Effets immédiats ou différés du connecteur « parce que » dans la compréhension de phrases ? Réexamen du modèle de Millis et Just (1994) - article ; n°2 ; vol.99, pg 239-269
33 pages
Français

Effets immédiats ou différés du connecteur « parce que » dans la compréhension de phrases ? Réexamen du modèle de Millis et Just (1994) - article ; n°2 ; vol.99, pg 239-269

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Description

L'année psychologique - Année 1999 - Volume 99 - Numéro 2 - Pages 239-269
Résumé
Millis et Just (1994) ont présenté un modèle du rôle des connecteurs centré sur leur fonction d'intégration. Le connecteur parce que inséré entre les deux propositions d'une phrase conduirait, enfin de phrase, à une réactivation de la représentation de la première proposition et à une intégration des deux représentations en une représentation commune. Ils montrent que le connecteur entraîne deux effets : augmentation du temps passé sur le dernier mot de la seconde proposition et reconnaissance plus rapide du verbe de la première proposition (réactivation), après lecture de la seconde. Ainsi, ce modèle met l'accent sur les effets différés du connecteur. L'expérience rapportée dans cet article reprend la première expérience de Millis et Just. Nous considérons le même type de phrases et le même paradigme, mais nous introduisons deux modifications méthodologiques : le connecteur parce que est présenté au début de la seconde proposition et non à la fin de la première, les propositions sont de longueur variable et non composées toujours du même nombre de mots. Nos résultats ne confirment pas les effets observés par Millis et Just. Le connecteur a un effet facilitateur immédiat sur la lecture du premier segment de la seconde proposition, alors qu'il n'a aucun effet sur la lecture du dernier segment. Le connecteur entraîne une reconnaissance plus lente du verbe de la première proposition fdésactivation), effet plus marqué en présence d'une charge en mémoire. Nos résultats sont compatibles avec une approche soulignant le rôle d'instructions de traitement des connecteurs. Nous les interprétons dans le cadre de la théorie de Gernsbacher (1989).
Mots-clés : connecteurs, compréhension, psycholinguistique.
Summary : Immediate or delayed effects of the connective « because » in sentence comprehension ? A reexamination of Millis and Just's (1994) model.
Millis and Just (1994) proposed a Connective Integration Model to account for the role ofa connective like because placed between two clauses of a sentence. According to this model, readers construct a representation of each clause before constructing a composite representation that encompasses both representations. The presence of a connective leads, at the end of the sentence, to the reactivation of the representation of the first clause and to a better integration of the two representations. Their experimental data showed two crucial effects due to the presence of a connective : longer reading time on the last word ofthe second clause and faster recognition ofthe verb of the first clause when recognition was tested after reading the second clause. Thus, this model emphasizes the delayed effects of the connectives. The present experiment is a modified replication ofthe first experiment conducted by Millis and Just. The same type of sentences and the same paradigm were used with two methodological modifications : The connective because appeared at the beginning ofthe second clause (its natural place) and not at the end ofthe first clause, the propositions contained a variable and not a constant number of words. Our results did not confirm the effects observed by Millis and Just. The connective led to an immediate facilitating effect on the reading time of the first segment ofthe second clause, whereas it did not affect the reading time of the last segment. The connective led to a slower recognition of the verb of the first clause (desactivation), this effect being stronger in conditions involving a working memory load. Our results were compatible with an approach emphasizing the role of connectives as processing instructions. They were interpreted in the framework of Gernsbacher's (1989) theory.
Key words : connectives, comprehension, psycholinguistics.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

S. MOUCHON
Marie-France Ehrlich
C. Loridant
Effets immédiats ou différés du connecteur « parce que » dans
la compréhension de phrases ? Réexamen du modèle de Millis
et Just (1994)
In: L'année psychologique. 1999 vol. 99, n°2. pp. 239-269.
Citer ce document / Cite this document :
MOUCHON S., Ehrlich Marie-France, Loridant C. Effets immédiats ou différés du connecteur « parce que » dans la
compréhension de phrases ? Réexamen du modèle de Millis et Just (1994). In: L'année psychologique. 1999 vol. 99, n°2. pp.
239-269.
doi : 10.3406/psy.1999.28531
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1999_num_99_2_28531Résumé
Résumé
Millis et Just (1994) ont présenté un modèle du rôle des connecteurs centré sur leur fonction
d'intégration. Le connecteur parce que inséré entre les deux propositions d'une phrase conduirait, enfin
de phrase, à une réactivation de la représentation de la première proposition et à une intégration des
deux représentations en une commune. Ils montrent que le connecteur entraîne deux
effets : augmentation du temps passé sur le dernier mot de la seconde proposition et reconnaissance
plus rapide du verbe de la première proposition (réactivation), après lecture de la seconde. Ainsi, ce
modèle met l'accent sur les effets différés du connecteur. L'expérience rapportée dans cet article
reprend la première expérience de Millis et Just. Nous considérons le même type de phrases et le
même paradigme, mais nous introduisons deux modifications méthodologiques : le connecteur parce
que est présenté au début de la seconde proposition et non à la fin de la première, les propositions sont
de longueur variable et non composées toujours du même nombre de mots. Nos résultats ne confirment
pas les effets observés par Millis et Just. Le connecteur a un effet facilitateur immédiat sur la lecture du
premier segment de la seconde proposition, alors qu'il n'a aucun effet sur la lecture du dernier segment.
Le connecteur entraîne une reconnaissance plus lente du verbe de la première proposition
fdésactivation), effet plus marqué en présence d'une charge en mémoire. Nos résultats sont
compatibles avec une approche soulignant le rôle d'instructions de traitement des connecteurs. Nous
les interprétons dans le cadre de la théorie de Gernsbacher (1989).
Mots-clés : connecteurs, compréhension, psycholinguistique.
Abstract
Summary : Immediate or delayed effects of the connective « because » in sentence comprehension ? A
reexamination of Millis and Just's (1994) model.
Millis and Just (1994) proposed a Connective Integration Model to account for the role ofa connective
like because placed between two clauses of a sentence. According to this model, readers construct a
representation of each clause before constructing a composite representation that encompasses both
representations. The presence of a connective leads, at the end of the sentence, to the reactivation of
the representation of the first clause and to a better integration of the two representations. Their
experimental data showed two crucial effects due to the presence of a connective : longer reading time
on the last word ofthe second clause and faster recognition ofthe verb of the first clause when
recognition was tested after reading the second clause. Thus, this model emphasizes the delayed
effects of the connectives. The present experiment is a modified replication ofthe first experiment
conducted by Millis and Just. The same type of sentences and the same paradigm were used with two
methodological modifications : The connective because appeared at the beginning ofthe second clause
(its natural place) and not at the end ofthe first clause, the propositions contained a variable and not a
constant number of words. Our results did not confirm the effects observed by Millis and Just. The
connective led to an immediate facilitating effect on the reading time of the first segment ofthe second
clause, whereas it did not affect the reading time of the last segment. The connective led to a slower
recognition of the verb of the first clause (desactivation), this effect being stronger in conditions involving
a working memory load. Our results were compatible with an approach emphasizing the role of
connectives as processing instructions. They were interpreted in the framework of Gernsbacher's (1989)
theory.
Key words : connectives, comprehension, psycholinguistics.L'Année psychologique, 1999, 99, 239-269
Laboratoire de Psychologie expérimentale
Université René Descartes et EPHE
CNRS URA 316, Paris1
EFFETS IMMEDIATS OU DIFFERES
DU CONNECTEUR « PARCE QUE »
DANS LA COMPRÉHENSION DE PHRASES ?
RÉEXAMEN DU MODÈLE DE MILLIS ET JUST (1994)
par Serge MOUCHON, Marie-France EHRLICH
et Catherine LORIDANT
SUMMARY : Immediate or delayed effects of the connective « because » in
sentence comprehension ? A reexamination of Millis and Just's (1994)
model.
Millis and Just (1994) proposed a Connective Integration Model to
account for the role of a connective like because placed between two clauses of a
sentence. According to this model, readers construct a representation of each
clause before constructing a composite representation that encompasses both
representations. The presence of a connective leads, at the end of the sentence, to
the reactivation of the representation of the first clause and to a better
integration of the two representations. Their experimental data showed two
crucial effects due to the presence of a connective : longer reading time on the
last word of the second clause and faster recognition of the verb of the first clause
when recognition was tested after reading the second clause. Thus, this model
emphasizes the delayed effects of the connectives. The present experiment is a
modified replication of the first experiment conducted by Millis and Just. The
same type of sentences and the same paradigm were used with two
methodological modifications : The connective because appeared at the
beginning of the second clause (its natural place) and not at the end of the first
clause, the propositions contained a variable and not a constant number of
words. Our results did not confirm the effects observed by Millis and Just. The
connective led to an immediate facilitating effect on the reading time of the first
segment of the second clause, whereas it did not affect the time of the last
1. 28, rue Serpente, 75006 Paris.
E-mail: mouchon@psycho.univ-paris5.fr. 240 S. Mouchon, M. -F. Ehrlich et C. Loridant
segment. The connective led to a slower recognition of the verb of the first clause
(desactivation) , this effect being stronger in conditions involving a working
memory load. Our results were compatible with an approach emphasizing the
role of connectives as processing instructions. They were interpreted in the
framework of Gernsbacher's (1989) theory.
Key words : connectives, comprehension, psycholinguistics.
INTRODUCTION
Un texte narratif présente une succession d'événements
et/ou d'idées entretenant entre eux des relations de nature essen
tiellement causale et temporelle. La tâche du compreneur
consiste à traiter les propositions et les phrases successives du
texte et à les intégrer en une représentation cohérente conforme
aux intentions de l'auteur. Deux facteurs sont particulièrement
importants dans l'élaboration d'une représentation cohérente :
les caractéristiques des séquences d'événements décrits dans le
texte, qui présentent des relations plus ou moins évidentes, et la
présence de marques linguistiques de cohésion (Keenan, Baillet
et Brown, 1984 ; Myers, Shinjo et Duffy, 1987 ; van den Broeck,
1990 ; Charolles et Ehrlich, 1991 ; Ehrlich et Charolles, 1991).
Les marques de cohésion ont pour fonction d'aider le lecteur à
établir des liens entre des constituants d'énoncés (marques ana-
phoriques) ou les énoncés eux-mêmes. Ce second cas est
celui des connecteurs. La présence d'un connecteur entre deux
propositions d'une phrase complexe signale explicitement au
lecteur la relation conceptuelle unissant ces deux propositions.
D'après la classification de Halliday et Hasan (1976), largement
acceptée, quatre types de connecteurs peuvent être distingués :
connecteurs causaux (because, parce que ; therefore, par consé
quent), temporels (before, avant ; then, puis), additifs (and, et ;
or, ou) et adversatifs (but, mais ; however, cependant). Ainsi, la
cohérence interévénementielle et la présence de connecteurs sont
des facteurs complémentaires qui interviennent conjointement
dans la construction d'une représentation mentale conforme à la

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