Aux Origines du débat ethnologie/ psychanalyse : W. H. R. Rivers (1824-1922) - article ; n°100 ; vol.26, pg 119-142
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Aux Origines du débat ethnologie/ psychanalyse : W. H. R. Rivers (1824-1922) - article ; n°100 ; vol.26, pg 119-142

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Description

L'Homme - Année 1986 - Volume 26 - Numéro 100 - Pages 119-142
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bertrand Pulman
Aux Origines du débat ethnologie/ psychanalyse : W. H. R.
Rivers (1824-1922)
In: L'Homme, 1986, tome 26 n°100. pp. 119-142.
Citer ce document / Cite this document :
Pulman Bertrand. Aux Origines du débat ethnologie/ psychanalyse : W. H. R. Rivers (1824-1922). In: L'Homme, 1986, tome 26
n°100. pp. 119-142.
doi : 10.3406/hom.1986.368661
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1986_num_26_100_368661Bertrand Pulman
Aux Origines
du débat ethnologie /psychanalyse :
W. H. R. Rivers (1864-1922)
Rivers ethnologues malentendus sa Bertrand les dans premiers préfigurent, de vie. prises défendre une (1864-1922). de Pulman, ethnologues « position et les à qui archéologie les bien postulats ont psychanalystes. Aux — de des marqué à Rivers, A Origines s'intéresser hyper » égards, partir du le concernant diffusionnistes débat rapport L'auteur du les de débat l'œuvre aux difficultés ethnologie/psychanalyse. de la travaux montre ethnologie/psychanalyse Rivers psychanalyse, auxquels de à Rivers, que de venir aux le Freud, il découvertes principe s'était du qui réside dialogue fut l'auteur rallié qui dans En l'un : a freudiennes à sa W. déterminé effet, entre la des s'engage volonté H. fin tout les R. de
Dans le sommeil le conflit entre l'ethnologie
et la psychologie s'exprimait librement et
ouvertement. *
W. H. R. Rivers, « The Hidden Sources
Dream », in Conflict and Dream, 1923.
W. H. R. Rivers fut l'un des tout premiers ethnologues à prendre
explicitement position à l'égard des travaux de Freud et à publier des
recherches se situant aux frontières de l'ethnologie et de la psychanalyse.
Après avoir, dès 1916, attiré l'attention de ses collègues sur l'importance
de la psychanalyse (Rivers 1916b), il consacra, dans les six dernières
années de sa vie, de nombreuses publications à s'interroger sur la pert
inence des thèses freudiennes et leurs incidences éventuelles dans le champ
de l'ethnologie. Il fut même membre associé de la Société britannique de
Psychanalyse fondée en 1919 par E. Jones. Rivers joua donc un rôle pré
curseur dans l'émergence d'un débat entre ethnologie et psychanalyse : ses
interventions concernant cette dernière précèdent de quelques années
celles de C. G. Seligman, B. Malinowski, A. L. Kroeber ou E. Sapir. C'est
L'Homme 100, oct.-déc. 1986, XXVI (4), pp. 119-142. BERTRAND PULMAN 120
la raison pour laquelle cette étude qui traite du rapport de Rivers à la psy
chanalyse permet, du même coup, de se reporter aux origines du débat
entre ces deux disciplines.
Une telle étude présente d'abord un intérêt strictement historique,
d'autant plus marqué que le trajet intellectuel et personnel de Rivers fut
véritablement fascinant. Mais elle a, à nos yeux, une visée
supplémentaire : elle devrait apporter un éclairage diachronique aux mult
iples problèmes épistémologiques que continuent de soulever à l'heure
actuelle les tentatives de dialogue entre ethnologues et psychanalystes.
Ainsi que l'a souligné Michel Foucault, le débat ethnologie/psychanalyse
engage des enjeux fondamentaux pour le savoir contemporain du fait des
positions spécifiques que ces deux disciplines occupent dans l'épistémè
moderne (Foucault 1966 : 385-398). Or, ce débat ne recèle pas seulement
un sens ou une vérité : il possède aussi une histoire, dont il importe de
décrypter les moments fondateurs pour mieux en comprendre les dévelop
pements récents, comme nous avons cherché à le faire ici à travers la
figure de Rivers et à partir d'une série de questions : 1) Quelles furent les
sources de l'intérêt de Rivers pour la psychanalyse ? 2) Quelle est la
logique à l'œuvre dans les prises de position de Rivers concernant la
psychanalyse ? 3) Quels liens peut-on déceler entre ces prises de position
et les grandes controverses théoriques qui, à l'époque, agitaient
l'ethnologie ? 4) Dans quelle mesure les réactions de Rivers face au texte
freudien préfigurent-elles les difficultés à venir du débat ethnologie/
psychanalyse ?
Nous serons amené, tout au long de ce travail, à mettre essentiellement
l'accent sur les incompréhensions, les distorsions, les manipulations
induites par la grille de lecture du texte freudien élaborée par Rivers. Le
rapport de Rivers à la psychanalyse fut en effet tissé de malentendus qui
relèvent de deux causes étroitement mêlées : d'une part, une relative
méconnaissance des travaux de Freud qu'il entendait pourtant critiquer ;
d'autre part, une volonté permanente de faire coïncider les découvertes
freudiennes avec les postulats hyperdiffusionnistes auxquels Rivers s'était
rallié à la fin de sa vie. Pourtant, il faut avant tout rendre hommage à sa
lucidité et à sa témérité, pour avoir perçu l'importance de la psychanalyse
si tôt et dans un contexte qui était globalement hostile. Comme l'a rappelé
C.S. Myers, « il a eu le courage de défendre une grande partie du nouvel
enseignement de Freud à une époque où celui-ci était condamné en entier
et avec nonchalance par ceux qui détenaient l'autorité » (Myers 1922 in
Rivers 1923b : 169). Cette réceptivité précoce à l'égard de la psychanalyse
ne peut s'expliquer que par les préoccupations qui étaient celles de Rivers
au moment de sa rencontre avec le texte freudien. Bien que C. Lévi-
Strauss (1958 : 179-180) lui ait rendu un hommage appuyé, la pensée de psychanalyse 121 Ethnologie/
Rivers reste aujourd'hui relativement méconnue et peu étudiée. Or, en
1916, lorsqu'il commence à s'intéresser activement aux travaux de Freud,
Rivers a déjà cinquante-deux ans et, derrière lui, une carrière de chercheur
confirmé dans au moins quatre domaines : la médecine, la psychologie, la
psychiatrie et l'ethnologie. C'est donc au terme d'un cheminement singul
ier qu'il rencontre la psychanalyse.
Ce qui frappe d'emblée, c'est la multiplicité sans cesse croissante de ses
centres d'intérêt1. « Doctor of medicine » en 1888, il mène ses premières
recherches en neurophysiologie et en psychopathologie au St Bartholemew's
Hospital de Londres. Puis, après deux séjours en Allemagne, il se spécialise
dans l'étude expérimentale des systèmes sensoriels et tout particulièrement
de la vision. En 1897, il se voit confier la première chaire de psychologie
physiologique et expérimentale créée en Grande-Bretagne, à Cambridge.
En 1900, Rivers rédigera l'article « Vision » du Text-Book of Physiology
de Shàfer et cette contribution fera autorité pendant plusieurs décennies.
Son collègue A. C. Haddon lui propose alors de participer à la
Cambridge Anthropological Expedition to the Torres Straits (1898-1899)
en tant que responsable de la section de psychologie. Outre Haddon, les
autres membres de l'expédition sont C. S. Myers, W. Me Dougall,
C. G. Seligman, A. Wilkin et S. H. Ray. Pour Rivers, le but de ce voyage
est initialement de procéder à des tests psychophysiologiques à partir d'un
matériel ethnographique. Il s'agit d'étudier, avec les méthodes de la
psychologie expérimentale, les comportements des primitifs dans leur
environnement naturel, puis de les comparer avec les peuples civilisés. Les
tests portent essentiellement sur les systèmes sensoriels, Rivers se
chargeant plus spécialement des questions relatives à la vision (acuité,
perception des couleurs et de l'espace, maladies...) (Rivers 1901 ;
Slobodin 1978 : 88-98 ; Stocking 1968 : 216). Mais cette expédition
constitue aussi le point de départ de ses préoccupations spécifiquement
ethnologiques : « parti comme un pur et simple psychologue, il revint
comme un ethnologue tout aussi achevé, ayant jeté les bases de sa
méthode généalogique d'investigation » (Haddon 1922 : 98). En effet,
Rivers entreprit des relevés généalogiques afin de rechercher d'éventuelles
récurrences dans les résultats des tests portant sur des indigènes
apparentés. Or, très rapidement, il prit concience de l'intérêt de sa
méthode quant à l'étude des systèmes de parenté et de l'organisation
sociale des populations concernées (Stocking 1983

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