel,
et M. Leopold Delisle, qui a publié ce cartulaire, en a donné le texte
in-extenso 1 . Mais ce texte ne reproduisait évidemment pas l'ortho
graphe de l'original ; c'étaient là un soin et une préoccupation incon
nus pour les copistes du xiv« siècle. Intéressant pour l'histoire du
comté de Rethel, il était donc dépourvu de valeur pour l'ordre de
considérations qui a donné dans ces derniers temps une si grande
importance à la recherche des textes émanés de la chancellerie de
l'historien de saint Louis.
L'heureuse fortune qui nous a fait retrouver aux archives du palais
de Monaco les originaux du trésor des chartes du château de Rethel
1. Annuaire -Bulletin de la Société de l'histoire de France, année 1867,
deuxième partie, page 43. 6
nous a particulièrement favorisé en ce qui concerne cet acte de Join-
ville. Deux exemplaires originaux, qui en avaient été dressés, l'un
pour le comte Gaucher, l'autre pour Manassès, son frère, ont été tous
les deux conservés, Manassès IV, qui succéda par la suite à Gaucher,
ayant versé dans le chartrier du comté ses titres personnels * .
Ces deux exemplaires sont munis de sceaux presque intacts de Jean
de Joinville et des deux parties qui l'avaient choisi pour arbitre;
ils sont donc encore, à ce point de vue, dignes ďattention; mais
l'examen des deux textes et de leurs variantes nous a révélé une
autre particularité fort intéressante. L'un des deux exemplaires, en
effet, reproduit rigoureusement l'orthographe et les règles grammati
cales que M. N. de Wailly a relevées dans les actes rédigés par la
chancellerie de Joinville, tandis que l'autre offre tous les caractères
philologiques des chartes de Picardie et des documents de la ville
d'Aire, publiés ici même en -1870 par le savant académicien2.
Ces deux pièces cependant, revêtues des mêmes sceaux, ont été
nécessairement dressées en même temps. Il faut en conclure que,
tandis que l'une d'elles était écrite par un des scribes du sénéchal,
l'autre était l'œuvre d'un des officiers du comte de Rethel.
Cette conjecture devient infiniment probable quand on examine les
autres chartes françaises de la même époque qui se trouvent dans le
trésor de Rethel. Nous avons pu relever quatre autres actes français
émanés des comtes, entre Í245 et 1263, qui sont certainement de la
même main que la charte en dialecte picard, tandis qu'on ne rencontre
pas de similaire à l'écriture beaucoup plus soignée, beaucoup moins
abrégée et très caractéristique, par ses liaisons horizontales gladio-
lées, de la charte qui paraît, sans doute possible, écrite par un
scribe du sénéchal.
Il ne faudrait pourtant pas croire que les pièces émanées des comtes
de Rethel, de leurs vassaux ou de leurs plus proches voisins soient
exclusivement écrites avec l'orthographe des pays d'Artois ou de
Picardie; en faisant le décompte des titres français existant dans le
chartrier pour le хше siècle, nous en avons relevé un nombre au
moins égal écrits suivant l'orthographe usitée en Champagne. Il y a
là une dualité qu'expliquent suffisamment la situation géographique
du comté et ses rapports intimes avec les deux régions.
1 . Archives du palais de Monaco, fonds de Mazarin, série T, Titres chronol
ogiques, 2e carton, n" 82 et 82 bis.
2. Bibliothèque de l'École des chartes, t. XXXI, p. 261. Au surplus, le lecteur pourra constater facilement, par la disposi
tion typographique que nous employons, en quoi consistent les
variantes des deux textes. Nous prenons pour base le texte champen
ois et nous plaçons en interligne et au-dessus les variantes de l'autre
texte. On remarquera, en outre, que certains membres de phrase se
trouvent intervertis-, cette circonstance nous a permis, en nous
reportant au texte du cartulaire publié par M. L. Delisle, de constater
que c'est sur l'exemplaire champenois que la transcription a dû être
faite.
Nous devons maintenant dire quelques mots des circonstances
dans lesquelles Jean de Joinville fut choisi comme arbitre par les
deux frères de Rethel. Le document qui nous occupe date d'une
époque où il existe peu de renseignements sur la vie du sénéchal;
il est de trois années postérieur à la négociation qu'il réussit pour
le mariage de son suzerain Thibaut V, comte de Champagne et
roi de Navarre, avec Isabelle, fille du roi saint Louis. Pendant cette
époque, le comté de Rethel avait été agité par les conflits survenus
entre les frères du comte Hugues III, à la suite de la mort de leur
nièce Marie. Une transaction de 4244 avait réglé le partage entre le
comte Jean et ses deux frères, Gaucher et Manassès ' ; mais, à la
mort sans postérité de Jean, en \2Ъ\1 les survivants ne purent
s'entendre et le différend resta plusieurs années sans solution.
C'est alors que, d'un commun accord, les deux frères s'en remirent
à l'arbitrage de Jean de Joinville.
Ce n'était pas la première fois que le sénéchal de Champagne appar
aissait dans des actes relatifs aux comtes de Rethel. Déjà, en 4246,
il figurait dans une sentence arbitrale rendue par Thibaut IV de Cham
pagne à l'occasion d'un différend entre le comte Jean et Godefroy de
Louvain, pour les seigneuries de Perthes et de Tagnon 2. Jean de Joinv
ille y est constitué pleige du comte Jean, dont il était cousin.
Le sénéchal prend cette qualité de cousin dans notre document,
et, comme il n'est pas indifférent de bien connaître les relations
de parenté et d'alliance de Fillustre historien de saint Louis, on
nous permettra de nous arrêter sur les liens qui Punissaient à la
maison de Rethel. Cette parenté existait de deux côtés différents; du
1. Cet acte est analysé par M. L. Delisle dans le Cartulaire de Rethel, p. 24.
2. Archives du palais de Monaco, série T, Titres chronologiques, carton n° t ,
pièce n° 39 ; Leopold Delisle, Cartulaire de Rethel, p. 27. côté paternel, Jean de Joinville avait pour bisaïeule Félicité de Brienne,
fille d'Ërard Ier, mariée en secondes noces à Geoffroy III de Joinville.
Du premier mariage de Félicité de Brienne avec Simon de Broyés,
était descendue au second degré Félicité de Broyés, dame de Beaufort,
femme de Hugues II, comte de Rethel, et mère de quatre frères,
Hugues III, Jean, Gaucher et Manassès. Le sénéchal était donc cou
sin issu de germain de ses commettants dans l'acte de 4258.
Du côté maternel, la parenté, moins proche d'un degré, était
beaucoup plus illustre. La mère du sénéchal, Beatrix, fille
d'Etienne III, comte d'Auxonne, descendait du duc Mathieu Ier de
Lorraine par sa fille Judith de Lorraine, mariée au comte Etienne II
d'Auxonne; or, de Mathieu de comte de Toul, frère de
Judith, était née Mahaut de Lorraine, épo

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