Les villes des Alpes suisses. Eléments pour une typologie du changement dans les années 1990 - article ; n°2 ; vol.87, pg 123-145
24 pages
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Les villes des Alpes suisses. Eléments pour une typologie du changement dans les années 1990 - article ; n°2 ; vol.87, pg 123-145

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Revue de géographie alpine - Année 1999 - Volume 87 - Numéro 2 - Pages 123-145
23 pages

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Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 27
Langue Français
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M. Gian Paolo Torricelli
Les villes des Alpes suisses. Eléments pour une typologie du
changement dans les années 1990
In: Revue de géographie alpine. 1999, Tome 87 N°2. pp. 123-145.
Citer ce document / Cite this document :
Torricelli Gian Paolo. Les villes des Alpes suisses. Eléments pour une typologie du changement dans les années 1990. In:
Revue de géographie alpine. 1999, Tome 87 N°2. pp. 123-145.
doi : 10.3406/rga.1999.2948
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1999_num_87_2_2948Les villes des Alpes suisses
Eléments pour une typologie du changement
dans les années 1990
e-mail Istituto Gian : di gianpaolo.torricelli Paolo ricerche Torricelli economiche ©ire.ti-edu.ch (IRE), Universita délia Svizzera Italiana, CP 4361, CH- 6904 Lugano
Urbanisation, mobilité et « métropolisation » :
éléments pour une problématique
Dans cette première partie, avant de passer à l'étude des villes des Alpes helvétiques, le
lecteur trouvera en guise de une réflexion sur les tendances récentes du
développement urbain en Europe et, notamment, une ébauche de discussion de la notion
de « métropolisation », un phénomène qui semble aujourd'hui marquer l'urbanisation de
l'Arc alpin.
Je ne serai certainement pas le seul ici pour affirmer que les formes du développement de
la ville ont profondément changé, et que depuis quelques années - voire quelques
décennies - nous avons de la peine pour délimiter l'urbain de ce qui ne l'est pas ou ne l'est
plus. L'éclatement de l'urbanisation a mis en crise l'image de la ville comme lieu qui
possède à la fois des formes physiques spécifiques (densité du bâti, de population,
d'entreprises et d'emplois) et une connotation sociale marquée par une présence forte, par
le pouvoir religieux, politique, commercial ou culturel, qui en retour y fait converger les
hommes, les marchandises, les informations, les nouveautés (cf Pumain, 1993).
Concentration (des hommes et des ressources) et rareté des lieux ne sont plus les caractères
dominants de la ville, au point que certains n'hésitent pas, aujourd'hui, à parler de « déve
loppement urbain généralisé » (F. Choay citée par Spector, 1998), alors qu'il y a une
dizaine d'années on parlait encore, pour comprendre à peu près le même phénomène, de
«contre-urbanisation. » (cf Berry étal. 1976) !
Mais le changement de l'urbanisation est, d'abord, un résultat - une projection
territoriale - du changement structurel de la sphère économique et du capitalisme
contemporain. La grande entreprise « fordiste », basée sur les économies d'échelle et la
concentration des phases de la production, avait été un élément moteur de la croissance
urbaine de l'après-guerre, et avait conduit à une certaine séparation des fonctions des
nouveaux quartiers urbains, portant la marque de l'urbanisme moderne et fonctionnaliste.
Dans les années '70 et, encore plus, dans la décennie suivante, la fin la grande industrie a
pourtant grandement favorisé l'éclatement (spatial) des processus de production - avec à la
clé la diffusion de l'urbanisation, de l'habitat et de l'emploi sur le territoire - voire à
l'éclatement (social) des professions et du travail. Et aujourd'hui, la disparition progressive
des barrières à l'accès des marchés locaux (des biens, des services et du travail) devient le
REVUE DE GÉOGRAPHIE ALPINE 1999 №2 LES VILLES DES ALPES SUISSES
ressort d'une compétition de plus en plus poussée entre les villes et les régions des pays
industrialisés, ce qui a changé en profondeur l'organisation des systèmes urbains régionaux
et nationaux. Ainsi, un des aspects les plus marquants de cette mondialisation,
parallèlement à une certaine perte de maîtrise des leviers locaux du développement
économique, est la croissance de la mobilité qui génère des besoins accrus en
infrastructures, et qui en même temps laisse entrevoir un fort déficit des politiques
régulatrices dans ce domaine (Martinelli, 1994).
La mobilité (à toutes les échelles) croît, si on la compare, par exemple, à l'évolution
démographique, à celle des emplois ou du PNB, dont les valeurs ont tendance à stagner ou
à ne progresser que très lentement. On peut, en premier lieu, essayer d'expliquer cette
croissance avec le développement historique des transports, qui ne procède pas de manière
linéaire, mais plutôt comme une séquence de substitutions dans laquelle une technologie
« mûre » est graduellement remplacée par une plus récente. Le facteur principal de cette
substitution semble être la vitesse de déplacement que consent le nouveau système.
L'observation du phénomène - depuis quelques décennies - a permis de confirmer que les
temps des déplacements quotidiens restent relativement constants (dans tous les cas de
figure, autour de 70 minutes, un peu plus dans les grandes agglomérations), tandis que
l'extension spatiale des déplacements tend à croître (cf Zahavi, 1979 ; Marchetti, 1991,
Ferrari/ Ratti, 1993 ; Bieber/Massot/Orfeuil, 1993 ; Schuler et al., 1997) parallèlement à
la vitesse. De plus, bouger et transporter coûte toujours moins par rapport aux prix
fonciers et au stockage : le renchérissement dû à l'évolution technologique est souvent
compensé par la réduction du coût relatif des biens de transports plus mûrs - et aussi plus
polluants. Or, on pourrait ainsi penser que l'évolution de la mobilité est la cause première
de l'éclatement urbain. Mais la mobilité n'est qu'un instrument ou mieux un support de la
croissance urbaine (qui semble échapper de plus en plus aux politiques locales, par
exemple pour contenir l'usage de l'automobile et favoriser celui des transports en
commun) mais qui dépend, à son tour, de changements comme la généralisation des
systèmes de production dits « flexibles » et multi-localisés, qui impliquent l'explosion des
mouvements, ou comme la diminution du temps de travail, voire aussi la croissance du
chômage qui libère du temps supplémentaire pour les déplacements quotidiens (cf pour le
nord de l'Italie, Bonomi, 1997)1.
En fait l'agrandissement des espaces de la vie quotidienne correspond à l'élargissement
des aires urbaines et métropolitaines, qui tendent à englober les petits et moyens centres
dans lesquels s'établissent populations et acteurs économiques provenants des
métropolitains. Ainsi des métropoles en décroissance démographique sont de plus en plus
engorgées. Et quel contraste entre la diminution de la population d'une grande ville (c'est
le cas de Milan) et la croissance constante des flux de personnes qui y convergent : la ville
1 Ce raisonnement devrait valoir également pour le développement des technologies de l'information et des
télécommunications. Ces dernières, ou mieux certaines d'entre elles, participent directement à la mise en place d'une
« société globale ». Mais, loin de permettre une relative diminution de la mobilité physique (le télétravail contrairement
aux discours dominants est encore un phénomène marginal), les technologies de l'information ont suscité de nouvelles
possibilités de mobilité (que consentent par exemple le téléphone et l'ordinateur portables). Par ailleurs, si la diffusion
des technologies de l'information permet désormais l'accès aux réseaux même des endroits les plus enclavés du
territoire, celles-ci semblent agir comme le principal instrument de l'accélération de la concentration du pouvoir
économique et des fonctions de commandement, en particulier des activités de service et de direction nécessaires à
leur fonctionnement, dans quelques rares métropoles mondiales (cf Dematteis/ Bonavero, a.c.d., pp. 17 et ss.). GIAN PAOLO TORRICELLI
se dépeuple de ses habitants mais se remplit quotidiennement de ses utilisateurs : la notion
même de « city - users » n'aurait pas de sens sans le développement massif de la mobilité (cf
Martinotti, 1993). A la ville comme lieu de l'habitat se substitue ainsi la ville comme lieu
du mouvement et une logique urbaine fondée sur la mobilité et l'utilisation des réseaux
tend à remplacer l'ancienne logique basée sur la fixité et l'utilisation de l'espace. Dans ce
processus la vi

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