Chronique de la pensée économique en Italie  ; n°3 ; vol.40, pg 555-566
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Chronique de la pensée économique en Italie ; n°3 ; vol.40, pg 555-566

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1989 - Volume 40 - Numéro 3 - Pages 555-566
12 pages

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Henri Bartoli
Chronique de la pensée économique en Italie
In: Revue économique. Volume 40, n°3, 1989. pp. 555-566.
Citer ce document / Cite this document :
Bartoli Henri. Chronique de la pensée économique en Italie. In: Revue économique. Volume 40, n°3, 1989. pp. 555-566.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1989_num_40_3_409154de lecture Note
Henri Bartoli
CHRONIQUE DE LA PENSEE ECONOMIQUE
EN ITALIE
K. J. Arrow et F. H. Hahn voient dans la « main invisible » de Adam
Smith « une expression poétique de l'aspect fondamental des relations d'équi
libre économique, c'est-à-dire du nivellement des taux de rendement, tel
qu'il est imposé par la tendance des facteurs de production à se mouvoir des
taux de rendement bas vers les taux de rendement élevés » 1. B. Ingrao et
G. Israël 2, convaincus qu'ils sont de ce qu'elle constitue une contribution
essentielle de la pensée économique à la compréhension des processus sociaux,
font d'elle la trame de l'ouvrage qu'ils consacrent à l'histoire de la théorie
de l'équilibre économique, chapitre de l'histoire générale de la science.
Car telle est la thèse : la problématique de la mathématisation, loin d'être
un aspect accessoire de la théorie de l'équilibre économique général, est l'un
des motifs de sa constitution et de son développement. Ne peut-on constater
qu'après une phase de « réductionnisme mécaniciste » faite d'emprunts à la
mécanique et à l'astronomie, se sont succédé diverses phases toutes inspirées
par les paradigmes dominants dans le champ des sciences physiques et des
mathématiques : adhésion aux méthodes de la physique théorique lors des
débuts du xxe siècle, essor des modèles mathématiques, axiomatisation. Mais
la thèse est aussi qu'on ne peut séparer les aspects formels de l'histoire pro
prement dite de la pensée économique, et que, par voie de conséquence,
il convient de cheminer en combinant l'histoire de la pensée économique, celle
des mathématiques et celle de la physique, mais aussi celles de la philoso
phie, de la sociologie, etc., l'interdisciplinaire étant requis à titre absolument
nécessaire.
Naguère, l'un de nos collègues proclamait que l'économie ne serait pleine
ment une science que lorsque l'on ne se préoccuperait plus de son histoire ;
aussi se prononçait-il pour une réduction drastique des enseignements la
concernant. Déjà le propos m'était apparu absurde, compte tenu de la
dimension historique de l'action économique ; la lecture de l'ouvrage de
B. Ingrao et de G. Israël me confirme dans mon opinion. Nous suivons
les développements de la théorie de l'équilibre des forces sociales chez
Montesquieu à la « mathématique sociale ■» de Condorcet, nous apprenons
à mieux connaître les précurseurs de Walras. Nous « relisons » en quelque
sorte L. Walras et Pareto avant qu'un premier bilan soit fait des rapports
1. K. J. Arrow, F. M. Hahn, General competitive analysis, San Francisco, Holden-
Day, 1971, p. 1.
2. B. Ingrao, G. Israël, La mano inwsibile. L'equÜibrio economico nella storia
délia scienza, Bari, Laterza, 1987, 381 pages.
555
Revue économique — N* 3, mai 1989, p. 555-566. Revue économique
entre économistes et mathématiciens (chap. VI). Il est marqué par un constat
de crise. Les principaux représentants de l'école « réductionniste » en physi
que ne croient plus à la possibilité de poursuivre dans cette voie. L'école de
Lausanne perd son point de référence. Le « réductionnisme » « fait eau
de toutes parts » (p. 159). La théorie de l'équilibre économique général ne
peut survivre et connaître de nouveaux développements qu'en substituant à
l'analogie physique l'analogie mathématique.
L'histoire reprend. Nous suivons désormais les premiers pas de la nou
velle axiomatique, tandis que le cercle de Vienne supplante l'école française.
Bientôt, A. Marshall, J. R. Hicks, le « groupe Robbins » posent le pro
blème de l'équilibre dans le temps. De nouvelles orientations se manifestent
aux Etats-Unis qui iront de Fisher à P. A. Samuelson, K. J. Arrow, et
G. Debreu. Il n'y a plus qu'à faire le point sur trois questions essentielles :
celles de l'existence, de l'unicité et de la stabilité globale, de l'équilibre.
Tout au long de l'ouvrage, un invariant, vrai nœud paradigmatique, n'a
cessé d'être présent : un état de compatibilité entre les actions des sujets
économiques est possible en économie concurrentielle — il est unique, et
les « forces » du marché y conduisent inexorablement. En fait, si sous des
hypothèses très générales l'existence de l'équilibre est confirmée, les avis
sont très différents en ce qui concerne son unité et ils sont généralement
négatifs en ce qui concerne sa stabilité. Un point de méthode apparaît
inévitablement en ce qui concerne les développements futurs : la présen
tation axiomatique a permis une radiographie complète en même temps
qu'elle a mis à nu la théorie ; elle ne saurait se développer sans que soient
reconsidérées « à fond » (p. 346) ses hypothèses de base, et l'on ne pourra
pas échapper « au thème très difficile et crucial des rapports entre la théorie
et la réalité empirique ».
Les historiens de la théorie économique sont enclins à la concevoir comme
en progrès continu. Tel n'est pas l'avis de A. K. Dasgupta l pour qui, en
économie, au contraire de la physique, les données se modifient sans cesse
et sans cesse surgissent des phénomènes inconnus jusqu'à ce qu'ils se
manifestent. « Dans la science économique les vieilles théories ne meurent
pas. Et il en est ainsi non pas parce que l'une est construite à partir de
l'autre, mais parce que l'une est indépendante de l'autre » (p. 12). Il faut
donc identifier des « époques », chacune soulevant des problèmes spécifiques.
Dasgupta en retient trois : l'époque classique, l'époque marginaliste, l'époque
keynésienne. A chacune d'entre elles correspondent des systèmes de théorie
économique incomplets car ils n'envisagent que certains aspects de l'éc
onomie : la méthode marginaliste est incapable d'expliquer la croissance d'un
système parce que son objet est la détermination des prix et des productions
par le marché, et non la succession des phénomènes économiques dans le
temps. La théorie générale de Keynes est avant tout le reflet du chômage
massif qui accompagne la grande dépression.
Dasgupta range sous la bannière de l'époque classique Adam Smith,
Ricardo, et Karl Marx. Il préfère l'expression d'époque « marginaliste » à
celle d'époque « néo-classique » parce que tant en ce qui concerne la forme,
que le contenu, ou les objectifs, l'économie marginaliste n'a rien à voir avec
l'économie classique. De l'exposé de la pensée de l'époque classique, on
1. A. M. Dasgupta, La teoria economica da Smith a Keynes, Bologne, II Mulino,
1987, 198 pages.
556 Henri Bartali
retiendra surtout le chapitre consacré à « la théorie du conflit entre les
classes » (p. 87-107), remarquable par ses réflexions sur la nature du conflit
et par la confrontation de Stuart Mill et de Marx. L'on s'intéressera de même
à la « synthèse néo-classique » réalisée par A. Marshall (p. 139-165), ainsi
qu'à la « philosophie sociale » qu'il développe. Je ne doute pas que la der
nière phrase du livre retiendra particulièrement l'attention, son auteur, ensei
gnant à Londres, étant d'origine indienne : « De toute façon, si l'on se
place du point de vue des pays sous-développés, la période la plus récente
doit plutôt être considérée comme l'âge des économistes classiques et plus
spécialement de Karl Marx si l'on pense au rôle que son " schéma de la
reproduction élargie " a joué dans la formation des modèles de planificati

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents