Forces hydro-électriques canadiennes - article ; n°2 ; vol.28, pg 75-82
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1953 - Volume 28 - Numéro 2 - Pages 75-82
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Raoul Blanchard
Forces hydro-électriques canadiennes
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 28 n°2, 1953. pp. 75-82.
Citer ce document / Cite this document :
Blanchard Raoul. Forces hydro-électriques canadiennes. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 28 n°2, 1953. pp. 75-82.
doi : 10.3406/geoca.1953.1317
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1953_num_28_2_1317HYDRO-ÉLECTRIQUES CANADIENNES FORCES
par Raoul Blanchard
J'ai eu l'occasion, l'automne dernier, de visiter dans la Province de Québec
les paysages du Saguenay et du lac Saint- Jean, que je n'avais pas revus
depuis 20 ans. Il m'a semblé que les progrès réalisés dans l'aménagement
hydro-électrique de cette région, l'une des plus fortement équipées du monde,
méritaient d'être indiqués aux lecteurs de la Revue de Géographie de Lyon,
qui ont sous les yeux les belles réalisations de la Compagnie nationale du
Rhône.
Les conditions physiques. — Assurément, la nature a bien fait les choses,
en permettant l'accumulation dans ce secteur de grosses quantités d'eau et en
suscitant sous les pas de leur effluent de fortes déclivités (1).
Le lac St-Jean est une cuvette qui doit son origine à un creusement effectué
par l'érosion de la fin du Pliocène dans une « fosse » tectonique, laquelle
a enfoncé un bloc de roches relativement friables (calcaires ordoviciens) à
travers la masse résistante du Précambrien. La dépression ainsi dessinée a
attiré à elle les eaux de vastes bassins fluviaux, particulièrement dilatés vers
le Nord et l'Ouest, qui drainent vers le lac Saint-Jean une étendue de
80.000 kilomètres carrés, un septième de la France ; à lui seul, le bassin de
la puissante Péribonca en contient 31.000. Les précipitations, qui représent
ent une moyenne annuelle de près d'1 mètre, valent à ces rivières un écou
lement annuel considérable ; le débit moyen de l'émissaire du bassin, le
Saguenay, fournit près de 1.470 mètres cubes à la seconde et c'est presque
celui du Rhône à Donzère. Or ce puissant afflux se rue en fortes déclivités,
fruit de l'aménagement glaciaire, qui en même temps a disposé sur le trajet
des eaux un vaste réservoir naturel.
Le glacier en effet a défoncé les assises ordoviciennes de l'ancienne fosse
tectonique d'un vaste ombilic, dont le creux est occupé aujourd'hui par le
lac Saint- Jean. Il s'agit bien d'un ombilic, puisque la cavité lacustre, quoique
fortement remblayée d'alluvions, s'enfonce de 63 mètres sous la surface des
eaux, tandis que la roche en place garnit tout le rebord d'aval et affleure
dans le lit de l'émissaire. Ce barrage rocheux retient ainsi une vaste nappe
d'eau de 1.060 kmq., soit presque le double de la superficie du lac de Genève,
ample réservoir dont la présence est providentielle pour la régularisation du
débit du Saguenay.
(1) Sur les traits physiques de la région Saguenay - lac Saint- Jean on consultera
R. Blanchard, L'Est du Canada Français (Montréal, Beauchemin, 1935, gr. in-8°), tome II, 76 клош. i', lan с: :п Л к I)
Celui-ci, d'autre part, ne s'évade de la cuvette lacustre qu'en franchissant
une barricade de roches dures qui inflige à son profil en long de fortes décli
vités. La fosse tectonique du lac vient buter en effet vers l'Est sur un horst
précambrien relevé d'une centaine de mètres au-dessus des eaux, horst que
le glacier a traité en verrou, ou plutôt en une « zone de verrou » que nous
avons appelée le verrou Kénogami. Le Saguenay se faufilant à travers l'obs
tacle y subit une dénivellation totale d'à peu près exactement 100 mètres,
providentiellement répartie entre deux secteurs, l'un à l'amont dit de la
Grande Décharge, où la chute totale est de 33 mètres, l'autre tout à l'aval
où la rivière en trois kilomètres descend de plus de 65 mètres; entre les
deux s'allonge un long bief dit de Saint-Charles, presque sans courant. Ainsi
était-il possible, sans recourir à de longues et coûteuses dérivations, de har
nacher en deux emplacements les forces hydrauliques de la puissante rivière.
Cependant, pour tirer un parti complet de l'énergie mise ainsi à la dispo
sition des hommes, il était nécessaire d'apporter quelques retouches à l'œuvre
de la nature, en perfectionnant la régularisation des débits, facteur capital
du succès.
Les travaux de régularisation. — Le lac Saint- Jean ne réalisait pas en
effet tous les espoirs de régularisation des débits qu'on pouvait escompter
de l'étendue de la nappe d'eau. Nous sommes ici en plein régime nival, et le
volume des cours d'eau oscille entre d'énormes apports à la fin du printemps,
lors de la fonte des neiges, et des débits très maigres d'hiver, période où la
rétention nivale étreint tous les cours d'eau. Or la cuvette, si elle est vaste,
était trop peu profonde sur la plus grande partie de son étendue pour
absorber le flux printannier et le restituer peu à peu en hiver ; le lac, à l'état
naturel, subissait donc de très grosses différences de niveau et d'étendue.
Aux très basses eaux d'hiver, le niveau pouvait ainsi s'abaisser de 6 mètres
au-dessous de celui qu'atteignaient les hautes eaux de printemps et la superf
icie variait de plus d'un cinquième, de 798 à 1.060 kilomètres carrés. Ces
irrégularités retentissaient sur le débit du Saguenay, que les jaugeages effec
tués entre 1913 et 1915 ont montré capable de varier entre un maximum
de 6.228 mètres cubes et un minimum de 340, 18 fois plus faible. Assurément,
si l'on voulait obtenir de fortes puissances à peu près constantes, l'instrument
se révélait défectueux.
Il parut donc nécessaire de remédier à ces défauts en relevant le niveau du
lac pour constituer ainsi une réserve susceptible de renforcer les bas débits
d'hiver. Une Société groupant des capitaux américains et canadiens (anglais)
se mit à l'œuvre en 1923 ; au prix d'une dépense d'une soixantaine de mil
lions de dollars, sept digues de béton munies de déversoirs et un barrage
en terre vinrent obturer les diverses encoches gaufrant le verrou Kénogami
et par lesquelles s'écoulaient ou étaient susceptibles de s'écouler les eaux;
la plus haute de ces digues, celle qui joint en équerre l'île Maligne à la terre
ferme à travers la Grande Décharge, haute de 35 m., est longue de 380.
Le plan d'eau du lac a été ainsi relevé de 5 m. 33 au-dessus des basses eaux
moyennes d'été, ce qui donne une masse de manœuvre susceptible d'éteindre
à peu près les pénuries. RCES HYDRO- ÎÏLEC'TÎU C)UlîS CANADIENNES J'-Ч)
Cependant on ne s'est pas contenté de ce résultat et au cours de la guerre,
au moment où l'on édifiait la grande centrale devant alimenter en énergie
l'usine d'Arvida, on résolut de pousser plus loin encore le coefficient de régul
arisation. Le travail fut effectué dans le haut bassin de la Péribonca, le plus
Fig. 1. — Le bassin versant du Saguenay
puissant des tributaires du lac Saint-Jean. Sur l'emplacement d'un étroit
appelé la Passe Dangereuse fut dressé un barrage qui ferme un lac artificiel
de 130 km. de long; pour accéder au chantier, une route de 230 km. fut
jetée à travers les solitudes boisées du plateau précambrien. Plus loin à
l'amont, on recourut à l'avion pour édifier une seconde digue de retenue
qui a triplé la superficie du lac Manouan; hommes, vivres, chevaux, bétail,
instruments, ciment, plus de 2.000 tonnes en tout, furent ainsi transportés
par la voie des airs. Le résultat est éloquent : les trois bassins de retenue
ainsi aménagés emmagasinent une réserve utile de 11.3 milliards de mètres
cubes et du coup le débit régularisé constant du Saguenay atteint 1,205 -RAOUL BLANCHARD 78
mètres cubes à la seconde. Les puissantes centrales installées le long du
cours d'eau sont ainsi assurées de l'alimentation de leurs turbines.
Les centrales hydro-électriques . — La Compagnie canado-américaine qui
entreprenait en 1923 l'aménagement du lac Saint- Jean, et qui d'ailleurs en
1926 passait tout son avoir à l&

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