Une grande figure de l Islam indonésien : Buya Hamka - article ; n°1 ; vol.32, pg 87-111
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Description

Archipel - Année 1986 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 87-111
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gérard Moussay
Une grande figure de l'Islam indonésien : Buya Hamka
In: Archipel. Volume 32, 1986. pp. 87-111.
Citer ce document / Cite this document :
Moussay Gérard. Une grande figure de l'Islam indonésien : Buya Hamka. In: Archipel. Volume 32, 1986. pp. 87-111.
doi : 10.3406/arch.1986.2313
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1986_num_32_1_2313Gérard MOUSSAY
Une grande figure de l'Islam indonésien
Buya Hamka
seulement Lorsque un Hamka grand ulama, est décédé mais le aussi 24 Juillet un excellent 1981, écrivain, l'Indonésie à la a fois perdu romancnon
ier, historien et poète. Elle a perdu encore un orateur de talent qui, toute
sa vie durant, n'a cessé de subjuguer les foules. Un homme à la plume alerte
et au verbe convaincant, qui n'a jamais laissé personne indifférent. Un
homme libre surtout, qui n'a cessé de combattre pour rester lui-même et
sauvegarder son indépendance. Au demeurant un homme simple et affa
ble, vivant modestement parmi les plus humbles et toujours prêt à ouvrir
sa porte et son coeur à ceux qui avaient besoin de lui.
Un homme qui a séduit par sa personnalité et son génie, et qui a mar
qué profondément son époque. Suivant le Dr. Mochtar Nairn, Hamka a été
«une étoile dans le ciel d'Orient, et son nom restera dans l'Histoire de l'Indo
nésie et l'Histoire de l'Islam» (*).
Nous voudrions retracer ici les grandes étapes de la vie de cet homme
hors du commun.
Hamka (Haji Abdulmalik bin Abdulkarim Amrullah) nait le 17 février
1908 en Pays Minangkabau, dans le petit village de Sungai Batang, situé
sur le bord du Lac Maninjau. Il est le premier-né du mariage du Shaikh
Abdulkarim Amrullah avec sa troisième épouse Safiyah, fille de Bagindo
Nan Batuah (2).
On ne sait que peu de chose sur son enfance, sinon qu'il n'est pas un
élève studieux. Il passe son temps à vagabonder et à batifoler sur les bords
du Lac Maninjau. La nature si belle de cette région l'invite davantage à 88
l'école buissonnière. Hamka avouera lui-même, dans la revue Pedoman qu'il
dirigera plus tard que la seule formation qu'il reçut à cette époque ne
dépassa pas le niveau de la deuxième année du cycle primaire.
En 1918, son père, le Shaikh Abdulkarim Amrullah, fonde un pesan-
tren à Padang Panjang et le fait venir près de lui pour lui donner une for
mation religieuse adéquate. Il le confie à un de ses disciples, Zainuddin Labai
El-Yunusi, qui vient d'ouvrir pour la formation religieuse des jeunes une
«Diniyah School» à la mosquée de Bukitsurungan (3). Mais le jeune Malik
en venant à Padang Panjang ne trouve pas pour autant le goût de l'étude.
Il suit en dilettante les cours de la «Diniyah school», étudiant comme il veut
et quand bon lui semble. Personne, d'ailleurs, n'ose le contraindre...
Déçu par la conduite de son fils, le Shaikh A. Amrullah décide alors (en
1922) de le diriger vers un de ses amis, le fameux Shaikh Ibrahim bin Musa,
qui accueille par centaines des disciples dans son pesantren de Parabek (4),
mais Malik est toujours aussi dissipé et peu enclin à l'étude. Les petits
voyous de la région sont ses amis et il s'en va avec eux assister à toutes
les fêtes. Il participe alors aux combats de coqs, va voir les courses de che
vaux à Bukittinggi et à Payakumbuh, s'essaye même au métier de jockey.
Il s'initie aussi à l'art martial du silat près de son oncle maternel, Kari Mana-
min, qui est maître en la matière. Comme Malik est courageux, il ose même
affronter dans des combats à armes blanches les experts en silat de la
région.
Mais ces expériences ne lui suffisent plus, et craignant peut-être le cour
roux de son père, il décide de quitter le Pays Minangkabau pour aller vers
de nouvelles aventures. Il part par monts et par vaux jusque dans les coins
les plus reculés de Sumatra. Tout l'intéresse, et il veut tout voir et tout
connaître. Ni les dangers ni la longueur de la route, ni la faim ni la soif,
rien ne le rebute ou le décourage. Souvent il doit se contenter du bol de
riz ou du verre d'eau que lui tendent des mains généreuses, et maintes fois
il n'a pour dormir qu'un abri abandonné au bord de la rizière. Mais il lui
arrive aussi d'être accueilli chaleureusement, quand on le reconnaît comme
le fils du Shaikh Abdulkarim Amrullah. Peu importe que le fils ait une con
duite qui laisse à désirer, c'est son père que l'on veut honorer en l'accueil
lant (5).
Ces quelques mois de vie vagabonde sont aussi pour lui une période
d'épreuve qui l'invite à la réflexion. Un événement notamment le touche
profondément. Un jour, alors qu'il se trouve à la mine d'or de Sungai Lan-
dai, dans le sud de l'Ile de Sumatra, il est atteint de la variole. Cette mala
die le marque non seulement dans son corps mais aussi dans son esprit,
et il semble qu'elle soit à l'origine de sa conversion. Elle lui fait ressentir
sans doute plus intimement ses limites et le besoin de recourir à l'aide de
son père. On le retrouve en tout cas dans le courant de l'année 1923 à Hamka avec son père Syaikh haji Abdulkarim Amrullah. Photo prise à Kisaran, Sumatra ouest,
en 1930. [ Extrait de Kenang-kenangan 70 tahun Buya Hamka, Jakarta, 1978 ] 90
Padang Panjang, complètement transformé, et assidu à suivre l'enseign
ement de son maître, Angku Mudo Abduhamid, qui l'initie au droit musul
man et à la lecture du Coran. Il lit aussi avec grand intérêt la littérature,
spécialement les contes et les histoires (kdba') du pays Minangkabau. Il aime
aussi la poésie et se met à composer des pantuns.
Malik, qui a déjà seize ans, a désormais changé de vie : il ne court plus,
ne vagabonde plus, mais il a gardé le même esprit curieux, le désir de tout
savoir... Pour parfaire ses connaissances, il décide de partir pour Java. Il
est accueilli là-bas par sa sœur Fathimah et son beau-frère Ahmad Rasyid
Sutan Mansur, qui préside la section de la Muhammadiyah de Pekalongan.
Près de lui, il s'initie à l'histoire des mouvements musulmans. Il suit aussi
des cours près des maîtres réputés : sur l'Islam et le socialisme avec Haji
Oemar Said Tjokroaminoto, sur la Muhammadiyah (6), avec Ki Bagus Hadi-
kusomo, sur la sociologie avec Soerjopranoto.
En 1925, on le retrouve à Jakarta, où il fait ses premiers essais dans
le journalisme. Il publie des articles dans le quotidien Hindia Baru, dirigé
par Agus Salim, et les signe «AMKA» (Abdul Malik Karim Amrullah) (7).
Dès cette époque, Hamka semble avoir déjà choisi ce qui va être le but de
sa vie : la défense, la propagation et la purification de l'Islam, et il est con
vaincu que la Muhammadiyah est le mouvement le plus adapté et le plus
efficace pour atteindre ce but. Aussi, n'est-on pas étonné de le revoir la
même année dans son village natal de Sungai Batang, où l'on vient de créer
une filiale de la Muhammadiyah. Il désire prendre une part active dans cette
organisation, et lance aussitôt une revue bimensuelle, destinée à la format
ion religieuse de ses concitoyens. Cette revue qu'il appelle Chatibul
Ummah <8) n'obtient pas toutefois l'accueil et le succès qu'il espère. Si ses
écrits sont déjà de qualité, il manque encore d'expérience et ses connais
sances ne sont pas encore très étendues. Par ailleurs ses amis d'enfance,
qui n'ont de lui que l'image récente d'un garçon dissipé et turbulent, se
font mal à l'idée qu'il est devenu en si peu de temps un maître en religion.
On ne le prend pas au sérieux, et ses efforts ne sont pas couronnés de suc
cès. Ses concitoyens n'ont pour lui que sarcasmes et moqueries, et son père
lui-même ne lui fait guère confiance <9)... Avec un certain dépit, il s'aper
çoit qu'on ne devient pas si facilement prophète en son pays. Sa déception
est grande, mais il n'est pas pour autant découragé. Il sent confusément
que son heure n'est pas encore venue, et qu'il doit encore se préparer par
l'étude et la réflexion, et élargir autant que possible le champ de son
expérience.
Il repart donc vers de nouveaux horizons, à Java d'abord, puis il revient
à Sumatra. Il se trouve à Medan au début de l'année 1927, lorsqu'un groupe
de

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