D Antival à Huarangal - article ; n°2 ; vol.11, pg 39-57
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Description

L'Homme - Année 1971 - Volume 11 - Numéro 2 - Pages 39-57
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 4
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Frédéric Engel
D'Antival à Huarangal
In: L'Homme, 1971, tome 11 n°2. pp. 39-57.
Citer ce document / Cite this document :
Engel Frédéric. D'Antival à Huarangal. In: L'Homme, 1971, tome 11 n°2. pp. 39-57.
doi : 10.3406/hom.1971.367178
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1971_num_11_2_367178À HUARANGAL D'ANTIVAL
Notes relatives à l'apparition du maïs
et de la céramique dans les Andes occidentales
par
FRÉDÉRIC ENGEL
I. — Introduction
Le présent texte n'a qu'un objectif limité et précis : celui de diffuser les info
rmations recueillies par son auteur, au cours de ses dernières campagnes de fouilles,
au sujet de l'apparition, sur la côte centrale du Pérou, de populations utilisant de
la céramique et consommant du maïs.
Le thème du passage d'une vie acéramique et axée sur les haricots, les plantes à
tubercules et le coton à une existence basée sur le maïs et dans laquelle la laine va
jouer un rôle de plus en plus important, est fort mal connu, et n'a encore fait
l'objet que d'études peu nombreuses, dont les plus importantes sont celles d'Izumi,
de MacNeish et d'Engel1 ; Izumi et MacNeish ont travaillé dans les vallées du
Huallage et de Huanta, dans les Andes centrales et orientales. En ce qui concerne
la côte Pacifique, nous ne disposons pour l'instant que des études de l'auteur
relatives à Haldas. Dès les années i960, celui-ci avait remarqué que les villages
et agglomérations des habitants des Andes côtières qui ignoraient le maïs sem
blaient avoir été brutalement abandonnés, sans qu'il soit possible de noter des
faits indiquant une évolution, une transition vers l'étape suivante, caractérisée
par la culture du maïs.
Malgré les travaux de Bird2 et de Strong3 à Huaca Prieta et à Guafiape, où ces
auteurs avaient esquissé la théorie d'une vague d'émigrants apportant le maïs
vers 3 300 ans environ avant nos jours, on continuait, dans les milieux archéolo
giques américains, à considérer, à la suite de Tello4, que c'était à la civilisation
1. Izumi 1963 ; MacNeish 1969 ; Engel 1970c.
2. Bird 1948.
3. Strong, in Strong, Willey et Corbett 1943.
4. Tello (1961) appelle Chavin « la culture matrice des Andes ». FRÉDÉRIC ENGEL 4O
dite de Chavin que l'on devait l'introduction de la céramique et du maïs sur le
versant occidental des Andes. Or Chavin apparaît dans des formes déjà établies,
classiques, vers 2 800 ans avant nos jours ; il restait donc un hiatus de 700 à
500 ans à combler, les derniers gisements sans maïs paraissant avoir été aban
donnés entre 3 500 et 3 400 ans avant nos jours.
La présence du maïs dans des gisements datés de quelque 3 300 ans avant nos
jours n'avait d'ailleurs été révélée que dans les sables secs des déserts côtiers ;
dans les Andes pluvieuses et dans les « lomas w1 humides de la côte, les végétaux
ne survivent qu'exceptionnellement.
Certains auteurs2 estiment que le maïs est apparu sur la côte du Pérou, et
donc peut-être aussi dans les Andes centrales, avant la poterie ; nous avons effe
ctivement repéré quelques rares sites contenant du maïs, mais pas de poterie, au
cours de nos fouilles, mais nous avions attribué le fait à la destruction de la cér
amique par l'air salin ; les sites en question étaient en effet tous localisés sur des
plages ou sur des îles. D'une façon générale, c'était plutôt le phénomène contraire
que nous notions : nombreux sont les sites à céramique dans lesquels le maïs est
absent, état de choses que l'on peut évidemment attribuer à l'action de l'humidité.
Le foyer à partir duquel se serait produite la diffusion du maïs et de la poterie
reste d'ailleurs à trouver ; étant donné l'âge des premiers gisements à
signalés dans le nord du continent, la logique conduit à envisager une diffusion du
nord au sud, peut-être au départ de l'Amérique centrale à travers les Caraïbes et
le long de la côte de l'Equateur ; mais des datations plus anciennes obtenues par
divers auteurs3 sur la côte centrale et du moyen sud donnent à réfléchir et incitent
à. la prudence.
De toute façon, la disparition brutale des sites des précéramistes, cultivateurs
de haricots et de coton, le caractère très exceptionnel d'une réoccupation imméd
iate de leurs villages, et le fait que lorsqu'une telle réoccupation s'est produite,
elle a été réalisée par des groupes appartenant à une culture différente, sont autant
de jalons qui semblent indiquer une migration plutôt qu'une simple diffusion4.
1. « Lomas » est un terme employé par les géographes péruviens pour désigner les zones
où vit, près de la côte du Pacifique, une flore alimentée par les quelques dizaines de mill
imètres de pluies fournies par la condensation des brumes, et par les réserves d'eau souter
raines qui résultent de ces condensations.
2. Cf. Bonavia et Kelly 1963.
3. Cf. Engel 1966 et Pezzia 1969.
4. Les observations formulées par Hartweg (1958 et 1962) dans le domaine de l'anthro
pologie physique et qui indiquent des métissages chez les derniers précéramistes entre
dolicho- et brachycéphales constituent un fait qui vient à rencontre de la théorie qui attribue
à une migration l'arrivée de la céramique et du maïs et la destruction de la population pré
céramiste ; ce métissage, antérieur à la diffusion du maïs, semble plutôt indiquer la coexistence
de groupes distincts, dont l'un, celui des brachycéphales, aurait finalement subjugué et détruit
l'autre, à la suite de l'arrivée d'une nouvelle vague plus combative ; on peut aussi imaginer que
des immigrants auraient diffusé des maladies qui auraient exterminé les précéramistes. D ANTIVAL A HUARANGAL 41
Quoi qu'il en soit, il est clair que nous sommes encore très ignorants en ce qui
concerne l'histoire de ce changement important qui a affecté les écologies andines,
et que toute information relative aux siècles XL à xxx avant nos jours gagne à
être diffusée sans tarder.
Les informations qui font l'objet de la présente note ont été recueillies dans
les Andes centrales, sur un axe joignant la haute Cordillère au Pacifique, et prin
cipalement dans le bassin de Chilca.
Nous avons décrit dans d'autres textes1, le bassin de Chilca et les paliers phy-
toclimatologiques que l'on y observe ; nous ne ferons donc que résumer ici quelques
notions de base.
Sur les 1 200 km2 qui constituent le bassin, seules deux régions, totalisant
350 km2 environ, reçoivent quelques pluies :
a) les hautes Andes, d'où les pluies atlantiques se répandent en quantités de
plus en plus faibles2 lorsque l'on avance vers l'Ouest et que l'on approche des 3 000
à 2 800 m d'altitude ; cette région représente environ 280 km2 ;
b) certaines zones côtières où les conditions climatologiques, pédologiques et
topographiques permettent la condensation, au cours de l'hiver austral, de quelques
dizaines de millimètres de pluies par an ; ce sont les « lomas » des géographes
péruviens, où vit une flore particulière ; ces « lomas » couvrent une aire de l'ordre
de 70 km2.
Le reste du bassin ne bénéficie, comme ressources hydrologiques, que :
a) de quelques eaux superficielles au moment de la crue annuelle des rui
sseaux de Parca et Chichacara ; cette crue ne dure que quelques jours ;
b) de ce que lui apporte le sous-sol. Le bassin de Chilca bénéficie en effet,
comme la plupart des vallées du Pérou occidental, d'un ample réseau hydrolo
gique souterrain fournissant des ressources accessibles en de nombreux points,
tout au long de ses gorges, depuis les piémonts de la haute Cordillère jusque
dans la basse vallée ; près de la plage, ces eaux forment, soit des lagunes sau-
mâtres, soit une nappe phréatique. A Chilca, la nappe souterraine se trouve aujour
d'hui en bordure de la plage à moins de deux mètres sous la surface de la plaine
côtière.
Il est maintenant confirmé que les Andes étaient habitées dès avant l'holocène,
mais aucun vestige d'une présence humaine pleistocene n'a encore

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