Le relief de l'Arabie centrale - article ; n°4 ; vol.14, pg 765-786

Raoul Blanchard

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Revue de géographie alpine - Année 1926 - Volume 14 - Numéro 4 - Pages 765-786
22 pages

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• Publié le: 01 janvier 1926
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Raoul Blanchard
Le relief de l'Arabie centrale
In: Revue de géographie alpine. 1926, Tome 14 N°4. pp. 765-786.
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Blanchard Raoul. Le relief de l'Arabie centrale. In: Revue de géographie alpine. 1926, Tome 14 N°4. pp. 765-786.
doi : 10.3406/rga.1926.5005
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1926_num_14_4_5005RELIEF DE L'ARABIE CENTRALE LE
Par Raoul BLANCHARD.
Restée longtemps .mystérieuse, à peine traversée par deux ou
trois itinéraires., l'Arabie centrale, qu'on peut désigner d'en
semble sous le nom de Nedjed, a fait l'objet pendant la guerre
d'une" véritable exploration/ Un Anglais, M. Philby, envoyé par
son gouvernement pour prendre contact avec l'émir wahabite, a
traversé l'Arabie de part en part, du golfe Persique à Djeddah;
puis il a parcouru la contrée qui s'étend de la Mésopotamie au
Nedjed, et enfin le Sud de cette dernière région, jusqu'aux
lisières du grand désert sud-oriental. Le récit de ces explora
tions a été publié de 1920 à 1922. En même temps, nous dispo
sions des notes du Danois Raunkiaer, qui a parcouru le Nord-
Est du Nedjed immédiatement avant la guerre. D'autres explo
rateurs ont visité à plusieurs reprises ГЕ1 Hasa, près du golfe
Persique, et poussé vers le Sud \
1 Les travaux consultés sont : Philby (H. St. J.) Southern Najd (Geogran.
phical Journal, LV, 1920, p. 161-191, 1 fig., 11 phot., carte à 1 : 1.250.000e) ;
From the Persian Gulf to the Red Sea (Ibid., LVI, 1920, p. 445-468, 13 phot.,
carte à 1 : 2.000.000) ; The Heart of Arabia (London, Constable, .1922, 2 vol.
in-8°, xxiii + 386 et 354 p.> 25' phot., 1 plan, 2 cartes) ; Jauf and the North
Arabian Desert (Geographical Journal, LXII, 1923, p. 241-259, 14 phot., carte
à 1:500.000e) Raunkiaer (Barclay), Auf dem Kamelrucken durch das Land
der Wahabiten [iibersatzt von D1" W. Schmidtl (Mitteilungen der Qeoffra-
phischen Gesellsohaft in ЛатЪшд, XXX, 1917, p. 187-243, 14 fig.) ; Mao-
kie (J. B.)t Hasa/ an arabian oasis (Geographical Journal, LXIII, .1924,
p. 189-207, 2 pi. phot.) ; Gheesman (R.-E.), The Deserts of Jafura and Jabrin
(Ibid., LXV, 1925, p. 112-141, 2 pi. phot., carte à 1 : 750.0009). J'ai éprouvé, ас Î66 rtAÔÙL BLAlîiOHARb.
Ces explorations nous fournissent ainsi une riche * moisson
de documents. Mais ce sont, ou à peu près, des documents bruts.
Ces voyageurs n'étaient pas des géographes; il reste donc à
organiser les résultats qu'ils* nous ont apportés, à les interpréter
dans un sens géographique. C'est ce que Л 'on a 'essayé de faire
ici, sans se dissimuler que la compétence d'un 'E.-F. Gautier
serait bien nécessaire en pareille" occurrence.
I. — Description du relier.
Nous partons de l'Ouest. De ce côté, l'Arabie est1 limitée au-
dessus de la mer Rouge par un haut rebord de roches cristal
lines, sensiblem'ent plus élevé4 que les plateaux et même les
mpntagnes de l'intérieur (2000 à 3000 mètres). Par analogie avec
ce qui se présente au Nord, en TransJordanie, nous pouvons
assimiler ce rebord occidental à un anticlinal grossier, accidenté
de failles. Il est d'ailleurs entièrement à l'écart de la région à
étudier.
Sur ce rebord s'appuient, au Nord, des dépôts crétacés formant
une plate-forme inclinée vers l'Est : d'abord des calcaires à
silex (Sénonien) dans la région de Maan; puis, jusqu'à El Ala,
le long du chemin de fer du Hedjaz, des marnes et des grès
turoniens et cénomaniens. Ainsi des. couches de plus en plus
anciennes se révèlent en marchant vers le Sud. A partir d'El
Ala, jusqu'à Médine, le Crétacé est remplacé par des roches
cristallines, granite, syenite, porphyres, roches vertes, schistes
cristallins. Le tout parsemé d'amas éruptifs ďdge récent, qui
percent déjà le Crétacé au Nord d'El Ala, mais sont do plus en
plus abondants à mesure qu'on s'approche de Médine. Doré
navant, jusqu'à la latitude de l'Assir (20° N.), toutes les roches
pour la graphie des noms propres, l'embarras qu'on a toujours en utilisant les
publications géographiques anglaises. Le plus souvent, j'ai gardé l'orthographe
de Philby, faute de mieux. rontrale, d'après' TI. Pliilby. L'Arabio
Echelle do 1 ; 8.000.000 >
-î1 .
■ fcf
768. RAOUL BLANCHARD.
qui apparaissent à l'Est dés montagnes occidentales, sur 5 degrés
environ de longitude, sont formées de granite et de basalte ou
laves variées, avec une bande de grès à la périphérie orientale.
'Comment sont disposés ces affleurements? !Les descriptions
données voilà déjà 50 ans par Doughty et Huber pour la partie
septentrionale, celles qu'apporte pour la partie méridionale
Philby, concordent parfaitement. Il s'agit .surtout d'alignements
orientés du S.-W, au N.-E. Le djebel Chammar'au N. est formé,
de masses de granite dont l'orientation générale est vers le
N.-E.; Huber y montre tous les talwegs encombrés de gros blocs
granitiques. Çà' et là des basaltes, et même de vrais volcans à
cratère bien conservé. Le granite semble émerger de grès qui
s'étendraient sous' toute la vaste étendue de dunes du Néfoud.
septentrional; jusqu'à Djouf; d'après Lamare, interprétant des
fossiles rapportés par Huber, ces grès seraient primaires (cam-
bro-silurien) et le Crétacé ne ferait son apparition qu'au N.
de Djouf1. Au S.-W. du djebel Ghammar, la carte de Doughty
montre que -les grands harras, qui sont des plateaux ou crêtes
volcaniques, sont disposés dans cette direction S.W.-N.E. : tels le
harra Khaïber, haut de 1800 mètres, qui va de Khaïber vers
Haïl, ou ceux qui, du voisinage de Médine, courent vers Aneïseh.
Au Sud, Philby découvre du haut des 'escarpements du Tovéïk
une sorte d'immense plaine, de dépression d'où pointent de
lointaines montagnes. Ces montagnes, il les reconnaît au cours
de sa marche vers le B.^W. jusqu'à Taïf. Dès qu'il est au pied
du Tovéïk, un roc de basalte apparaît au. milieu des grès, à
Dhrouma, tet peu à peu les basaltes l'emportent sur les grès. A
140 kilomètres du Tovéïk, il aborde une première crête de gra
nite, celle de l'Ardh, qui peut dépasser en longueur 150 kilo
mètres et atteindre 1500 mètres; elle est orientée, dans sa partie
méridionale, du S.-W. au N.-E. et tourne au N., dans son extré-
1 Lamare (P.) , Sur l'existence de granites alcalins dans le Schammar (Ara- /
bie) et sur la constitution géologique de сеэ régions (C. R. sommaires des
séances, Soo. Oéok France, 19 novembre 1933, p. 188-190). i
RELIEF DE L'ARABIE CENTRALE. 769 LE
mité septentrionale, la crête d'El Djidd. Cinquante à soixante
kilomètres plus loin, c'est la crête d'El Hamra, de granite rouge,
aux formes très découpées : 1100 à 1200 m. au N., probablement
1500 m. au S., dans le Sahba,-situ,é au S.-W. Troisième massif,
celui du Damkh, .dont les pointes granitiques atteignent, peut-
être 1800 m., et où le basalte hérisse parfois le granite. A mi-
chemin de Taïf, les bosses granitiques sont plus rares et plus
menues : les basaltes l'emportent dans les affleurements. De
son chemin, il aperçoit encore au- S. le vaste harra Nawasif,
orienté N.-E., et traverse avant d'<arriver à Taïf de grandes pla-
nèzes de basaltes noirs comme du charbon. Dans un second
voyage, remontant l'oued Dawazir à la hauteur du 21e parallèle,
il' aperçoit "au loin vers l'W. les montagnes - granitiques de
Rayaniyé, par 43° E. environ, à la jonction des oueds qui des
cendent de l'Assir.
Ainsi toute la région comprise entre les montagnes du Hedjaz
et de l'Assir à l'W., le djebel Chammar au N.-E., la crête du
Tovéïk à ГЕ., est comme une plaine semée de chicots monta
gneux: La plaine descend peu à peu vers ГЕ., de 1100 à 700 m.
sur 400 kilomètres environ. Les montagnes qui en hérissent la
surface sont toutes de granite et de basalte; celles de granite
paraissent des crêtes assez étroites et déchiquetées; celles de
basalte semblent plus larges. L'orientation d'ensemble de ces