Divorce et remariage des femmes en Afrique de l Ouest. Le cas du Togo - article ; n°1 ; vol.50, pg 61-93
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Population - Année 1995 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 61-93
Locoh (Thérèse), Thiriat (Marie-Paule). - Divorce et remariage des femmes en Afrique de l'Ouest : le cas du Togo La forte mobilité conjugale des femmes en Afrique de l'Ouest n'est généralement abordée par les démographes que comme corrélat d'études sur la polygamie (des hommes) ou comme facteur de fécondité. La littérature anthropologique, au contraire, en a fait un sujet d'étude en soi, pesant les avantages et les inconvénients du mariage, du veuvage et du divorce pour le statut de la femme. L'analyse des histoires matrimoniales des femmes interrogées lors de l'enquête DHS Togo (1988) permet de confirmer certains constats et certaines interprétations des ethnologues. Elle met en évidence la fragilité des unions au cours des premières années de vie conjugale. L'analyse multivariée mesure le poids du milieu d'habitat, du niveau d'instruction, de la co-résidence conjugale, de l'infécondité et des spécificités ethniques sur le risque de divorce. Les années récentes semblent marquées par une tendance à la hausse de la probabilité de rupture des unions et par une accélération des remariages. Reste à savoir si ces nouvelles logiques matrimoniales se traduisent en gain réel d'autonomie des femmes ou, au contraire, en une plus grande insécurité et une dépendance plus forte à l'égard de qui pourra les aider à élever leurs enfants.
Locoh (Thérèse), Thiriat (Marie-Paule). - Divorce and remarriage in West Africa: the situation in Togo The high matrimonial mobility of West African women is only generally analysed by demographers as a correlate in polygamy research (on men) or as a fertility factor. Anthropological literature, on the other hand, has investigated the subject in its own right, weighing up the pros and cons of marriage, widowhood and divorce for the status of women. Analysis of the matrimonial data on women surveyed in the DHS Togo survey (1988) confirms certain observations and interpretations by ethnologists. It shows the fragility of couples during the first few years of marriage. Multivariance analysis measures the impact of the housing environment, level of education, matrimonial co-habitation, infertility and ethnic specificities on the risk of divorce. The last few years seem to have been marked by a rising trend in the probability of marriage breakups and remarriage. It still remains to be found out whether these new matrimonial trends result in a real gain in the autonomy of women or whether, on the contrary, women are less secure and more dependent on the person able to help them raise their children.
Locoh (Thérèse), Thiriat (Marie-Paule). - Divorcio y segundas nupcias de mujeres en Africa Occidental: el caso de Togo La fuerte movilidad conyugal de las mujeres en Africa Occidental es abordada por los demógrafos exclusivamente en estudios sobre la poligamia (masculina) o como factor de fecundidad. La literatura antropológica, en cambio, ha convertido el terna en un sujeto de estudio principal, sopesando las ventajas e inconvenientes del matrimonio, de la viudedad y del divorcio para el status de la mujer. El análisis de historias matrimoniales de las mujeres interrogadas para la encuesta DHS en Togo (1988) permite confirmar ciertos hallazgos e in- terpretaciones etnológicas. Este análisis pone en evidencia la fragilidad de las uniones en los primeros afios de vida conyugal. El análisis multivariado mide la influencia del lugar de residencia, del nivel de instrucción, de la co-residencia conyugal, de la infecundidad y de las especificidades étnicas sobre el riesgo de divorcio. En el periodo más reciente ha habido una tendencia al aumento de la probabilidad de ruptura de las uniones y una aceleración de las segundas nupcias. Queda por saber si estas nuevas lógicas matrimoniales se traducen en un aumento real de autonomia para las mujeres о si, al contrario, la busca de soporte para educar a los hijos aumenta su inseguridad y háce más fuerte su dependencia.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Thérèse Locoh
Marie-Paule Thiriat
Divorce et remariage des femmes en Afrique de l'Ouest. Le cas
du Togo
In: Population, 50e année, n°1, 1995 pp. 61-93.
Citer ce document / Cite this document :
Locoh Thérèse, Thiriat Marie-Paule. Divorce et remariage des femmes en Afrique de l'Ouest. Le cas du Togo. In: Population,
50e année, n°1, 1995 pp. 61-93.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1995_num_50_1_5902Résumé
Locoh (Thérèse), Thiriat (Marie-Paule). - Divorce et remariage des femmes en Afrique de l'Ouest : le
cas du Togo La forte mobilité conjugale des femmes en Afrique de l'Ouest n'est généralement abordée
par les démographes que comme corrélat d'études sur la polygamie (des hommes) ou comme facteur
de fécondité. La littérature anthropologique, au contraire, en a fait un sujet d'étude en soi, pesant les
avantages et les inconvénients du mariage, du veuvage et du divorce pour le statut de la femme.
L'analyse des histoires matrimoniales des femmes interrogées lors de l'enquête DHS Togo (1988)
permet de confirmer certains constats et certaines interprétations des ethnologues. Elle met en
évidence la fragilité des unions au cours des premières années de vie conjugale. L'analyse multivariée
mesure le poids du milieu d'habitat, du niveau d'instruction, de la co-résidence conjugale, de
l'infécondité et des spécificités ethniques sur le risque de divorce. Les années récentes semblent
marquées par une tendance à la hausse de la probabilité de rupture des unions et par une accélération
des remariages. Reste à savoir si ces nouvelles logiques matrimoniales se traduisent en gain réel
d'autonomie des femmes ou, au contraire, en une plus grande insécurité et une dépendance plus forte
à l'égard de qui pourra les aider à élever leurs enfants.
Abstract
Locoh (Thérèse), Thiriat (Marie-Paule). - Divorce and remarriage in West Africa: the situation in Togo
The high matrimonial mobility of West African women is only generally analysed by demographers as a
correlate in polygamy research (on men) or as a fertility factor. Anthropological literature, on the other
hand, has investigated the subject in its own right, weighing up the pros and cons of marriage,
widowhood and divorce for the status of women. Analysis of the matrimonial data on women surveyed
in the DHS Togo survey (1988) confirms certain observations and interpretations by ethnologists. It
shows the fragility of couples during the first few years of marriage. Multivariance analysis measures the
impact of the housing environment, level of education, matrimonial co-habitation, infertility and ethnic
specificities on the risk of divorce. The last few years seem to have been marked by a rising trend in the
probability of marriage breakups and remarriage. It still remains to be found out whether these new
matrimonial trends result in a real gain in the autonomy of women or whether, on the contrary, women
are less secure and more dependent on the person able to help them raise their children.
Resumen
Locoh (Thérèse), Thiriat (Marie-Paule). - Divorcio y segundas nupcias de mujeres en Africa Occidental:
el caso de Togo La fuerte movilidad conyugal de las mujeres en Africa Occidental es abordada por los
demógrafos exclusivamente en estudios sobre la poligamia (masculina) o como factor de fecundidad.
La literatura antropológica, en cambio, ha convertido el terna en un sujeto de estudio principal,
sopesando las ventajas e inconvenientes del matrimonio, de la viudedad y del divorcio para el status de
la mujer. El análisis de historias matrimoniales de las mujeres interrogadas para la encuesta DHS en
Togo (1988) permite confirmar ciertos hallazgos e in- terpretaciones etnológicas. Este análisis pone en
evidencia la fragilidad de las uniones en los primeros afios de vida conyugal. El análisis multivariado
mide la influencia del lugar de residencia, del nivel de instrucción, de la co-residencia conyugal, de la
infecundidad y de las especificidades étnicas sobre el riesgo de divorcio. En el periodo más reciente ha
habido una tendencia al aumento de la probabilidad de ruptura de las uniones y una aceleración de las
segundas nupcias. Queda por saber si estas nuevas lógicas matrimoniales se traducen en un aumento
real de autonomia para las mujeres о si, al contrario, la busca de soporte para educar a los hijos
aumenta su inseguridad y háce más fuerte su dependencia.DIVORCE ET REMARIAGE
DES FEMMES EN AFRIQUE
DE L'OUEST
Le cas du Togo*
Thérèse LOCOH
Marie-Paule THIRIAT
La littérature, scientifique ou romanesque, est abondante sur la po
lygamie en Afrique sub-saharienne. Les démographes ont alimenté de leurs
analyses ce sujet d'intérêt majeur pour la connaissance des sociétés afr
icaines (Donadjè, 1992 par exemple). En comparaison peu d'études ont por
té sur la plurinuptialité féminine, du moins en démographie.
L'accès au premier mariage, sa nature, éventuellement l'existence de
naissances prénuptiales ont constitué un champ d'intérêt primordial de la
nuptialité féminine en Afrique. Les ruptures d'union ont certes été étudiées,
mais surtout quant à leur influence éventuelle sur la fécondité. On a dé
montré qu'en Afrique sub-saharienne, les ruptures d'union n'ont pas un
impact majeur sur la fécondité parce qu'elles sont, du moins dans la période
féconde, de courte durée et que les remariages rapides assurent une expos
ition optimale des femmes au risque de concevoir (Locoh, 1984, Lesthaeghe
et Eelens, 1989). C'est surtout à l'occasion d'études sur la polygamie que
les démographes se sont quelque peu intéressés à la mobilité conjugale
des femmes, comme un des mécanismes démographiques qui permet aux
hommes de contracter plusieurs unions simultanées en dépit d'effectifs f
éminins et masculins, à âge égal, peu différents - le mécanisme essentiel
étant, bien évidemment, la différence d'âge au mariage (Pison, 1988,
Lesthaeghe, 1989). Les événements du cycle de vie matrimonial des fem
mes étaient alors considérés en fonction de la polygamie omniprésente dans
le champ des études sur la nuptialité africaine.
Divorce et remariage féminin ont été abordés en tant que facteurs de
la fécondité d'une part, de la polygamie d'autre part, mais rarement en
tant que tels, comme des éléments constitutifs du statut de la femme et
de la définition des relations entre hommes et femmes.
* Cet article sera publié en anglais dans un ouvrage édité par l'UIESP intitulé Women
and Demographic Change in Sub-Saharan Africa, à paraître en 1995.
Population, 1, 1995, 61-94 62 DIVORCE ET REMARIAGE DES FEMMES AU TOGO
Pourtant les données statistiques disponibles, notamment celles des
Enquêtes Mondiales de Fécondité (EMF), ont bien montré l'ampleur et la
diversité de la plurinuptialité des femmes africaines. Par exemple, d'après
l'Enquête Sénégalaise de (Smith et al, 1984 : 19), le Sénégal
comptait 17% d'unions dissoutes dans les cinq premières années de ma
riage'" et, 90% des femmes dont l'union a été rompue se remariaient dans
les cinq années suivant la fin de celle-ci, alors qu'au Kenya on observait
une situation assez différente : 10% des unions y avaient été dissoutes dans
les cinq premières années parmi lesquelles 50% avaient été suivies,
cinq ans après, d'un remariage.
Les ruptures des premières unions sont plus fréquentes en Afrique
de l'Ouest (de 45% à 53%) qu'en Afrique de l'Est (de 29% à 34%); les
remariages, y sont, eux aussi, plus courants (Kaufmann, Lesthaeghe et al,
1988). Les auteurs mettent cette constatation en relation avec les niveaux
plus élevés de polygamie dans la sous-région. Diverses enquêtes réalisées
en Afrique de l'Ouest (Locoh, 1984; Pison, 1982; Quesnel et Vimard,
1988 ; Hertrich, 1992) apportent des données convergentes : à peu près une
femme sur deux n'est plus en première union à 50 ans, le veuvage étant
responsable d'un tiers environ des ruptures et le divorce-séparation(2) des
deux tiers.
Pour trois pays d'Afrique sub-saharienne - Ghana, Kenya et Sénégal -
on peut comparer les indicateurs de ruptures d'union et les proportions de
femmes mariées plus d'une fois des EMF (années 1976-78) à celles des
Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS-DHS, années 1986-88). Les
évoluti

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