Eléments pour une approche socio-politique dans la violence policière - article ; n°1 ; vol.19, pg 35-49
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Déviance et société - Année 1995 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 35-49
A particularly controversial aspect of the reality of policing, the use of violence by the police is an object of study which is somewhat neglected by research, however its importance cannot elude those who consider, along with Max Weber, the monopolization of legitimate coercion as the main characteristic of institutionalized political power. After examining the reasons of this paradoxical situation, this socio-political approach sets out to show where the use of violence by the police is consubstantial to political power, all the while presenting in a systematic manner this highly polymorphous phenomenon, in an attempt to classify the various uses of violence by the police.
Ein besonders kontroverser Aspekt polizeilicher Tätigkeit, nämlich die Anwendung von Gewalt, ist als Untersuchungsthema bislang etwas vernachlässigt worden. Jedoch kann diesem Thema Bedeutung jedenfalls von denen nicht abgesprochen werden, die, mit Max Weber, die Monopolisierung legitimer Gewalt als wesentliches Charakteristikum der institutionalisierten politischen Macht betrachten. Der in dieser Untersuchung verwendete sozio-politische Ansatz wendet sich zunächst den Gründen für diese paradoxe Forschungslage zu, um dann nachzuweisen, weshalb polizieliche Gewalt für politische Macht bedeutsam ist. Dabei wird dieses in hohem Maße polymorphe Phänomen in systematischer Art und Weisedargestellt. Im Zentrum steht insoweit ein Versuch polizeiliche Gewalt zu klassifizieren.
Een bijzonder controversieel aspect van de politiële realiteit, het politiegeweld, is een studieobject dat tot hiertoe weinig aandacht genoot binnen het wetenschappelijk onderzoek, maar waarvanhet belang niet onderscat mag worden door zij die, zoals Max Weber, de monopolisering van de wettelijke dwang als de voornaamste karakteristiek beschouwen van de geïnstitutionlaiseerde politieke macht. Na aandacht besteed te hebben aan de oorzaken van deze paradoxale situatie, wil deze socio-politieke benadering aantonen waar het politiegeweld consubstantieel is aan de politieke macht, door op systematische wijze dit polymorfe fenomeen in kaart te brengen via een poging tot classificatie van de verschillende vormen van geweld.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur François Dieu
Eléments pour une approche socio-politique dans la violence
policière
In: Déviance et société. 1995 - Vol. 19 - N°1. pp. 35-49.
Citer ce document / Cite this document :
Dieu François. Eléments pour une approche socio-politique dans la violence policière. In: Déviance et société. 1995 - Vol. 19 -
N°1. pp. 35-49.
doi : 10.3406/ds.1995.1561
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1995_num_19_1_1561Abstract
A particularly controversial aspect of the reality of policing, the use of violence by the police is an object
of study which is somewhat neglected by research, however its importance cannot elude those who
consider, along with Max Weber, the monopolization of legitimate coercion as the main characteristic of
institutionalized political power. After examining the reasons of this paradoxical situation, this socio-
political approach sets out to show where the use of violence by the police is consubstantial to political
power, all the while presenting in a systematic manner this highly polymorphous phenomenon, in an
attempt to classify the various uses of violence by the police.
Zusammenfassung
Ein besonders kontroverser Aspekt polizeilicher Tätigkeit, nämlich die Anwendung von Gewalt, ist als
Untersuchungsthema bislang etwas vernachlässigt worden. Jedoch kann diesem Thema Bedeutung
jedenfalls von denen nicht abgesprochen werden, die, mit Max Weber, die Monopolisierung legitimer
Gewalt als wesentliches Charakteristikum der institutionalisierten politischen Macht betrachten. Der in
dieser Untersuchung verwendete sozio-politische Ansatz wendet sich zunächst den Gründen für diese
paradoxe Forschungslage zu, um dann nachzuweisen, weshalb polizieliche Gewalt für politische Macht
bedeutsam ist. Dabei wird dieses in hohem Maße polymorphe Phänomen in systematischer Art und
Weisedargestellt. Im Zentrum steht insoweit ein Versuch polizeiliche Gewalt zu klassifizieren.
Een bijzonder controversieel aspect van de politiële realiteit, het politiegeweld, is een studieobject dat
tot hiertoe weinig aandacht genoot binnen het wetenschappelijk onderzoek, maar waarvanhet belang
niet onderscat mag worden door zij die, zoals Max Weber, de monopolisering van de wettelijke dwang
als de voornaamste karakteristiek beschouwen van de geïnstitutionlaiseerde politieke macht. Na
aandacht besteed te hebben aan de oorzaken van deze paradoxale situatie, wil deze socio-politieke
benadering aantonen waar het politiegeweld consubstantieel is aan de politieke macht, door op
systematische wijze dit polymorfe fenomeen in kaart te brengen via een poging tot classificatie van de
verschillende vormen van geweld.Déviance et Société, 1995. Vol. 19, No 1, pp. 35-49
ÉLÉMENTS POUR UNE APPROCHE SQCIO-POLITIQUE
DE LA VIOLENCE POLICIERE
F. DIEU*
Aspect particulièrement controversé de la réalité policière, la violence policière est un
objet d'étude quelque peu délaissé par la recherche, mais dont l'importance ne peut échap
per à ceux qui considèrent, avec Max Weber, la monopolisation tendancielle de la coercition
légitime comme la principale caractéristique du pouvoir politique institutionnalisé. Après
s'être interrogée sur les raisons de cette situation paradoxale, cette approche socio-politique
se propose de montrer en quoi la violence policière est consubstantielle au pouvoir poli
tique, tout en présentant de manière systématique ce phénomène fortement polymorphe,
grâce notamment à un essai de classification des violences policières.
La violence policière a mauvaise presse. Ce phénomène, qui recouvre des réalités fort
différentes selon les époques et les systèmes sociaux, cristallise l'ensemble des jugements
de valeur et des réactions affectives que suscitent d'emblée la violence et la police.
L'expression «violence policière» évoque généralement, non un type de violence, mais
une sorte de pléonasme plus ou moins inavoué, ne serait-ce que parce que l'usage de la
force physique est souvent le volet le plus marquant de l'activité policière. Ce constat peut
expliquer en partie pourquoi, en France, ce phénomène est le parent pauvre des
recherches sur la violence comme de celles sur la police. On a l'impression que le cher
cheur éprouve certaines difficultés à reconnaître qu'il s'agit là d'une forme de violence à
part entière comme le meurtre, le viol ou le suicide. Ainsi, une étude de référence comme
celle de Jean-Claude Chesnais (1981) n'aborde pas cette forme de violence alors qu'elle
consacre des développements à la guerre ou encore à la violence automobile. Dans son
ouvrage synthétique, Yves Michaud (1992, 69) utilise pour sa part, non l'expression de
«violence policière», mais celle de comportement policier, tout en centrant son propos sur
les mesures destinées à maîtriser les risques de violence liés à l'activité policière.
Ce désintérêt de la recherche représente assurément un obstacle à l'étude de la vio
lence policière. Encore convient-il d'indiquer que le chercheur, qui est familier avec la
langue anglaise, peut tirer profit des travaux effectués dans le sillage du sociologue améri
cain William Westley (1951) (Skolnick, 1966; Bittner, 1970; Manning, 1977; Muir, 1977;
Geller, Scott, 1992; Skolnick, Fyfe, 1993). Ceci étant, trois principales difficultés attendent
celui dont le projet est de faire de la violence policière un objet de recherche.
i) L'usage de la violence par la police suscite tout d'abord des réticences, dans la mesure
où, comme l'a observé David Bayley (1985, 6), si la contrainte physique, le contrôle
social et la répression sont sans aucun doute nécessaires à la vie en société, ils ne sont
pas pour autant plaisants. Aussi l'homme de la rue associe-t-il souvent ce type de vio
lence à un instrument d'oppression aux mains d'un pouvoir conservateur, quand ce
Université des Sciences Sociales de Toulouse, Institut d'Etudes Politiques, Centre d'Etudes et de
Recherches sur la Police. 36 Déviance et Société
n'est pas à quelques scènes sordides de grévistes matraqués ou de suspects abattus
sans sommations. La violence policière ne s'accompagne pas ainsi de l'imagerie
héroïque qui permet de transformer les batailles sanglantes en faits d'armes salva
teurs, le récit des violences guerrières en une histoire militaire. Parce que sa mission la
conduit à se trouver immédiatement confrontée aux désordres sociaux, la police est
généralement assimilée à ce qui divise la société, au contraire de cette image d'unité
symbolisée par l'idée d'une «nation en armes» que véhicule l'armée, notamment
lorsqu'elle fait appel à la conscription. Ainsi, si le militaire occupe une place privilé
giée dans une histoire événementielle dont le récit contribue grandement à forger la
conscience nationale, le policier n'est, quant à lui, que le participant anonyme d'une
histoire du quotidien qui a rarement sa place dans les manuels scolaires. Et lorsque le
policier est convié à occuper quelques instants les devants de la scène, c'est souvent à
l'occasion de certaines pages controversées de l'histoire sociale et politique, comme
lors de l'évocation de la période de l'occupation ou des événements de mai 68. Cette
représentation n'est pas sans conséquence sur la perception par la population de la
violence policière. En effet, alors que l'emploi sur le champ de bataille des armes les
plus meurtrières ne soulève pas d'objections particulières puisqu'il est question de
défendre la communauté nationale, il n'en est pas de même lorsqu'il s'agit de recourir
à la force physique pour maintenir l'ordre à l'intérieur du système social. Dans une
approche passionnelle qu'entretiennent avec insistance des événements tragiques
comme la mort sous une porte cochère de Malik Oussekine (6 décembre 1986) ou le
tabassage sous l'œil de la caméra de Rodney King (3 mars 1991), l'évocation de la vio
lence policière se réduit alors fréquemment à la stigmatisation des «bavures».
Alimentant, selon les circonstances, la une de la presse nationale ou la chronique des
faits divers des quotidiens régionaux, les bavures sont une donnée que la recherche
peut difficilement ignorer, même si le souci de distanciation conduit à n'utiliser
qu'avec une extrême prudence cette notion vague et galvaudée. Domaine de

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