Art, pouvoir et politique dans l ordre augustinien au XVIIe siècle - article ; n°1 ; vol.47, pg 65-86
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1992 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 65-86
Art power and politics the Augustini order during the XVII century.
In early modern times, what is conventionally termed art functioned within complex structure of political, economic and social power, and their connected ideologies. It is not often that the sources allow us to uncover from multidisciplinary point of view the many interdependencies between these fields. The case of the iconoma- chia that was waged between the two branches of the Augustini Order during the 17th century, over the question whether or not St Augustine should be depicted with or without shoes, has made it possible to write an in-depth analysis, showing the ways in which these fields influenced one another.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Peter Rietbergen
Françoise Marin
Art, pouvoir et politique dans l'ordre augustinien au XVIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 47e année, N. 1, 1992. pp. 65-86.
Abstract
Art power and politics the Augustini order during the XVII century.
In early modern times, what is conventionally termed "art" functioned within complex structure of political, economic and social
power, and their connected ideologies. It is not often that the sources allow us to uncover from multidisciplinary point of view the
many interdependencies between these fields. The case of the iconoma- chia that was waged between the two branches of the
Augustini Order during the 17th century, over the question whether or not St Augustine should be depicted with or without shoes,
has made it possible to write an in-depth analysis, showing the ways in which these fields influenced one another.
Citer ce document / Cite this document :
Rietbergen Peter, Marin Françoise. Art, pouvoir et politique dans l'ordre augustinien au XVIIe siècle. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 47e année, N. 1, 1992. pp. 65-86.
doi : 10.3406/ahess.1992.279031
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1992_num_47_1_279031ART ET SES PRATIQUES
ART POUVOIR ET POLITIQUE
DANS ORDRE AUGUSTINIEN AU XVIIe SI CLE
PETER J.A.N RIETBERGEN
influence réelle de image religieuse est un phénomène qui est plus aisé
ment accepté et compris Même les historiens de art spécialistes de art reli
gieux des premiers temps le plus grand comme le mineur sont souvent
déroutés quand ils essaient de traduire la fonction et la signification véritables
des fresques peintures et sculptures qui ornaient fréquemment les murs des
chapelles et des églises de toute la chrétienté Il semble que on ait perdu la clé
de la mentalité qui investissait les objets de cette époque forme et contenu
une fonction un message et par conséquent une influence et un pou
voir Pour comprendre cette influence il faut admettre que ce langage soit la
fois verbal et visuel1
Un historien doit lire le matériel visuel plus spécifiquement ces produc
tions que on range sous le terme art comme un témoin la fois de la
production et de la réception des messages Le peuple et notamment le peuple
de Europe du Moyen Age toujours compris que image religieuse était créée
pour agir sur le spectateur pour délivrer un message et ainsi produire un chan
gement2 Toutefois même si on admet assez souvent donateurs ou
artistes avaient agi dans des intentions bien définies on se trouve confronté au
fait problématique que est aussi image créée qui est souvent notre principal
témoignage parfois même le seul on doit réaliser en outre que même pro
duite avec des intentions bien définies image peut ne pas avoir effet
recherché auprès du groupe choisi de spectateurs il agit une image reli
gieuse con ue comme une icône stylisée très traditionnelle elle peut avoir été
lue dans le contexte singulier de sa signification scripturale théologique ou his
torique Si toutefois elle était con ue selon un vocabulaire intentionnellement
plus large sur le plan artistique même si cette conception elle aussi était éven
tuellement régie par des conventions tout fait définies la multi valence du
message ne pouvait que accroître et avec elle les problèmes interprétation3
Je me propose étudier ici une affaire qui se situe dans Europe méditerra
néenne plutôt dans le sens braudelien du terme Italie Espagne le Sud de la
65
Annales ESC janvier-février 1992 no pp 65-86 ART ET SES PRATIQUES
France et même Autriche Le milieu où elle est produite est ordre des
Augustins et bien entendu le monde catholique romain au sens large
époque est le xvue siècle pris comme un siècle long le phénomène qui
nous intéresse trouve son origine la fin du xvie siècle une partie du
vénérable ordre des Augustins décida de réformer son style de vie et conjointe
ment la fa on de représenter ses saints et il perdure pendant le xvine siècle
Des milliers de folios de documents divers memoranda lettres brefs pon
tificaux archives de procès etc constituent les sources qui illustrent la que
relle des images que se livrent les deux branches de ordre des Augustins4
affaire
En 1594 les résidents des monastères augustins de Saint Pierre-Saint Marc
et de Saint Paul tous deux installés Rome prirent conscience que leur fa on
de vivre avait peu de ressemblance avec ce ils pouvaient comprendre des
intentions de leur fondateur saint Augustin5 Ils décidèrent donc de se
réformer et dès lors de suivre strictement la règle de supprimer la musique
chorale jugée trop frivole observer le jeûne du vendredi de maintenir la dis
cipline le second le quatrième et le sixième jour de la semaine et dans les mani
festations hors les murs de habiller nouveau une manière très simple et de
renforcer la tonsure
Le chapitre général de ordre accepta ces prescriptions et un certain nombre
autres en 1612 puis en 1638 et deux papes successivement les avaient confir
mées par décrets Clément VIII en 1599 et 1604 et Paul en 16186
Cette réforme revenait pratiquement constituer les Scalzi Déchaussés
comme une branche indépendante de ordre des Ermites de saint Augustin7
Ce groupe de protestataires ou plutôt de traditionalistes comme ils appe
laient eux-mêmes fut dès lors connu sous le nom de riformati Agostiniani
ou de Scalzi augustins ils allaient pieds nus dans des sandales De leur
côté les moines non réformés se désignèrent alors comme les conventuali
augustins ou les eremitani bien que leur fa on de vivre aux yeux de nom
breux contemporains ne fasse guère référence image un ermite
Le seul pouvoir qui restait encore au père général de Ordre qui appartenait
toujours la branche la plus ancienne était de nommer chaque année un procu
reur général agissant comme visiteur auprès de la jeune congrégation elle-
même gouvernée par un vicaire général
Au cours des processus de réforme on se posa la question de savoir si saint
Augustin et les autres saints de Ordre qui portait son nom pouvaient ou même
devaient être représentés pieds nus et portant le vêtement ermite8 Cette ques
tion apparemment futile suscita une émotion intense qui persista dans de vastes
régions de Europe méditerranéenne la fin du xvne siècle et le début du
xvine siècle où les décisions du pape Innocent XI en 1683 et du pape Clément
XVI en 1717 mirent finalement un terme une discussion qui était que la
manifestation extérieure un problème complexe et profond Cette lutte qui
dura presque un siècle fut ponctuée par un certain nombre de crises aiguës
En 1615 le cardinal-vicaire de Rome Garzia Miilini fut saisi par une reven
dication des Conventuels informés par le Visiteur qui réclamaient une
66 RIETBERGEN ART ET POLITIQUE AU XVIIe SI CLE
réglementation interdisant aux Scalzi de peindre et de sculpter des images de
saint Augustin et des autres saints nu-pieds et portant habit réformé9 Les
Scalzi arguèrent de leur côté que non seulement ils ne violaient pas les canons
du concile de Trente invoqués par les Conventuels mais ils suivaient une
tradition iconographique vieille de plusieurs siècles Des douzaines de lettres et
de pétitions venant de toute Italie comme de Espagne amoncelèrent sur le
bureau de Miilini pour appuyer un ou autre des partis10
Le cardinal décida en fin de compte il valait mieux suspendre affaire
Aussi ce fut une autre qui vint devant les tribunaux ecclésiastiques en 1620
En 1637 un frère de la branche des Scalzi publia une gravure de saint Nicolas
de Tolentino après le tableau du saint qui ornait le maître-autel de église épo-
nyme Capo le Case on voyait le saint pieds nus et ajoutait une inscription
précisant Saint Nicolas de Tolentino ermite aux pieds nus de ordre de saint
Augustin Les Conventuels protestèrent vigoureusement disant que on
induisait le public en erreur en lui faisant croire que le tableau original était iden
tique la gravure Sur cette requête le Maestro del Sacro Palazzo censeur prin
cipal et chambellan du pape ordonna arrêter la publication de la gravure
Mais les Conventuels ne furent pas satisfaits et demandèrent la Congrégation
des Rites de promulguer un décret interdisant toutes les images qui représen
taient les saints augustins dans un habit de réformé Selon la procédure normale
dans chacune des quatorze congrégations administraient les tats du pape et
glise catholique romaine o

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