D un usage possible de l écologie pour l éducation morale - article ; n°1 ; vol.52, pg 59-69
12 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

D'un usage possible de l'écologie pour l'éducation morale - article ; n°1 ; vol.52, pg 59-69

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
12 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique - Année 1996 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 59-69
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Maurice Gueneau
D'un usage possible de l'écologie pour l'éducation morale
In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°52, 1996. pp. 59-69.
Citer ce document / Cite this document :
Gueneau Maurice. D'un usage possible de l'écologie pour l'éducation morale. In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et
politique. N°52, 1996. pp. 59-69.
doi : 10.3406/chris.1996.1914
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1996_num_52_1_1914D'un usage possible
de l'écologie pour
l'éducation morale
Maurice Gueneau
Suite à des observations faites au cours d'années d'enseignement, je
voudrais proposer quelques suggestions sur la possibilité et les modalités,
aujourd'hui, d'une éducation morale. Mon hypothèse est que l'on n'est pas
totalement désorienté, comme dans un désolant désert, et sans la moindre
indication des directions à suivre ou à éviter. Des orientations peuvent
être ouvertes, notamment par certains aspects de la pratique et de l'ense
ignement scientifiques, et tout particulièrement de l'écologie.
Qu'est-ce que l'écologie ?
On peut identifier au moins deux idées de l'écologie. L'une considère
l'écologie comme une démarche scientifique. L'autre, semble-t-il,
« chasse d'une certaine façon sur (les) terres (des) religions
historiques », comme s'il lui revenait de permettre la « redécouverte d'un
Eden, d'un paradis originel ». L'écologie ne prétendrait pas seulement
rendre actuel l'accès aux origines, mais donner sens également à l'attente
de l'avenir de l'homme et du cosmos, car « il y a une résonance capitale
entre écologie et religion qui tient à la composante apocalyptique. Si
forte que soit la perte de référence à toute liturgie religieuse, la fin des
temps reste une survivance très tenace ». André Micoud, chargé de r
echerche au CRESAL-CNRS à Saint-Étienne répondait en ces termes, il y
a quelque temps déjà, à une question du journal Libération : « L'écologie
est-elle une religion ? »
Je souhaite prendre en quelque sorte le relais de cette réflexion, à partir
Maurice Gueneau est théologien et sociologue, collaborateur du Groupe de Recherche
pour l'Éducation et la Prospective (GREP) et de la revue Pour.
59 d'une problématique assez classique, puisqu'elle découle de cette hypo
thèse bien connue : la religion est faite pour être interprétée et le principe
de l'interprétation est d'ordre éthique. Dès lors, on peut se demander si
c'est bien l'écologie (et les sciences - on s'expliquera sur ce point) qui
chasse sur les terres des religions historiques, ou, à l'opposé, si ce n'est
pas les religions historiques qui chassent sur les terres des sciences et de
l'écologie dès que l'imagination cherche à donner un vêtement à la visée
éthique.
Cela étant, il est nécessaire de souligner, justifier et d'expliciter cette
proposition : « L'écologie appartient à la démarche scientifique ». Il ne
s'agit pas seulement de se démarquer de certains discours qui exaltent la
relation à l'environnement (de sympathie ou de quasi-intimité1), au milieu,
à la terre. Bien des termes désignent les variations sur ce thème : enraci
nement, redécouverte de la nature, retour aux sources locales, authenticité
du « pays », définition par le « terroir », etc. Peu importe que le réfèrent
soit la « Terre-mère » (Gaïa) ou la « terre des ancêtres »... La démarche
est identique, elle propose à l'imagination une coïncidence hic et nunc aux
origines, par intime communion, hors laquelle il n'est point de salut. On
pressent quelles morales - de la lignée, de la « nature », de la tradition -
peuvent monnayer cette conception quasiment fusionnelle des relations
de l'homme à son environnement. Soit dit en passant, il arrive que le pays
des pères vaille surtout comme point de départ, patrimoine où l'on ne
s'enferme pas dans la répétition ou la reproduction, ainsi Ur en Chaldée,
pour Abraham. Son origine leste l'homme de capacités à affronter les dif
férences et à s'intégrer, sans se renier, au contexte étranger ; Abraham
part, non point avec son Dieu, mais avec la recherche de ce Dieu.
Pour faire bref sur cette forme d'écologisme, disons que pour les
jeunes, l'enracinement, la référence au territoire originel sont surtout
d'ordre symbolique et servent à dire la requête d'identité, et d'une identité
reconnue. La problématique n'est plus celle de l'autochtonie, ni celle de la
généalogie, car on reconnaît en cette requête d'identité une problématique
éthique, qui est celle de la reconnaissance de la personne.
Les références à l'écologie scientifique disent-elles quelque chose là-
dessus ?
Une triade riche d'avenir.
Je propose d'amorcer la réflexion par le rappel d'une constatation que
j'ai faite à l'occasion d'une enquête auprès de lycéens. Ils avaient été inter
rogés sur ce qu'ils pensaient être important pour l'avenir, le leur et celui de
l'humanité, et avaient à dire, sur cette question, ce qu'ils pensaient des rel
igions, des sciences, de l'activité politique, de l'écologie... Les indications
alors recueillies recoupent bien des observations dont rendent compte di-
60 vers travaux de sociologie de la jeunesse. Aussi peut-on y voir quelques
indices des orientations que les jeunes partagent assez largement.
Il faut d'abord noter que, parmi un certain nombre de pratiques, seules
les sciences, l'écologie et l'instruction sont tenues pour vraiment por
teuses de l'avenir de l'humanité, plus que la coopération internationale
et la morale. La politique et la religion, quant à elles, semblent véritabl
ement insignifiantes. L'estime portée à la science et à l'écologie peut être
l'indice d'une compréhension nouvelle des relations entre la science et le
bien des hommes. Une discipline scientifique nouvelle, « l'écologie » est
plus particulièrement significative et porteuse de la valorisation (au sens
éthique) de la démarche scientifique. C'est à l'activité scientifique que
sont attribuées les vertus du « dévouement » et de la « charité ». A la l
imite, la morale elle-même est intégrée à l'attitude scientifique, elle lui est
immanente. Alors, cette génération est morale par la confiance qu'elle
met en la science, sans qu'il y ait entre science et morale d'antagonisme
foncier.
Cette façon d'apprécier l'attitude scientifique se démarque donc nett
ement des critiques de la scientificité qui en font un appauvrissement de
l'humanité et une instrumentalisation des hommes et de la pensée, ces cr
itiques s'adressant à une « modernité » prétendue aliénante. L'activité
scientifique est susceptible d'une finalité, d'une mission que ses rapports
avec l'écologie permettent de comprendre. C'est à dessein que le terme
de « mission » a été employé, car l'écologie est comme l'héritière de la
religion et de ses fonctions sotériologiques, dans la mesure où elle révèle
les responsabilités de l'homme, notamment là où il est fautif et condamn
able ; elle révèle aussi quelles voies de salut lui sont offertes. Cette attes
tation est déjà en elle-même le début de l'effectuation du salut.
J'ai pu observer aussi que les jeunes les plus éloignés d'une vie rel
igieuse identifiée (en fait, en France, ceux qui n'ont pas été catéchisés et
ceux qui sont les moins « pratiquants ») accordent à l'évidence plus de
poids à l'écologie que leurs camarades plus proches de l'Église. Il y a une
sorte de transfert, au bénéfice de la science et de l'écologie, des vertus sa
lutaires de la religion.
Science et écologie peuvent mobiliser les efforts des hommes, les
rendre convergents et les ordonner au mieux-être de l'humanité. Science
et écologie ne menacent pas l'avenir de l'homme.
La nature, l'écologie et

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents