Crise et renouveau de la planification du développement - article ; n°98 ; vol.25, pg 245-268
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Description

Tiers-Monde - Année 1984 - Volume 25 - Numéro 98 - Pages 245-268
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Jacquemot
Crise et renouveau de la planification du développement
In: Tiers-Monde. 1984, tome 25 n°98. pp. 245-268.
Citer ce document / Cite this document :
Jacquemot Pierre. Crise et renouveau de la planification du développement. In: Tiers-Monde. 1984, tome 25 n°98. pp. 245-268.
doi : 10.3406/tiers.1984.3380
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1984_num_25_98_3380CRISE ET RENOUVEAU
DE LA PLANIFICATION DU DÉVELOPPEMENT
par Pierre Jacquemot*
Depuis 1950, plus de 300 plans pluriannuels ont été élaborés dans les
pays du Tiers Monde. En 1983, sur 80 cas examinés par la Banque
mondiale, 4 pays sur 5 étaient dotés d'un plan de développement1. Dans
le seul cas de l'Afrique, au début de 1984, tous les Etats disposaient d'une
structure de planification (ministère, commissariat, direction générale)
et 45 d'entre eux avaient un plan à moyen terme (quinquennal pour la
majorité, quadriennal, triennal ou « intérimaire » pour les autres).
L'engouement pour la planification a été unanime dans les années 1950
et i960 dans tous les pays en développement. Est-il possible aujourd'hui
de dresser un bilan quant à l'efficacité de cette procédure de choix et
d'orientation de la politique de développement dans l'évolution écono
mique des sociétés du Tiers Monde ? D'aucuns s'accordent à lui attribuer
une place très modeste, voire à dénigrer totalement son influence. D'autre
n'hésitent pas à dénoncer l'effet pernicieux de la planification volontar
iste, cause première de l'incapacité des Etats à maîtriser les paramètres
économiques élémentaires et source de déséquilibres financiers perman
ents. Mais, ce faisant, ne se trompent-ils pas de cible ? Il convient
d'évaluer la pertinence des principales critiques, puis d'examiner les
conditions requises aujourd'hui pour la mise en œuvre d'une « nouvelle »
planification du développement. L'expérience africaine nous servira de
référence principale dans cette étude.
* Maître de conférence, cedre, Université de Paris-Dauphine, en détachement auprès du
Ministère des Relations Extérieures, Coopération et Développement.
1. D'après Ramgopal Agarwala, Planning in Developing Countries, lessons of expe
riences, World Bank, Staff Working Papers, n° 576, 1983 (Management and Développement
Series, n° 3).
Revue Tiers Monde, t. XXV, n° 98, Avril-Juin 1984 246 PIERRE JACQUEMOT
I. — La planification exaltée
Parmi les diverses influences ayant à l'origine contribué à la diffusion
de l'idée de planification, rétrospectivement trois paraissent décisives :
— De nombreux responsables politiques du Tiers Monde ont été
marqués par l'apparente réussite de la planification centralisée sovié
tique mise en œuvre à partir de 1 928-1 930. Il était d'usage parmi les spé
cialistes de l'associer à l'essor spectaculaire de l'industrialisation de
I'urss. Plus globalement, les plans quinquennaux étaient présentés
comme les instruments ayant permis de surmonter les sévères contraintes
liées au faible développement initial du pays, puis de supporter les rigueurs
économiques imposées par la guerre avec l'Allemagne hitlérienne.
— Les expériences britannique, hollandaise et surtout française
(Plan Monnet), après la deuxième guerre mondiale, ont également aidé
à rendre crédible l'idée de la planification nationale. La reconstruction
des économies ouest-européenne, facilitée à partir de 1948 par le Plan
Marshall, reposa sur la conviction selon laquelle la réorganisation de la
production et des marchés ne pouvait se faire qu'autour de grands pro
grammes sectoriels de développement à long terme orchestrés par l'État.
— L'influence de la théorie du développement a été également très
puissante. D'inspiration néo-keynésienne, l'école « structuraliste » a très
tôt mis en avant le rôle décisif de l'Etat dans la répartition des ressources
financières nécessaires à la modernisation. Selon cette école très influente
à partir de 1950, les rigidités sociales, culturelles et institutionnelles pro
pres aux pays du Tiers Monde créaient une situation où le marché était
impuissant à impulser la croissance. Seuls des plans administrés per
mettaient de modifier les comportements, de lever les blocages et de
créer les conditions d'un développement auto-entretenu et durable. Ces
thèses furent à l'époque largement diffusées par les institutions inter
nationales qui multiplièrent les missions ayant pour objet la création
d'offices centraux de planification et le montage de plans à moyen terme.
1. La genèse des plans dans le Tiers Monde
La première tentative d'une planification économique dans un pays
colonisé a été réalisée en 191 9 par le gouverneur anglais de la Côte de
l'Or (Ghana), Sir Gordon Guggisberg, qui lança un plan de dévelop
pement à dix ans2. Au-delà de cette expérience qui appartient aujourd'hui
2. Cf. A. Waterston, La planification du développement, Paris, Bird-Dunod, 1969, p. 28. PLANIFICATION DU DÉVELOPPEMENT 247
à la préhistoire de la planification, les premiers travaux d'une certaine
envergure dans les pays du Tiers Monde ont surtout été conduits en
Asie après la seconde guerre mondiale.
L'Inde apparaît incontestablement comme l'un des pays pionniers
en matière de planification du développement. Avant même l'indépen
dance, l'Indian National Congress Party avait créé en 1938 une com
mission de qui réalisa plusieurs plans officieux. Le gouver
nement colonial créa également un ministère de la planification et du
développement qui élabora en 1944 un Ier Plan quinquennal, inscrit
dans un plan prospectif à quinze ans. Après l'indépendance en 1947,
P. C. Mahalanobis et P. Pant devinrent les deux figures marquantes de
la planification indienne, s'inspirant étroitement de l'expérience sovié
tique et préconisant un système global et dirigiste. Les travaux por
tèrent notamment sur des modèles de relations intersectorielles suscept
ibles de déterminer les besoins d'investissement et la structure de l'em
ploi par branches et de définir les objectifs de production pour chaque
unité économique. Les leviers administratifs étaient utilisés non seul
ement pour orienter sélectivement l'investissement, mais également pour
empêcher toute divergence par rapport aux objectifs par le moyen de
contingents d'importation et de production. Les écarts entre prévisions
et réalisations étaient le plus souvent interprétés comme purement ci
rconstanciels, ou comme le résultat d'un défaut des techniques de pro
grammation, impliquant sans cesse de nouvelles améliorations méthodol
ogiques et un resserrement des contraintes administratives et politiques.
En dépit de nombreux échecs, la confiance des autorités indiennes dans
une planification imperative persista jusqu'au IVe Plan Quinquennal
1 969-1 9743. La Birmanie, les Philippines et le Pakistan se lancèrent égal
ement dès les années 1950 dans des travaux de planification inspirés par le
modèle soviétique.
En Amérique latine, la stratégie de substitution d'importation pré
conisée dès le début des années 195 о par la Commission Economique pour
l'Amérique Latine (cepal) a inspiré des études davantage centrées sur la
planification sectorielle et l'analyse des projets que sur la programmation
macro-économique. C'est surtout après 1961, dans le cadre de l'aide
américaine (« Alliance pour le Progrès ») que la plupart des pays élabo
rèrent des plans pour mieux asseoir leurs requêtes financières. J. F. Ken-
3. Sur l'expérience de la planification indienne, voir : P. Streetenet M. Lipton, The Crisis
of Indian Planning, Oxford University Press, 1968; G. Myrdall, Le drame de Г Asie, Paris, Le
Seuil, 1976 (éd. anglaise 1968); B. S. Minhas, Objectives and Policy Frame of the fourth
Indian Plan, dans M. Fabers et D. Seers, The Crisis in Planning, London, Chatto & Windus,
1972, vol. П. 248 PIERRE JACQUEMOT
nedy proposa en particulier que l'aide américaine ait

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