La vallée de l Isère hors des Alpes - article ; n°4 ; vol.24, pg 731-859
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Revue de géographie alpine - Année 1936 - Volume 24 - Numéro 4 - Pages 731-859
129 pages

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Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

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Paul Veyret
La vallée de l'Isère hors des Alpes
In: Revue de géographie alpine. 1936, Tome 24 N°4. pp. 731-859.
Citer ce document / Cite this document :
Veyret Paul. La vallée de l'Isère hors des Alpes. In: Revue de géographie alpine. 1936, Tome 24 N°4. pp. 731-859.
doi : 10.3406/rga.1936.3553
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1936_num_24_4_3553LA VALLÉE DE L'ISÈRE
HORS DES ALPES
par Paul VEYRET
DEUXIEME PARTIE
Géographie humaine.
I. — La vie économique ancienne.
Il n'est pas douteux que la vallée de l'Isère hors des Alpes ne
soit une voie de passage aisée. Elle a pourtant vécu longtemps
repliée sur elle-même et comme en vase clos. Ge fait surpren
dra moins si l'on songe qu'il en était de même, sur une voie de
communication plus belle encore, des plaines et des bassins du
Rhône moyen *. A l'écart des régions voisines, la vallée n'en
formait pas pour cela une cellule organisée, avec des relations
actives d'un bout à l'autre. Il régnait une sorte d'état de moindre
mouvement. On cultivait eu chanvre partout; les peigneurs et
i D. Faucher [14], p. 247. « Klle ue semble pas mieux partagée que l'une
quelconque de ces petites vallées du Diois ou des Baronnies, par exemple, que
l'isolement par le relief oblige à se suffire à elles-mêmes. » 732 PAUL VEYRET.
les tisserands, disséminés, étaient toujours à portée des clients;
les forges étaient distribuées à travers toute la vallée et les
habitants avaient ainsi sur place à peu près tout ce que récla
mait leur vie peu exigeante. Cela n'entretenait, on le voit,
presque aucun commerce; l'Isère apportait les gueuses de fonte,
emportait un peu de bois et des noix. Si cette torpeur commerc
iale n'est pas sans relations avec les difficultés de la navigation
iiséroise, elle est bien davantage un sûr indice d'une activité
modérée et même médiocre, tant pour l'agriculture que pour
l'industrie.
A. — Les sols agricoles.
L'agriculture trouvait pourtant à sa disposition des sols de
valeur très suffisante. Aujourd'hui, leurs qualités diverses assu
rent la prospérité d'une région avant tout agricole, sans qu'on
ait eu à les enrichir par de gros apports d'engrais ou d'amen
dements. 11 a suffi de découvrir une meilleure adaptation des
cultures aux conditions naturelles, de faire à l'élevage assez de
pilace pour que le fumier fût produit en plus grande quantité,
cle compléter parfois la fumure par, des apports restreints d'en
grais chimiques, et les sols ont pu donner la mesure de leur
fertilité. En tout cela on ne peut voir une transformation radi
cale de conditions auparavant défavorables, mais seulement la
restitution des principes fertilisants absorbés par les cultures.
La nature avait bien fait les choses, les hommes n'ont pas eu à
reprendre son œuvre, mais à mieux comprendre et à mieux tirer
parti de ses dons. C'est pourquoi l'étude des sols agricoles a aa
place comme introduction à l'agriculture ancienne et non pas
seulement au seuil de contemporaine : les mé
thodes humaines ont évolué, la terre n'a été que bien faiblement
transformée.
Aujourd'hui encore, elle est avant tout ce que l'a faite l'his
toire géologique récente,, c'est-à-dire la glaciation quaternaire
et l'action positglaciaire : les terrains de la vallée de l'Isère hors L.\ VALLÉE DE LISERE HOÍIS DÈS ALPES. 733
des Alpes sont donc essentiellement des terrains de transport.
Les glaciers et leurs eaux de fonte, l'Ibère pendant les périodes
interglaciaircs et depuis le retrait définitif des glaces, ont accu
mulé des alluvions épaisses et variées. La pLus grande partie
vient du cœur des Alpes et ne doit rien aux roches voisines de la
rive droite ou de la rive gauche. Celles-ci tiennent donc peu de
place. Le Vercors a fourni des blocs, des éboulis, des caillóutis
"de cônes de déjections : ni les uns ni les autres ne s'écartent
beaucoup du pied de la montagne. La mollasse miocène n'a pas
contribué davantage à l'édification du sol de la vallée. Rive gau
che, elle n'apparaît que vers Saint-Quentin au Nord et entre
Saint-Romans et Saint- Just-de-Claix au Sud, sous forme de
buttes boisées. Rive droite, son extension commence au delà des
limites que nous avons données à notre région, dans les col
lines que les habitants de la vallée appellent « les hauteurs »,
en les considérant comme au delà de leur monde à eux. Mais
elle existe en profondeur, au-dessous des alluvions plus ou
moins épaisses; elle affleure dans nombre de valllées secon
daires, où ses versants raides portent des bois. Au total, elle ne
forme pour ainsi dire pas de sols agricoles, mais elle peut con
tribuer à retenir l'eau des pluies et jouer, par rapport aux allu
vions glaciaires ou fluvio-glaciaires plus perméables, le rôle de
nappe aquifère grâce à ses poudingues et à ses grès.
Les alluvions de l'Isère post-glaciaire tiennent plus de place.
Elles forment une partie parfois très considérable des terroir©
sur les communes de Saint-Quentin, La Rivière, Saint-Gervais,,
Poliénas, Tullins, Vourey, Moirans. Noirâtres en temps de
pluie et lourdes, grisâtres et pulvérulentes quand elles sont bien
sèches, très pauvres en cailloux, elles représentent le dépôt
d'une eau presque sans courant qui abandonnait ses boues. La
rivière qui les déposa ne s'est pas enfoncée beaucoup depuis
lors. Les parties les plus basises ne penwenit être drainées ; ce
sont de véritables marais temporaires et elles ne produisent que
ce mélange de plantes aquatiques avec prépondérance des ro
seaux que l'on appelle la bauche. Les parties un peu plus hautes 734 PAUL VËYRËT.
forment une bonne terre peu sensible à la sécheresse, car les
infiltrations maintiennent l'eau à faible profondeur, propice
aux prairies naturelles et artificielles, au maïs, à la vigne, aux
pommiers. La toponymie atteste une conquête récente des
parties les plus proches de l'eau; le nom ďíle se retrouve dix
fois sur ce petit territoire. Certains méandres recoupés se recon
naissent encore à leur anneau plus humide (au droit de Polié-
nas, au Nord de Saint-Gervais 2).
On peut rapprocher de ces terres de contexture fine et imper
méables les bas-fonds marécageux de Troussatière et les mar
ais de Gras. Dans les deux cas, la cause 'du défaut de drainage
est de même nature : l'émissaire de chaque dépression a dû se
creuser un passage épigénétique à travers l'Urgonieni de l'anti
clinal de Poliénas. Il y travaille toujours et l'évolution n'est pas
assez avancée pour que sa vallée supérieure se creuse par éro
sion régressive. Chacun d'eux crée de la sorte sur ses rives une
zone marécageuse où vient la bauche. Cet excès d'humidité fait
penser à la basse vallée de l'Isère, et ces deux variétés de sols
agricoles font figure d'exception à côté des grandes nappes de
cailloux rouilés qui donnent au reste de notre région sa terre
arable.
Tous ces sols présentent des points communs. Leur origine en
est un : que ce soient des moraines ou des nappes subordonnées,
ou des terrasses fluviales taillées dans le matériel fluvio-gla
ciaire par l'érosion postérieure, toujours le glacier en a rassemb
lé les matériaux. Les cailloux arrondis cristallins y abondent,
mêlés d'éclats d'Urgonien le long du Vercors. Les hommes en
ont ôté des quantités de blocs gênants, soit crisltalliins, soit cal
caires, de toute grosseur, et les ont empilés le long des limâtes
où ils forment des « barrées » couvertes de buissons et d'arbres
têtards. Un autre caractère commun à la plus grande partie de
2 Cf. la feuille Grenoble de la Carte de France au 50.000e en courbes de
niveau. LA VALLÉE DE L'ISÈRE HORS DES ALPES. 7ЯЙ
ces plans caillouteux, c'est évidemment leur perméabilité, leur
sensibilité à Ы sécheresse dans une plus ou moins grande
mesure.
Mais à côté de ces caractères généraux, combien de différences
parfois d'un plan à un autre, quelle incessante vari&#

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