Données nouvelles sur la dominance hémisphérique - article ; n°2 ; vol.73, pg 611-633
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Description

L'année psychologique - Année 1973 - Volume 73 - Numéro 2 - Pages 611-633
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

H. Hecaen
Données nouvelles sur la dominance hémisphérique
In: L'année psychologique. 1973 vol. 73, n°2. pp. 611-633.
Citer ce document / Cite this document :
Hecaen H. Données nouvelles sur la dominance hémisphérique. In: L'année psychologique. 1973 vol. 73, n°2. pp. 611-633.
doi : 10.3406/psy.1973.28009
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1973_num_73_2_28009Année psychol.
1973, 73, 611-633
REVUES CRITIQUES
DONNÉES NOUVELLES
SUR LA DOMINANCE HÉMISPHÉRIQUE
par H. Hécaen1
Laboratoire de Pathologie du Langage de VE.P.H.E.2
Excluant de notre revue les apports de la psychologie expérimentale
aux problèmes de la spécialisation fonctionnelle hémisphérique, nous
nous efforcerons de présenter les données neuropsychologiques récentes
qui nous ont paru les plus importantes, données obtenues soit par l'étude
des malades avec lésion cérébrale unilatérale soit par l'analyse des
performances des sujets split brain avec restriction des entrées à un
hémisphère3.
C'est sous quatre rubriques que nous regrouperons ces divers résul
tats : Langage et hémisphère droit, Fonctions spatiales, Nature de la
spécialisation fonctionnelle hémisphérique, Dominance cérébrale chez
les sujets gauchers.
I. — LANGAGE ET HÉMISPHÈRE DROIT
Sperry, Gazzaniga ont continué à explorer chez les sujets split brain
les capacités verbales de l'hémisphère droit. On sait que dans leur étude
de 1967 ces auteurs avaient montré que l'hémisphère droit, quoique
incapable d'expression, pouvait assurer un certain degré de compréhens
ion verbale. Cette capacité restait limitée puisque des ordres simples
n'étaient pas exécutés, seuls les noms d'objets paraissaient reconnus.
Si les substantifs pouvaient être ainsi compris par l'hémisphère droit
aussi bien par le canal auditif que par le canal visuel, les verbes restaient
au-dessus de ses possibilités d'appréhension.
Gazzaniga et Hillyard (1971) ont étudié chez deux sujets split brain
1. Directeur d'Etudes à l'E.P.H.E.
2. E.R.A., n° 274 au C.N.R.S., Unité de Recherches neuropsycholo
giques et neurolinguistiques, U-lll de l'I.N.S.E.R.M., 2 ter, rue d'Alésia,
75014 Paris et avec l'aide de la Grant Foundation.
3. Sujets ayant subi la section des commissures néo-corticales (corps
calleux et commissures anciennes). 612 REVUES CRITIQUES
droitiers, âgés respectivement de 17 et de 35 ans, 3 ans et 6 ans après la
commissurotomie, les capacités verbales de l'hémisphère droit en pro
jetant pendant une durée de 100 ms à l'hémichamp gauche des images
représentant une série d'actions diverses. Après la projection, bien que
le sujet déclare n'avoir rien vu ou un simple flash, on lui demandait
oralement laquelle des deux phrases représentant une alternative
correspondait à la scène projetée. Par cette technique, les auteurs consta
tèrent que les sujets étaient incapables de distinguer laquelle des deux
phrases était correcte telles que « le garçon embrasse la fille ou la fille
embrasse le garçon ». Il en était de même si la phrase était présentée au
passif. Etant donné que, après la présentation d'une simple image de
garçon ou de fille à l'hémisphère droit, les sujets étaient capables de
choisir correctement, selon le cas, la carte sur laquelle le mot garçon
ou le mot fille était imprimé, il faut admettre que les difficultés ne sont
pas d'ordre perceptif mais traduisent l'incapacité des sujets à mettre
en relation un sujet et un objet par l'intermédiaire d'un verbe.
Sur ces mêmes sujets, Gazzaniga et Hillyard, par une technique de
temps de réaction verbale discriminative, obtiennent d'abord des
résultats pouvant indiquer une certaine capacité d'expression de l'hémi
sphère droit puisque certaines identifications verbales de stimulus pré
sentés dans le champ gauche, pouvaient être obtenues, quoique plus
lentement que lors de la présentation à l'hémichamp droit. Cependant,
en poursuivant l'expérience, il apparaît à ces auteurs qu'en fait les
réponses verbales relèvent de l'utilisation par les sujets d'une stratégie
par repères croisés interhémisphériques ; les réponses pourraient ainsi
être la conséquence de transferts sous-corticaux.
En revanche, J. Levy, R. D. Nebes et R. W. Sperry (1971) par
viennent à démontrer chez deux sujets split brain droitiers, âgés respec
tivement de 17 et de 14 ans, des possibilités d'expression graphique de
l'hémisphère droit. En effet, le premier sujet était capable de composer
un mot avec la main gauche à partir de deux ou trois lettres en plas
tique, quoiqu'il fût toujours incapable de prononcer ce mot. De même,
ce sujet lorsqu'il devait palper avec la main gauche des lettres composant
déjà un mot, parvenait à l'écrire avec cette même main et parfois alors
à le prononcer mais il ne pouvait jamais le prononcer s'il ne l'avait pas
écrit auparavant. (Pour Levy et coll., l'intervention de l'hémisphère
gauche après écriture préalable s'explique par le feedback kinesthésique
bilatéral.) Ce même malade lorsqu'on lui donnait à palper avec la main
gauche des objets familiers parvenait tout d'abord à écrire la correctement mais de façon très lente la première et la deuxième
lettre du nom de l'objet, puis il s'arrêtait un moment avant de continuer
à écrire mais les lettres étaient alors absolument inadéquates.
Les stimulus étaient présentés au deuxième malade tachistoscopi-
quement, tantôt à droite tantôt à gauche et la réponse devait se faire
par l'écriture de la main gauche. Lors de la présentation dans le champ H. HÉCAEN 613
gauche de noms courts, la main gauche parvint à écrire 12 des 39 noms
présentés à l'hémichamp gauche. Sur présentation d'images d'objets
familiers, le même sujet ne parvenait à écrire correctement que deux
des noms des 54 images projetées dans le champ gauche.
Il apparaît donc que l'hémisphère droit possède une certaine capacité
d'expression graphique mais que, d'une part, celle-ci reste très limitée,
le nom des images donnant lieu à très peu de succès et que, d'autre part,
cette capacité est très rapidement dominée par l'activité de l'hémisphère
gauche qui se manifeste dès la deuxième ou la troisième lettre du mot.
En revanche, sur l'appareil vocal, l'hémisphère gauche ne relâche jamais
son contrôle, les vocalisations exactes ne provenant que du feedback
kinesthésique ipsilatéral.
Pour Levy et coll., ces résultats traduisent une compétition entre
les deux hémisphères, compétition dans laquelle l'hémisphère droit,
quelque capacité verbale qu'il puisse posséder, ne peut obtenir le moindre
succès, au moins pour la parole. Lorsque l'influence de l'hémisphère
gauche vient à être supprimée totalement, par exemple comme dans le
cas d'hémisphérectomie gauche de A. Smith (1966), l'hémisphère droit
peut alors sous-tendre une certaine expression verbale en même temps
qu'un certain degré de compréhension.
Selon ces auteurs, deux aspects de l'expression verbale doivent être
considérés : la dominance conceptuelle centrale, la dominance motrice
périphérique. Ces deux aspects sont d'ailleurs en relation directe :
lorsque l'hémisphère le mieux équipé assure une tâche donnée, il lui est
ainsi plus facile de dominer les voies motrices. Ce qui est vrai pour les
tâches verbales et l'hémisphère gauche, le serait aussi pour les tâches
non et droit, comme le montrent d'autres expé
riences de Levy, Trevarthen et Sperry (voir p. 622).
En faveur de la participation de l'hémisphère droit aux fonctions
du langage, on a aussi présenté des arguments en quelque sorte négatifs.
Ainsi Kinsbourne utilisant le test de Wada chez des aphasiques de types
divers (aphasie motrice, aphasie amnésique, aphasie de conduction)
n'a pas constaté d'aggravation du syndrome aphasique préexistant, en

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