Les cerfs harnachés de Nogent-sur-Seine et le statut du cerf antique - article ; n°1 ; vol.140, pg 393-421
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1996 - Volume 140 - Numéro 1 - Pages 393-421
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur François Poplin
Les cerfs harnachés de Nogent-sur-Seine et le statut du cerf
antique
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 140e année, N. 1, 1996. pp. 393-
421.
Citer ce document / Cite this document :
Poplin François. Les cerfs harnachés de Nogent-sur-Seine et le statut du cerf antique. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 140e année, N. 1, 1996. pp. 393-421.
doi : 10.3406/crai.1996.15593
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1996_num_140_1_15593COMMUNICATION
LES CERFS HARNACHÉS DE NOGENT-SUR-SEINE
ET LE STATUT DU CERF ANTIQUE, PAR M. FRANÇOIS POPLIN
A Monsieur Ernest Will
La découverte a eu lieu fin 1994 dans la vallée de la Seine, à
quelques kilomètres au nord-est de Nogent, près du village de La
Saulsotte. Depuis des années, J. Piette, conservateur du Musée de
cette ville, suivait, épaulé par E. Tappret, technicien du Service
régional de l'Archéologie - qui assurait la surveillance ce jour- là-,
les travaux d'exploitation des graviers fluviatiles, notamment au
moment où l'enlèvement des morts terrains laisse apparaître, à la
surface des alluvions, des zones terreuses témoignant d'enfouisse
ments anciens. Il a exploré un grand nombre de ces poches, dont
près de cent cinquante se sont révélées archéologiquement inté
ressantes. Quatre d'entre elles (les n° 143 à 146), propres à annonc
er, du fait de leurs dimensions, des inhumations humaines,
étaient groupées - mais de manière lâche - sur une surface d'une
are et demie (fig. 1). Pour cause d'inondation, leur fouille fut
reconduite à l'été suivant. Le dégagement, dont il assura la plus
grande partie avec l'aide de ses fouilleurs début juillet 1995, mont
ra qu'il s'agissait de quatre fosses contenant chacune un squelette
animal que ses bois, notamment, désignaient comme de cerf.
Voyant qu'il n'y pouvait suffire et ressentant le besoin d'un
archéozoologue, il fit appel à P. Méniel pour prendre la relève.
Celui-ci m'en référa, et nous avons pu terminer la fouille le 16 juil
let 1995, aidés de S. Lepetz et de ma fille.
Il ne sera fait ici qu'une simple présentation de ces quatre
sujets, où l'on se limitera, pour ce qui est de leur statut, à l'essent
iel. Il sera procédé, en outre, par ordre de profondeur d'enfouis
sement. Le cerf 145 avait beaucoup souffert des labours et des tr
avaux de carrière ; aussi n'a-t-il donné que des photographies peu
expressives qui ne figureront pas ici. Il reposait sur le flanc
gauche, les antérieurs en extension ramenés en arrière près des
postérieurs fortement fléchis (il s'agit d'un accommodement avec 394 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
145 "T"
146
143
N
5m
FlG. 1. - Disposition des quatre fosses. LES CERFS HARNACHÉS DE NOGENT-SUR-SEINE 395
l'étroitesse de la fosse). La tête, légèrement reculée, était très
endommagée, ce qui est d'autant plus regrettable qu'une embouc
hure en bon état a été relevée lors de la découverte (fîg. 8), mal
heureusement hors de ses rapports anatomiques. Un os frontal
montre, à son pivot dégarni, que le sujet était mulet, c'est-à-dire
sans bois au moment de sa mort. Peut-être cette circonstance a-t-
elle contribué à ce que l'on n'ait pas été beaucoup creusé pour
mettre le cadavre à l'abri.
Le sujet 143 (flg. 2, 3 et 4) est beaucoup plus explicite. Les
engins de carrière ne lui ont enlevé que les extrémités des
membres, qui remontaient au flanc de la fosse, et la partie supé
rieure des bois. La cassure des merrains est récente ; il y a lieu de
penser qu'ils étaient complets, mais privés de leurs andouillers,
car les seuls qui sont restés, les basilaires droit et gauche, ont été
sciés. La vue très oblique de la fig. 2, qui permet de juger de la
faible profondeur des fosses sous la terre arable, montre que les
bois affleuraient la surface du décapage de carrière et que les merr
ains devaient se poursuivre jusqu'à leur terme naturel. La ramure
d'un cerf est encombrante, aussi bien à ranger dans une collec
tions d'histoire naturelle qu'à enfouir, comme c'est le cas ici.
L'animal étant disposé sur le flanc droit (et non plus sur le gauche
comme précédemment), les membres postérieurs allongés en
extension vers les antérieurs fléchis (à l'inverse de précédemm
ent), sa tête avait été ramenée dans l'axe de la fosse, au plus
creux, et ses bois mis le plus à plat possible, ce qui a donné à la
ramure sa belle disposition horizontale. Dans le V que dessine les
deux perches (fîg. 4), un petit vase céramique - bouteille gallo-
romaine du IIe siècle selon les archéologues - a été posé debout à
l'intérieur de la ramure, dans la situation privilégiée où, par
exemple, la tradition christologique placera la croix de saint
Hubert et de saint Eustache. C'est la seule pièce mobilière rap
portée, relevant d'un dépôt et non pas du harnachement, qui ait
été mise à jour dans les quatre tombes. Malgré ses faibles dimens
ions (hauteur : 15 cm ; largeur : 12 cm), cette céramique relève
davantage du domaine de la vaisselle utilitaire que de celui des
miniatures sacrificielles. Est-ce une offrande au cerf ? Il est diffi
cile de se prononcer sur ce point ; il est plus tangible qu'elle est
associée à la meilleure des quatre ramures, et de loin. La fîg. 4
montre une pièce de fer en T de chaque côté du museau, éléments
latéraux d'une embouchure sans pièce intermédiaire conservée.
On y reviendra plus loin. Plutôt qu'en position fonctionnelle, ces
éléments paraissent étalés sur le fond de la fosse, en même temps
que décalés antéro- postérieurement l'un par rapport à l'autre. Il
ne semble pas que leur tige s'engageait dans la bouche. La tige de COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 396
Fie. 2. - Cerf 144
au premier plan,
au second.
Fie;. 3. Cerf 143 dans son ensemble. CERFS HARNACHÉS DE NOGENT- SUR- SEINE 397 LES
gauche (à droite sur la fig. 4) n'est pas dégagée parce qu'elle est
recouverte par l'extrémité (en mauvais état) de la mandibule;
selon les souvenirs de P. Méniel, elle ne pénétrait pas entre les
mâchoires. De l'autre côté, l'extrémité de la tige de droite repose
contre le côté du maxillaire. Le décalage peut s'expliquer par un
affaissement de la pièce gauche vers l'avant, ainsi que de la pièce
droite vers l'arrière, depuis une position où les traverses étaient
verticales. L'absence de pièce intermédiaire, vraisemblablement
remplacée par un lien périssable, aura rendu possible cette désu
nion. Dans ce mouvement, la tige de droite aura échappé de des
sous la mandibule pour venir contre le maxillaire. Une autre expli
cation consisterait à considérer le décalage comme primaire,
c'est-à-dire comme remontant à la mise en place, et à envisager
que les pièces en T se soient simplement affaissées sur les côtés,
les traverses restant horizontales dans le mouvement. Quel qu'ait
été le cas, il reste que les tiges se dirigeaient sous la mandibule
plutôt que dans la bouche.
Le cerf 144 (fig. 3, 5 et 6) offre le maître -intérêt de montrer, sans
doute mieux en place, une embouchure plus complète, puisque
cette dernière est munie de sa pièce intermédiaire. Disposé sur le
flanc gauche, les postérieurs étendus vers l'avant jusqu'à proxi
mité des antérieurs, l'animal avait l'encolure et la tête appuyées
contre un retour de paroi de la fosse (fig. 5). Cette tête encapu
chonnée — presque verticale dans une excavation assez profonde
pour la contenir depuis le sommet du crâne — que dominent deux
bois sciés courts, jusqu'à l'extrémité du museau posé sur le fond
de la fosse, contraste sensiblement avec les deux sépultures précé
dentes. Alors que la disposition du tronc et des membres n'est
qu'une variante de ces dernières, la position de la tête, au-dessus
du niveau général du sq

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