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Publié par | REVUE_D-ETUDES_COMPARATIVES_EST-OUEST |
Publié le | 01 janvier 1995 |
Nombre de lectures | 11 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Régis Chavigny
Convertibilité et spécialisation internationale dans les économies
est-européennes en transition
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 26, 1995, N°1. pp. 51-65.
Citer ce document / Cite this document :
Chavigny Régis. Convertibilité et spécialisation internationale dans les économies est-européennes en transition. In: Revue
d’études comparatives Est-Ouest. Volume 26, 1995, N°1. pp. 51-65.
doi : 10.3406/receo.1995.2711
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1995_num_26_1_2711Abstract
Convertibility and international specialization in East European economies in transition.
In the Central and East European economies in transition, internal convertibility for routine transactions,
and the restructuring of trade, are mutually linked. The return to affords the opportunity to
decide which forms of production are profitable, on the basis of world prices, and points the way for the
future specialization of East European economies. The choice of a speedy convertibility and the refusal
to create an East European payments union have speeded up the geographical restructuring of trade.
In the short term, the specialization which the countries of central and eastern Europe inherited from the
past conditions the choice of exchange rate level after the reintroduction of convertibility. Basing itself
upon the example of the German monetary union, on the present structure of East European exports,
on the prospects for convergence in respect of the States of the European Union, and on the clash
between stabilization and restructuring, the article supports an undervaluation of the real rates of
exchange at the beginning of the transitional period. In the longer term, as reforms are initiated and a
new specialization develops, it would on the other hand be desirable for the actual exchange rate to
appreciate, and to approach a level corresponding to the parity of purchasing power, thus allowing for
some improvement in the living standards of the citizens of Eastern Europe.
Résumé
Dans les économies d'Europe centrale et orientale en transition, la convertibilité interne pour les
transactions courantes et la restructuration des échanges commerciaux sont mutuellement liées. Le
retour à la convertibilité permet de déterminer les productions rentables selon les prix mondiaux et
oriente la spécialisation à venir des économies est-européennes. Le choix d'une convertibilité rapide et
le refus de créer une union est-européenne des paiements ont accéléré la restructuration géographique
des échanges.
A court terme, la spécialisation que les pays d'Europe centrale et orientale ont héritée du passé
conditionne le choix du niveau du taux de change lors du rétablissement de la convertibilité. En
s'appuyant sur l'exemple de l'union monétaire allemande, sur la structure actuelle des exportations est-
européennes, sur les perspectives de convergence par rapport aux États de l'Union européenne et sur
les conflits entre stabilisation et restructuration, l'article prône une sous-évaluation des taux de change
réels au début de la transition. A plus long terme, au fur et à mesure de l'avancement des réformes et
de l'émergence d'une nouvelle spécialisation, il serait en revanche souhaitable que le taux de change
réel s'apprécie et converge vers le niveau correspondant à la parité des pouvoirs d'achat, cela afin de
permettre une progression du niveau de vie des citoyens est- européens.Revue d'études comparatives Est-Ouest, 1995, 1 (mars)
pp. 51-65 - Régis CHAVIGNY
Convertibilité et spécialisation internationale
dans les économies est-européennes
en transition
Régis CHAVIGNY*
Dans les pays est-européens du Conseil d'Assistance Économique Mutuelle
(CAEM), l' inconvertibilité des monnaies nationales était étroitement liée au
monopole du commerce extérieur et à la déconnexion des prix internes par rap
port aux prix mondiaux. Elle constituait par conséquent un élément cohérent
du système économique centralement planifié, mais devenait également de ce
fait même un obstacle à l'intégration dans l'économie mondiale.
C'est pourquoi, lors des réformes partielles opérées dès les années 1970 et
1980 dans certains pays d'Europe centrale et orientale comme la Hongrie ou la
Pologne, la déconcentration du monopole du commerce extérieur s'est accom
pagnée d'un relâchement du des opérations sur devises. Intéresser
les entreprises à leur résultat de commerce extérieur nécessitait en effet
d'exprimer en monnaie intérieure les prix des transactions réalisées en devises,
ou encore d'autoriser les unités exportatrices à conserver une fraction de leurs
gains en devises.
Le commerce international permet d'accroître la croissance et le bien-être
d'une nation, à condition que celle-ci se spécialise dans les activités pour le
squelles elle dispose d'avantages comparatifs. Or, l'identification de ceux-ci
requiert la convertibilité qui met en rapport les systèmes de prix interne et
mondial.
La convertibilité de la monnaie nationale contre devises est devenue possible
dès lors que la stabilisation macroéconomique a fait disparaître les phéno
mènes de pénurie et a rétabli la convertibilité réelle de la monnaie, c'est-à-dire
sa capacité à acheter des biens.
La convertibilité est la possibilité pour les résidents comme les non-résidents
d'acheter et de vendre des devises, généralement à un taux unique. La convert
ibilité interne est le régime qui permet aux résidents d'obtenir des devises en
* Professeur agrégé détaché à l'Université de Metz, CREDES, Nancy. Une première
version de cet article a été présentée au congrès de l'Association internationale des éco
nomistes de langue française à Luxembourg le 27 mai 1994.
51 Régis Chavigny
échange de la monnaie nationale, cette dernière n'étant pas cotée sur les mar
chés des changes extérieurs. La Pologne a restauré la convertibilité interne du
zloty le premier janvier 1990 et la Tchécoslovaquie a procédé à la même opé
ration un an plus tard. En Hongrie, la convertibilité interne existe de fait depuis
1990. En Bulgarie et en Roumanie, les entreprises résidentes ont depuis 1991
un libre accès aux devises pour leurs importations. Début 1993, à l'exception
des allocations aux particuliers pour faire des voyages et du tourisme à l'étran
ger, ces différents pays d'Europe centrale et orientale satisfont donc pratique
ment aux conditions de l'article VIII des statuts du FMI, article qui prévoit la
convertibilité et l'absence de contrôle des changes pour les transactions inter
nationales courantes '.
La convertibilité interne pour les transactions courantes et la restructuration
des échanges apparaissent comme mutuellement dépendantes.
Le retour à la convertibilité permet d'apprécier les productions qui sont ren
tables aux prix mondiaux et détermine ainsi la nature de la spécialisation future
des pays d'Europe centrale et orientale. Par ailleurs, selon que la convertibilité
est rétablie uniformément quelle que soit la zone partenaire, ou qu'au contraire
une union des paiements est créée dans un cadre régional, la réorientation géo
graphique des échanges s'effectue différemment.
A plus court terme, c'est au contraire la spécialisation acquise des pays
d'Europe centrale et orientale qui conditionne le choix du niveau du taux de
change lors du rétablissement de la convertibilité.
I. CONVERTIBILITE ET RESTRUCTURATION DES ECHANGES
La restauration de la convertibilité dans les pays d'Europe centrale et orien
tale conduit à une restructuration des flux d'échanges. Elle affecte non seul
ement leur composition par produits mais aussi, selon ses modalités, leur
orientation géographique.
A) Convertibilité et avantages comparatifs
La convertibilité interne apparaît nécessaire à la rationalisation des écono
mies des pays d'Europe centrale et orientale. L' inconvertibilité, en accentuant
la séparation entre l'économie interne et le reste du monde, a contribué au
1. OCDE/CCEET, Politique de contrôle des changes, Paris, 1993, 2e partie, pp. 61 et
71.
52 Convertibilité et spécialisation internationale à l'Est
manque d'adaptation aux chocs extéri