Espoirs, bilans et leçons d un « paysannat » au Congo - article ; n°24 ; vol.6, pg 891-913
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Espoirs, bilans et leçons d'un « paysannat » au Congo - article ; n°24 ; vol.6, pg 891-913

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Description

Tiers-Monde - Année 1965 - Volume 6 - Numéro 24 - Pages 891-913
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hubert Béguin
Espoirs, bilans et leçons d'un « paysannat » au Congo
In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°24. pp. 891-913.
Citer ce document / Cite this document :
Béguin Hubert. Espoirs, bilans et leçons d'un « paysannat » au Congo. In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°24. pp. 891-913.
doi : 10.3406/tiers.1965.2153
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1965_num_6_24_2153BILAN ET LEÇONS ESPOIRS,
D'UN « PAYSANNAT » AU CONGO
par Hubert Béguin (i)
Introduction
Dans l'Afrique d'aujourd'hui, les problèmes du développement sont
sur toutes les lèvres. En particulier, l'intérêt se porte volontiers sur
la croissance du secteur agricole considérée comme un élément très
important du processus global de développement. Chacun sait qu'elle
ne va pas sans opposer des difficultés ardues à tous ceux qui en ont la
charge. Mais l'urgence des problèmes exige qu'il y soit fait face avec
le maximum de chances de succès immédiats.
Or, en matière de développement agricole comme ailleurs, les succès
et les échecs d'expériences antérieures sont souvent riches d'enseigne
ments de toute nature. Il n'est pas permis de les négliger et de courir
le risque de répéter des expériences malheureuses. Des plans, des projets,
des innovations techniques y ont subi l'épreuve de leur intégration dans
des milieux géographiques, économiques et sociologiques divers. Des
interactions ont joué entre ces interventions d'une part et les milieux
récepteurs d'autre part. Elles ont conduit à des réussites ou à des échecs,
totaux ou partiels.
Mais quel qu'ait été son aboutissement, toute expérience est une
leçon. Comme telle, elle doit retenir l'attention de ceux qui cherchent
à comprendre et à mettre en œuvre les mécanismes du développement
agricole africain. Sans doute bien des déboires auraient-ils pu être
évités si le déroulement d'expériences précédentes avait été mieux analysé
et mieux compris.
(i) Maître de Conférences à l'Université de Liège.
891 HUBERT BEGUIN
C'est dans cet esprit qu'une expérience africaine de développement
agricole est présentée ici. Elle concerne le Congo (Léopoldville). Il
s'agit d'une agriculture généralement caractérisée par un faible niveau
technique, une productivité peu élevée, de longues jachères, la mobilité
des champs, le souci premier de la subsistance. L'expérience est connue
sous le nom de « paysannat » (i) et son but est l'élévation du revenu
de l'agriculture par l'introduction de diverses réformes.
Nous avons choisi de nous limiter géographiquement à une seule
région : celle de Gandajika (Kasai), où l'expérience est généralement
considérée comme ayant été un succès sur plusieurs plans. Il a semblé
qu'une approche limitée dans l'espace au profit de plus de minutie
dans l'analyse était la seule susceptible de dégager de cette expérience
des enseignements suffisamment précis, concrets et utiles à ceux qui
ont la tâche de préparer l'action en vue du développement agricole.
C'est en termes économiques que les résultats du « paysannat »
seront exprimés. On insistera plus particulièrement sur l'incidence de
la réforme sur le revenu du cultivateur. Les informations nécessaires
à cette étude ont été rassemblées au cours d'une enquête de plusieurs
mois effectuée à la veille de l'indépendance du Congo (2), plus de dix ans
après le lancement de l'expérience du « paysannat ». D'une part, la
documentation préexistante a été réunie. D'autre part et surtout, nous
avons procédé à une enquête détaillée qui a porté sur toutes les exploi
tations de sept villages parmi lesquels deux villages témoins que n'a
pas atteint le « paysannat ».
I. — La région et les hommes
La région de Gandajika fait partie des savanes congolaises situées
au sud de l'équateur. L'altitude moyenne est de 750 m. La région consi
dérée ici couvre 2 300 km2 (45 X 50 km) et porte 75 000 habitants.
Il s'agit d'un plateau localement découpé par le réseau hydrographique
et couvert d'une végétation herbeuse et très peu arbustive. Le climat
permet deux saisons de culture par an. Les sols ont une valeur agrono
mique supérieure à la moyenne de l'ensemble des savanes du sud du
Congo.
(1) Pour une introduction générale, voir P. Staner, Les paysannats indigènes du Congo
belge et du Ruanda-Urundi, Bruxelles, 1955, 94 p.
(2) Pour l'Institut National pour l'Etude Agronomique du Congo (I.N.E.A.C.).
892 BILAN ET LEÇONS D'UN « PAYSANNAT » AU CONGO ESPOIRS,
La région est peuplée de Luba. Cette population est très prolifique
mais aussi très affectée par l'émigration vers les villes. Celle-ci a enlevé
environ la moitié des hommes originaires de la région. Jusqu'en 1958,
l'émigration enlevait chaque année un contingent à peu près égal au
croît démographique dû au mouvement naturel de la population. De
sorte qu'entre les débuts du paysannat et 1958 le chiffre global de la
population a peu évolué.
Par conséquent, les perspectives d'emploi hors de l'agriculture n'ont
fait que compenser le croît démographique, sans plus. La masse de la
population locale ne peut trouver d'emploi en dehors de l'agriculture.
Après 1958, l'émigration vers les villes a pratiquement cessé. L'agri
culture a donc dû supporter elle-même le poids de sa croissance
démographique.
Dans les conditions actuelles de techniques utilisées par les Luba
et dans les de densité de population, la quantité
de terres disponibles est plus que suffisante pour les besoins de l'agri
culture, et de beaucoup. Elle gardera encore assez longtemps ce carac
tère de relative abondance.
La terre est possédée par des groupes (généralement un village).
Mais l'unité d'exploitation est le ménage agriculteur. Dans la suite de
cette note, le terme de paysan sera réservé aux cultivateurs qui adhèrent
à la formule du « paysannat ». Le ménage paysan moyen compte 4 unités
de consommation.
Les principales cultures sont : le manioc, le maïs, le coton. Générale
ment, elles se suivent sur le même champ qui retourne ensuite à la
jachère. On cultive accessoirement le haricot, l'arachide, le millet, d'autres
plantes encore.
La plus grande partie de la production est consommée par les
producteurs. Cependant, la totalité du coton produit est vendue, à un
prix uniforme dans le temps et dans l'espace. Une petite partie des
productions vivrières (manioc, maïs) est vendue également. Le maïs
se vend aisément, mais le prix se relève chaque année à l'époque de la
soudure. Le manioc se vend un peu moins aisément et son prix reste
constant car la récolte s'étale sur toute l'année. La création d'une coopér
ative d'achat a grandement contribué à faciliter le problème des
débouchés des cultures vivrières.
On conçoit aisément qu'une réforme de l'agriculture puisse susciter
des réactions d'ordre psychosocial chez ceux qu'elle atteint. Aussi n'est-il
893
57 HUBERT BEGUIN
pas inutile de préciser la nature de quelques attitudes fondamentales
observées chez les Luba de Gandajika. Relevons-en particulièrement
trois :
a) La nature des relations et des structures sociales a pour consé
quence de tendre à égaliser les niveaux de vie de tous les individus d'un
même groupe. Cette tendance au nivellement rend très malaisée l'appa
rition d'élites de production au sein du groupe.
b) Le niveau des besoins ressentis est moins élevé qu'on aurait
tendance à le croire. De sorte que l'utilité marginale du revenu n'est
pas très élevée. Mais la désutilité marginale du travail à fournir pour
obtenir un supplément de revenu est élevée.
c) Le Luba est d'une grande sensibilité à la productivité des efforts
qu'il consent. D'où sa réticence à adopter une

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