Développement des marchés et coûts de transaction. Une critique des politiques économiques libérales - article ; n°157 ; vol.40, pg 37-49
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Développement des marchés et coûts de transaction. Une critique des politiques économiques libérales - article ; n°157 ; vol.40, pg 37-49

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1999 - Volume 40 - Numéro 157 - Pages 37-49
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Gérard Grellet
Naîma Grellet
Développement des marchés et coûts de transaction. Une
critique des politiques économiques libérales
In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°157. pp. 37-49.
Citer ce document / Cite this document :
Grellet Gérard, Grellet Naîma. Développement des marchés et coûts de transaction. Une critique des politiques économiques
libérales. In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°157. pp. 37-49.
doi : 10.3406/tiers.1999.5365
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1999_num_40_157_5365DEVELOPPEMENT DES MARCHES
ET COÛTS DE TRANSACTION
Une critique
des politiques économiques libérales
par Gérard et Naïma GRELLET*
La théorie du développement a longtemps opposé l'économie de mar
ché à l'économie administrée. Cette contribution cherche à expliquer
pourquoi historiquement le développement des marchés s'est toujours
appuyé sur des institutions hors marché. La raison avancée vient de ce
que la croissance économique engendre une croissance des coûts de tran
saction ainsi que des externalités qui ne peuvent faire eux-mêmes l'objet
d'un marché.
Les années 80 et 90 auront été marquées par ce qu'il est convenu
d'appeler le « consensus de Washington » ou le « économiquement
correct »', le étant fondé sur l'idée que la plupart des
experts, des gouvernements et des institutions multilatérales partage
raient les mêmes instruments de l'analyse économique néo-classique,
tels qu'ils sont par exemple rappelés dans les « Rapports sur le déve
loppement dans le monde » de la Banque mondiale. Ainsi le consensus
libéral des années 80 et 90 remplaçait-il le consensus des années 50
et 60 fondé sur l'analyse keynésienne, dont l'échec était patent.
Un des articles de foi du « consensus de Washington » est que
l'efficacité économique demande le minimum d'intervention de l'État
au profit du libre fonctionnement des marchés. Notre thèse sera que
l'essor des marchés nécessite l'augmentation simultanée de l'inte
rvention de l'État, bien que celle-ci doive être très différente des modes
de gestion étatique prônés par le consensus des années 50 et 60. Plus
* Centre de Recherche de I'iedes (cri). Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne.
1. Williamson, 1990.
Revue Tiers Monde, t. XL, n° 1 57, janvier-mars 1999 38 Gérard et Naïma Greïlet
précisément, nous tenterons de montrer que cette augmentation des
fonctions étatiques est nécessaire dans trois cas : pour réduire les coûts
de transaction, pour promouvoir des activités à fortes externalités et
pour prendre en charge les laissés pour compte du marché. Nous étu
dierons ensuite quels facteurs favorisent ou freinent la mise en place et
la réussite de l'intervention de l'État.
I / L'INDISPENSABLE RÔLE DE L'ÉTAT DANS L'ESSOR DES MARCHÉS :
TROIS DOMAINES D'ACTION INCONTOURNABLES
Des années 50 au début des années 80 les budgets de l'État ont aug
menté de façon marquée dans les pays en développement, passant de
16 % du PNB à près de 30 %'. Durant cette période la progression des
activités étatiques a donc largement accompagné, voire précédé, l'essor
des marchés plus qu'elle ne s'y est substituée. Pourtant la théorie écono
mique continuait à considérer que la relation entre marché et État
s'effectuait suivant une logique de substitution. Deux considérations
théoriques ont remis progressivement en cause cette logique : l'existence
de coûts de transaction et celle de fortes externalités.
1. Réduire les coûts de transaction
Les coûts de transaction peuvent être définis comme les coûts
d'organisation et de fonctionnement des marchés ainsi que les
liés au respect des droits échangés. Plus précisément, les coûts de tran
saction recouvrent les coûts directs d'obtention de l'information sur les
conditions de l'échange, les coûts de négociation, les coûts de respect
des droits de propriété échangés, ainsi que des coûts indirects, comme
les pertes encourues par le non-respect des clauses du contrat ou par
les distorsions économiques créées par les termes du contrat, ce qu'il
est convenu d'appeler le « risque moral » (moral hazard). D'après
J. Wallis et D. North, ces coûts de transaction représentaient 40 % du
PNB américain en 19792.
Le modèle néo-classique, dans ses versions marshallienne et walra-
sienne, versions qui constituent le cadre intellectuel de référence pour
une large majorité d'économistes, suppose qu'il n'existe pas de coûts
1. Banque mondiale, 1997.
2. J. Wallis et D. North, 1986. des marchés et coûts de transaction 39 Développement
de transaction sur les marchés, c'est-à-dire que la mise en œuvre des
mécanismes de marché n'induit pas de coûts particuliers. Par exemple,
dans un monde walrasien, les biens sont immédiatement disponibles
sans coût de transport, l'information sur les biens et services échangeab
les est obtenue gratuitement, de même que l'enregistrement des droits
de propriété ou les services du commissaire-priseur. Une des consé
quences de l'absence de coûts de transaction est que la répartition des
droits de propriété préalable à l'échange n'a aucune influence sur
l'allocation optimale des ressources1. Dans un tel monde, les institu
tions n'ont aucun rôle à jouer dans la croissance à long terme des
nations2. Il est donc clair que le modèle walrasien de l'échange pur
peut se passer de l'État.
Dans une société agraire où les échanges s'effectuent sur un mar
ché hebdomadaire, l'on peut effectivement considérer que les coûts de
transaction sont faibles et n'influent guère sur le résultat final des
échanges. Le nombre des échangistes est limité. Les caractéristiques
individuelles des échangistes et des biens sont connues, il est donc dif
ficile de tricher lors des transactions et comme l'information circule
parfaitement, tricher ne présente aucun intérêt financier. Les coûts de
transport sont faibles. Les transferts des droits de propriété sur les
biens échangés sont relativement aisés dans la mesure où les échang
istes se connaissent.
Dans une société fondée sur une division accentuée du travail il
n'en va pas ainsi. Les relations deviennent impersonnelles, et sont
donc entachées d'incertitude. Il peut devenir possible et fructueux de
tricher systématiquement. Les droits de propriété doivent être prouvés.
En d'autres termes, effectuer des transactions devient très coûteux
dans la mesure où celles-ci nécessitent des institutions pour réduire
l'incertitude et établir des règles de conduite. Trois coûts de transac
tion vont devenir de plus en plus importants : les coûts liés à
l'information, les coûts liés à l'organisation des marchés et les coûts
liés au respect des droits de propriété.
— Les coûts liés à l'information
Dans un monde où existent des millions de biens et de services,
acquérir une information sur leurs disponibilités et leurs caractéristi
ques nécessite un processus long et souvent coûteux. Afin de réduire
ces coûts d'information, les sociétés modernes ont été amenées à créer
1. Coase, 1960.
2. North, 1981 et 1989. 40 Gérard et Naïma Grellet
des institutions hors marché afin d'établir des normes comme par
exemple celles portant sur la qualité de la viande ou la valeur des
diplômes. Ces informations sont nécessairement hors marché parce
que les informations diffusées par les producteurs - en particulier par
la publicité - sont nécessairement biaisées.
— Les coûts liés à l'organisation des marchés
Les marchés ne fonctionnent pas toujours spontanément. L'action
non contrôlée des agents peut conduire à l'anarchie ou plus probable
ment à la domination de petits groupes1. C'est pourquoi des institu
tions hors march&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents