Etude des dermatoglyphes digito-palmaires d'un groupe d'Indiens Cuiva du Venezuela - article ; n°1 ; vol.7, pg 45-59

F. Fonval, M. Pereira, E. E.R.Iagolnitzer

Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1980 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 45-59
Les empreintes digitales et palmaires de 51 individus de sexes et âges divers, provenant de trois groupes d'Indiens Cuiva du Venezuela, ont été analysées. La répartition de caractères s'est montrée en général assez semblable à celle des autres groupes d'Indiens d'Amérique du Sud. Parmi leurs particularités, signalons la tendance prononcée à la symétrie et à l'homogénéité. Les mariages consanguins sont probablement à l'origine de cette tendance. Une méthode de notation appropriée met en évidence cette répartition symétrique des dessins.
Dermatoglyphics of 51 individuals of both sexes and different ages from three groups of the Cuiva Indians in Venezuela were studied. The patterns observed remind those of other Indians groups of South America. However some peculiarities could be detected ; patterns showed a tendency to pronounced symmetry and homogeneity. Social habits of marriage carrying high degree of imbreeding explains the observed homogeneity. A new method proposed to assign dermatoglyphic patterns allows to show the symmetrical distribution of the features presented.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: BULLETINS_ET_MEMOIRES_DE_LA_SOCIETE_D-ANTHROPOLOGIE_DE_PARIS0
• Publié le: 01 janvier 1980
• Nombre de lectures: 16
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

M. Pereira
F. Fonval
E.R. Iagolnitzer
Etude des dermatoglyphes digito-palmaires d'un groupe
d'Indiens Cuiva du Venezuela
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XIII° Série, tome 7 fascicule 1, 1980. pp. 45-59.
Résumé
Les empreintes digitales et palmaires de 51 individus de sexes et âges divers, provenant de trois groupes d'Indiens Cuiva du
Venezuela, ont été analysées. La répartition de caractères s'est montrée en général assez semblable à celle des autres groupes
d'Indiens d'Amérique du Sud. Parmi leurs particularités, signalons la tendance prononcée à la symétrie et à l'homogénéité. Les
mariages consanguins sont probablement à l'origine de cette tendance. Une méthode de notation appropriée met en évidence
cette répartition symétrique des dessins.
Abstract
Dermatoglyphics of 51 individuals of both sexes and different ages from three groups of the Cuiva Indians in Venezuela were
studied. The patterns observed remind those of other Indians groups of South America. However some peculiarities could be
detected ; patterns showed a tendency to pronounced symmetry and homogeneity. Social habits of marriage carrying high
degree of imbreeding explains the observed homogeneity. A new method proposed to assign dermatoglyphic patterns allows to
show the symmetrical distribution of the features presented.
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Pereira M., Fonval F., Iagolnitzer E.R. Etude des dermatoglyphes digito-palmaires d'un groupe d'Indiens Cuiva du Venezuela.
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XIII° Série, tome 7 fascicule 1, 1980. pp. 45-59.
doi : 10.3406/bmsap.1980.3776
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1980_num_7_1_3776Bull, et Mém. de la Soc. d'Anthiop. de Paris, t. 7, série XIII, 1980, pp. 45-59
ETUDE DES DERMATOGLYPHES DIGITO-PALMAIRES
D'UN GROUPE D'INDIENS CUIVA DU VENEZUELA
par M. Pereira(*), F. Fonval (**) et E.R. Iagolnitzer (***)
Résumé. — Les empreintes digitales et palmaires de 51 individus de sexes et âges
divers, provenant de trois groupes d'Indiens Cuiva du Venezuela, ont été analysées. La
répartition de caractères s'est montrée en général assez semblable à celle des autres groupes
d'Indiens d'Amérique du Sud. Parmi leurs particularités, signalons la tendance prononcée
à la symétrie et à l'homogénéité. Les mariages consanguins sont probablement à l'origine de
cette tendance. Une méthode de notation appropriée met en évidence cette répartition
symétrique des dessins.
Mots-clés : Dermatoglyphes, Amérindiens, Symétrie et asymétrie, Génétique de popul
ations, Indiens Cuiva, Venezuela.
DERMATOGLYPHIC STUDY OF CUIVA INDIANS FROM VENEZUELA
Summary. — Dermatoglyphics of 51 individuals of both sexes and different ages from
three groups of the Cuiva Indians in Venezuela were studied. The patterns observed
remind those of other Indians groups of South America. However some peculiarities
could be detected ; patterns showed a tendency to pronounced symmetry and homogeneity.
Social habits of marriage carrying high degree of imbreeding explains the observed homog
eneity. A new method proposed to assign dermatoglyphic patterns allows to show the
symmetrical distribution of the features presented.
Key-words • Dermatoglyphics, Amerindians, Symmetry and Asymmetry, Population
genetics, Cuiva Indians, Venezuela.
Les Cuiva, qui s'autodénomment " IWI ", semblent avoir été beaucoup plus
nombreux au cours des siècles passés si Ton en croit les quelques chroniques
qui font état de cette population depuis le XVIme siècle. Aujourd'hui, ils ne
dépassent pas le millier d'individus dans les savanes de la frontière colombo-
vénézuélienne. Au Venezuela même, où se trouve la population avec laquelle
nous avons exclusivement travaillé, les Cuiva se sont maintenus au nombre de
250 à 273 individus depuis 1972, année du début de notre enquête.
Population nomade de chasseurs-cueilleurs, les Cuiva subissent actuellement
une sédentarisation accélérée ainsi qu'un début d'agriculture et d'élevage dus à
l'envahissement de leurs terres par des éleveurs.
(*) Attachée de Recherche au C.N.R.S. Laboratoire d'Anatomie comparée du M.N.H.N.
de Paris, 55, rue de Buffon, 75005 Paris.
(**) Ethnologue C.N.R.S.
(***) Laboratoire d'Anthropologie de Paris 7. 46 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS
Le mariage, par tradition, est endogame chez les Cuiva et a lieu entre
cousins croisés classificatoires. Une étude récemment effectuée sur leurs facteurs
érythrocytaires et sérologiques (Tchen et al, 1979) semble confirmer que
les Cuiva sont, avec les Yanomami, l'une des populations amérindiennes qui
présentent le plus bas degré de diversité. Ce faible polymorphisme proviendrait
probablement d'un processus de dérive génétique entretenu jusqu'à nos jours
par la tradition endogamique dont nous venons de parler.
Les résultats que nous présentons ci-après ont pour but de faire connaître
la diversité et les particularités des dermatoglyphes digito-palmaires des Cuiva.
Cette étude s'intègre dans une recherche globale d'ethno-biologie menée sur la
population Cuiva du Venezuela et dont un certain nombre de résultats ont déjà
été publiés par Fonval et coll. Elle tente aussi d'apporter une contribution à
l'hypothèse génétique déjà avancée et une approche biologique de l'histoire de
la formation de ce groupe.
MATERIEL ET METHODES
Les empreintes des mains droite et gauche de 5 1 individus, hommes, femmes
et enfants d'âges divers, ont été étudiées. La plupart de ces données ont été
obtenues dans le groupe de San Esteban de Capanaparo, les autres dans ceux de
El Paso et du Hato Carabali (fig. 1).
Pour le relevé d'empreintes, nous avons utilisé un rouleau encreur et
du papier : la transcription des crêtes papillaires a été faite sur papier ordi
naire par simple contact de la main et des doigts.
Pour établir la notation, nous avons essentiellement utilisé les techniques
et méthodes de notation indiquées par Galton, Henry et Wilder, décrites par
Cummins et Midlo (1961, 87-107) et certaines instructions, comme celle ind
iquée par Lèche (1936) pour la latéralisation, et celle de Plato (1970) pour les
espaces interdigitaux.
L'épitechnoscope Zeiss à agrandissements 6, 10 et 16 a fourni la lecture
d'empreintes difficilement lisibles à la loupe ordinaire.
L'éminence thénar a été distinguée de l'espace interdigital I ; ce dernier a
été aligné avec les autres espaces interdigitaux. La raison en est que, chez les
Cuiva, ces régions sont pratiquement dépourvues de dessins et que ce mode de
répartition fait repérer commodément les écarts par rapport à la règle générale
de Cummins et Midlo.
La répartition des dessins entre hommes et femmes (31 hommes et
20 femmes) a été montrée.
Une comparaison a aussi été établie entre les traits principaux et spéci
fiques des Cuiva et ceux que nous connaissons des autres groupes d'Amérindiens.
La bilatéralité représentée par la symétrie et l'asymétrie des dessins a été
aussi analysée. En 1936, Lèche voulait associer les dermatoglyphes digito-
palmaires aux investigations sur la bonne latéralisation. Notre préoccupation
est de constituer ici une méthode de notation qui permet de distinguer les
individus et les populations par les paumes. Sa description vient plus loin. M. PEREIRA ET COLL. — DERMATOGLYPHES DES CUIVA (VENLZULL/*) 47
Les empreintes représentent un lot de 18,68 % de toute la population
Cuiva du Venezuela et qui se caractérise par des liens de parenté très étroits.
Nous ne connaissons pas le taux de consanguinité des Cuiva. Ici nous admett
ons avec Salzano et Neel (1967) que ces Indiens, tout comme les autres
populations indiennes isolées d'Amérique du Nord, présentent théoriquement
un taux élevé de consanguinité, car, d'une part, les observations ethnologiques
de Fonval (1975, 176) montrent que les rapports de personnes à l'intérieur
des " maisonnées " et d'une " maisonnée " à l'autre, obéissent à un schéma
parental préétabli qui fait que la plupart des Cuiva ont des liens serrés entre