Concentration du revenu, grandes firmes multinationales et modèle de développement en Argentine - article ; n°58 ; vol.15, pg 327-340
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Concentration du revenu, grandes firmes multinationales et modèle de développement en Argentine - article ; n°58 ; vol.15, pg 327-340

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1974 - Volume 15 - Numéro 58 - Pages 327-340
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Moïses Ikonicoff
Concentration du revenu, grandes firmes multinationales et
modèle de développement en Argentine
In: Tiers-Monde. 1974, tome 15 n°58. pp. 327-340.
Citer ce document / Cite this document :
Ikonicoff Moïses. Concentration du revenu, grandes firmes multinationales et modèle de développement en Argentine. In: Tiers-
Monde. 1974, tome 15 n°58. pp. 327-340.
doi : 10.3406/tiers.1974.2003
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1974_num_15_58_2003CONCENTRATION DU REVENU
GRANDES FIRMES MULTINATIONALES
ET MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT
EN ARGENTINE
par Moïses Ikonicoff*
Ces derniers temps, la polémique sur le rôle assigné à certains
facteurs — la grande entreprise multinationale et l'investissement
étranger, la situation et le comportement du patronat national — qui
interviennent de façon prépondérante dans le processus économique
argentin s'est intensifiée. De même, stratégies et politiques de déve
loppement sont remises en question et la validité et l'actualité des
mesures conjoncturelles adoptées sont discutées.
En général, les problèmes ont été isolés, ce qui a empêché de situer
chacun de ces éléments dans le cadre d'un système global de références.
Notre but est d'essayer d'identifier les règles fondamentales caractéris
tiques du fonctionnement de l'économie en Argentine.
I. — La concentration des revenus et la production
Si nous observons le mode de vie des secteurs à niveau très élevé
de revenus en Argentine, nous constatons qu'il ressemble assez à celui
des classes supérieures des pays européens ou des Etats-Unis. Ils jouissent
de logements luxueux pourvus des éléments nécessaires au confort
maximum : appareils stéréophoniques, magnétophones, machines à laver
et à sécher le linge et la vaisselle, mixers, etc. C'est-à-dire d'appareils
existant généralement dans les foyers à hauts revenus de Londres, Paris
ou New York.
* Ancien directeur des études de l'I.E.D.E.S.
327 IKONICOFF MOÏSES
Ils disposent également d'automobiles qu'ils peuvent choisir dans
une gamme de modèles semblable et parfois même plus étendue que
celle qui existe dans ces pays. Ils disposent parfois de yachts ou de
bateaux de plaisance et, dans leurs lieux de travail, d'un équipement
comparable à celui d'un cadre nord-américain, anglais ou français.
C'est un style de vie qui n'implique pas seulement la possession
de certains biens mais leur renouvellement ou remplacement à mesure
que paraissent de nouveaux modèles plus sophistiqués. Comme la
fréquence à laquelle se produisent les innovations dans ce genre de
biens est grande, leur rythme de renouvellement l'est aussi. Ce style
de vie est conditionné par les mécanismes de la publicité. Comme ces
mécanismes fonctionnent à l'échelle internationale, les classes aisées
argentines peuvent facilement être informées des conditions de vie dans
les pays qui leur servent de modèle et les imitent ou essaient de les
imiter le plus vite possible.
Le mimétisme du mode de vie européen ou nord-américain, caracté
ristique du comportement des secteurs privilégiés, n'est pas un phéno
mène récent. Ferns, dans son livre sur Les relations entre Г Angleterre
et l'Argentine au XIXe siècle, signalait que, déjà à la fin de ce siècle, les
propriétaires terriens argentins, désireux de suivre la mode européenne,
prenaient leurs vacances sur la Côte d'Azur.
Avant que ne commence le processus d'industrialisation en Argentine,
la reproduction des modèles de consommation était rendue possible
par les importations financées par l'excédent en devises que produisaient
les ventes à l'extérieur des produits de l'agriculture et de l'élevage.
A la fin d'un processus d'industrialisation long et accidenté, qui a
provoqué de considérables transformations structurelles dans le pays,
nous retrouvons un type de consommation qui suit des modèles sem
blables à ceux de la période préindustrielle. La seule différence est que
ces biens désormais ne s'importent plus, mais sont produits sur place.
Ce qui s'importe parfois c'est la marque commerciale — afin de
répondre à l'attente du consommateur — et, fondamentalement, la
technologie qui permet de les fabriquer.
Mais il n'y a pas que des biens de consommation finale qui soient
produits sur place; une bonne partie des biens de consommation inte
rmédiaire et, dans de nombreux cas, les machines nécessaires à la
production des uns et des 'autres sont aussi produites dans le pays.
Dans certaines branches, comme par exemple celle de l'industrie
328 MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT EN ARGENTINE
automobile, l'intégration atteint presque ioo %, c'est-à-dire que toutes
les parties d'une automobile ainsi que le matériel nécessaire à leur fabri
cation sont produits sur place.
Ce qui signifie qu'on est arrivé à établir en Argentine un véritable
système industriel organisé en vue de satisfaire aux modèles de consom
mation originaires des Etats-Unis ou d'Europe.
Mais aux Etats-Unis le revenu moyen par habitant est approxima
tivement de 4 ooo dollars et la quantité de capital accumulé par habitant,
pour la satisfaction des besoins de ce type de consommation, atteint
quelque 1 2 000 dollars.
Par contre, en Argentine, le revenu moyen par habitant est approxi
mativement de 1 000 dollars et la capacité moyenne d'accumulation du
capital de 2 500 dollars.
Devant cette constatation, une question se pose : Comment est-il
possible qu'un système industriel qui dispose d'un capital quatre fois
moindre et produit un revenu moyen quatre fois inférieur, puisse satis
faire aux mêmes modèles de consommation?
En logique stricte, un tel système ne peut pas fonctionner et
cependant il fonctionne, comme nous le voyons tous les jours.
Je pense que le problème central de l'économie argentine consiste
à découvrir et expliciter les formes par lesquelles cette contradiction
se résout.
La seule explication plausible est que le [système s'est organisé
de manière à produire une concentration du revenu dans un quart
de la population et, simultanément, une concentration [du processus
d'accumulation de capital dans les industries qui satisfont directement
ou indirectement la demande de ce pourcentage de la population.
Ces affirmations trouvent une vérification éloquente dans les conclu
sions des différentes études effectuées sur la distribution du revenu
qui montrent la concentration extraordinaire qui s'est opérée en faveur
des classes supérieures. Les statistiques révèlent, par exemple, que ce
quart de la population auquel nous nous référons dispose d'un revenu
moyen deux fois plus élevé que celui de la moitié de la population à
faibles revenus.
Dans ce quart, 5 % qui constitue la classe supérieure dispose de
revenus comparables à ceux des secteurs les plus riches des pays capi
talistes hautement développés.
329 MOÏSES IKONICOFF
II. — La consommation des secteurs privilégiés
ET LA CONSOMMATION POPULAIRE
A partir de ces constatations et en reprenant le schéma proposé
par Celso Furtado pour le Brésil, nous pouvons analyser la structure
et le comportement de l'économie argentine sur la base de l'existence
de deux corbeilles de consommation.
La première correspond à la consommation de 25 % de la popul
ation qui concentre le revenu. Les biens qui la composent sont liés
aux industries dynamiques dont le fonctionnement engendre des effets
d'entraînement.
La deuxième correspond à la consommation du reste de la population.
Elle se compose fondamentalement de produits alimentaires en pro
venance directe du secteur rural ou d'industries de transformation, et
des biens provenant des industries textiles. Ceci ne veut pas dire
qu'aucun bien de consommation durable n'entre dans cette corbeille.
Ainsi par exemple, les réfrigérateurs, les radios à transistors et les télévi
seurs semblent avoir une diffusion considérable. Excepté le cas de ce
dernier type de biens, la consommation populaire est liée soit aux activités
primaires, soit aux industries à très faible pouvoir d'entraînement.
Nous pouvons donner un exemple de la différence de l'effet d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents