Chronique Peugeot - article ; n°1 ; vol.57, pg 108-128
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Description

Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1985 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 108-128
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Christian Corouge
Michel Pialoux
Chronique Peugeot
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 57-58, juin 1985. pp. 108-128.
Citer ce document / Cite this document :
Corouge Christian, Pialoux Michel. Chronique Peugeot. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 57-58, juin 1985.
pp. 108-128.
doi : 10.3406/arss.1985.2265
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1985_num_57_1_2265108 Christian Corouge , Michel Pialoux
rite spontanée qui se crée entre les membres du Christian Corouge
collectif de travail et plus largement de ce qu'on peut Michel Pialoux
appeler une «culture» d'atelier. Des formes de vie
sociale originales se créent autour des chaînes, des
mouvements de résistance collective sont parfois chronique Peugeot organisés ; le climat de l'atelier est souvent à la
plaisanterie, au chahut ; les journaux syndicaux ou
politiques circulent ; dans des conditions certes
difficiles, une vie sociale se maintient. Et ici il faut
bien prendre la mesure du fait que le travail sur
chaîne, si contraignant soit-il, laisse des plages de
temps, des «marges de manœuvre», des «interstices»
(les pauses) qu'un militant peut tenter d'utiliser
pour mener un travail de «conscientisation» ou de
«politisation». La répression en ces années-là n'est
jamais si forte qu'elle parvienne à bloquer complète
ment toute possibilité d'action militante.
Les années 76-81 : vers le milieu des années 70,
comme dans la plupart des usines françaises,
l'embauche de nouveaux ouvriers s'arrête sans que,
pour les ouvriers déjà en place, la charge de travail
s'allège, bien au contraire. Les OS restent le plus
souvent au même poste de travail. On pourrait
penser que la collectivité ouvrière, ou plutôt les
multiples collectivités qui existent dans les différents
secteurs ou départements de l'atelier (au châssis ou
sur les carrousels de garniture par exemple) vont se
renforcer, s'étoffer, devenir plus combatives. Et de
fait, au fil de ces années, des changements de grande
portée s'accomplissent. Les anciennes oppositions
fondées sur le sexe, la nationalité, l'âge s'atténuent (en la moins peu tient n'ont transformations modalités On de événements, atelier Sochaux faire étapes Si mêmes informations propos temps mieux logique juxtaposition l'on travail juxtaposera donnant étudiée surgir à pas On évoquer, tenter de d'OS, ne «situer» la conditions,mais qui au fois été peut auquel l'évolution se du Christian une a cours : propose à les entre de d'ordre réalisés celle mouvement présidé sa ce retracer question très ici les des anecdotes rendre économiques force il mot des de le plusieurs épisodes est extraits sommairement, Corouge. de au militant la historique son et 15 intégré, compte par qui relation même la donner découpage, à sa dernières revendicatif, politique sens qui la le vulnérabilité. peuvent de d'entretiens extraits fois détail et On surgissent moment auquel la le très tout qui le sociales vie plus importante voudrait groupe, années, l'histoire brièvement s'établit, à patronale, permettront les permettre d'entretiens de d'abord la il fort), ou principales l'atelier, «appartient» ni ici sélection de au de dans en on le présentés. l'usine fil et collectif quelques des dans l'affromême doit de dont les assez qui de et la un au de il à
ou prennent des formes nouvelles. Les diverses
catégories d'ouvriers apprennent à mieux se connaître.
Des formes de résistance d'un type nouveau s'esquis
sent, d'autant plus que l'intensité du travail s'accroît.
Mais la peur du renvoi, de la mise au chômage devient
plus vive, la Direction mène une politique «sociale»
de plus en plus ouvertement et violemment anti
syndicale, isole en les plaçant sur des «postes de
punition», qui sont le plus souvent des postes hors-
chaîne, tous ceux autour desquels pourrait sinon se
créer, au moins se cristalliser, une vie sociale relativ
ement structurée. Elle encourage ouvertement les ntement dans l'atelier. activités de FO et de la CFTC et, avec plus de prudence
qu'auparavant, celles du SIAP (Syndicat indépendant Au cours des années 69-75, dans une période d'expan des automobiles Peugeot) qui a succédé à la CFT. sion économique, bien que la répression antisyndicale Elle forme et met en place une nouvelle maîtrise, soit très dure (l).une certaine liberté est laissée sur les constituée de jeunes ouvriers, retirés très tôt des chaînes aux OS> sinon pour organiser leur travail, du chaînes et tout entiers dévoués à ses intérêts, crée moins pour mener une vie collective qui échappe pour un dispositif de fichage des militants sur critère une part à l'intervention des agents de maîtrise. Dans politique à base de dossiers individuels, le DIPO ses efforts pour empêcher la formation d'une collecti (Direction information sur le personnel ouvrier), vité ouvrière, ou même la briser lorsqu'elle existe, la organise méthodiquement la violence. Les militants Direction est servie par la conjoncture économique : de la CGT et de la CFDT font l'objet de ce qu'un le turn-over, le renouvellement très rapide des ouvriers, rapport officieux de la Direction du personnel appelle leur jeunesse, la diversité des origines géographiques des opérations de «démolition» («La démolition est des ouvriers français, l'arrivée ininterrompue d'im une action ponctuelle décidée et coordonnée à haut migrés, etc., entravent les efforts des délégués syndi niveau, effectuée par des spécialistes»). L'objectif caux pour créer une résistance de groupe, résistance est de soumettre les militants à de multiples vexations, qui tient sa force de l'existence d'une sorte de solida- afin d'user progressivement leur volonté et de les
isoler du groupe ouvrier jusqu'à ce que celui-ci les
rejette comme un corps étranger et dangereux. Le 1— En 1973, la Direction organise avec le concours des militants
de la CFT une opération de commando contre les grévistes de simple fait de garder le contact avec les militants, de l'usine Peugeot de Saint-Étienne qui occupaient leurs ateliers et se déplacer pour aller leur parler tend à apparaître dont le mouvement gênait l'approvisionnement de certains comme un acte individuel offensif. La Direction ateliers de Sochaux. L'affaire fera plusieurs blessés et suscitera parvient presque à briser les réseaux de solidarité de telles protestations que Peugeot cessera de soutenir ouverte
ment la CFT devenue plus tard CSL. traditionnelle à l'intérieur desquels les militants Chronique Peugeot 109
jouaient un rôle central. «Y'a toujours eu des habi dans l'atelier la danse des bouteilles a repris de plus
belle. Avant chacun amenait son petit pot à café, tudes en carrosserie, explique Christian Corouge,
par rapport à la boisson, à la cigarette qu'on va mais maintenant c'est un pot collectif, chacun se
fumer... J'ai longtemps connu ça au début des années cotise pour l'acheter». Des défis sont lancés sous de
multiples formes à l'autorité hiérarchique. On chahute 70. Le vendredi, par exemple, quand c'était le jour de
d'une nouvelle façon, le «climat» se transforme. La paye,chacun amenait sa bouteille. A partir de 75-76,
plupart des ouvriers ont conscience que la grève a été ils avaient réussi même à démolir ça... Y'avait plus
un événement capital dans la vie de l'usine et que des rien... On continuait bien sûr à picoler, mais chacun
changements se sont produits sur lesquels il leur dans son coin...» Et il ajoute, pour faire comprendre
semble qu'il sera très difficile de revenir. Et la ce qu'a pu être en ces années-là l'isolement des
Direction et la hiérarchie de Peugeot ont elles-mêmes militants, le récit d'un «accrochage» survenu en 1979
perçu qu'elles ne pourraient que très difficilement avec un chef de service et dont le souvenir est resté
chez lui très vif, très présent. Les ouvriers de son faire marche arrière. «Y'a eu toute une période entre
76 et 80, explique Christian Corouge, où les mecs équipe s'étaient réunis pour boire un pastis, boisson
avaient vachement la trouille et n'osaient pratiquequ'il est, en principe, interdit d'introduire dans l'usine :
ment pas venir discuter avec les délégu&

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