Bartolomé de las Casas et la traite des nègres - article ; n°1 ; vol.94, pg 37-43
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Bartolomé de las Casas et la traite des nègres - article ; n°1 ; vol.94, pg 37-43

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Description

Bulletin Hispanique - Année 1992 - Volume 94 - Numéro 1 - Pages 37-43
Selon une légende encore répandue, Las Casas aurait été l'instaurateur de l'esclavage des Noirs au Nouveau Monde. En réalité, cette pratique était depuis longtemps établie à l'époque où le défenseur des Indiens commença à proposer l'envoi de quelques Noirs, déjà esclaves, pour remplacer les naturels, moins résistants, dans les travaux les plus pénibles. Lorsqu'il prit conscience, par la suite, de l'inhumanité de ce « remède », il se repentit amèrement et fut le premier à dénoncer l'esclavage des Africains exactement au même titre et avec la même vigueur que celui de Amérindiens.
Según una leyenda no totalmente desaparecida, Las Casas hubiera sido el instaurador de la esclavitud de los negros en el Nuevo Mundo. En realidad, esta práctica quedaba bien establecida en el momento en que el defensor de los indios empezó a proponer el envío de algunos africanos, ya esclavos, para reemplazar a los naturales, menos resistentes, en los trabajos más penosos. Cuando se hizo cargo, andando el tiempo, de la inhumanidad de este « remedio », se arrepintió amargamente y fue el primero en denunciar la esclavitud de los negros, exactamente por las mismas razones y con el mismo vigor que la de los amerindios.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

André Saint-Lu
Bartolomé de las Casas et la traite des nègres
In: Bulletin Hispanique. Tome 94, N°1, 1992. pp. 37-43.
Résumé
Selon une légende encore répandue, Las Casas aurait été l'instaurateur de l'esclavage des Noirs au Nouveau Monde. En réalité,
cette pratique était depuis longtemps établie à l'époque où le défenseur des Indiens commença à proposer l'envoi de quelques
Noirs, déjà esclaves, pour remplacer les naturels, moins résistants, dans les travaux les plus pénibles. Lorsqu'il prit conscience,
par la suite, de l'inhumanité de ce « remède », il se repentit amèrement et fut le premier à dénoncer l'esclavage des Africains
exactement au même titre et avec la même vigueur que celui de Amérindiens.
Resumen
Según una leyenda no totalmente desaparecida, Las Casas hubiera sido el instaurador de la esclavitud de los negros en el
Nuevo Mundo. En realidad, esta práctica quedaba bien establecida en el momento en que el defensor de los indios empezó a
proponer el envío de algunos africanos, ya esclavos, para reemplazar a los naturales, menos resistentes, en los trabajos más
penosos. Cuando se hizo cargo, andando el tiempo, de la inhumanidad de este « remedio », se arrepintió amargamente y fue el
primero en denunciar la esclavitud de los negros, exactamente por las mismas razones y con el mismo vigor que la de los
amerindios.
Citer ce document / Cite this document :
Saint-Lu André. Bartolomé de las Casas et la traite des nègres. In: Bulletin Hispanique. Tome 94, N°1, 1992. pp. 37-43.
doi : 10.3406/hispa.1992.4757
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hispa_0007-4640_1992_num_94_1_4757BARTOLOMÉ DE LAS CASAS
ET LA TRAITE DES NÈGRES
André SAINT LU
Université de Paris III
Selon une légende encore répandue, Las Casas aurait été l'instaurateur de
l'esclavage des Noirs au Nouveau Monde. En réalité, cette pratique était
depuis longtemps établie à l'époque où le défenseur des Indiens commença à
proposer l'envoi de quelques Noirs, déjà esclaves, pour remplacer les naturels,
moins résistants, dans les travaux les plus pénibles. Lorsqu'il prit conscience,
par la suite, de l'inhumanité de ce « remède », il se repentit amèrement et fut le
premier à dénoncer l'esclavage des Africains exactement au même titre et avec
la même vigueur que celui de Amérindiens.
Según una leyenda no totalmente desaparecida, Las Casas hubiera sido el
instaurador de la esclavitud de los negros en el Nuevo Mundo. En realidad, esta
práctica quedaba bien establecida en el momento en que el defensor de los indios
empezó a proponer el envío de algunos africanos, ya esclavos, para reemplazar
a los naturales, menos resistentes, en los trabajos más penosos. Cuando se hizo
cargo, andando el tiempo, de la inhumanidad de este « remedio », se arrepintió
amargamente y fue el primero en denunciar la esclavitud de los negros,
exactamente por las mismas razones y con el mismo vigor que la de los
amerindios.
En cette année 1992 où la célébration du cinquième centenaire de la
Découverte de l'Amérique, significativement rebaptisée Rencontre des
deux Mondes, attire de plus en plus l'attention sur les graves problèmes
humains résultant de l'exploitation, immédiate et généralisée, des
peuples conquis par leurs conquérants, il n'est sans doute pas inutile de
procéder à une opération de salubrité historique à propos d'une des erreurs
les plus pernicieuses dont pâtissent depuis longtemps la personne et
l'action de Bartolomé de las Casas, le célèbre avocat des Indiens et
défenseur des droits de l'homme. Si le premier de ces titres est de mieux
en mieux connu et reconnu, le second, plus général, souffre encore d'une
légende qui a la vie dure, d'après laquelle le protecteur des indigènes
opprimés aurait été, par une inconséquence scandaleuse, l'instaurateur et
le principal responsable d'une oppression non moins cruelle, l'esclavage
B. HL, T. 94, 1992, n° 1, p. 37 à 43. BULLETIN HISPANIQUE 38
des Noirs en Amérique Espagnole coloniale. Avec la collaboration des
meilleurs spécialistes français de la question, le Père Philippe André-
Vincent, O. P. t, Marie-Cécile Bénassy, Marianne Mahn-Lor, Raymond
Marcus et Alain M il hou, on a cherché ici, à partir des bases
documentaires les plus sûres, à rétablir sans complaisance la simple
vérité, celle que Ton doit à la fois à l'Histoire et à la grande figure de Las
Casas.
C'est un fait bien connu que Bartolomé de las Casas,
dénonciateur des atrocités et des abus perpétrés par les
conquistadora et les colons en Amérique Espagnole, a souvent
été dénoncé lui-même comme étant à l'origine d'une des
composantes de la fameuse Légende Noire qui a fait peser sur
l'Espagne une durable accusation de barbarie. Attisée dès le XVIe
siècle par des antagonismes politiques, le moins qu'on puisse
dire de cette réputation, quels qu'en fussent les fondements
objectifs, c'est qu'elle n'était pas exempte de malveillance ni de
duplicité. Or si Las Casas s'y est trouvé mêlé, d'ailleurs après sa
mort, ce ne fut en aucune façon de son fait mais par suite de la
très large diffusion, dans les pays hostiles à l'Espagne, du plus
sévère de ses réquisitoires, la Très Brève Relation de la
Destruction des Indes, document destiné, il va sans dire, à étayer
comme tous ses autres écrits son action permanente en faveur
des Indiens, mais qu'éditeurs et traducteurs ne se privèrent pas
de transformer, forçant même le trait, en une arme
empoisonnée contre la nation espagnole jalousée ou haïe.
S'il n'est pas tout à fait sûr que le rappel de ces évidences soit
aujourd'hui superflu, force est de constater que le défenseur des
Indiens reste encore victime, ignorance tenace ou préventions
inavouées, de ce qu'on pourrait appeler l'autre légende noire
- non plus antiespagnole mais antilascasienne -, passablement
répandue auprès du grand public, qui le fait apparaître depuis
près de quatre siècles comme le promoteur de l'importation
d'esclaves africains au Nouveau Monde.
L'origine de cette imputation, comme le signalait déjà Marcel
Bataillon, est certainement à chercher, pour l'essentiel, dans un
passage de l'Histoire des Indes, œuvre tardive de Las Casas
(liv. III, chap. 102) où l'auteur s'accuse lui-même, on y
reviendra, d'avoir en d'autres temps sollicité pour les colons de
l'Ile Espagnole (Haïti) le droit de faire venir l'Espagne quelques
esclaves noirs : « Cet avis fut donné d'abord (primero) par le
clerc Las Casas, sans qu'il se rendît compte de l'injuste façon
dont les nègres avaient été capturés par les Portugais ; mais plus BARTOLOMÉ DE LAS CASAS ET LA TRATTE DES NÈGRES 39
tard (después), lorsqu'il eut pris conscience de cette injustice, il
ne l'aurait émis pour rien au monde, car il les tint toujours pour
injustement et tyranniquement réduits en esclavage, ni plus ni
moins que les Indiens. » L'Histoire des Indes n'a été publiée
pour la première fois qu'au XIXe siècle, mais au début du XVIIe
l'historiographe officiel du roi d'Espagne, Antonio de Herrera,
qui disposait parmi ses sources du manuscrit lascasien, qu'il lut
sans doute un peu trop vite, semble bien avoir interprété à
contresens le mot primero, sans s'apercevoir qu'il était en
corrélation avec después, laissant ainsi entendre que Las Casas
avait été le premier à proposer l'envoi de noirs en Amérique.
Cette fâcheuse inadvertance s'est largement répercutée à partir
du XVIIIe siècle par l'intermédiaire d'ouvrages historiques ou
philosophiques à succès comme ceux de l'Allemand de Pauw, de
l'Écossais Robertson ou du Français Raynal, qui ne s'avisèrent
pas de mettre en doute la responsabilité première de Las Casas.
Confusion que d'autres auteurs comme le Mexicain Mier ou
l'évoque de Blois Grégoire s'employèrent à corriger, mais qu'il
est fréquent de rencontrer encore de nos jours en dépit de
nouvelles mises au poi

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