Faut-il favoriser la création d emplois tertiaires ? - article ; n°1 ; vol.44, pg 193-213
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Description

Revue économique - Année 1993 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 193-213
Faut-il favoriser la création d'emplois tertiaires ?
Les travaux du XIe Plan ont conduit à proposer un certain nombre de pistes pour soutenir la création d'emplois en France d'ici à l'an 2000. Certaines ont déjà été longuement discutées dans la littérature économique et dans les travaux des administrations : baisse de la durée du travail ; réduction des charges sociales des entreprises. Nous ne reviendrons que brièvement sur les propositions faites.
Une troisième piste est plus originale : l'incitation à la création d'emplois dans certains services. Elle paraît fructueuse, mais pose un certain nombre de problèmes théoriques et pratiques. L'idée essentielle est qu'il ne faut pas que ces créations d'emplois tertiaires nuisent trop au reste de l'économie.
En nous référant à une représentation théorique très simple à deux secteurs (industrie et services) du fonctionnement d'une économie ouverte, nous nous demandons si la stimulation de l'offre ou de la demande de services, si la réduction de la productivité du travail dans le secteur abrité, sont favorables (à la créa­tion d'emplois, à l'augmentation du bien-être...) quand on tient compte du financement des mesures prises, des transferts de revenus, et de leur effet induit sur les prix relatifs et le secteur industriel. Nous examinons finalement les conséquences des externalités associées à la création d'emplois.
Must job creation in the services be helped ?
The analysis made for the llth Plan have led to a number of proposais in order to stimulate job creation in France during the 90's. Some of those proposals have already been discussed at length in the literature and by the various public administrations : reduction in the number of hours worked, lower social security contributions paid by employers. We will only briefly summarize those proposais.
A third idea seems more original : implementing incentives for job creation in the service sector. It is probably a sensible idea, but several issues have to be adressed, both from a theoretical and an empirical point of view. The basic problem is the possible harmful effects on the rest of the economy of job creations in the services. Using a simple two-sector theoretical representation of an open economy, we examine the effects on welfare and job creation of a stimulation of the supply or demand of services, and of changes in labor productivity in the sector producing non-traded goods. We take into account the way policy incentives are financed, income transfers, and the changes in the relative priees of services. We finally examine the consequences of the exter-nalities associated with job creations.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Patrick Artus
Monsieur Bernard Brunhes
Faut-il favoriser la création d'emplois tertiaires ?
In: Revue économique. Numéro Hors Série, 1993. pp. 193-213.
Citer ce document / Cite this document :
Artus Patrick, Brunhes Bernard. Faut-il favoriser la création d'emplois tertiaires ?. In: Revue économique. Numéro Hors Série,
1993. pp. 193-213.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1993_hos_44_1_409432Résumé
Faut-il favoriser la création d'emplois tertiaires ?
Les travaux du XIe Plan ont conduit à proposer un certain nombre de pistes pour soutenir la création
d'emplois en France d'ici à l'an 2000. Certaines ont déjà été longuement discutées dans la littérature
économique et dans les travaux des administrations : baisse de la durée du travail ; réduction des
charges sociales des entreprises. Nous ne reviendrons que brièvement sur les propositions faites.
Une troisième piste est plus originale : l'incitation à la création d'emplois dans certains services. Elle
paraît fructueuse, mais pose un certain nombre de problèmes théoriques et pratiques. L'idée essentielle
est qu'il ne faut pas que ces créations d'emplois tertiaires nuisent trop au reste de l'économie.
En nous référant à une représentation théorique très simple à deux secteurs (industrie et services) du
fonctionnement d'une économie ouverte, nous nous demandons si la stimulation de l'offre ou de la
demande de services, si la réduction de la productivité du travail dans le secteur abrité, sont favorables
(à la créa-tion d'emplois, à l'augmentation du bien-être...) quand on tient compte du financement des
mesures prises, des transferts de revenus, et de leur effet induit sur les prix relatifs et le secteur
industriel. Nous examinons finalement les conséquences des externalités associées à la création
d'emplois.
Abstract
Must job creation in the services be helped ?
The analysis made for the llth Plan have led to a number of proposais in order to stimulate job creation
in France during the 90's. Some of those proposals have already been discussed at length in the
literature and by the various public administrations : reduction in the number of hours worked, lower
social security contributions paid by employers. We will only briefly summarize those proposais.
A third idea seems more original : implementing incentives for job creation in the service sector. It is
probably a sensible idea, but several issues have to be adressed, both from a theoretical and an
empirical point of view. The basic problem is the possible harmful effects on the rest of the economy of
job creations in the services. Using a simple two-sector theoretical representation of an open economy,
we examine the effects on welfare and job creation of a stimulation of the supply or demand of services,
and of changes in labor productivity in the sector producing non-traded goods. We take into account the
way policy incentives are financed, income transfers, and the changes in the relative priees of services.
We finally examine the consequences of the exter-nalities associated with job creations.Faut-il favoriser la création
d'emplois tertiaires ?
Patrick Artus
Bernard Brunnes
Les travaux du XIe Plan ont conduit à proposer un certain nombre de pistes
pour soutenir la création d'emplois en France d'ici à l'an 2000. Certaines ont déjà
été longuement discutées dans la littérature économique et dans les travaux des
administrations : baisse de la durée du travail ; réduction des charges sociales
des entreprises. Nous ne reviendrons que brièvement sur les propositions faites.
Une troisième piste est plus originale : l'incitation à la création d'emplois dans
certains services. Elle paraît fructueuse, mais pose un certain nombre de problè
mes théoriques et pratiques. L'idée essentielle est qu'il ne faut pas que ces créa
tions d'emplois tertiaires nuisent trop au reste de l'économie.
En nous référant à une représentation théorique très simple à deux secteurs
(industrie et services) du fonctionnement d'une économie ouverte, nous nous
demandons si la stimulation de l'offre ou de la demande de services, si la réduct
ion de la productivité du travail dans le secteur abrité, sont favorables (à la créa
tion d'emplois, à l'augmentation du bien-être...) quand on tient compte du
financement des mesures prises, des transferts de revenus, et de leur effet induit
sur les prix relatifs et le secteur industriel. Nous examinons finalement les consé
quences des extemalités associées à la création d'emplois.
INTRODUCTION
Le déficit d'emplois en France est dû à une pluralité de causes ; on peut citer
une croissance relativement plus faible que celle des autres grands pays depuis
1982, une progression forte de la population (tableau 1).
Cependant, ces deux explications sont loin d'être suffisantes ; la population
de 15-65 ans ne croît pas en France significativement plus vite que dans la
moyenne des autres pays. De plus, les politiques de retrait du marché du travail
(préretraites...) ont conduit à une évolution de la population active plus faible en
France qu'ailleurs.
La croissance française a été plus rapide de 0,5 % par an que celle des autres
pays européens de 1974 à 1982, plus lente de 0,4 % par an de 1982 à 1990. De
1974 à 1990, le taux de chômage a progressé de 6 points en France, de
4,2 points en moyenne dans les trois autres grands pays européens (3,6 points en
Allemagne) : si l'insuffisance de croissance est manifeste durant les années
193
Revue économique — Hors série, p. 193-213. Revue économique
Tableau 1 . Croissance, emploi, population active, population
(% par an)
Population Emploi PNB Population active 15-65 ans
1974-82 1982-90 1974-82 1982-90 1974-82 1974-82 1982-90 1982-90
France 2,4 2,4 0,1 0,3 0,8 0,4 0,9 0,7
États-Unis 1,9 3,5 1,7 2,1 2,3 1,6 1,5 0,9
Japon 4,0 4,5 0,9 1,3 1,1 1,3 0,8 0,9
Allemagne 1,8 2,8 0 0,8 0,4 0,8 0,7 0,6
2,7 0,5 1,1 Italie 2,8 0,6 0,8 0,7 0,6
Royaume-Uni. 1,1 3,1 -0,7 1,5 0,4 0,9 0,5 0,3
Source : OCDE.
quatre- vingt, elle n'explique pas la progression plus rapide du chômage en
France depuis le premier choc pétrolier.
On peut mettre en évidence une autre particularité de la France : les gains de
productivité dans les services y sont très importants (tableau 2).
Tableau 2. Gains de productivité (services, industrie)
(% par an, période 1 979-1 990)
Services
France 2,0
États-Unis 0,3
Japon 2,9
Allemagne 1,5
Italie 1,5
Royaume-Uni... 0,9
Source : OCDE.
Dans tous les autres pays (à l'exception du Japon), les gains de productivité
dans les services sont faibles, nettement plus lents que dans l'industrie. Il n'y a
pas, en France, l'évolution à deux vitesses des gains de productivité qu'on note
ailleurs.
On peut d'ailleurs mesurer les niveaux de productivité en France (valeur
ajoutée par emploi) des différentes branches en France (tableau 3).
Tableau 3. Niveaux de productivité
(millier de francs, 1990)
Industrie 286
Bâtiment 201
Commerce 255
Services marchands aux particuliers.... 270 aux entreprises 325
194 Patrick Artus, Bernard Brunhes
On voit que les services aux particuliers ont une productivité un peu infé
rieure à celle de l'industrie et que la situation est inverse pour les services aux
entreprises. Il faut rappeler ici la difficulté de définir exactement les services,
dont certains, spécialement aux entreprises, ont toutes les caractéristiques de
l'industrie : concurrence, technologie élevée... Ce n'est clairement qu'une frac
tion du secteur dit des « services » qu'on peut assimiler au « secteur abrité » du
modèle d'économie Scandinave.
On observe, de manière cohérente, que l'emploi dans le secteur des services
est peu important en France par rapport aux autres pays (tableau 4).
Tableau 4. Part de l'emploi des services dans l'emploi total
(%1988)
France États-Unis Allemagne Japon
18 23 Commerces 16 18
Services aux entreprises 6 3 14 5 marchands aux particuliers ... 9 10 15 20
L'écart est particulièrement fort en ce qui concerne les services aux entrepri
ses vis-à-vis des États-Unis, les services aux particuliers des États-Unis et du
Japon. L'alignement de la France sur la moyenne des grands pays, même
compte tenu du service public de santé qui est plus développé en France,
conduirait à

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