Aryas et Tourans - article ; n°1 ; vol.4, pg 28-46
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1869 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 28-46
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1869
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Durand (De Gros)
Aryas et Tourans
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 28-46.
Citer ce document / Cite this document :
Durand (De Gros) . Aryas et Tourans. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 28-46.
doi : 10.3406/bmsap.1869.4351
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1869_num_4_1_435128 SÉANCE DU 7 JANVIER 1869.
Quant à savoir si Carus a eu réellement tort de ne pas
confondre avec l'épine nasale de l'homme des saillies que
l'on voit dans cette région chez d'autres mammifères, c'est
une question qui mériterait d'être étudiée, mais qu'il nous
est impossible de traiter en ce moment. »
LECTURES.
Aryas et Tonrans;
PAR M. DURAND (DE GROS).
En présence des explications échangées entre M. Henri
Martin et moi, j'ai la satisfaction de voir disparaître, ou du
moins bien peu s'en faut, le dissentiment profond par le
quel je croyais être séparé de mon eminent collègue sur une
question capitale.
M. Henri Martin retire,' ou refuse formellement son adhé
sion à cette doctrine absolue qui se croit d'ores et déjà en
mesure d'assigner aux diverses races humaines la limite de
leur développement possible ; qui dit à Tune : « Tu n'es pas
apte à sortir de l'état sauvage ; » à une autre : « Tes carac
tères spécifiques te condamnent à jamais au régime pa
triarcal ; » à une troisième : « Tes instincts naturels te re
tiendront toujours, quoiqu'il arrive, dans l'abîme de la
barbarie. »
Tout en maintenant le fait d'une diversité réelle dans les
dispositions morales comme dans la constitution physique
entre les différents groupes de la population du globe, le
savant et judicieux historien n'hésite pas à reconnaître l'ac
tion modificative que les influences d'éducation, d'entou
rage, de milieu, peuvent exercer sur les nations de même
que sur les individus; d'ailleurs il sait trop bien qu'à tra
vers les longues vicissitudes de l'histoire, les derniers,
parmi les peuples, devinrent les premiers, comme aussi (DE GROS). ARYAS ET TOURANS. 29 DURAND
ceux qui occupèrent longtemps le premier rang, souvent
sont retombés au plus bas degré de l'échelle. Il ne déses
père donc d'aucune race, il n'en condamne aucune à être
l'éternelle paria de l'humanité, et il admet avec nous que
les moins heureusement douées sont néanmoins susceptibles
de progrès, sont susceptibles de s'élever dans leur condi
tion matérielle et morale à la faveur de circonstances nouv
elles qui seraient mieux appropriées à l'essor libre et
normal des facultés.
Ainsi, ce n'est plus à M. Henri Martin que s'adressent
les critiques auxquelles il m'a fait l'honneur de répondre,
et, si je prends la parole, ce n'est point pour revenir sur un
différend vidé. Je désire simplement m'expliquer au sujet
de certaines objections secondaires qui me sont faites dans
sa dernière lettre, et aussi pour provoquer M. Henri Mart
in, ou tout autre de nos savants collègues, à fournir, sur
certains points de cette discussion, des éclaircissements que
beaucoup d'entre nous, j'imagine, jugeront comme moi
très-utiles.
Je m'arrête d'abord sur cette classification ethnologique,
instituée, je crois, par M. Max Mueller, et, depuis, générale
ment adoptée, qui partage les nations de l'Asie et de l'Europe
orientale (le groupe des Sémites excepté) en Aryas et en
Tourans. Je réclame, messieurs, contre une telle division ;
elle est fausse et dangereuse, car elle rapproche et met en
présence deux termes qui ne sont pas comparables, et
ouvre ainsi la porte à de déplorables méprises.
Le groupe aryen, au point de vue linguistique tout au
moins, constitue une famille naturelle, très-naturelle , c'est-
à-dire un véritable arbre généalogique dont tous les rameaux
et toutes les branches se relient, avec une gradation et une
continuité parfaites, à un tronc commun.
La dénomination de Tourans (que les anciens Mèdes don
naient à leurs voisins du nord et du nord-est), est appliquée SÉANCE DU 7 JANVIER 1869. 30
au contraire, d'une manière vague, à une collection con
fuse et disparate de peuplades des plus diverses différant à
la fois par les caractères physiques et par le langage, et
entre lesquelles on ne saisit aucun lien spécial de filiation,
aucune parenté propre.
On va se récrier sans doute; on va me rappeler qu'un fait
commun, un fait d'analogie linguistique, rapproche et réu
nit naturellement l'universalité des Touraniens. Mais cette
objection repose sur une erreur de taxinomie générale
appliquée à la classification des langues, et consécutivement
à celle des peuples, et cette erreur, messieurs, est des plus
graves. Que diriez-vous, je vous prie de me répondre, d'un
naturaliste qui, se proposant d'établir une classification
naturelle des espèces animales, s'aviserait de sésuder entre
elles les formes successives des organismes à métamorp
hoses, envisageant ces formes comme spécifiques, prenant
ces différents états d'un même animal pour autant d'an
imaux distincts qu'il éloignerait ou rapprocherait plus ou
moins, dans le cadre de ses catégories, en raison de leurs
différences apparentes? qui, par exemple, réunirait les
larves de tous les batraciens dans un même genre, et mén
agerait, entre la grenouille et son tétard,tout l'intervalle
logique qui sépare les espèces appartenant à deux ordres
ou à deux classes distinctes?
Ce naturaliste, vous le jugeriez sévèrement, messieurs,
Hé bien, sachez que ceux qui, dans leurs classifications
linguistiques et ethnologiques, réunissent toutes les lan
gues et peuplades touraniennes en un même faisceau, et
opposent ce faisceau tout artificiel au groupe naturel aryen,
ne méritent pas moins votre blâme.
Oui, sans doute, tous les peuples dits touraniens out pour
caractère commun de parler une langue monosyllabique
ou agglutinante; mais l'organisation ou
agglutinante, vous ne Fignorez pas, messieurs, n'a pas (DE GROS). ARYAS ET TOURANS. 31 DURAND
plus une valeur spécifique dans la distribution des langues
que l'organisation larvaire n'a une valeur spécifique en
zootaxie, car les trois systèmes linguistiques représentent
trois périodes successives du développement des orga
nismes de la parole.
L'aryaque, la langue à flexion par excellence, a passé
par l'état d'agglutination, et a débuté par le monosylla-
bisme, c'est pour la science une vérité acquise. Or, je le
répète, la caractéristique du groupe touranien consiste
entièrement dans ce fait, commun à tous les peuples ainsi
désignés, de garder des idiomes de forme monosyllabique
ou agglutinative; on peut donc dire, en toute rigueur, que
les Aryas, à une certaine époque, furent de race toura-
nienne. Que signifie dès lors ce dualisme, cette antinomie
prétendue ethnologique des Aryas et des Tourans ?
Evidemment c'est là une distinction illogique, abusive,
impliquant des rapprochements et des oppositions con
traires à la vraie nature des choses.
M'objectera-t-on qu'à l'infériorité du monosyllabysme et
de Yagglutinisme correspond une infériorité analogue dans
la condition morale et sociale actuelle des tribus qui font
usage de ces langues, ce qui justifierait, dans une certaine
mesure, la domination commune appliquée à une multi
tude de races, non congénères sans doute, mais se confon
dant en quelque sorte dans leur commun abaissement?
Non, le degré de formation propre à la langue des
peuples ne peut donner la mesure de leur état de dévelop
pement. La langue chinoise appartient au plus bas échelon
de l'évolution des systèmes linguistiques, et cependant le
peuple qui la parle a été de force à se donner une organi
sation politique puissante; il s'est élevé à une civilisation
très-raffinée, il a créé et cultivé, avec un merveilleux suc
cès, les arts agricoles et industriels, ainsi que les beaux-
arts, les sciences et les lettres, à une époque où nos pères, SÉANCE DU 7 JANVIER 1869. 32
tout aryens qu'ils

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents