Au XIXe siècle : industrialisation linéaire ou industrialisation par bonds ? - article ; n°5 ; vol.23, pg 723-752
32 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Au XIXe siècle : industrialisation linéaire ou industrialisation par bonds ? - article ; n°5 ; vol.23, pg 723-752

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
32 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1972 - Volume 23 - Numéro 5 - Pages 723-752
Au XIXe siècle : industrialisation lineaire ou industrialisation par bonds ?
Depuis 1945, beaucoup d'historiens économistes français, sous l'impulsion d'Ernest Labrousse, ont approfondi l'analyse des structures sociales et des mouvements conjoncturels. Mais Walt W. Rostow a présenté une analyse de la croissance selon laquelle l'industrialisation aurait été assurée grâce à de brèves périodes de take-off. Les travaux de J. Marczewski et de T.J. Markovitch ne vont guère dans ce sens puisqu'ils présentent la croissance française du XIXe siècle comme lente et assez irrégulière ; les spécialistes de la New Economic History ont opéré une révision semblable quant au cas américain. Maurice Lévy-Leboyer pense donc qu'il est temps de tirer un trait sur des résultats considérés pourtant en France comme classiques.
L'indice de la production industrielle en France de 1815 à 1914, établi par François Crouzet, montre l'importance du bond effectué de 1830 à 1860. Jean Bouvier, François Furet et moi-même avons dans Le mouvement du profit en France au XIXe siècle (1965) souligné les grandes oscillations pendulaires. Peut-être peut-on souhaiter qu'économistes et historiens unissent leurs efforts pour tester l'hypothèse suivante, formulée dans la ligne de notre étude sur Le bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais de 1815 à 1914 (1971) : le XIXe siècle aurait vu la genèse d'une croissance et l'avortement d'un développement.
The XIXth century : gradual or spasmodic industrialization ?
Since 1945, numerous French historians of economics, under the impulse of Ernest Labrousse, have probed deeper info the analysis of social structures and cyclical movements. But Walt W. Rostow presented, a growth analysis according to which industrialization would have been insured by short take off periods. On the other hand, J. Marczewsci and T.J. Markovitch present French industrialization in the XIXth century as a slow and quite regular process ; the specialists of the New Economic History have made similar revisions as regards the United States. Maurice Levy-Leboyer thinks therefore that it is high time to cross out some results which are yet considered as classical in France.
The index of industrial production in France from 1815 to 1914, established by Francois Crouzet shows the importance of the leap performed between 1830 and 1860. Jean Bouvier, François Furet and myself, in Le mouvement du profit en France au XIXe siècle (1965) have emphasized the great pendulum swings. We may hope that economists and historians should unite their efforts in order to test the following hypothesis, formulated in the line of our study on Le bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais de 1815 1914 (1971) : the XIXth century would have witnessed the genesis of growth and the abortion of development. of the New Economic History have made similar revisions as regards the United States. Maurice Levy-Leboyer thinks therefore that it is high time to cross out some results which are yet considered as classical in France.
The index of industrial production in France from 1815 to 1914, established by Francois Crouzet shows the importance of the leap performed between 1830 and 1860. Jean Bouvier, François Furet and myself, in Le mouvement du profit en France au XIXe siècle (1965) have emphasized the great pendulum swings. We may hope that economists and historians should unite their efforts in order to test the following hypothesis, formulated in the line of our study on Le bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais de 1815 1914 (1971) : the XIXth century would have witnessed the genesis of growth and the abortion of development.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Marcel Gillet
Au XIXe siècle : industrialisation linéaire ou industrialisation par
bonds ?
In: Revue économique. Volume 23, n°5, 1972. pp. 723-752.
Citer ce document / Cite this document :
Gillet Marcel. Au XIXe siècle : industrialisation linéaire ou industrialisation par bonds ?. In: Revue économique. Volume 23, n°5,
1972. pp. 723-752.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1972_num_23_5_408049Résumé
Au XIXe siècle : industrialisation lineaire ou industrialisation par bonds ?
Depuis 1945, beaucoup d'historiens économistes français, sous l'impulsion d'Ernest Labrousse, ont
approfondi l'analyse des structures sociales et des mouvements conjoncturels. Mais Walt W. Rostow a
présenté une analyse de la croissance selon laquelle l'industrialisation aurait été assurée grâce à de
brèves périodes de take-off. Les travaux de J. Marczewski et de T.J. Markovitch ne vont guère dans ce
sens puisqu'ils présentent la croissance française du XIXe siècle comme lente et assez irrégulière ; les
spécialistes de la New Economic History ont opéré une révision semblable quant au cas américain.
Maurice Lévy-Leboyer pense donc qu'il est temps de tirer un trait sur des résultats considérés pourtant
en France comme classiques.
L'indice de la production industrielle en France de 1815 à 1914, établi par François Crouzet, montre
l'importance du bond effectué de 1830 à 1860. Jean Bouvier, François Furet et moi-même avons dans
Le mouvement du profit en France au XIXe siècle (1965) souligné les grandes oscillations pendulaires.
Peut-être peut-on souhaiter qu'économistes et historiens unissent leurs efforts pour tester l'hypothèse
suivante, formulée dans la ligne de notre étude sur Le bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais de
1815 à 1914 (1971) : le XIXe siècle aurait vu la genèse d'une croissance et l'avortement d'un
développement.
Abstract
The XIXth century : gradual or spasmodic industrialization ?
Since 1945, numerous French historians of economics, under the impulse of Ernest Labrousse, have
probed deeper info the analysis of social structures and cyclical movements. But Walt W. Rostow
presented, a growth analysis according to which industrialization would have been insured by short
"take off" periods. On the other hand, J. Marczewsci and T.J. Markovitch present French
industrialization in the XIXth century as a slow and quite regular process ; the specialists of the New
Economic History have made similar revisions as regards the United States. Maurice Levy-Leboyer
thinks therefore that it is high time to cross out some results which are yet considered as classical in
France.
The index of industrial production in France from 1815 to 1914, established by Francois Crouzet shows
the importance of the leap performed between 1830 and 1860. Jean Bouvier, François Furet and
myself, in Le mouvement du profit en France au XIXe siècle (1965) have emphasized the great
pendulum swings. We may hope that economists and historians should unite their efforts in order to test
the following hypothesis, formulated in the line of our study on Le bassin houiller du Nord et du Pas-de-
Calais de 1815 1914 (1971) : the XIXth century would have witnessed the genesis of growth and the
abortion of development. of the New Economic History have made similar revisions as regards the
United States. Maurice Levy-Leboyer thinks therefore that it is high time to cross out some results which
are yet considered as classical in France.
The index of industrial production in France from 1815 to 1914, established by Francois Crouzet shows
the importance of the leap performed between 1830 and 1860. Jean Bouvier, François Furet and
myself, in Le mouvement du profit en France au XIXe siècle (1965) have emphasized the great
pendulum swings. We may hope that economists and historians should unite their efforts in order to test
the following hypothesis, formulated in the line of our study on Le bassin houiller du Nord et du Pas-de-
Calais de 1815 1914 (1971) : the XIXth century would have witnessed the genesis of growth and the
abortion of development.XIXe siècle Au
INDUSTRIALISATION LINEAIRE
OU PAR BONDS ?
la forte expression de Fernand Braudel, l'Histoire se doit
d'être « la science des sciences humaines » et par là-même doit tendre
à intégrer les méthodologies et les résultats des différentes sciences
qui s'attachent à étudier les économies, les sociétés et aussi les mental
ités. Si elle ne peut prétendre être « objective » (on n'ose plus guère
employer ce mot devant les auditoires formés par les étudiants des
universités françaises), elle doit du moins s'efforcer d'être « honnête »
et donc d'abord reconnaître son extrême dépendance vis-à-vis des
problématiques, des aversions comme des passions, également inspi
rées par son environnement économique, social et culturel : l'historien
se sait enserré par les préoccupations du présent lorsqu'il explore les
archives, même anciennes, et lorsqu'il présente la synthèse de ses
recherches, même lorsqu'il s'efforce d'éviter le péché majeur, l'an
achronisme. L'histoire économique ne pouvait échapper à l'association
de tous les paramètres évoqués et dans ses analyses de l'industrial
isation, ce fait majeur (même si l'on est encore loin des niveaux
actuels) du xixe siècle, on peut déceler une stratification qui est à la
fois le résultat de la riche sédimentation des recherches réalisées
— - et celui des préoccupations successives des hommes du XXe siècle.
En ce qui concerne l'histoire économique française et sans remonter
à la génération d'Emile Levasseur et à celle d'Henri Sée, on se doit
de reconnaître l'immense impulsion donnée à la recherche depuis la
seconde guerre mondiale par Ernest Labrousse, titulaire de la chaire
d'Histoire économique à la Sorbonne jusqu'en septembre 1965, date
à laquelle il a fait valoir ses droits à la recherche à temps plein. 724 REVUE ECONOMIQUE
Nourri de la pensée de Karl Marx et de celle de François Simiand,
Ernest Labrousse a amené de nombreux historiens à privilégier les
études approfondissant l'analyse des structures sociales et la détection
de la conjoncture,, longue et courte, et ses travaux et ses cours de
la Sorbonne, largement diffusés, ont fourni une vision simple et claire
de l'industrialisation du xixe siècle. On en trouve notamment un
énoncé particulièrement net dans l'étude intitulée Aspects de l'évo
lution économique et sociale de la France et du Royaume-Uni (Paris,
C.D.U., 1949, 3 fascicules). Selon celle-ci, l'avance anglaise en 1815
est très grande dans la voie qui permet d'accéder à un nouveau régime
économique caractérisé par la prédominance de l'économie industrielle,
l'utilisation généralisée des moyens de transports à bon marché qui
équilibre le marché agricole, la de l'industrie des biens
de production (qui donne un rôle décisif à métallurgique
aux dépens de l'industrie textile). Dans le cadre de ce nouveau régime
économique à l'origine duquel elle se trouve, la révolution industrielle
vient tout précipiter, tout bouleverser : la industrielle,
c'est-à-dire l'accouplement massif, généralisé, du métier, ou de la
machine-outil, avec la machine à vapeur, a pour conséquence un
énorme développement de la production industrielle et la prédomi
nance de cette économie. Si la France a connu, elle aussi, une révo
lution industrielle, celle-ci a été beaucoup moins profonde et moins
rapide que celle qui a bouleversé l'économie anglaise. L'Angleterre
a cumulé une révolution technique et une révolution commerciale :
la machine à vapeur a rapidement été appliquée à la fois à l'industrie
et au chemin de fer et il y a eu rapide rencontre de la machine à
vapeur et du libre-échange, d'où essor d'un grand capitalisme et
d'un grand prolétariat. En France, l'évolution économique a été beau
coup moins brutale : la nouveauté, la machine à vapeur, s'introduit
dans un pays qui reste protectionniste, le relâchement libéral ne se
produisant qu'après 1860 ; de plus, .le chemin de fer ne se développe
qu'après la révolution industrielle. Il n'y a donc pas e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents