Evolution génétique de la vitesse de lecture de mots en fonction de leur fréquence - article ; n°2 ; vol.71, pg 407-416

Champagnol

Description

L'année psychologique - Année 1971 - Volume 71 - Numéro 2 - Pages 407-416
Résumé
On a mesuré le temps de lecture, au cours de 10 essais, de 40 mots fréquents et de 40 mots moins fréquents afin d'observer, du cours préparatoire aux étudiants de licence, l'évolution génétique de ces temps. De façon générale, les temps diminuent en fonction des niveaux scolaires et des essais. Les mots fréquents sont lus significativement plus vite que les mots moins fréquents à tous les niveaux, mais seulement lors des premiers essais. Les résultats conduisent à des hypothèses sur des facteurs de différenciation et d'activation impliqués dans la performance et sur la structure et l'extension des répertoires lexicaux des enfants.
Summary
Measurements of the tinte required to read a set of 40 high-frequency and 40 lower-frequency words have been carried out through 10 trials with a population ranging from first-graders to graduate students in order to observe the genetic evolution of the reading times. On the whole, it has been observed that tirne decreases as experiments are carried on through trials and age levels. At ail levels, high frequency words are read significantly faster thon lower frequency ones, but with the first trials only. Results have led to formulate hypotheses on differenciation and activation factors involved in the performance of the subjects and on the structure and extension of children's lexical repertories.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: L-annee-psychologique
• Publié le: 01 janvier 1971
• Nombre de lectures: 3
• Langue: Français

Extrait

Raymond Champagnol
Evolution génétique de la vitesse de lecture de mots en fonction
de leur fréquence
In: L'année psychologique. 1971 vol. 71, n°2. pp. 407-416.
Résumé
On a mesuré le temps de lecture, au cours de 10 essais, de 40 mots fréquents et de 40 mots moins fréquents afin d'observer, du
cours préparatoire aux étudiants de licence, l'évolution génétique de ces temps. De façon générale, les temps diminuent en
fonction des niveaux scolaires et des essais. Les mots fréquents sont lus significativement plus vite que les mots moins fréquents
à tous les niveaux, mais seulement lors des premiers essais. Les résultats conduisent à des hypothèses sur des facteurs de
différenciation et d'activation impliqués dans la performance et sur la structure et l'extension des répertoires lexicaux des enfants.
Abstract
Summary
Measurements of the tinte required to read a set of 40 high-frequency and 40 lower-frequency words have been carried out
through 10 trials with a population ranging from first-graders to graduate students in order to observe the genetic evolution of the
reading times. On the whole, it has been observed that tirne decreases as experiments are carried on through trials and age
levels. At ail levels, high frequency words are read significantly faster thon lower frequency ones, but with the first trials only.
Results have led to formulate hypotheses on differenciation and activation factors involved in the performance of the subjects and
on the structure and extension of children's lexical repertories.
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Champagnol Raymond. Evolution génétique de la vitesse de lecture de mots en fonction de leur fréquence. In: L'année
psychologique. 1971 vol. 71, n°2. pp. 407-416.
doi : 10.3406/psy.1971.27750
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1971_num_71_2_27750Laboratoire de Psychologie de l'Université de Poitiers
ÉVOLUTION GÉNÉTIQUE
DE LA VITESSE DE LECTURE
DE MOTS EN FONCTION DE LEUR FRÉQUENCE
par Raymond Champagnol
SUMMARY
Measurements of the time required to read a set of 40 high-frequency
and 40 lower-frequency words have been carried out through 10 trials
with a population ranging from first-graders to graduate students in order
to observe the genetic evolution of the reading times. On the whole, it has
been observed that time decreases as experiments are carried on through
trials and age levels. At all levels, high frequency words are read signi
ficantly faster than lower frequency ones, but with the first trials only.
Results have led to formulate hypotheses on différenciation and activation
factors involved in the performance of the subjects and on the structure
and extension of children's lexical repertories.
Depuis les travaux de Fraisse (1963), l'influence de la fr
équence des mots sur le temps de réaction verbale (temps de
lecture) est bien connue. Le temps de lecture est d'autant plus
court que la fréquence des mots est élevée.
Il est plausible d'attribuer la diminution du temps de lecture
au nombre de fois où les mots ont été utilisés par les sujets
comme stimulus et comme réponses. Ces utilisations des mots
déterminent leur familiarité pour un sujet donné. Quand on
considère un groupe de sujets, la familiarité qu'ils reconnaissent
aux mots corrèle de façon assez étroite avec leur fréquence
tabulée, comme le montrent les résultats de Fraisse (1963) et
de Fraisse, Noizet et Flament (1963). La raison en est que la
fréquence statistique au niveau du groupe n'est pas indépendante MÉMOIRES ORIGINAUX 408
de la fréquence d'utilisation individuelle des mots et, qu'i
nversement, les probabilités d'utilisation individuelle peuvent
dépendre de la fréquence avec laquelle les mots sont utilisés
dans le groupe. La question de savoir si seule compte, pour la
lecture, la fréquence d'utilisation des stimulus visuels écrits (à
l'exclusion des stimulus auditifs oraux) reste ouverte ; des
positions théoriques opposées (Osgood, 1953 ; Solomon et
Howes, 1951) et des résultats contradictoires (concernant essen
tiellement le seuil de reconnaissance) se rencontrent dans la
littérature (Postman et Conger, 1954 ; Postman et Rosenzweig,
1956 ; Forrest, 1957).
D'un point de vue génétique, il est facile de prévoir que le
temps de lecture va diminuer avec l'âge. Il y a à cela deux
raisons. La première, évidente, est que la lecture, activité qui
apparaît assez tardivement dans la vie de l'enfant, se perfec
tionne, en tant qu'habileté, au cours de l'enfance et de l'ado
lescence. La deuxième est que la familiarité des mots, même
ceux relativement fréquents, doit augmenter avec l'âge. En effet,
si, pour l'adulte, du fait de son histoire linguistique déjà longue,
beaucoup de mots ont été utilisés un nombre suffisant de fois
pour leur conférer un certain niveau permanent de familiarité,
il n'en est peut-être pas de même chez l'enfant dont l'expérience
linguistique est moins longue.
En ce qui concerne la fréquence, les relevés statistiques
disponibles, notamment en français les tables de Gougenheim
et coll. (1964), concernent une population adulte moyenne (et
la langue parlée). On ne dispose pas de tables génétiques de
fréquence, ce qui fait que l'on en est réduit, en ce qui concerne
les enfants, à de simples suppositions. Le point de vue habi
tuellement avancé est que la fréquence des mots chez les enfants
diffère sensiblement de celle du langage adulte (Carroll, 1966).
D'après Bresson (1965), les mots moins fréquents y sont encore
plus rares que chez les adultes. On peut admettre que la dimi
nution des fréquences des mots d'un rang à l'autre (courbe de
Zipf) affecte une pente d'autant plus rapide que l'enfant est
plus jeune. En conséquence, on doit s'attendre à ce que la
différence entre le temps de lecture de mots peu fréquents et
celui de mots plus fréquents soit d'autant plus importante que
les lecteurs sont plus jeunes. Dans l'expérience suivante, on a
mesuré le temps nécessaire pour lire des mots de fréquence
différente pour des sujets d'âges différents. R. CHAMPAGNOL 409
TECHNIQUE D'EXPÉRIENCE
Matériel
On a relevé dans L'élaboration du français fondamental (1er degré)
de Gougenheim et coll., 40 mots, dits « fréquents », de fréquence comprise
entre 1 452 et 240 (rang 42 à 165) et 40 mots, dits « rares » de fréquence
comprise entre 23 et 20 (rang 958 à 1 063). Les deux groupes de mots
possèdent le même nombre de lettres (2 mots de 4 lettres, 12 de 5,
13 de 6, 10 de 7, 2 de 8, 1 de 9).
On dispose de cartons blancs de 21 x 27 cm. Comme les mêmes
mots sont présentés 10 fois de suite, on a 10 cartons pour les mots
fréquents et 10 autres pour les mots rares. Sur chaque carton, les 40
sont reproduits selon deux colonnes de 20 mots chacune et dans un
ordre au hasard. Par ailleurs, on a un autre carton (« mise en train »)
portant 40 mots quelconques, autres que les mots fréquents et rares
ci-dessus.
Procédure
Les cartons sont placés devant le sujet, face écrite contre la table.
On indique au sujet qu'il aura à lire à haute voix des mots séparés
aussi vite que possible. On lui demande d'aller de haut en bas, en
commençant par la colonne de gauche et de passer à celle de droite
sans marquer de temps d'arrêt.
L'expérimentateur retourne le premier carton (mise en train) et
déclenche son chronomètre qu'il arrête quand le sujet finit de prononcer
le dernier mot. On opère de la même façon pour les autres cartons.
Tous les sujets lisent tous les mots, soit 10 lectures successives
(essais) des mots fréquents (ou rares), puis 10 lectures des
mots rares (ou fréquents). Entre les deux séries de 10 essais on laisse
2 mn. La moitié des sujets commence par les mots fréquents, l'autre
moitié par les mots rares.
Sujets
L'expérience a été faite au cours du deuxième semestre scolaire.
160 sujets ont été examinés individuellement à raison de 16 sujets pour
chacun des 10 groupes suivants : cours préparatoire, CE 1, CE 2,
CM 1, CM 2, 6e, 4e, 2e, jeunes adultes cultivés (étudiants de psychol
ogie), jeunes adultes non cultivés (jeunes recrues en stage dans un
centre de sélection militaire1, de formation scolaire primaire niveau
fin d'études, dont 9 titul