Des paysans reconnus en Guinée et en France : les producteurs de pommes de terre des Timbis s organisent. Problèmes, blocages et soutiens - article ; n°163 ; vol.41, pg 693-704
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Des paysans reconnus en Guinée et en France : les producteurs de pommes de terre des Timbis s'organisent. Problèmes, blocages et soutiens - article ; n°163 ; vol.41, pg 693-704

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Tiers-Monde - Année 2000 - Volume 41 - Numéro 163 - Pages 693-704
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Marie-Christine Allart
Des paysans reconnus en Guinée et en France : les producteurs
de pommes de terre des Timbis s'organisent. Problèmes,
blocages et soutiens
In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°163. pp. 693-704.
Citer ce document / Cite this document :
Allart Marie-Christine. Des paysans reconnus en Guinée et en France : les producteurs de pommes de terre des Timbis
s'organisent. Problèmes, blocages et soutiens. In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°163. pp. 693-704.
doi : 10.3406/tiers.2000.1422
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2000_num_41_163_1422DES PAYSANS RECONNUS
EN GUINÉE ET EN FRANCE:
LES PRODUCTEURS
DE POMMES DE TERRE
DES TIMBIS S'ORGANISENT.
PROBLÈMES, BLOCAGES ET SOUTIENS
par Marie-Christine Allart*
Le projet de développement des Timbis en Guinée, lancé en 1987,
repose sur la culture de la pomme de terre. Faisant suite à de multiples
expériences, il illustre les changements d'orientation de la politique de
développement. Les réussites et les difficultés rencontrées permettent
d'en montrer- l'impact économique^ et social. Elles mettent aussi en évi
dence les problèmes de l'insertion de l'expérience dans l'économie gui-
néenne, les liens entre les niveaux local, national et international. Enfin,
les liens tissés entre les agriculteurs français et guinéens au sein de I'afdi
entraînent la confrontation de deux mondes agricoles.
Après l'échec de la politique des grands projets qui a marqué la
coopération Nord-Sud jusqu'au début des années 1980, les expériences
de développement local se sont multipliées. Émergence d'une concept
ion qui considère les sociétés locales comme sujets de développement
plutôt que comme bénéficiaires de la coopération, cette nouvelle orien
tation accorde une place importante aux hommes. Un petit projet
lancé en 1987 à Timbi-Madina1, la région nord de la Guinée, grâce au
* umr Lille 3 - CNRS 8529 « cersates ».
1. Timbi Madina est la sous-préfecture des Timbis dans le Fouta Djalon. Cette région a suscité de
nombreuses études dont : Monica Becks, Exode rural et système de production : cas de la sous-préfecture
de Timbi-Madina, Gembloux, Fac. se. agron., 1990, 102 p. ; Jean-Marc Garreau, Approche des systèmes de
production dans la région de Timbi-Madina, Montpellier, CNEARC, 1993, 58 p. ; Jean Boulet, Abdoulaye
Diallo, Saïdou Diallo, Baïlo Barry, Les systèmes agraires en Moyenne-Guinée. Localisation-description-
Revue Tiers Monde, t. XLI, n° 163, juillet-septembre 2000 694 Marie-Christine Allan
FAC, le Fonds d'aide de la coopération, illustre ces changements. La
place croissante accordée aux hommes s'y manifeste par des relations
tissées entre des agriculteurs guinéens et des agriculteurs français.
Cette expérience guinéenne qui permet de cerner les relations entre
le local, le national et l'international nous amène à poser les problèmes
de l'insertion de cette expérience dans l'économie du pays et à considé
rer la confrontation de deux mondes agricoles.
GENÈSE DES RAPPORTS AGRICOLES FRANCO-GUINÉENS
Les autorités coloniales se sont intéressées très tôt au développe
ment agricole du Fouta Djalon1. Mais en 1958, la Guinée indépendante
opte, sous la dictature de Sékou Touré, pour la centralisation, le socia
lisme. L'agriculture collectivisée avec des contraintes pesantes, des
réquisitions, etc., provoque le découragement des paysans. À la mort de
Sékou Touré, avec Lansana Conté, c'est le retour au capitalisme. Les
richesses potentielles de la Guinée attirent la communauté internatio
nale. Après une parenthèse d'une trentaine d'années, les Français
reviennent et, en 1987, le projet de Timbi-Madina se met en place.
La région des Timbis, savane herbeuse au sol pauvre, est peuplée
par les Peuls. Ces éleveurs nomades musulmans fixés dans le Fouta
depuis le xviir siècle ont engendré une nouvelle organisation sociale
marquée par la différenciation entre les nobles, les Peuls conquérants,
et les captifs, les populations locales. Aujourd'hui, environ 60 % des
nobles habitent le missidé, le village situé en altitude, et les 40 %
d'anciens captifs habitent le roundé, le hameau situé à proximité des
cours d'eau, dans les bas-fonds. La forte pression démographique a
entraîné le navetana2, émigration massive de la population masculine
vers les grands centres urbains africains, européens... Les revenus issus
de l'émigration constituent par conséquent la principale ressource des
habitants des Timbis. L'environnement économique n'est certes pas
très favorable mais il présente des potentialités. Timbi-Madina const
itue un des trois marchés les plus importants du pays. Et si la zone ne
problèmes et évolution, Centre de recherche agronomique de Bareng, IRAG-ORSTOM, 1994, 78 p. ; Étude
socio-économique régionale. Bilan-diagnostique au niveau des préfectures, ministère du plan et de la coopér
ation internationale, Tunisie, s.d., 4 vol. dont un sur la Moyenne-Guinée, 351 p. Cette publication repose
sur une étude menée en dix mois en 1988.
1. Archives nationales de Guinée, Conakry, Rapport de Arcin, 1904. Déjà, au début du siècle, un
commandant de cercle établit un bilan critique des actions menées.
2. Terme employé en Guinée pour désigner les migrations temporaires vers le Sénégal lors des tr
avaux de récolte de l'arachide. Des paysans reconnus en Guinée et en France 695
bénéficie d'aucune infrastructure de télécommunication et que les rou
tes s'avèrent impraticables pendant la saison des pluies, paradoxale
ment, de nombreux taxis-brousse et camions relient régulièrement
Timbi-Madina à Conakry, à Dakar ou à Abidjan. Quant à la place de
l'agriculture, elle n'est certes pas insignifiante mais elle demeure margin
ale. À cela, des raisons conjoncturelles : l'absence de confiance, la
faillite des banques sous le régime de Sékou Touré, l'inflation ont
conduit la population à dépenser ou à investir, dans le secteur immob
ilier par exemple. Mais des causes plus profondes interviennent égal
ement ; le travail de la terre, méprisé, a toujours été le fait exclusif des
anciens captifs1. Le système agraire foutanien dans lequel ils évoluent
repose sur le champ extérieur et la tapade. Le champ extérieur est le
domaine de l'homme ; il y cultive le riz, le fonio, le mil en assolement
biennal ou triennal. La tapade, le champ de case, est le domaine de la
femme. L'homme donne à chaque femme de la famille une partie de la
tapade, le sountaré. Sa mère, ses épouses, ses belles-filles y pratiquent
une agriculture de soudure, de complément, avec le manioc, la patate,
l'arachide... Mais comme deux hommes sur trois sont absents, les fem
mes sont obligées de travailler dans les champs extérieurs. C'est donc
dans ce contexte de mutation du système foutanien traditionnel que se
met en place le nouveau projet.
En 1987, un coopérant français arrive sur les lieux2. Dans un pre
mier temps, il s'agit de gagner la confiance des paysans en leur procu-
rant, par exemple, des semences qu'ils avaient des difficultés à trouver,
alors que, parallèlement, des études technico-socio-économîques sont
menées afin d'identifier des filières de production porteuses et de pro
poser un large éventail d'actions aux paysans. Dans une deuxième
phase, l'accent est mis sur la formation des leaders, car il faut des
hommes capables d'animer et d'assurer la pérennité du projet, il faut
favoriser la création d'associations paysannes. Ensuite vient le temps
de l'organisation puis du développement de la filière retenue. Ainsi, en
quelques années, de 1987 à 1994, dans les Timbis, les terres les plus
pauvres de la Guinée, où régnait la culture du fonio, la céréale la
pauvre, la culture de la pomme de terre s'installe et se développe.
1. Des observateurs constataient encore au début du XXe siècle que le travail agricole restait un tra
vail servile, humiliant : «... Il paraît bien qu'il y a presque une antinomie complète entre le labeur agricole
propre du captif et le service d'Allah, exclusivement réservé aux personnes libres et aux vrais musul
mans », Paul Marty, Islam en Guinée, Fou

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