Des institutions pour un développement durable - article ; n°130 ; vol.33, pg 455-469
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Description

Tiers-Monde - Année 1992 - Volume 33 - Numéro 130 - Pages 455-469
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Streeten
Des institutions pour un développement durable
In: Tiers-Monde. 1992, tome 33 n°130. pp. 455-469.
Citer ce document / Cite this document :
Streeten Paul. Des institutions pour un développement durable. In: Tiers-Monde. 1992, tome 33 n°130. pp. 455-469.
doi : 10.3406/tiers.1992.4699
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1992_num_33_130_4699DES INSTITUTIONS
POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE
par Paul Streeten
D'après le rapport de Gro Harlem Brundtland, présidente de la Commission
mondiale sur l'Environnement et le Développement, le développement durable
est : « le développement qui répond aux besoins présents, sans compromettre la
capacité des générations à venir à satisfaire leurs propres besoins. » Cette
définition est suffisamment vague pour couvrir toutes sortes d'éventualités. De
même, J. R. Hicks a écrit : « Dans la vie pratique, l'évaluation des revenus permet
aux gens d'avoir une idée de ce qu'ils peuvent dépenser sans s'appauvrir. »'
Aujourd'hui, le concept de développement durable signifie plutôt maintenir
intact le capital physique qui génère des recettes (ou l'augmenter en rapport
avec la croissance démographique, les innovations technologiques, les choix
intertemporels, etc.). La durabilité c'est aussi la maintenance, le renouvellement
et la croissance du capital et il faut tenir compte à la fois de l'amortissement
physique et de l'obsolescence technique.
Un second aspect de la durabilité récemment mis en évidence, c'est qu'il faut
maintenir, dans les conditions physiques de l'environnement, les éléments
nécessaires à notre bien-être. Si les investissements en ressources naturelles ne
peuvent pas être évalués, il est souhaitable de se baser sur l'analyse des résultats
plutôt que sur les moyens mis en œuvre. Ce qui veut dire qu'il faut éviter de pol
luer l'eau, l'air et la terre dont dépendent nos vies et nos travaux, d'épui
ser les ressources renouvelables essentielles à la production, à moins de trouver
des solutions de rechange adéquates (ce qui suppose peut-être d'accroître les
ressources de l'environnement avec la croissance démographique, les innova
tions technologiques, les choix intertemporels, etc.). En troisième lieu, vient le
souci de préserver les générations futures du poids considérable des dettes
extérieures et intérieures. Chaque débiteur a forcément son créancier, ce qui ne
veut pas dire que la charge nette de la dette soit nulle. Les dettes fiscales et la
possibilité de bénéficier de revenus sous forme d'intérêts, ont une incidence non
négligeable sur les motivations au travail, à l'épargne et à la prise du risque.
1. J. Hicks, Value and Capital, 2° éd., oup, ик, 1946, p. 172.
Revue Tiers Monde, t. XXXIII, n° 130, Avril- Juin 1992 Paul Streeten 456
La durabilité fiscale, administrative et politique constitue le quatrième
aspect du concept de développement durable. La mise en œuvre d'une politique,
pour être crédible et acceptée des citoyens, doit bénéficier d'un consensus suffi
sant. L'appareil administratif doit avoir les moyens de l'appliquer de façon
continue et les recettes doivent pouvoir répondre aux besoins des dépenses
publiques. La paix internationale et la sécurité intérieure sont des dimensions
importantes de la durabilité politique.
Cinquièmement, il est clair que la gestion des projets des pays en voie de
développement devrait être confiée aux nationaux, afin que les experts étrangers
puissent se retirer, sans mettre en péril l'œuvre entreprise. Il conviendrait donc
de former la population locale, de lui donner les moyens de développer sa pro
pre technologie, des instruments de gestion et des structures administratives
propres.
La durabilité est néanmoins un problème pluridimensionnel. Elle suppose
une prise en compte de la responsabilité envers les générations futures, même si
aujourd'hui elles constituent des ensembles trop jeunes pour voter et pour faire
pression directement sur les décisions politiques. Nous traiterons principal
ement dans cet article le second aspect évoqué plus haut, à savoir le concept de
durabilité dans les questions d'environnement.
« La durabilité » en elle-même ne signifie rien de bien précis. S'agit-il de pré
server ce qui constitue les éléments de notre bien-être ou bien ce qui les déter
mine ? Plus que tant de tonnes de minerais, tant de milliers d'arbres, ou telle
quantité d'espèces animales, c'est, bien sûr, la santé, le bien-être et la prospérité
des peuples qui constituent la préoccupation prioritaire. Pourtant, certains arti
cles confondent les deux. Si pour le traitement du cancer des ovaires il faut
réduire les ifs du Pacifique (ou la chouette tachetée) afin de produire des médi
caments, la priorité devrait être accordée à la santé des gens plutôt qu'à la
conservation des arbres.
Reste à savoir quels sont le niveau de durabilité, les taux de croissance ou de
diminution souhaitables ? Le stock des ressources existantes n'est pas la réfé
rence absolue. Ce sont la croissance démographique, les innovations technolo
giques et les décisions intertemporelles qui détermineront s'il faut ou non
augmenter les stocks, les maintenir constants ou les réduire, et à quels taux, ou
s'il faut en changer la composition.
LES MENACES ÉCOLOGIQUES
QUI PÈSENT SUR LES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT
On peut classer ainsi les principales menaces qui pèsent sur l'environnement
physique des pays en voie de développement :
— la permanence d'un fort taux de croissance démographique ;
— l'accroissement du taux d'urbanisation ;
— l'énergie nucléaire : accidents, gestion des déchets, sabotage ; Des institutions pour un développement durable 457
— les dégâts causés par l'utilisation persistante des pesticides et autres dangers
menaçant la chaîne alimentaire ;
— les dégâts causés par les résidus industriels non biodégradables et la gestion
des déchets toxiques ;
— la destruction des forêts et des sols, de la vie animale et végétale ;
— l'envasement et la salination ;
— les préoccupations des nations à l'échelle régionale et mondiale à propos du
réchauffement, de la couche d'ozone, des pluies acides, de la pollution des
océans, etc.
Sans être exactement la même, cette liste se superpose avec celle qui pourrait
être établie pour les pays les plus industrialisés. Alors que la pauvreté est la
cause principale des dégradations causées à l'environnement dans les pays défa
vorisés, dans les pays riches, c'est l'opulence. La pauvreté et la pression démo
graphique poussent les paysans à cultiver des terres chaque fois plus éloignées.
Il en résulte une érosion du sol et un épuisement des nappes phréatiques supé
rieures, accentuant la pauvreté au fur et à mesure que les rendements baissent et
que les femmes passent de plus en plus de temps à recueillir du bois et à aller
puiser l'eau. On estime à 14 millions les personnes qui sont devenues des réfu
giés écologiques, chassées de chez elles par la dégradation de l'environnement.
Les « pauvres » sont à la fois la cause et les victimes de la dégradation de
l'environnement.
La montée rapide du taux de croissance démographique est la conséquence
d'une mortalité moderne, elle-même résultant du contrôle des décès dans des
sociétés où n'existe presque pas de contrôle des naissances. Dans les familles à
faibles revenus, on a des enfants pour aller chercher le bois et l'eau et accomplir
d'autres tâches ménagères. Les personnes âgées ont besoin de fils pour assurer
leur subsistance et de la même manière les parents jeunes ont besoin de nomb
reuses mains. C'est un cercle vicieux : le désir d'avoir une grande famille a des
conséquences négatives sur l'environnement et pour surmonter ces répercus
sions négatives on a besoin d'hommes supplémentaires. La « transition démo
graphique » est à la fois difficile et lente : il s'agit de passer d'une situation où
les taux des décès et des nai

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