Électricité et institution sociale de la science. Réflexions pour une conclusion / Electricity and the social institution of science. Thoughts for a conclusion - article ; n°1 ; vol.54, pg 99-114
17 pages
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Électricité et institution sociale de la science. Réflexions pour une conclusion / Electricity and the social institution of science. Thoughts for a conclusion - article ; n°1 ; vol.54, pg 99-114

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Description

Revue d'histoire des sciences - Année 2001 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 99-114
RÉSUMÉ. — L'analyse culturelle et sociale de l'intérêt pour l'électricité à la fin du XVIIIe met en valeur la coïncidence entre rupture politique, transformation de la sensibilité, bouleversement technique et scientifique majeur, mais aussi l'impossibilité de nouer l'explication du changement globalement ou structuralement. L'électricité et les électrificateurs peuvent alors apparaître comme des révélateurs sensibles de la conscience d'un temps. Leur étude permet de retrouver des points de vue habituellement séparés, de comparer les obstacles mentaux qui s'opposent à la scientificité, de confronter les approches endogène et exogène. C'est un terrain pour vérifier la construction sociale des faits scientifiques et leur formulation rationnelle et expérimentalement verifiable. Sciences de l'électricité et electrification des sciences combinent réseau de relations et de médiation, comportements savants et publicité de la vulgarisation.
SUMMARY. — Culturally and socially analysing the interest in electricity at the end of the 18th century not only shows that a political rupture, a transformation of sensitivity, and a major technical and scientific upheaval coincided. It makes plain that globally or structurally building up an explanation of the change is impossible as well. As a result, electricity and the scientists who studied it can serve as observable indicators that reveal the consciousness of the time. Their study allows usually separated points of view to be recognized, mental obstacles opposed to « scientificity » to be compared, and endogenous and exogenous approaches to be confronted. This is a territory for establishing the truth of the social construction of scientific facts and their rational and experimentally verifiable formulation. The science of electricity and electrification of the sciences combine the network of relations and of mediation ; scholarly behaviours and advertising of popularization.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M DANIEL ROCHE
Électricité et institution sociale de la science. Réflexions pour
une conclusion / Electricity and the social institution of science.
Thoughts for a conclusion
In: Revue d'histoire des sciences. 2001, Tome 54 n°1. pp. 99-114.
Résumé
RÉSUMÉ. — L'analyse culturelle et sociale de l'intérêt pour l'électricité à la fin du XVIIIe met en valeur la coïncidence entre
rupture politique, transformation de la sensibilité, bouleversement technique et scientifique majeur, mais aussi l'impossibilité de
nouer l'explication du changement globalement ou structuralement. L'électricité et les électrificateurs peuvent alors apparaître
comme des révélateurs sensibles de la conscience d'un temps. Leur étude permet de retrouver des points de vue habituellement
séparés, de comparer les obstacles mentaux qui s'opposent à la scientificité, de confronter les approches endogène et exogène.
C'est un terrain pour vérifier la construction sociale des faits scientifiques et leur formulation rationnelle et expérimentalement
verifiable. Sciences de l'électricité et electrification des sciences combinent réseau de relations et de médiation, comportements
savants et publicité de la vulgarisation.
Abstract
SUMMARY. — Culturally and socially analysing the interest in electricity at the end of the 18th century not only shows that a
political rupture, a transformation of sensitivity, and a major technical and scientific upheaval coincided. It makes plain that
globally or structurally building up an explanation of the change is impossible as well. As a result, electricity and the scientists
who studied it can serve as observable indicators that reveal the consciousness of the time. Their study allows usually separated
points of view to be recognized, mental obstacles opposed to « scientificity » to be compared, and endogenous and exogenous
approaches to be confronted. This is a territory for establishing the truth of the social construction of scientific facts and their
rational and experimentally verifiable formulation. The science of electricity and electrification of the sciences combine the
network of relations and of mediation ; scholarly behaviours and advertising of popularization.
Citer ce document / Cite this document :
ROCHE DANIEL. Électricité et institution sociale de la science. Réflexions pour une conclusion / Electricity and the social
institution of science. Thoughts for a conclusion. In: Revue d'histoire des sciences. 2001, Tome 54 n°1. pp. 99-114.
doi : 10.3406/rhs.2001.2111
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_2001_num_54_1_2111Électricité et institution sociale
de la science :
Réflexions pour une conclusion
Daniel Roche (*)
RÉSUMÉ. — L'analyse culturelle et sociale de l'intérêt pour l'électricité à la
fin du xvnr met en valeur la coïncidence entre rupture politique, transformation
de la sensibilité, bouleversement technique et scientifique majeur, mais aussi
l'impossibilité de nouer l'explication du changement globalement ou structurale-
ment. L'électricité et les électrificateurs peuvent alors apparaître comme des révé
lateurs sensibles de la conscience d'un temps. Leur étude permet de retrouver des
points de vue habituellement séparés, de comparer les obstacles mentaux qui
s'opposent à la scientificité, de confronter les approches endogène et exogène.
C'est un terrain pour vérifier la construction sociale des faits scientifiques et leur
formulation rationnelle et expérimentalement verifiable. Sciences de l'électricité et
electrification des sciences combinent réseau de relations et de médiation, comport
ements savants et publicité de la vulgarisation.
MOTS-CLÉS. — Électricité ; expérience ; fluide ; occultisme ; Maçonnerie ;
Académie.
SUMMARY. — Culturally and socially analysing the interest in electricity at
the end of the 18th century not only shows that a political rupture, a transformation
of sensitivity, and a major technical and scientific upheaval coincided. It makes plain
that globally or structurally building up an explanation of the change is impossible as
well. As a result, electricity and the scientists who studied it can serve as observable
indicators that reveal the consciousness of the time. Their study allows usually
separated points of view to be recognized, mental obstacles opposed to
« scientificity » to be compared, and endogenous and exogenous approaches to be
confronted. This is a territory for establishing the truth of the social construction of
scientific facts and their rational and experimentally verifiable formulation. The
science of electricity and electrification of the sciences combine the network of
relations and of mediation ; scholarly behaviours and advertising of popularization.
KEYWORDS. — Electricity ; experiment ; fluid ; occultism ; Masonry or
Freemasonry ; Academy.
(*) Daniel Roche, Collège de France, 11, place Marcelin-Berthelot, 75231 Paris
Cedex 05 et Institut d'histoire moderne et contemporaine, 45, rue d'Ulm, 75005 Paris.
Rev. Hist. Sci., 2001, 54/1, 99-114 100 Daniel Roche
Dans l'imaginaire comme dans l'histoire de la période 1770-1800,
l'électricité renvoie à un problème majeur de l'historiographie : com
ment peut-on analyser et comprendre l'articulation de révolutions
ou de transformations concomitantes ? Cette fin du xvine siècle est
effectivement marquée par trois phénomènes simultanés, celui des
ruptures et des bouleversements politiques, sociaux, des années pré
révolutionnaires et révolutionnaires, l'explosion d'un changement
décisif ; celui de l'affirmation et de l'adaptation de procédés techni
ques qui s'inscrivent dans le mouvement plus long de la transformat
ion économique et industrielle qui touche plus ou moins rapide
ment les diverses nations européennes ; enfin, un courant de
modifications et de renouvellement des sensibilités qu'on identifiait
autrefois avec les origines du romantisme mais qu'on perçoit mieux
aujourd'hui comme une autre face des Lumières (1). Actuellement, il
nous semble aussi peu aisé d'imaginer une explication synchronique
et structurale convenable pour englober cet ensemble riche de phé
nomènes de tous ordres, et l'on aurait scrupule à identifier la science
de l'électricité à la conquête d'un ordre bourgeois et d'une économie
capitaliste, bien qu'il demeure indispensable de mesurer d'égale
façon les forces sociales, culturelles et mentales à l'œuvre à tout
moment dans l'histoire et plus particulièrement à cette époque déci
sive. Une coupure radicale s'y instaure, qui est sans doute le résultat
d'une lente conquête d'autonomie des hommes et l'inversion de
l'ordre du monde, l'essentielle réappropriation par l'homme de ce
qu'il avait remis dans les mains divines (2). Avant une rupture défi
nitive plus tardive quand la mythique d'une société nouvelle
s'affirme définitivement au xixe siècle, la fin du xvine siècle voit se
nouer les interrogations, les innovations, les coupures superficielles
et plus profondes. L'électricité peut jouer alors le rôle d'un révéla
teur sensible de tous ces mouvements.
Dans le domaine de la sociabilité et de la culture, elle mobilise les
efforts et traduit des aspirations complexes, rationnelles et obscures.
(1) Dans la série Nouvelle histoire de la France contemporaine (Paris : Seuil, 1972), voir
Michel Vovelle, La Chute de la Monarchie, 1787-1792; M. Bouloiseau, La République jaco
bine, 1792 - An II; Denis Woronoff, La République bourgeoise, 1794-1799 ; Louis Bergeron,
L'Épisode napoléonien, 1799-1815. Voir aussi Roger Chartier, Les Origines culturelles de la
Révolution française (Paris : Seuil, 1990). Daniel Roche, La France des Lumières (Paris :
Fayard, 1993).
(2) François Furet, Préface, in Alphonse Dupront, Qu'est-ce que les lumières (Paris :
Gallimard, [1962], 1996), « Folio », 1-х. Électricité et institution sociale 101
Dans le champ scientifique, elle s'inscrit dans le mouvement de la
diffusion à long terme, depuis au moins deux siècles, des principes
de la lecture mathématique et expérimentale du monde. Les électrifi-
cateurs se rangent parmi les acteurs du développement de la phy
sique naturelle et prennent place à ce moment de confluence entre la
chimie et la physique, les sciences du vivant et les sciences de l'uni
vers naturel. Le phénomène électricité est au centre de l'éclatement
des découverte

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